Rita Mestokosho

Rita Mestokosho est une poétesse, écrivaine et activiste innue. Elle est née en 1966 à Ekuanitshit au Québec, et y vit toujours[1]. Rita Mestokosho passe une bonne partie de son enfance à faire des séjours en forêt avec ses parents. Elle a fréquenté l’Université du Québec à Chicoutimi en sciences politiques[2]. Après ses études, elle est retournée à son village d’origine pour travailler dans le domaine de l'éducation puis, à la demande des femmes du village, elle est devenue conseillère au Conseil des Innus d’Ekuanitshit[2].

Vie professionnelle

Rita Mestokosho est mère de deux enfants, alors elle comprend l'impact que travailler avec les jeunes peut avoir dans le monde. Son travail en éducation et au Conseil des Innus d'Ekuanitshit] montre sa volonté de participer au fonctionnement de la communauté innue et à l’organisation des projets culturels et éducatifs[3]. C'est une des premières poètes autochtones publiés au Québec. Ses contributions ont aussi été reconnues mondialement et Rita Mestokosho a participé à différents événements dans le monde entier, dont en Italie et au Venezuela[4].

Œuvres poétiques

En 1995, Rita Mestokosho publie son premier livre de poésie, Eshi Uapataman Nukum (le titre signifie : Comment je perçois la vie, grand-mère)[5]qui la fait connaître. Quatre ans plus tard, l’œuvre est publiée en français et en suédois[2]. Elle est citée dans le discours de J.M.G. Le Clézio préalablement à son prix Nobel. En 2014, elle publie un autre livre de poésie, Née de la pluie et de la terre[6].

Les ouvrages de Mestokosho reflètent non seulement son identité innue, mais aussi la culture francophone. Par exemple, Eshi Uapataman Nukum se compose de huit poèmes bilingues, écrits en innu et français et douze textes écrits en français uniquement[7]. De même, Née de la pluie et de la terre est un texte qui découle d’une interaction entre deux femmes de culture différente. Mestokosho a combiné sa poésie avec la photographie de Patricia Lefebvre pour montrer comment la culture innue et la culture québécoise peuvent coexister[8].

La poésie de Mestokosho comporte souvent les thèmes de la nature et de la vie circulaire. Par exemple, dans son ouvrage L’arbre de vie, Mestokosho utilise la métaphore d’un arbre qui pousse pour décrire la croissance d’un jeune. Ce lien entre la nature et la vie humaine est un thème récurrent dans ses œuvres. En outre, Mestokosho intègre la vie circulaire dans l’ouvrage Les aurores boréales. Dans ce poème, elle fait une invocation au Grand Esprit, Tshishe Manitu. En faisant cette invocation, Mestokosho applique les croyances de la vie circulaire à sa poésie en démontrant la connectivité du monde[1].

Militantisme

Rita Mestokosho est non seulement une poète, mais aussi une militante innue. Elle a participé à la création de la maison de la culture innue où elle travaille comme coordonnatrice et lutte pour la reconnaissance de la langue innue. Elle est aussi membre du conseil local des Innus et est porte-parole de la communauté innue. Mestokosho s'est également battue contre la construction d'un barrage hydroélectrique sur la rivière Romaine[9]. Elle milite pour la préservation de sa terre, de sa langue, et de sa culture[10].

Elle utilise aussi sa poésie comme moyen de partager ses opinions sur les questions autochtones. Elle défend sa langue maternelle et sa communauté à travers ses œuvres poétiques. Par exemple, dans sa poésie, elle fait référence aux croyances innues et à leurs liens spirituels avec la nature, elle évoque les difficultés que rencontrent les cultures innues et leur désir ardent de justice et d'égalité pour leur peuple. Elle fait de nombreuses références à la liberté dans sa poésie, illustrant le fait que les communautés innues sont souvent négligées et non reconnues. Dans ses conférences, elle s'exprime généralement d'abord en innu, pour faire entendre sa langue d'origine, puis en français[5].

Publications

(Sélection[10])

Livres de poésie

  • Eshi uapataman Nukum / Comment je perçois la vie, grand-mère (1995)
  • Uashtessiu / Lumière d’automne (avec Jean Désy) (2010)
  • Née de la pluie et de la terre (2014)

En revues et en collectifs

  • « Imprégné jusque dans ta chair », Terres en vues, 1993.
  • « Enfant de la terre », Rencontre, 1993-1994.
  • « J’imagine », Voici la pointe du jour, Femmes autochtones du Québec, 1994.
  • « La vie d’un Innu », Terres en vues, 1995.
  • « Sous un feu de rocher », Rencontre, 1995.
  • « Mocassins », Estuaire, 1997.
  • « La Cause McKenzie », Innuvelle, 1998.
  • « Numushum (grand-père) », Innuvelle, 1998.
  • « Mes mocassins sont usés Nokum », Pimadiziwin, 1998.
  • [Poèmes], Rita Mestokosho : Les aurores boréales, 2000.
  • « L’Italie, un beau rêve », Innuvelle, 2000.
  • La Mer navigue / La Terre marche / Le Ciel vole / et moi, je rampe pour humer la vie…, 2002.
  • [Poèmes], Écrire contre le racisme : le pouvoir de l’art, Montréal, Les 400 coups, 2002.
  • « Octobre : Uashtessiu-pishum », Innuvelle, 2002.
  • « Les aurores boréales », Innuvelle, 2002.
  • « Nikan », Innuvelle, 2003.
  • « Atushpia », Le mocassin télégramme, 2006.
  • « Kamashikuakant kamantushit / La lutte contre le magicien », Terres en vues, 2004.
  • Le français est un poème qui voyage : Anthologie de poèmes francophones pour les enfants, 2006.
  • « Le bonheur d’être innu », Le Bonheur des poètes, 2007.
  • Correspondance avec Denise Brassard, Aimititau! Parlons-nous!, 2008.
  • « Suite nord-côtière » (avec Jean Désy), Les Écrits, 2008.
  • « Dialogue entre Nord-Côtiers du Québec », 2008.
  • « Les aurores boréales » et « L’arbre de la vie », Littérature amérindienne du Québec, 2009.
  • « Uashtessiu / Lumières d’automne » 2009.
  • « La poésie amérindienne », 2010.
  • « Suite d’automne » 2010.
  • « Amérindiens », 2010.
  • « Parfum de la terre », 2012.
  • « Tshiuetin / Vent du Nord », 2012.
  • Mingan, mon village, poèmes d’écoliers innus illustrés par Rogé, 2012.
  • « Premières Nations du Québec », 2013.
  • « Le chemin des cerfs-volants », 2015.
  • « Poème »,« Affirmation autochtone », 2016.
  • Tracer un chemin : Meshkanatsheu / Écrits des Premiers peuples, 2017.
  • « Tshiuetin tshuishamuk », Littoral, 2019.

Liens audio et vidéo

  • Chant au tambour, , en ligne.
  • Lecture au Festival Internacional de Poesía de Medellín, , en ligne.
  • Entrevue à l’émission Destination Francophonie (TV5 Monde), , en ligne.
  • Lecture d’un extrait de Née de la pluie et de la terre (réalisation : Brice Barbier), , en ligne.
  • La mémoire qui n’oublie (réalisation : Marie-Aimée Mestokosho et Rita Mestokosho), Wapikoni mobile, 2017, en ligne.

Notes et références

  1. Maurizio Gatti, Littérature amérindienne du Québec: Écrits de langue française, Québec, Les Éditions Hurtubise HMH, , 271 p. (ISBN 2-89428-756-9), P. 92-96
  2. la freniere, « Rita Mestokosho », sur LaFreniere&poesie (consulté le )
  3. « Rita Mestokosho | Terres en Vues », sur www.nativelynx.qc.ca (consulté le )
  4. « Rita Mestokosho », sur Les Filles électriques (consulté le )
  5. Lise Gauvin, « MestokoshoD, Rita [Ekuanitshit, Québec 1966] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 2904-2905
  6. « Rita Mestokosho, Née de la pluie et de la terre », sur France Culture (consulté le )
  7. Comment je perçois la vie, Grand-Mère = Eshi uapataman Nukum : recueil de poèmes en innu et en français = How I see life, Grandmother - Rita Mestokosho - Librairie Mollat Bordeaux (lire en ligne)
  8. « Née de la pluie et de la terre – Éditions Bruno Doucey » (consulté le )
  9. (en-US) « Aboriginal group protests Plan Nord, Romaine River », CBC, (lire en ligne, consulté le )
  10. « Rita Mestokosho », sur Kwahiatonhk! (consulté le )

Liens externes

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