Raytheon

Raytheon est une entreprise américaine spécialisée principalement dans les domaines des systèmes de défense et d'électronique et dans l'aérospatiale. Elle fut fondée en 1922 à Cambridge (Massachusetts) et son siège est actuellement à Waltham (Massachusetts). En 2012, elle se classe au sixième rang mondial des ventes de matériel militaire[2],[3]. Le Raytheon fusionne avec United Technologies pour former Raytheon Technologies[4].

Raytheon Company

Création 1922
Disparition 2020
Fondateurs Vannevar Bush
Laurence K. Marshall
Charles G. Smith
Forme juridique Incorporation
Action NYSE : RTN
Slogan « Customer Success Is Our Mission »
Siège social Waltham
 États-Unis
Direction Thomas A. Kennedy, président
Directeurs William H. Swanson (en)
Actionnaires The Vanguard Group (0,07 ) et Delaware Management Business Trust (d) (0,03 )
Activité Aérospatial et Défense
Produits MIM-104 Patriot, Le Destroyer de classe Zumwalt, BGM-109 Tomahawk, M982 Excalibur
Filiales Raytheon Integrated Defense Systems (en), usine Raytheon de Tucson, Raytheon (United Kingdom) (d), Raytheon (Germany) (d), Raytheon (Canada) (d), Space and Information Systems Division (d) et Raytheon Anschütz (d)
Effectif 75 000 (fin 2009)
Site web Raytheon.com

Capitalisation 42 080 000 000 de dollars américains ()
Chiffre d'affaires 24,9 milliards USD (2009)[1]
Résultat net 3 milliards USD (2009)

Société précédente Applied Signal Technology (en)
Société suivante Raytheon Technologies

Histoire de Raytheon

Un missile de croisière Tomahawk Block IV pendant un test de vol pour l'U.S. Navy NAWS China Lake, Californie (10 novembre 2002)

Les débuts de la société

En 1922, deux anciens colocataires du MIT Laurence K. Marshall et Vannevar Bush, avec le scientifique Charles G. Smith, créent l'American Appliance Company à Cambridge[5]. Leur préoccupation de départ était les nouvelles technologies de réfrigération, puis bientôt l'électronique. Le premier produit de la compagnie fut un convertisseur à l'hélium fait à partir des premières recherches astronomiques de Charles Smith sur l'étoile Zeta Puppis[6]. Le tube électronique fut nommé Raytheon la lumière des dieux »[7]) et fut utilisé comme un redresseur, un type de convertisseur alternatif - continu permettant de brancher une radio au courant électrique domestique au lieu de piles énormes et encombrantes et ainsi d'éliminer le coût élevé de ces piles de courte durée de vie.

À la suite d'un litige, avec une firme du même nom en Indiana, la compagnie change de nom en 1925 pour Raytheon Manufacturing Company et commence à commercialiser son redresseur, sous la marque Raytheon, avec un grand succès commercial. En 1928, Raytheon fusionne avec Q.R.S. Company, un fabricant américain de prises électriques et de tubes électroniques, et garde son nom, Raytheon Manufacturing Company. En 1933, elle se diversifie avec l'acquisition d'Acme-Delta Company, un producteur de transformateurs, d'équipement électrique, et d'électronique pour l'automobile. Dans les années 1930, Raytheon est déjà l'une des plus grandes compagnies au monde pour la fabrication de convertisseurs.

La Seconde Guerre mondiale

Au début de la Seconde Guerre mondiale, des chercheurs britanniques perfectionnent le magnétron à cavité, un oscillateur de puissance qui fonctionne dans le domaine des micro-ondes, augmentant nettement les capacités des radars pour détecter les avions ennemis. Lors de la mission Tizard en , les Britanniques demandèrent secrètement au gouvernement américain de l'aider à les produire à grande échelle pour équiper les systèmes radar au sol et embarqués. Ce dernier enrôle l'aide des compagnies américaines pour les produire industriellement avec le soutien du laboratoire des radiations nouvellement mis sur pied au Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour le perfectionnement du radar à micro-ondes. Raytheon reçut ainsi un contrat pour construire ces appareils et en quelques mois la compagnie avait déjà commencé à les produire en série pour les radars portables et les grands systèmes.

À la fin de la guerre en 1945, Raytheon était à l'origine de 80 % des magnétrons produits aux États-Unis et fut aussi pionnière dans la production de systèmes radars embarqués pour les bateaux, en particulier pour la détection de sous-marins. Ses recherches sur le magnétron révélèrent le potentiel des micro-ondes pour préparer la nourriture et en 1945, l'ingénieur Percy Spencer développa le premier four à micro-ondes qui fut commercialisé en 1947 sous le nom de Radarange.

Sa taille critique dans le domaine des missiles fut atteinte à l'occasion des acquisitions des branches spécialisées de Texas Instruments et de Hughes Aircraft. Mais là ne s'arrête pas sa mainmise sur le secteur de la défense car son champ d'action touche de très nombreux segments (électronique embarquée, systèmes navals, contrôle aérien, radars, simulation, logistique).

Toutefois, au début du millénaire, on assistait à une cession d'une partie de son empire. Ainsi l'AIS (Aircraft Interation Systems issue du rachat d'E-Systems) et Hawker Beechcraft (aviation générale) seront cédés pour renforcer sa position financière.

Géant du micro-ondes

Pour le grand public, Raytheon restera comme le créateur de la technologie des micro-ondes. En effet, l'un de ses ingénieurs, Percy Spencer (1894-1970), ayant ressenti une étrange sensation à proximité d'un radar en activité et constaté la fonte d'une barre de chocolat à l'intérieur de sa poche, il a décidé d'approfondir le sujet. Le premier aliment passant par cette voie fut le banal pop-corn et le second concernait un œuf qui finira par exploser au visage des expérimentateurs.

En 1946, le concept se révélant viable, Raytheon brevetait cette technologie de cuisson. L'année suivante, on assistait à la mise sur le marché du premier four à micro-ondes. Ce dernier présentait un caractère monstrueux au regard des standards actuels (1,8 m de haut, masse de 340 kg et puissance de 3 000 W). Refroidi par un circuit d'eau, sa pollution aux radiations était trois fois supérieures à celle des micro-ondes actuels.

Essor des transistors

À la suite de l'invention des transistors en 1947 par les Laboratoires Bell, Norman Krim, vice-président de Raytheon, soutient l'industrialisation de ce composant, faisant de Raytheon le leader du marché. Dans la première moitié des années 1950, Raytheon fabrique ainsi la moitié des transistors vendus dans le monde.

Cela inclut la fabrication du CK703 (1948, premier transistor commercialisé), du CK718 (1952, premier transistor fabriqué de manière industrielle), du CK722 (1953, premier transistor accessible au grand public et destiné aux électroniciens amateurs).

Grâce à son expérience dans cette technologie, Raytheon peut alors commercialiser des radios portatives pour un prix accessible au public, dès le milieu des années 1950.

Histoire récente

En , Raytheon acquiert l'entreprise américaine de cybersécurité Blackbird Technologies pour 420 millions de dollars[8]. En , Raytheon acquiert l'entreprise de cybersécurité Websense pour 1,9 milliard de dollars au fonds d'investissement Vista Equity Partners[9]. En , Raytheon se renforce à nouveau dans la cybersécurité avec le rachat de Stonesoft, filiale finlandaise d'Intel dédiée à la sécurité informatique[10].

En , United Technologies annonce la fusion de ses activités aéronautiques avec Raytheon, créant un nouvel ensemble ayant une capitalisation de 120 milliards de dollars. Les actionnaires d'United Technologies gardant une participation de 57 % dans le nouvel ensemble[11].

Raytheon et United Technologies fusionnent le , la nouvelle entreprise prend le nom de Raytheon Technologies.

Structure de la compagnie

Divisions opérationnelles

Raytheon est composée de six divisions opérationnelles principales:

  • Integrated Defense Systems — basé à Tewksbury, Massachusetts: Australia’s Air Warfare Destroyer (AWD), Joint Land-Attack Cruise Missile Defense Elevated Netted Sensor System (JLENS), Patriot Air and Missile Defense System, Terminal High Altitude Area Defense (THAAD), et le programme de Destroyer de classe Zumwalt.
  • Intelligence and Information Systems — basé à Garland (Texas) : Cybersecurity, ISR and environmental solutions.
  • Missile Systems — basé à Tucson (Arizona) : Advanced Medium-Range Air-to-Air Missile (AMRAAM), Phalanx, Standard Missile-3 (SM-3), et Tomahawk.
  • Network Centric Systems — basé à McKinney (Texas) : Active Protection System (APS), Joint Precision Approach and Landing System (JPALS), et Navy Multiband Terminal (NMT).
  • Raytheon Technical Services Company LLC — basé à Reston, Virginie
  • Space and Airborne Systems — basé à El Segundo, Californie: Active Electronically Scanned Array (AESA) radar, Airborne Stand-off Radar (ASTOR), AN/SPY-6 et Common Sensor Payload.

Les divisions de Raytheon sont organisées avec un ensemble de directions internationales: Raytheon Australia; Raytheon Canada Limited; Raytheon Microelectronics en Espagne; Raytheon System Limited au Royaume-Uni; et ThalesRaytheonSystems, en France.

Centres de développement stratégique

Ces dernières années, Raytheon se développe dans de nouveaux champs d'expertise et redéfinit ses activités centrales. Raytheon a identifié quatre 'centres de profit stratégique' pour recadrer ses moyens et son expertise :

Production d'armes à uranium

Plusieurs brevets déposés par la compagnie Raytheon évoquent l'utilisation d'uranium appauvri dans les missiles et autres projectiles de la compagnie[12].

Lobbying

Selon la journaliste australienne Caitlin Johnstone, « Raytheon dépense des millions de dollars par an pour faire activement pression sur le gouvernement afin de faire avancer des politiques qui sont bénéfiques en milliards de dollars pour le géant de la fabrication d'armes, ce qui implique par voie de conséquence de faire pression pour l'expansionnisme militaire et l'interventionnisme »[13].

La journaliste américaine Sarah Lazare souligne par ailleurs Raytheon, en tant que « fournisseur clé de bombes pour la guerre américano-saoudienne au Yémen [...] fait un lobbying agressif contre la réduction des ventes d'armes à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite »[13]. L'un des membres du conseil d’administration de l’entreprise, Lloyd Austin, est choisi en 2020 par Joe Biden pour devenir secrétaire à la Défense des États-Unis[13].

Références

  1. Données financières de Raytheon
  2. Classement des groupes industriels selon leur ventes de matériel militaire en 2010, Sipri Yearbook 2012.
  3. La vente de matériel militaire du groupe en 2010 est estimée par le Sipri à 22,980 Mds de $.
  4. Léo Barnier, « Raytheon et United Technologies finalisent leur fusion », Le Journal de l'Aviation, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Raytheon Australia. History. « Copie archivée » (version du 30 août 2007 sur l'Internet Archive) Raytheon Marketing Material.
  6. Otto J. Scott, The Creative Ordeal, (New York, Atheneum, 1974),16-32
  7. http://www.raytheon.com/ourcompany/history/early/index.html
  8. (en) Raytheon acquires cyber firm for $420 million, Reuters, 5 novembre 2014
  9. (en) , Mike Stone et Liana Baker, Reuters, 17 avril 2015
  10. Raytheon to buy Intel’s Stonesoft: report, Reuters, 29 octobre 2015
  11. Harry Brumpton et Kate Duguid, « United Technologies, Raytheon to create $120 billion aerospace and defense giant », sur Reuters,
  12. voir par exemple le brevet "Missile warhead design" de 1997 qui propose un ballast au tungstène mais précise ensuite que "In addition, other ballast sizes and other materials such as lead or depleted uranium may be used without departing from the scope of the present invention", et le brevet "Guided kinetic penetrator" de 2005 qui protège l'invention de "9. The projectile guidance system of claim 1, wherein the kinetic penetrator body comprises at least one of tungsten, carbide steel, and depleted uranium". Voir aussi le "Improved missile warhead design" de 1998 qui protège "2. The invention of Claim 1 wherein the ballast mechanism (16) includes tungsten, lead and/or depleted uranium material(s)", le "Cluster explosively-formed penetrator warheads" de 2011 qui protège "The spherically-shaped explosive device of claim 1, wherein each of the plurality of liners comprises a material selected from a group consisting of copper, molybdenum, tungsten, aluminum, tantalum, depleted uranium, lead, tin, cadmium, cobalt, magnesium, titanium, zinc, zirconium, beryllium, nickel, silver, and combinations thereof", et la "Low-collateral damage directed fragmentation munition" de 2014 qui utilise un anneau en tungstène ou en uranium ("The ring 44 may be made of tungsten or depleted uranium, to give non-limiting examples") pour orienter l'énergie de l'arme. Il est possible d'en trouver d'autres grâce à un simple moteur de recherche (en regardant par exemple sur Google Patents).
  13. « Guerres d'Irak et d'Afghanistan, lobby pro-armement : Lloyd Austin, nouveau «faucon» du Pentagone ? », sur RT,

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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