République aristocratique

Le terme de république aristocratique est un terme polysémique désignant ou bien une forme de gouvernement où les dirigeants sont composés par des membres de l'aristocratie, c'est-à-dire des couches les plus élevées de la société, ou bien une forme de gouvernement où les dirigeants sont élus par des membres de l'aristocratie.

Concept

Une république de la noblesse

Jules-Émile Alaux écrit au XIXe siècle que la république aristocratique est « celle où une classe du peuple, dite noblesse, exerce héréditairement le pouvoir, à l'exclusion des autres classes »[1].

Un gouvernement des meilleurs élus

Jean de Sismondi écrit en 1843 que l'aristocratie républicaine est « la concentration du pouvoir entre les mains d'un corps de vieillards choisis comme les plus habiles ». Il considère que ce régime « a toujours présenté [...] un caractère diamétralement opposé à celui de la démocratie ». Il soutient que l'aristocrate ne faisant pas passer son intérêt personnel avant celui de la patrie, présente un « égoïsme national » favorable à son pays[2].

Une forme consubstantielle à la république démocratique

Au XIXème siècle, des penseurs de la gauche révolutionnaire, comme Alexandre Kounitsyne et Pestel, considèrent que toute république est aristocratique dans le sens où, du fait du suffrage, elle exclut une majeure partie du peuple[3].

Cette perception est reprise par certaines écoles de la sociologie politique. Bernard Manin soutient dans Les Principes du gouvernement représentatif que toute république est par essence aristocratique, non pas ab initio mais du fait de l'institution de l'élection. Dès lors que des hommes ou femmes politiques sont élus, ils deviennent une aristocratie élective. Tout régime politique crée donc des élites politiques[4].

Histoire

Des exemples de république aristocratique sont la République des Deux Nations en Pologne, la république de Gênes ou celle de Venise en Italie[5]. Le terme est utilisé par Jean Bodin dans les Six Livres de la République pour désigner la république de Venise[6].

Le XIXe siècle est marqué, en philosophie politique, par des questionnements sur la possibilité d'une adéquation entre république aristocratique et république démocratique[7]. Gabriel Tarde remarque que le caractère républicain de la Suisse n'a pas empêché que les élites issues de l'ancien régime suisse ont pu se perpétuer à travers le gouvernement républicain[8].

Certains commentateurs remarquent que la Troisième République crée en France une aristocratie républicaine. Paul Ribot écrit ainsi : « n'y a-t-il pas une aristocratie légitimiste, une aristocratie orléaniste, une aristocratie bonapartiste et, chose plus curieuse, une aristocratie républicaine ? »[9]. Le terme est plus tard utilisé en sociologie pour désigner les familles proéminentes de la République francaise, dont les générations ont été au pouvoir ou ont occupé des postes importants. Ainsi de la famille famille Carnot ou de la famille Pelletan[10].

Références

  1. Jules Émile ALAUX, La République. [With a preface by Victor Poupin.], (lire en ligne)
  2. Jean-Charles-Léonard Simonde Sismondi, Études sur les constitutions des peuples libres, Wouters, (lire en ligne)
  3. Julie GRANDHAYE, Russie : la République interdite: Le moment décembriste et ses enjeux (XVIIIe-XXIe siècles), Champ Vallon, (ISBN 979-10-267-0585-7, lire en ligne)
  4. Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, (ISBN 978-2-7021-4476-3, lire en ligne)
  5. Arnaud FOLCH et Guillaume PERRAULT, Les Présidents de la République Pour les Nuls, edi8, (ISBN 978-2-7540-3463-0, lire en ligne)
  6. Jean Bodin, Les Six livres de la Republique de Iean Bodin Angeuin..., Par Gabriel Cartier, (lire en ligne)
  7. C. de JOCAS, Comment la République est possible, L. Maison, (lire en ligne)
  8. G. Trade, Les lois de l'initiation étude sociologique, (lire en ligne)
  9. Paul Ribot, Exposé critique des doctrines sociales de M. Le Play, E. Plon, (lire en ligne)
  10. Paul Baquiast, Une dynastie de la bourgeoisie républicaine: les Pelletan, L'Harmattan, (ISBN 978-2-7384-4768-5, lire en ligne)
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