Rara

Le rara est une forme musicale originaire de Haïti, jouée lors de défilés de rue, généralement au cours de la semaine de Pâques. Le genre se centre sur un ensemble de trompettes en bambou cylindriques appelées vaksen (qui peut aussi être faite de tuyaux en métal), mais dispose également de tambours, de maracas, de güiras ou güiros (un instrument à percussion), et de cloches en métal. Les vaksen-s effectuent des sons répétitifs et rythmiques à l'aide d'un bâton. Les trompettes et saxophones peuvent également être utilisés. Le genre, même si majoritairement afro-centré, se caractérise également par quelques instruments taino-amérindiennes comme les güiros et les maracas.

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Musicien jouant du vaksen.

Les chansons sont toujours chantées en kreyòl haïtien et célèbrent l'ascendance africaine de la population afro-haïtienne. Le vaudou y est souvent pratiqué. Le genre est exporté en République dominicaine, et fait désormais partie intégrante de la scène musicale du pays, où il est familièrement connu comme gagá[1]. En République dominicaine, la musique est souvent jouée par la population afro-dominicaine comme un hommage culturel à leurs ancêtres africains et à leurs homologues haïtiens. Le rara en Haïti est souvent utilisé à des fins politiques pour les candidatures et les campagnes. Les paroles abordent aussi souvent des sujets difficiles comme l'oppression politique ou la pauvreté. De ce fait, les groupes et musiciens de rara sont interdits d'exercer, et même contraints à l'exil - c'est plus particulièrement le cas du chanteur folk Manno Charlemagne, qui reviendra plus tard Haïti et sera élu maire de Port-au-Prince dans les années 1990.

Le rara est souvent joué en marchant. Mais depuis un certain temps, on joue le Rara haïtien dans des concerts comme Haiti Jazz. Les activités liées au rara commencent généralement pendant le mercredi des Cendres, et culminent au week-end de Pâques. « Le festival rara a probablement été développé au cours de la période de l'esclavage colonial, quand les esclaves africains et les afro-créoles dans la colonie de Saint-Domingue lorsqu'ils faisaient usage d'instruments musicaux durant le dimanche de Pâques [...][2]. »

Certains, dont l'ethnologue Jean Coulanges, considèrent que le rará est un héritage des taïnos qui habitèrent l'île avant la colonisation. Il serait lié à l'équinoxe de printemps, jour consacré par les Mayas à la nature. De plus, les traces des majors jonc se retrouvent chez les Mayas, notamment dans le Yucatán au Mexique. Le Rará aurait par la suite été adopté par les esclaves africains. Le syncrétisme religieux serait ensuite venu se greffer à cette fête, donnant la coïncidence avec le calendrier chrétien. Ceci amena à penser que les manifestations Rará sont des festivités païennes[réf. nécessaire].

Bibliographie

  • (en) McAlister, Elizabeth. Rara! Vodou, Power, and Performance in Haiti and its Diaspora. Berkeley : Université de California Press, 2002. Book on Rara in Haiti and New York City.
  • (en) Averill, Gage., A Day for the Hunter, a Day for the Prey : Popular Music and Power in Haiti, Chicago, University of Chicago Press, (ISBN 0-226-03292-2, lire en ligne).
  • (en) Manuel, Peter, Bilby, Kenneth, Largey, Michael, Caribbean Currents : Caribbean Music from Rumba to Reggae, Temple University Press, , 288 p. (ISBN 978-1-59213-464-9, lire en ligne)

Notes et références

  1. (en) Manuel, Peter with Kenneth Bilby, Michael Largey, « Caribbean Currents: Caribbean Music from Rumba to Reggae », (consulté le ), p. 156.
  2. (en) Encyclopedia of Popular Music of the World, Forthcoming
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