Relations entre l'Allemagne et Israël

Les relations entre l'Allemagne et Israël désignent les relations entre la République fédérale d'Allemagne et l'État d'Israël depuis sa création en 1948. L'Allemagne dispose d'une ambassade à Tel-Aviv-Jaffa et Israël dispose d'une ambassade à Berlin et d'un consulat-général à Munich.

Relations entre l'Allemagne et Israël

Allemagne Israël
Ambassades
Ambassade d'Allemagne en Israël
  Ambassadeur Clemens von Goetze
  Adresse Tel-Aviv-Jaffa, Israël
  Site web Site officiel
Ambassade d'Israël en Allemagne
  Ambassadeur Yakov Hadas-Handelsman
  Adresse Auguste-Viktoria-Straße 74-76, Berlin, Allemagne
  Site web Site officiel

Histoire des relations germano-israéliennes

Parmi les facteurs les plus décisifs dans les relations germano-israéliennes est fréquemment cité le génocide des Juifs d'Europe (Shoah) par le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. Durant la guerre froide, Israël ne disposait pas de relations diplomatiques avec la République démocratique allemande (RDA) et ira jusqu'à s'opposer à l'entrée de la RDA aux Nations unies en 1973. La RDA soutenait par ailleurs ouvertement le Front populaire de libération de la Palestine tout en affirmant le droit à l’existence d’Israël.

Au début des années 1950, des négociations sur les réparations d'après-guerre ont lieu entre le Premier ministre d'Israël, David Ben Gourion, le secrétaire général du Congrès juif mondial, Nahum Goldmann, et le chancelier de l'Allemagne de l'Ouest, Konrad Adenauer. En raison de la sensibilité du dossier, cette décision a été intensément débattue à la Knesset israélienne, et ne prend pas en compte de réparations pour les victimes du génocide. En 1952, des accords de réparations sont signés. À la date de 2007, l'Allemagne avait versé sur les décennies précédentes environ 3 milliards de marks (versés sur 14 années) en réparation à Israël, pour permettre la réinstallation des réfugiés affluant sur son territoire ainsi que pour les survivants du génocide nazi[2]. Un autre volet capital de l'aide allemande prit la forme d'un prêt secret de 644,8 millions de deutschemarks, affublé du nom de code « Opération Business Friend ». Ce prêt aurait financé le programme nucléaire israélien selon Hans Ruhle (expert en prolifération nucléaire qui avait occupé de hautes responsabilité au ministère allemand de la Défense)[3].

Le chancelier Adenauer expliqua au sujet de cette politique « qu'expier ou réparer (les crimes allemands à l'égard des juifs) était la condition sine qua non pour retrouver notre statut international [...] Encore aujourd'hui, le pouvoir juif ne doit pas être sous-estimé, surtout en Amérique[3]. »

L’antisémitisme était encore très présent dans une Allemagne au sein de laquelle d'anciens responsables nazis occupaient encore de hautes fonctions. Les notes de Rolf Pauld, premier ambassadeur de la RFA en Israël et ancien général de la Wehrmacht, associent fréquemment les Israéliens à l'argent et au pouvoir. Rolf Pauld s'indigna de ce que les Israéliens « parlent de moralité, mais ne pensent qu'à l'argent ». Convaincu que « l'influence d’Israël et des juifs dans les grands centres mondiaux où se façonne l'opinion publique [était] déterminante », il estimait que l'Allemagne ne pouvait cesser de soutenir Israël, faute de quoi « les juifs lâcheraient les chiens, de Jérusalem à Londres, en passant par New York[3]. »

La presse allemande adopta généralement un point de vue pro-israélien, en particulier les journaux issus du groupe de presse Springer.

La chancelière Angela Merkel adopte une politique étrangère de coopération avec Israël. Bien que l'Allemagne ait émis des déclarations répétées, critiquant certains aspects de la politique menée par le gouvernement israélien en Cisjordanie[4],[5] : un document ayant fuité dans la presse en 2016 estime que l'État fédéral pourrait mettre un terme à son « soutien inconditionnel à Israël »[6].

En , le Parlement allemand adopte une résolution déclarant antisémite la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël[7].

Relations commerciales

L'Allemagne est le partenaire commercial le plus important d'Israël en Europe et le deuxième partenaire commercial le plus important après les États-Unis. Les importations israéliennes d'Allemagne représentent un total 2,3 milliards d'USD par an, alors qu'Israël est pour l'Allemagne le quatrième partenaire commercial le plus important en Afrique du Nord / Moyen-Orient[8].

Relations culturelles et sociales

Les deux pays entretiennent de nombreuses relations scientifiques, caractérisée notamment par une coopération entre les universités israéliennes et allemandes.

Un certain nombre de programmes d'échanges entre jeunes Allemands et Israéliens ont lieu. Quelque 2 000 Israéliens et 4 500 Allemands participent actuellement chaque année au programme d'échange géré par le ministère fédéral allemand de la Famille. La réconciliation (Aktion Sühnezeichen) a joué un rôle important dans ces relations. Depuis 1961, elle permet ainsi l'envoi de 2 500 volontaires travailler dans les hôpitaux et programmes de protection sociale israéliens. Les églises et les syndicats ont également eu un rôle important dans la promotion de ces relations.

Israël attache une grande importance au jumelage de ses municipalités avec des villes allemandes. Haïfa est ainsi jumelée à cinq villes d'Allemagne; Tel-Aviv-Jaffa cinq et Netanya deux. Plus de 100 villes israéliennes sont jumelées avec l'Allemagne.

Coopération militaire

De 1959 à 1967, la République fédérale d'Allemagne (alors Allemagne de l'Ouest) était un important fournisseur de matériel militaire et d'armes à Israël, deuxième derrière les États-Unis. L'Allemagne a ainsi fourni à Israël des sous-marins de classe Dolphin tandis que l'Allemagne utilise le missile antichar israélien Spike. En 2008, il a été révélé que l'Allemagne et Israël ont élaboré conjointement un système d'alerte nucléaire, baptisé Opération Bluebird[9].

Le soutien militaire allemand à Israël a commencé lors de la crise du canal de Suez (1956) au cours de laquelle les armées britannique, française et israélienne ont envahi l’Égypte. L'Allemagne fut durant les années 1960 le premier soutien de l'armée israélienne, lui fournissant de l'artillerie lourde, des avions, des hélicoptères, des navires, et des sous-marins. Ce soutien a contribué à la victoire israélienne lors de la guerre des Six jours (1967). L’ambassadeur allemand envoya à Bonn le télégramme suivant : « D'après un officier de l’état-major, les chars modernes au blindage renforcé que nous leur avons fournis n’auraient pu mieux faire la preuve de leur mérite[3]. »

Les États-Unis apportèrent également de l'aide militaire à Israël par l'intermédiaire de l'Allemagne, afin de maintenir le caractère confidentiel de cette aide et ainsi préserver leurs relations avec les pays arabes[3].

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou est mis en cause par la justice en 2020 pour des soupçons de corruption autour de la vente par l’Allemagne à Israël de sous-marins militaires et bateaux pour une somme totale de quelque deux milliards de dollars[10].

Notes et références

  1. (en) German Embassy. Background Papers. Germany and Israel, consulté le 14 mars 2012
  2. (en) Congressional Research Service: Germany’s Relations with Israel: Background and Implications for German Middle East Policy, 19 janvier, 2007. (page CRS-2), consulté le 14 mars 2012
  3. Daniel Marwecki, « Singulières relations germano-israéliennes », sur Le Monde diplomatique,
  4. (en) Netanyahu heads to Germany for reconciliation with Merkel, Haaretz, consulté le 14 mars 2012.
  5. (en) Germany reprimands Israel over new Jerusalem construction, Haaretz, consulté le 14 mars 2012.
  6. L'Allemagne pourrait arrêter son soutien inconditionnel à Israël, Russia Today, consulté le 4 mai 2016.
  7. Le Parlement allemand juge «antisémite» le mouvement anti-israélien BDS, RFI, 18/05/2019.
    Pourquoi l’Allemagne a condamné le BDS, Middle East Eye, 23-05-2019.
  8. (en) The Israel-German special relationship", Britain Israel Communications and Research Centre, consulté le 14 mars 2012
  9. (en) « Israel, Germany develop nuclear warning system »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Jerusalem Post, consulté le 14 mars 2012.
  10. « Israël. Le procès de Benyamin Netanyahou vire à la farce », sur L'Humanité,

Voir aussi

Liens externes

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