Roussette d'Égypte

Rousettus aegyptiacus

La Roussette d'Égypte (Rousettus aegyptiacus, quelquefois écrit sous la forme Rousettus egyptiacus) est une espèce de chauve-souris frugivore.

C'est une espèce commune en Afrique sud-sahélienne et dans la vallée du Nil. Lorsqu'elle déploie ses ailes, elle atteint 60 cm d'envergure.

Cette espèce a été identifiée comme le réservoir naturel du virus de Marburg[1],[2] en 2007.

Description

La roussette égyptienne mesure 15 cm de long pour 60 cm d'envergure, elle pèse environ 160 g. Les mâles sont plus grands que les femelles et peuvent être facilement distingués des femelles par leur scrotum.

Comportement

Comme beaucoup de chauves-souris, les roussettes égyptiennes sont nocturnes, mais elles ne passent pas non plus toute la journée à dormir : Perchées sur des arbres ou au plafond de grottes, elles poursuivent leur vie sociale, notamment en échangeant vocalement, avec un vocabulaire complexe des informations sur la nourriture, les dispositions de couchage et les tentatives d'accouplement[3].

Cette espèce serait l'une des rares connues à diriger ses appels vers des individus spécifiques (autres que leurs petits) dans la colonie[3]. Les échanges vocaux d'une colonie sont bruyants et évoquent une cacophonie, mais grâce à des micros et outils logiciels de reconnaissance vocale des éthologues on pu analyser environ 15 000 vocalisations recueillies durant plusieurs mois, de manière couplée à l'image vidéo [4]. Le programme a pu relier certaines vocalises à des interactions sociales capturées en vidéo (par exemple quand deux individus se disputent de la nourriture). 60 % des sons émis ont été classés dans quatre contextes : compétition pour de la nourriture, pour la position dans leur groupe, cris de protestation contre des tentatives d'accouplement et discussions entre voisins. Un algorithme a permis de détecter qui parlait à qui et montré que les sons émis différaient légèrement selon les interlocuteurs, notamment quand un individu s'adresse à un autre du sexe opposé - « peut-être d'une manière similaire, selon les auteurs, à celle des humains quand ils utilisent des tonalités différentes de voix pour différents auditeurs[3]. Seules quelques autres espèces, comme les dauphins et certains singes, sont connues pour s'adresser spécifiquement à d'autres individus plutôt que de diffuser des sons généralisés, tels que des appels d'alarme »[3]. L'équipe scientifique veut poursuivre ce travail et mieux comprendre dans quelle mesure des chauves-souris réagissent et répondent aux différents types d'appels. Elle suggère que les chercheurs en communication animale devraient mieux étudier le « bavardage quotidien » des animaux sociaux, « qui pourrait être beaucoup plus sophistiqué qu'il n'y paraît », voire dans ce cas aussi complexes que celui qu'on cherche à décrypter dans les chants de mammifères marin et le langage des grands singes[3].

Reproduction

Elles atteignent leur maturité sexuelle à 9 mois. Les femelles donnent naissance à un seul petit par an après une période de gestation de 115 à 120 jours.

Immunité

Certaines chauve-souris se montrent capables de maintenir leurs infections virales à bas bruit, par des voies qui n'existent pas chez l'Homme ou de nombreux autres mammifères (sans réponse inflammatoire nocive). C'est le cas de la Roussette d'Égypte, qui dispose d'une hyper-vigilance antivirale dite « voie d'interféron perpétuellement activée ». Les chauves-souris semblent avoir perdu certains gènes favorisant l'inflammation. On explore depuis peu « l'impact de ces défenses antivirales uniques des chauves-souris sur les virus eux-mêmes », dont sur des cellules de chauve-souris cultivées in vitro[5].

Liens externes

Articles connexes

Notes

  1. Marburg Virus Infection Detected in a Common African Bat dans PLoS One
  2. Pourrut, X., Souris, M., Towner, J. S., Rollin, P. E., Nichol, S. T., Gonzalez, J. P., & Leroy, E. (2009). Large serological survey showing cocirculation of Ebola and Marburg viruses in Gabonese bat populations, and a high seroprevalence of both viruses in Rousettus aegyptiacus. BMC infectious diseases, 9(1), 159.
  3. Skibba R (2016) Bat banter is surprisingly nuanced ; The racket that Egyptian fruit bats make when jammed next to each other contains information about food, sleeping arrangements and mating attempts ; 22 December 2016 ; Nature ; doi:10.1038/nature.2016.21215
  4. Yosef Prat, Mor Taub & Yossi Yovel (2016) Everyday bat vocalizations contain information about emitter, addressee, context, and behavior ; Scientific Reports 6, at.n°39419, mis en ligne le 22 décembre 2016 ; Doi:10.1038/srep39419
  5. Cara E Brook, Mike Boots, Kartik Chandran et Andrew P Dobson, « Accelerated viral dynamics in bat cell lines, with implications for zoonotic emergence », eLife, vol. 9, , e48401 (ISSN 2050-084X, DOI 10.7554/eLife.48401, lire en ligne, consulté le )
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