Rite émulation
Le Rite émulation ou Rite anglais de style émulation ou Rite d'union est un rite maçonnique constitué par la Grande Loge unie d'Angleterre en 1813-1816. Le rite apparaît à l'époque comme une réponse à la querelle des « Anciens » et des « Modernes ». Le rite anglais est codifié puis enseigné à partir de 1817 par des loges d'instruction telle que la « Emulation Lodge of Improvement », qui donnera son nom au rituel. Fixé dans le premier quart du XIXe siècle, il arrive un siècle plus tard en France. Il se maintient sans changement majeurs jusqu’à nos jours. Son immuabilité lui permet de rester le rite de référence de la Grande Loge unie d'Angleterre mais aussi celui de plusieurs milliers de loges, principalement au Royaume-Uni et dans les anciennes colonies britanniques. Le Rite émulation est également pratiqué par diverses obédiences maçonniques françaises.
Histoire
L'histoire du rite est profondément inscrite dans celle de la maçonnerie anglaise. Ce rite, qui a été le symbole de la réconciliation des « Anciens » et des « Modernes ». En 1717, la première grande loge dite des « Moderns » a commencé à rassembler ce qui constituait l’essence du rite pratiqué jusqu’alors. À partir de 1752, les « Antients » contribuent à leur tour au travail des « Moderns » en apportant de substantielles modifications. Les deux courants, « Antients » et « Moderns » se rassemblent alors par l'acte d'union en 1813, constituant ainsi la Grande Loge unie d'Angleterre[1].
En 1823, un des fruits de cette union a été la création de loges d’instructions exclusivement réservée aux maîtres « Emulation Lodge of Improvement », qui a donné son nom au rite, créé dans version originale en anglais la même année. La mission de ces loges était de pratiquer le rituel dans sa plus grande rigueur afin de former les maîtres des autres loges qui devaient à leur tour l'enseigner aux autres frères[2].
Particularités du rite
Le Rite émulation est un rite maçonnique d'oralité dont les particularités sont de graviter autour des références universelles du métier, d’exclure toute idée de discours qui valoriserait certains « frères », et de pratiquer les cérémonies intégralement par cœur[3].
Le rite émulation dans le monde
Ce rite est pratiqué principalement par la Grande Loge unie d'Angleterre. Il est également utilisé de manière plus minoritaire, dans de nombreux autres pays.
Arrivé en France avec les soldats alliés durant la grande guerre, il y est pratiqué principalement par la Grande Loge nationale française (GLNF), la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra (GLTSO) et la Loge nationale française (LNF)[4].
Au Québec, il semble qu'il fut pratiqué[évasif] en français dès 1870 par la loge des Cœurs Unis No 45. Il a été introduit en anglais en France pendant la période 1914-1918 par les alliés britanniques, au sein de loges militaires. En 1925, le frère Georges Drabble traduisit le rituel ce qui permit la création des loges Confiance no 25 et Persévérance no 27 de la G.L.N.F. qui travaillent toujours au Rite émulation[réf. nécessaire].
En Suisse, il est pratiqué par plusieurs loges de la Grande Loge suisse Alpina[réf. souhaitée].
Grades
Comme d'autres rites, le Rite émulation comporte trois grades au niveau des loges bleues :
- 1er grade : apprenti
- 2e grade : compagnon
- 3e grade : maître
Il n'y a en revanche pas de « hauts grades » dans le Rite émulation.
En Angleterre, dans les pays du Commonwealth en général, les francs-maçons peuvent accéder au chapitre de l'Ordre suprême de la Sainte Arche royale qui leur transmet le degré de « maçon de l’arc royal ».
En France les francs-maçons travaillant au rite émulation se tournent vers un atelier d'une Grande Loge des maîtres maçons de marque, puis vers les chapitres de l'Arche royale qui sont vus comme « le parfait et harmonieux complément » du Rite émulation[5].
Notes et références
- Bauer et Dachez 2011, p. 26-27.
- Bauer et Dachez 2011, p. 41.
- Bauer et Dachez 2011, p. 95.
- Bauer et Dachez 2011, p. 120.
- Bauer et Dachez 2011, p. 102-106.
Voir aussi
Bibliographie
- Alain Bauer et Roger Dachez, Les rites maçonniques anglo-saxons, Paris, PUF, coll. « Que sais-je? », , 127 p. (ISBN 978-2-13-058194-9, lire en ligne) .
- (en)Emulation: a ritual to remember, the Lodge, the man and times in the one hundred, fifty years history of the emulation lodge of improvement, 1823-1973.
- Neville Barker Cryer (trad. Georges Lamoine), L'Arche et l'Arc-en-Ciel : Histoire de l’ordre des Maîtres Maçons de Marque et du Grade des Nautoniers de l’Arche Royale [« The Arch and the Rainbow, Lewis Masonic ed., juillet 1996 »], Toulouse, Éd. SNES,
- John S.M. Ward (trad. de l'anglais), Les légendaires instructions mystiques au rituel anglais de style Emulation : l'apprenti, Bonneuil-en-Valois, la hutte, 73 p. (ISBN 978-2-916123-17-2)
- John S.M. Ward (trad. de l'anglais), Les légendaires instructions mystiques au rituel anglais de style Emulation : le compagnon, Bonneuil-en-Valois, la hutte, 69 p. (ISBN 978-2-916123-18-9)
- John S.M. Ward (trad. de l'anglais), Les légendaires instructions mystiques au rituel anglais de style Emulation : le maître, Bonneuil-en-Valois, la hutte, 94 p. (ISBN 978-2-916123-19-6)
- David Taillades, De la franc-maçonnerie opérative au rite émulation : secrets d'histoire et d'une tradition spirituelle, Paris, DERVY, , 360 p. (ISBN 978-2-84454-994-5)