R2E

R2E est un bureau d'étude électronique français, qui a commercialisé en 1973 le Micral, calculateur considéré comme le premier micro-ordinateur de l'histoire, racheté en 1978 par CII Honeywell Bull.

R2E
Création 1970
Fondateurs Paul Magneron, André Truong, Yvon Plisson
Personnages clés André Truong, François Gernelle
Siège social Orsay
 France
Activité Électronique, informatique, génie logiciel
Produits Micro-ordinateurs
Filiales R2E of America

Histoire

Paul Magneron et ses associés, CERME SA et André Truong, fondent en 1970 à Orsay, au sein de la zone d'activités de Courtabœuf[1], un bureau d'étude connu sous le sigle de R2E pour Réalisations et Études Électroniques[2].

À ses débuts, la société s’oriente vers la conception de systèmes électroniques destinés au médical ou au nucléaire[3].

En juin 1972, Alain Perrier, chercheur dans un laboratoire de bioclimatologie de l'INRA, imagine un procédé pour mesurer l'évapotranspiration des sols afin de piloter l'irrigation des plantes cultivées[4]. Son idée est d'évaluer le taux d'humidité d'un terrain à l'aide de capteurs situés dans l'air ambiant. Il a besoin d'un ordinateur pour effectuer les mesures et le mini-ordinateur DEC PDP-8 disponible à l'époque se révèle fort coûteux. Chez R2E, François Gernelle relève le défi et propose de construire un appareil pour deux fois moins cher. Une équipe est formée et se lance dans le développement d'un petit ordinateur fonctionnant autour d'un microprocesseur méconnu en France, le 8008 d'Intel[5].

En janvier 1973, R2E présente à l'INRA son premier micro-ordinateur, le Micral.

C'est une réussite pour la société, le Micral est un ordinateur moderne et ses performances (500 kHz, mémoire RAM de 8 ko en version de base) le rendent compétitif au regard de son prix : 8 500 Francs, soit un cinquième de celui d'un PDP-8. La machine évoluera rapidement et une production en série est envisagée[6]. Le Micral est annoncé dans la presse professionnelle et présenté au Sicob 1973[7].

Ordinateur Micral 80-22G (1979)

R2E destine avant tout son ordinateur à des applications industrielles, scientifiques ou de gestion[8]. L'ajout d'un lecteur de disquettes fait suite à une commande du CEA[3], il sera vendu pour équiper banques (Crédit agricole[9]), installations chimiques ou péages autoroutiers (autoroute Lyon-Chambery[10],[11]).

L'entreprise qui a déjà enregistré plus d'un millier de commandes[12] cherche alors à diffuser son produit outre-atlantique. En avril 1974, elle lance un appel pour trouver un partenaire en Amérique du nord. Ce ne sera que plus d'un an après, en novembre 1975, que Warner & Swasey signe un accord de distribution[13]. Le Micral M est présenté à la National Computer Conference de 1976[14] et de fil en aiguille R2E réussira la même année à établir sa propre filiale aux États-Unis : « R2E Micral Microcomputers[15] » à Wellesley Hills. Cette filiale est transférée en 1977 vers Minneapolis et renommée « R2E of America[16] ». où « R2E s'orienta vers la réalisation d'un clone de l'IBM PC, suivant en cela Columbia »[17]

Résolument tournée vers le monde de l'informatique professionnelle, R2E développe le système d'exploitation multitâches et multi-utilisateurs en temps réel Prologue et Michel Joubert signe les premières versions du BAL (Business Application Language), un langage de programmation destiné à la mise en œuvre d'applications métiers[11].

En 1978, la société est toujours à la recherche de nouveaux clients car moins de 2 000 Micral ont été livrés[8]. En 1980, CII Honeywell Bull décide d'entrer au capital de R2E, apporte de nouveaux fonds[18] et André Rivière, quittant son poste de directeur général de la filiale France de CII-HB, en devient le président. Cette étape permettra à R2E de se transformer progressivement en un véritable constructeur informatique. En février 1982, après la démonstration de la compatibilité de son nouveau prototype avec le PC d’IBM, et la résolution des problèmes potentiels de brevets, R2E décide d’introduire en plus du Micral 40, compatible avec ses machines historiques, le Micral 30 pour lequel a été décidé d'adopter la compatibilité IBM PC. En 1983, R2E est rebaptisée au nom de Bull Micral[19]. Des accords de diffusion de logiciel sont passés avec Microsoft, Ashton-Tate et d’autres sociétés. Par la suite, ces prises de positions provoqueront le départ d’une partie de l'ancienne équipe R2E qui s'investira dans de nouvelles entreprises[20]. Le Bull-Micral 60 succédera au Bull-Micral 30. Ces machines dont les cartes mères sont fabriquées dans l’usine Bull d’Angers, seront assemblées et testées à Villeneuve-d'Ascq, la nouvelle usine de Bull Transac.

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Henri Lilen, La saga du micro-ordinateur : Une invention française, Vuibert, , 271 p. (ISBN 978-2-7117-5331-4)
  • Philippe Chatelin & Pierre Mounier-Kuhn (eds.), 2e Colloque sur l’histoire de l’informatique en France,
  • Pierre Mounier-Kuhn, “Le micro ordinateur : une invention simultanée”, Pour la Science, mars 2002.

Notes et références

    1. R2E - Zone d'activités de Courtabœuf, avenue de la Scandinavie, 91400 Orsay - Page de garde du manuel de l'utilisateur Micral N (lire en ligne)
    2. Réalisations et Études Électroniques, voir brevet FR2216883, nom du déposant. Se retrouve dans plusieurs sources sur internet
    3. Philippe Chatelin & Pierre Mounier-Kuhn, 2e Colloque sur l’histoire de l’informatique en France, (lire en ligne)
    4. « Le saviez-vous : le premier micro-ordinateur de l'histoire est né de la rencontre entre l'agronomie et l'informatique - Agrisalon », sur www.agrisalon.com (consulté le )
    5. Pierre Mangin, « André Truong, père du micro-ordinateur, nous a quittés », Silicon, (consulté le )
    6. R. Bul, « Un miniordinateur pour moins de 8500FF », Zero un informatique, no 228, , p. 1, p. 5
      Un court extrait de l'article est disponible dans cet historique: http://philippe.boursin.perso.sfr.fr/bonus4.htm
    7. Automatisme, vol. XVIII, Groupe Tests, (lire en ligne), p. 423
    8. André Raynaud, « Le microprocesseur Micral », Sciences & Avenir, Les ordinateurs et la vie quotidienne, no 24 - hors série, , pp. 96-102 (lire en ligne)
    9. Nidam Abdi, « François Gernelle, 54 ans, est le père du premier micro-ordinateur, mis au point en France en 1973. «J'aurais pu être Bill Gates» », Libération, (consulté le )
    10. P.D., « La saga de la micro », L'ordinateur individuel, no 108, , p. 119 (lire en ligne)
    11. Rodriguez François (Coord.) et Vignolle Jean (Coord.), Histoire de l'informatique : actes du Vème colloque, Toulouse, 28-30 avril 1998, Cépaduès, (lire en ligne)
    12. Gérard Petitjean, « Ordinateurs: La fin des dinosaures », Le Nouvel Observateur, , pp. 40-41 (lire en ligne)
    13. (en) Computerworld, IDG Enterprise, (lire en ligne), R2E Finds U.S. Associate, p. 33
    14. (en) Computerworld, IDG Enterprise, (lire en ligne), French firm coming with micro system, p. 55
    15. (en) Auerbach Guide to Minicomputers, Philadelphie, Auerbach Publishers, (ISBN 0-87769-227-0, lire en ligne), Directory of suppliers, p. 7
    16. (en) R2E of America, Micral C, manuel de l'opérateur système, (lire en ligne), Page de garde
    17. « R2E Bull », sur www.feb-patrimoine.com (consulté le )
    18. « 7 milliards de dotation en 8 ans », sur lesechos.fr (consulté le )
    19. « Recherche sur la marque Micral », sur Office de la propriété intellectuelle du Canada (consulté le )
    20. Pour André Truong, voir sa biographie (lire en ligne); pour François Gernelle voir Forum International

    Voir aussi

    Articles connexes

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