Rebecca Lee Crumpler

Rebecca Davis Lee Crumpler né le à Christiana dans le Delaware (en), morte le à Hyde Park (Boston) dans le Massachusetts, est une médecin américaine. Diplômée en 1864 de la faculté de médecine de l'université de Boston, il s'agit de la première femme afro-américaine à devenir médecin aux États-Unis.

Biographie

Jeunesse et formation

Rebecca Davis[1],[2] est la fille de Matilda Webber Davis et d'Absolum Davis[3]. Elle est élevée en Pennsylvanie, par une tante qui apportait des soins à ses voisins malades, ce qui influencera ses choix de vie professionnelle[4],[5]. Elle suit ensuite des cours à la West Newton English and Classical School (en) dans le Massachusetts.

Carrière

En 1852, elle emménage à Charlestown (Massachusetts). Pendant les 8 années suivantes, elle est employée comme infirmière[6] jusqu'à ce qu'elle soit acceptée au New England Female Medical College en 1860[4],[5], alors qu'il était rare à cette époque pour des femmes ou des personnes afro-américaines d'être admises dans des facultés de médecine[5]. Au début de la guerre de Sécession, Crumpler est obligée de quitter la faculté. Elle y retourne en 1863, mais sans aide financière. Afin de terminer son cursus, elle remporte une bourse du Wade Scholarship Fund, fondé par Benjamin Wade, homme politique antiesclavagiste de l'Ohio[7].

Diplômée en 1864[8], Crumpler devient la première femme afro-américaine des États-Unis à obtenir un doctorat en médecine, et la seule femme afro-américaine à être diplômée du New England Female Medical College[4],[9]. Elle est alors identifiée comme « Doctress of Medicine, Mrs. Rebecca Lee, negress »[10].

La faculté intègre l'université de Boston en 1873, sans qu'aucune autre femme afro-américaine n'en soit sortie depuis Rebecca Lee Crumpler[4],[5].

Crumpler débute l'exercice de la médecine à Boston, et se dédie aux soins des femmes et enfants pauvres. Pendant cette période, elle recherche à suivre des cours dans les dominions britanniques[5].

Après la fin de la guerre de Sécession, en 1865, elle part à Richmond, où elle s'occupent principalement de femmes et d'enfants. Crumpler travaille pour le Freedmen's Bureau pour apporter des soins médicaux aux esclaves libérés. Elle est confrontée à un « racisme intense » : « des hommes médecins la snobent, des pharmaciens rechignent à délivrer ses prescriptions, et certaines personnes se moquent de son titre de M.D. qui signifierait "Mule Driver"[4],[5]. »

Vie personnelle

Le , elle épouse Wyatt Lee, un esclave affranchi qui décède de la tuberculose le .

Le , Rebecca Davis épouse Arthur Crumpler, un ancien combattant afro-américain de l'armée de l'Union durant la guerre de Sécession. En 1870, le couple donne naissance à une fille Lizzie Sinclair Crumpler[11]

Rebecca Crumpler meurt le , et enterrée au Cimetière de Fairview (Boston, Massachussets) (en), section de Hyde Park[10],[12] . Son mari Arthur meurt à Boston en 1910[13].

Publication

En 1883, Rebecca Crumpler publie un livre, réalisé à partir des notes qu'elle a conservées au cours de sa carrière. Il est dédié aux infirmières et aux mères[4],[5] et centré sur les soins médicaux des femmes et des enfants[14],[8].

  • (en-US) A book of medical discourses : in two parts, Cashman, Keating, printers, , 158 p. (lire en ligne).

C'est le premier ouvrage médical rédigé par une femme médecin noire. Il parait à une époque où les États-Unis n'avaient pas de politique de santé pour réduire la mortalité infantile considérée comme inévitable. Crumpler s'insurge contre ce fatalisme, où l'on parle de maladies des jeunes enfants « comme si elles étaient envoyées par Dieu pour détruire nos enfants »[10].

Elle propose des mesures préventives qui .pourraient sauver des milliers de nourrissons chaque année. Elle s'intéresse à ce qui sera appelé plus tard déterminants sociaux de santé. Elle défend l'allaitement maternel et critique le recours aux nourrices, car ce sont les propres bébés des nourrices qui en pâtissent. Elle souligne le fait que les maladies infantiles mortelles (diarrhées, coqueluche, pneumonie, diphtérie...) frappent les enfants Blancs et Noirs, riches et pauvres. Son ouvrage n'est pas seulement dédié aux mères et aux infirmières, mais aussi « à tous ceux ceux qui souhaitent réduire les calamités qui frappent la race humaine »[10].

À la fin de sa vie, un mouvement d'hygiène générale infantile et d'allaitement maternel se développe dans la plupart des grandes villes américaines, selon les principes préventifs de son Medical Discourses[10].

Hommage

Un mémorial a été érigé sur sa tombe au Cimetière de Fairview de Boston en juillet 2020. Le discours d'hommage a été prononcé par Joan Reede (en) (1953-) première femme noire nommée Doyenne de la Harvard Medical School[10].

En 2021, il n'existe aucune photographie authentifiée de Rebecca Crumpler, et à part son Medical Discourses, elle a laissée très peu de papiers ou documents personnels. La demeure où elle a vécu est encore visible au 67 Joy Street de Boston[10].

Bibliographie

  • (en-US) Constance Claytor, African Americans Who Were First, Cobblehill Books, , 134 p. (ISBN 9780525652465, lire en ligne), p. 20,

Notes et références

  1. (en-US) « Dr. Rebecca Lee Crumpler », sur cfmedicine.nlm.nih.gov
  2. (en-US) « Celebrating Rebecca Lee Crumpler, first African-American woman physician », sur PBS NewsHour, (consulté le )
  3. U.S., High School Student Lists, 1821-1923, West Newton English and Classical School
  4. (en-US) « Dr. Rebecca Lee Crumpler Biography », Changing the Face of Medicine, National Library of Medicine (consulté le )
  5. (en) Henry Louis Gates et Evelyn Brooks Higginbotham, African American Lives, Oxford University Press, , 199–200 p. (ISBN 978-0-19-988286-1, lire en ligne)
  6. (en-US) Femi Lewis Femi Lewis is a writer et history, « Who Was the First African-American Woman to Become a Physician? », sur ThoughtCo (consulté le )
  7. (en) « Rebecca Lee Crumpler », sur civilwarwomenblog.com (consulté le )
  8. (en-US) « Rebecca Davis Lee Crumpler (1831-1895) • BlackPast », sur BlackPast, (consulté le )
  9. U.S., School Catalogs, 1765-1935. New England Female Medical College. [1860-1864]
  10. Perri Klass, « "To Mitigate the Afflictions of the Human Race" - The Legacy of Dr. Rebecca Crumpler », The New England Journal of Medicine, vol. 384, no 13, , p. 1186–1189 (ISSN 1533-4406, PMID 33793149, DOI 10.1056/NEJMp2032451, lire en ligne, consulté le )
  11. (en-US) Sara Diaz, « Rebecca Davis Lee Crumpler (1831-1895) • », sur Black Past, (consulté le )
  12. « Dr Rebecca Davis Crumpler (1831-1895) - Mémorial... », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  13. (en) « Arthur Crumpler », sur Find a Grave
  14. (en) Darlene Clark Heine et Kathleen Thompson, A Shining Thread of Hope, Crown/Archetype, , 368 p. (ISBN 978-0-307-56822-9 et 0-307-56822-9, lire en ligne), p. 162

Annexes

Liens internes

Liens externes

  • Portail des Afro-Américains
  • Portail de la médecine
  • Portail de l’histoire des sciences
  • Portail des femmes et du féminisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.