Radisson

Radisson est une localité de la municipalité québécoise d'Eeyou Istchee Baie-James en Jamésie, dans la région administrative du Nord-du-Québec. Elle est bâtie sur la rive sud de la Grande Rivière et se trouve à quelques kilomètres seulement de la limite sud du district arctique québécois du Nunavik. À ce titre, la localité de Radisson est la communauté francophone la plus nordique du Québec, de toute l'Amérique et du monde ; elle est également, au Québec, la seule communauté non autochtone au nord du 53e parallèle. Elle est située approximativement à mi-chemin entre Montréal (au sud du Québec) et le village inuit de Salluit dans l'Arctique (à l'extrême-nord du Québec).

Pour les articles homonymes, voir Radisson (homonymie).

Radisson
Administration
Pays Canada
Province Québec
Municipalité Eeyou Istchee Baie-James
Statut Localité
Fondateur Hydro-Québec
Date de fondation 1974
Démographie
Population 468 hab. (2016[1])
Densité 97 hab./km2
Géographie
Superficie 481 ha = 4,81 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Québec
Radisson
Géolocalisation sur la carte : Québec
Radisson

    Construite dans le cadre des travaux de la première phase du projet de la Baie James pour héberger les cadres de la Société d'énergie de la Baie James et des entrepreneurs chargés des travaux, elle est distante de cinq kilomètres de la centrale hydroélectrique Robert-Bourassa. Le propriétaire des installations, la société d'État Hydro-Québec, est d'ailleurs le principal employeur de la localité, qui compte par ailleurs quelques commerces, des bureaux gouvernementaux et un secteur touristique qui se développe depuis les années 1990.

    Histoire de la localité

    La pratique de créer des villages permanents pour héberger les travailleurs chargés des travaux de construction de centrales hydroélectriques isolées dans le nord du Québec n'est pas nouvelle. Dans le début des années 1930, la Shawinigan Water and Power Company faisait construire un village au pied du barrage du Rapide-Blanc, sur le Saint-Maurice, au nord de La Tuque. Cette façon de procéder a été répétée par Hydro-Québec qui fondait Labrieville en 1953 dans le cadre de la construction de la centrale Bersimis-1, sur la Côte-Nord. Dans chacun de ces cas, les villages devaient être gardés en vie par la présence des travailleurs chargés de l'exploitation des installations, pratique qui s'est maintenue jusqu'à l'automatisation des manœuvres des centrales, au début des années 1970.

    Dans le cas du projet de la Baie James, la planification de Radisson et des quatre autres villages destinés à accueillir les cadres mariés — administrateurs, ingénieurs, contremaîtres et entrepreneurs — et leurs familles, s'est amorcée en 1973. Radisson a été fondée en 1974 et nommée en l'honneur de Pierre-Esprit Radisson, un explorateur français qui établit le commerce des fourrures entre l'Europe et la région de la baie James en fondant la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1670.

    Contrairement aux villages de Sakami (La Grande-3), Keyano (La Grande-4), Les Mélèzes (détournement EOL) et Duplanter (réservoir de Caniapiscau), le village de Radisson «a été considéré, dès le départ, comme le chef-lieu du territoire de la Baie James en vue de toute forme de développement de la région»[2].

    Pour la SEBJ, la création de villages familiaux avait un objectif clair de recruter du personnel cadre expérimenté et compétent pour construire les installations du complexe hydroélectrique. Consciente de l'impopularité d'une telle mesure auprès du reste du personnel, vivant dans des campements et loin de leurs familles, le maître d'œuvre explique que les emplois occupés par les cadres présentent un caractère de continuité et de permanence et que ce personnel peut être en poste pour plusieurs années, ce qui n'est pas le cas avec les autres travailleurs, dont le statut est saisonnier ou cyclique[3].

    Une capsule vidéo[4] pour présenter la localité a été réalisée en 2019, par Attraction Nord[5], mettant entre autres en vedette l'artiste peintre Stéfanie Thompson.

    Population et économie

    Panneau d'indication montrant les distances séparant Radisson d'autres villes du monde

    Aujourd’hui, la population de Radisson est de 270 habitants, chiffre en baisse de 20% par rapport aux années 1990. Parmi eux, environ 200 habitants permanents et une centaine de travailleurs d’Hydro-Québec qui y résident sur une base temporaire. La localité, avec l'appui de la municipalité de Eeyou Istchee Baie-James et du Gouvernement du Québec, chercherait à attirer de nouveaux habitants — notamment des immigrants de pays francophones — afin de redynamiser et d'assurer sa pérennité, mais il n'existe pas de stratégie coordonnée à ce sujet pour l'instant. Au plus fort de la période de construction, en 1977, la localité comptait près de 2 000 habitants[6].

    Hydro-Québec et sa filiale, la Société d'énergie de la Baie-James, constituent les principaux employeurs de la localité de Radisson. Une partie non négligeable de la population travaille dans l’industrie touristique, qui se développe de plus en plus et qui représente, pour beaucoup d'habitants, une voie d'avenir pour la diversification de l'économie locale et pour le développement de la localité. Un poste d'accueil du Centre d'études nordiques de l'Université Laval a été établi dans la localité. Il sert de base pour mener des travaux de terrain dans cette région du Nord québécois[7].

    L'administration locale de Radisson est dirigée par un Président de localité et son équipe. La ville de Radisson met souvent l'accent sur « l'esprit pionnier » des habitants de ce lieu très nordique. En tant que localité de langue française la plus septentrionale au monde, Radisson est considérée comme étant l'avant-poste de la Francophonie mondiale dans les régions arctiques et sub-arctiques du globe, tout comme la ville d'Anchorage, en Alaska, est l'avant-poste anglophone en terre arctique.

    Services disponibles

    Malgré son éloignement, Radisson offre une vaste gamme de services à ses résidents et aux touristes. Une station-service, un hôtel, un motel, un camping, un magasin général, une école, une église, un centre hospitalier, des restaurants et des bars ont pignon sur rue dans la localité, sans compter la palette d'activités de plein air que permet un pareil environnement. En été, on peut y pratiquer la randonnée pédestre, la pêche sportive, l'observation de la faune et de la flore, etc. En hiver, la localité permet de pratiquer des activités comme le ski de fond, la motoneige, la raquette, etc. Radisson dispose aussi d'un complexe sportif moderne ainsi que d'une piscine de dimension semi-olympique.

    Tant de services pourraient sembler un luxe dans n'importe quelle ville de taille similaire située en zone tempérée plus au sud, mais l'isolement géographique de Radisson en plein Grand-Nord québécois, sans aucune autre communauté humaine à 100 km à la ronde, rend utile et presque nécessaire de tels équipements pour la qualité de vie des habitants et des visiteurs.

    Une station de radio spécifiquement radissonienne, CIAU-FM 103,1 est diffusée à destination des habitants de la ville. La population a également accès aux principales chaînes de télévision québécoise, dont TVA, Radio-Canada, V et Télé-Québec.

    La localité possède une boutique d'art, Art et trésors Inouis[8] regroupant des créations des artistes de la région.

    Accès à Radisson

    La Grande Rivière à proximité de Radisson

    La ville de Radisson se situe à 620 kilomètres au nord de Matagami et l’on peut y accéder par divers moyens de transports :

    • par la route en empruntant la longue Route de la Baie-James, qui a été construite afin de permettre la construction de la première phase du projet de la Baie James au milieu des années 1970, et qui traverse 600 km de territoires nordiques avant d'atteindre cette localité. Radisson est le « terminus » nordique (côté nord-ouest) des routes québécoises dans le Grand-Nord ;
    • par avion, via l’aéroport de Radisson - Grande-Rivière, qui se trouve à 30 km de la ville.

    La communauté la plus proche de Radisson se trouve à une centaine de kilomètres : il s'agit du village autochtone cri de Chisasibi, à 100 km à l’ouest de Radisson et à 10 km de la baie James tout près de l’embouchure de la Grande Rivière. Ainsi, un Radissonien qui souhaiterait utiliser en été la voie fluviale pour rejoindre Chisasibi pourrait théoriquement utiliser une barque et atteindre l'autre ville en quelques heures via la Grande Rivière, mais ce serait sans compter les barrages hydro-électriques de cet immense fleuve ainsi que les très forts courants qui le parcourent et rendent ce voyage très difficile.

    À l’est de Radisson, la route Transtaïga permet de se rendre au réservoir de Caniapiscau.

    Notes et références

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

    Bibliographie

    • Roxane Fraser, Baie James, le guide touristique, Montréal, VLB Éditeur, , 204 p. (ISBN 2-89005-612-0)
    • Roger Lacasse, Baie James, une épopée, Montréal, Libre Expression, , 653 p. (ISBN 2-89111-109-5).
    • Pierre Turgeon, La Radissonie, le pays de la baie James, Montréal, Libre expression, , 191 p. (ISBN 2-89111-502-3).
    • Société d'énergie de la Baie James, Le complexe hydroélectrique de la Grande Rivière : réalisation de la première phase, Montréal, Société d'énergie de la Baie James / Éditions de la Chenelière, , 496 p. (ISBN 2-89310-010-4).
    • Société d'énergie de la Baie James, Le complexe hydroélectrique de la Grande Rivière : réalisation de la deuxième phase, Montréal, Société d'énergie de la Baie James, , 427 p. (ISBN 2-921077-27-2).
    • Portail du Nord-du-Québec
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.