Royaume de Vijayanagara
Le royaume de Vijayanâgara, ou royaume de Vijayanâgar, situé sur le plateau du Deccan en Inde du Sud, est le dernier grand royaume hindou que connaît l'Inde.
Capitale | Vijayanâgara |
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Langue(s) | Télougou |
1336 | Harihara (en) devient roi, sous la vassalité des Hoysala |
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1343 | Chute des Hiysala |
1399 | Paix avec les Bahmani fixant les frontières des deux royaumes |
vers 1425 | Apogée de l'Empire |
Sévère défaite contre les sultanats du Deccan coalisés ; partition du Royaume | |
1672 | Mort du dernier souverain |
(1er) 1336-1353 | Harihara Ier (en) |
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(Der) 1646-1672 | Sri Ranga III Devaraya |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
- Royaume de Mysore
- Nayakas de Tanjore, de Madurai et de Chitradurga
Son nom est celui de sa capitale, Vijayanagara (aujourd'hui Hampi), ou Bijanâgara (de Vijaya, « victoire » et nagara, « ville »), située sur la rive droite du fleuve Tungabhadrâ, dans l'actuel Karnataka[1], de nos jours un site touristique important. Elle est inscrite depuis 1986 au Patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, à la section culturelle.
À son extension la plus importante, le royaume s'étendait dans le Dekkan de la mer d'Arabie au golfe du Bengale, de Masulipatam à Goa et tous les princes hindous du sud se reconnaissaient ses vassaux.
Le royaume a duré de 1336 à 1565, formant pendant toute cette période un rempart contre l'invasion musulmane et protégeant la totalité du sud du sous-continent indien. Une grande partie de son histoire est encore mal connue, mais sa puissance et sa richesse sont certifiées tant par les récits de nombreux voyageurs européens que par l'importance des bâtiments qu'il nous a légués.
Origine du Royaume
Au début du XIVe siècle, les pillards musulmans ont causé la chute de tous les royaumes hindous de l'Inde méridionale, les Yâdava, les Kâkâtiya, les Pândya, mais n'ont pas tenté d'occuper la zone de manière permanente. Dans cet état de désolation qu'ils laissent derrière eux, un nationalisme hindou ressurgit par l'intermédiaire de deux frères appelés Harihara et Bukka — que certaines sources présentent comme des officiers de la cour de Pratâparoudra de Warangal — associés à un saddhu nommé Vidyâranya — qui leur aurait fait abandonner la foi musulmane pour revenir à l'hindouisme. Les deux frères Sangama avaient été capturés par le sultanat de Delhi en 1327 puis convertis à l'islam. Certains chercheurs pensent qu'ils avaient été installés là par le roi Vîra Ballala III des Hoysala du Mysore comme vice-rois pour résister aux pillards.
Dynastie des Sangama
Harihara Ier (en) devient alors roi, fondant la première dynastie vijayanâgara des Sangama (en) (1336-1486) et l'armée de Bukka s'empare du Hoysala en 1343 après que le roi Ballala III ait été assassiné traîtreusement à Trichy par les forces du sultan de Madurai. Dix ans plus tard, les hindous défont le sultan de Madurai et réinstallent Sambuvaraya, l'héritier légitime, sur le trône, bien que Bukka Ier (en) (1356-1377) finisse par devenir le véritable maître du pays tamoul. La longue série de guerres frontalières avec les Bahmani commence en 1358. Un affrontement entre vishnouites vaishnava et jaïns donnera l'occasion à Bukka de proclamer une égale protection du royaume de Vijayanâgara envers toutes les religions incluant le judaïsme, le christianisme et l'islam. Il remplace aussi les dirigeants régionaux par ses fils et ses généraux de façon à renforcer le pouvoir central.
Harihara II (en) (1377-1404) succède à son père Bukka et fait la conquête des ports occidentaux Goa, Chaul (en) et Dabhol (en) sur la côte de Malabar, très importante en matière de commerce. Ceci fait, il étend son royaume vers le golfe du Bengale. Cependant, un conflit majeur avec le royaume musulman des Bahmani force l'armée du Vijayanâgara à faire retraite depuis les rives du fleuve Krishna jusqu'à la capitale et entraîne un important massacre au sein des troupes hindous. Une paix désavantageuse est signée en 1399 tandis que la famine ravage le Dekkan.
Le roi vijayanagâra Devarâya Ier (en) l'emporte dans la lutte pour la succession contre ses deux frères et passe l'essentiel de son règne (1406-1422) à lutter contre les sultans Bahmani, les Velama de Rachakonda et les Reddi de Kondavidu. Il réorganise l'armée, importe des chevaux d'Arabie et de Perse pour développer sa cavalerie. Il est le premier râja hindou à utiliser des archers turcs.
Devarâya II (en) (1422-1446) reconquiert le territoire gagné par les Reddi, défait les Velama et les Gajapati de l'Orissa. Il mène aussi une série de guerres contre les Bahmani et reçoit tribut de Sri Lanka. C'est sous son règne que l'empire vijayanâgara connaît sa plus grande extension. Mais les exigences de ses armées envers les fermiers, les commerçants et les artisans tamouls amènent ce pays à s'unir et se révolter contre les dirigeants vijayanagâra en 1429. Pour renforcer son armée contre les attaques des Bahmani, Devarâya II autorise l'intégration de soldats musulmans et tolère la pratique de l'islam. Il renforce le pouvoir central en contrôlant les chefs locaux.
Le pouvoir royal Vijayanâgara décroît cependant sous les règnes de son fils Mallikarjuna (en) (1446-1465) et de son cousin Virupaksha (en) (1465-1485) qui perdent des territoires au bénéfice des Bahmani tandis que les gouverneurs locaux font preuve d'indépendance. Bien que tous deux hindous, les royaumes de l'Orissa, dirigé par Kapilendra Gajapati (1435-1467) et Purushottama Gajapati (1467-1497) et du Vijayanâgara vont s'affronter et ce dernier va se trouver en difficulté, une partie de son territoire conquis.
Dynastie des Sâluva
Narasimha de Chandragiri s'empare alors du trône du Vijayanâgara, créant la nouvelle dynastie des Sâluva (en), consolide son pouvoir et écarte la menace orissaise. Lorsqu'il meurt en 1490, Narasimha nomme Narasa Nayaka (en), son Premier ministre, régent pour veiller sur ses deux jeunes fils. Narasa Nayaka envahit le sultanat déclinant des Bahmani, mate plusieurs soulèvements, s'empare de Madurai, assassine le fils aîné de Saluma Narasimha et fait couronner en 1492 son frère sous le nom d'Immadi Narasimha (en). Mais ce dernier n'est qu'une marionnette en son pouvoir, quasiment son prisonnier, tandis qu'il parvient à reconsolider le Royaume, malgré la fronde de certains gouverneurs de province. À sa mort, son fils Viranarasimha (en) (1503-1509) ordonne l'exécution d'Immadi Narasimha en 1505 et s'empare du trône, installant la dynastie des Tuluva (en).
Dynastie des Tuluva
Krishna Deva Râya — parfois appelé Krishnarâo — le frère de Viranarasimha, monte ensuite sur le trône le (1509-1529). On le considère comme le plus grand roi Vijayanâgara. En 1512, il s'empare de la forteresse de Raichûr au Bîjâpur. Le râja de l'Orissa Prataparudra (en) (1497-1540) entre en conflit avec le Vijayanâgara en attaquant Kânchî. À la suite d'une guerre de cinq années, Krishnadevarâya regagne les terres prises par l'Orissa, mais rend tous les territoires qu'il avait conquis au nord du fleuve Krishna lors de la paix de 1518 et de son mariage avec une princesse orissaise. Durant ce conflit, le Bijâpur récupère sa forteresse de Raichûr, mais Krishnadevarâya la reprend en 1520. Krishnadevarâya est connu pour le soin qu'il exige envers les blessés après les batailles, pour ses réductions de taxes et pour les défrichements qu'il fait effectuer pour augmenter la superficie des terres cultivables. Il autorise les Portugais à commercer avec son royaume, obtenant ainsi un approvisionnement en chevaux. Il protège les érudits et crée les conditions d'un épanouissement de la littérature télougoue. On lui doit la rédaction de l'Amuktamalyada (en), un manel à l'usage des princes, composé en télougou.
Krishnadevarâya choisit son demi-frère Achyutadevarâya (en) comme successeur mais il doit composer avec Ramarâya (en), le beau-fils de Krishnadevarâya, et le prendre aux affaires. Une rébellion éclate dans le Sud et Achyutadevarâya la mate, envahit Bijâpur et s'empare à nouveau de Raichûr. Ramarâya s'assure de la fidélité de ses amis et parents, engage 3 000 soldats musulmans à son service et, en 1535, envoie Achyutadevarâya en prison, se proclamant roi. Les nobles méridionaux se rebellent contre lui et tandis qu'ils les combattent, l'officier chargé de garder Achyutadevarâya le libère, le réinstalle sur le trône et devient son Premier ministre. Ibrahim Adil Shah Ier (en) de Bijâpur envahit alors le Vijayanâgara et force Achyutadevarâya et Ramarâya à reconnaître l'indépendance de son royaume. À la mort de Achyutadevarâya, en 1542, son fils Venkata Ier (en) lui succède, mais il est étranglé par son frère Tirumala Ier (en) qui massacre toute la famille royale pour s'emparer du trône.
Ramarâya s'empare alors du pouvoir sous le nom de Sadashiva (en). Il tente de restaurer la gloire du Vijayanâgara tout en intervenant dans les querelles entre les sultanats du Dekkan. Il est couronné en 1552. Tout en étant vishnouite, il est tolérant envers toutes les religions. Il engage des mercenaires musulmans qu'il emploie comme espions. Ramarâya signe un traité commercial avec les Portugais en 1547, mais les attaque en 1558 à San Thomé et Goa.
Le , l'alliance des sultanats du Deccan comprenant Bijâpur, Bîdâr, Berâr, Golkonda et Ahmadnâgar inflige une sévère défaite au Vijayanâgara à la bataille de Talikota, l'artillerie musulmane faisant la différence comme plus tôt à la bataille de Pânipat. L'armée du Royaume est dévastée, Ramarâya est décapité de la main du sultan d’Ahmadnâgar et la cité de Vijayanâgara et les autres grandes villes du Royaume sont mises à sac. La lutte armée entre les maisons télougoue empêchent la restauration d'un pouvoir central fort.
Dynastie Aravidu
Cependant, Tirumala, le frère de Ramarâya, divise le Vijayanâgara en trois parties, les terres télougoues, le Karnataka et le pays tamoul, gouvernées par ses trois fils. Tirumala est lui-même couronné en 1570, mais abdique presque aussitôt en faveur de son fils Sri Ranga (1572-1585) et se retire pour mener une vie religieuse. Des invasions menées par le Bijâpur et le Golkonda réduisent le territoire de Vijayanâgara, mais Venkata II (en) (1586-1614) reprend les terres conquises et passe la plus grande partie de son règne à mater les rébellions, comme celle de la dynastie Nayak de Madurai en 1601. En 1614, débutent une guerre de succession qui dure plusieurs années et le royaume de Vijayanâgara approche de sa fin; Sri Ranga III Devaraya (en), son dernier roi meurt en 1672.
Liste des Râjas
Dynastie Sangama
Dynastie Saluva
Dynastie Tuluva
Économie
Au début du XVIe siècle, le Vijayanâgara, très prospère, entretient des relations commerciales avec la Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Arabie, la Perse, l’Afrique orientale et le Portugal. L’empereur possède la terre dont il tire une grande partie de ses ressources. Le riz, cultivé dans le bassin des principales rivières, nourrit le Gujerat, l’Oman, Ormuz et le golfe Persique. L'agriculture est florissante. Le sucre est exporté dans la plupart des pays de l’océan Indien. L’Empire produit et exporte du coton, des diamants, des perles, des bois précieux, de l'acier, du salpêtre, du sucre et des épices en échange de chevaux, d'éléphants, de cuivre, de corail, de perles, de porcelaine de soie et de velours. Les négociants exercent une certaine influence à la cour et l’empereur encourage les marchands étrangers à s’installer sur son territoire. Des Portugais de Goa, il reçoit des chevaux de guerre et des armes à feu. Des taxes importantes sont prélevées sur les tissus et les huiles importés pour protéger les produits locaux. Les temples emploient leur richesse pour offrir des prêts avec un intérêt de 12 à 30 %. Les guildes d'artisans ne sont pas aussi puissantes que celles des négociants, mais les propriétaires fonciers et les fonctionnaires de la cour les surpassent tous.
Architecture
L'architecture du royaume de Vijayanagara est un syncrétisme mêlant les styles architecturaux de la dynastie Chalukya, de la dynastie Hoysala, ainsi que de la dynastie Pandya et de la dynastie Chola ; styles architecturaux ayant prospéré les siècles précédant le royaume. Son héritage influença durablement l'art indien, même après la chute du Royaume Vijayanagar.
Notes et références
Notes
Références
- C.A. Jones et J.D. Ryan, Encyclopedia of Hinduism, Checkmark Books (ISBN 0816073368), pages 487 et 488.
- Varaha Temple.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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