Qormusta Tengri

Qormusta Tengri (bouriate : Хурмаста, Хормуста-тенгри, Хан-Хурмаста, ou encore согдийского Хурмазта, Qormusata Tngri signifiant, « Roi des Dieux », également transcrit Qormusta Tngri et Hormusta) est un dieu de la mythologie et du chamanisme mongols, décrit comme le dieu en chef des 99 tngri, et le chef de 33 dieux[1]. Il est l'équivalent de la divinité turque Hürmüz et de Kormos Han[2],[3].

Selon Walther Heissig, le groupe de 33 dieux dirigés par Qormusata Tngri coexiste avec le groupe bien connu des 99 tngri. Qormusata Tngri est assimilé à Ahura Mazda, le dieu-chef iranien, et à Esrua, qui à son tour est Brahma, le dieu Hindou de la création. L'influence Indienne peut expliquer les 33 dieux, par analogie avec Indra (auquel Michael York le compare, en tant qu'être actif[4]) et ses 33 planètes (ou dieux). Qormusata Tngri conduit ces 33 dieux, et dans les premiers textes mongols, il est également mentionné en tant que leader de 99 tngri. Il est lié à l'origine de l'incendie : « le Bouddha a frappé la lumière et Qormusata Tngri a allumé le feu »[5]. Une fable mongole du renard décrit un renard si malin que même Qormusata Tngri (en tant que leader des 99 tingri) est victime de ses pièges[6]. Dans un conte mongol, Boldag ugei boru ebugen (L'impossible vieil homme, Boru), il est le dieu du ciel avec le corbeau et le loup comme « fidèles agents »[7].

L'entrée relativement récente de Qormusata Tngri dans le panthéon mongol est également indiquée par les tentatives de la part de Mergen Gegen Lubsangdambijalsan (1717-1766 ?) pour remplacer les anciens dieux chamaniques dans la liturgie par cinq dieux Lamaïstes, dont Qormusata Tngri[8]. Dans un texte, il est présenté comme le père de Sagang Sechen, figure cultuelle du XVIIe siècle, qui est en même temps une incarnation de Vaiśravaṇa, l'un des Quatre Rois Célestes dans le Bouddhisme[9].

Dans le Manichéisme

Dans le Manichéisme, le nom Ohrmazd Bay (dieu Ahura Mazda) a été utilisé pour désigner la figure primale Nāšā Qaḏmāyā, le « premier homme » et émanation du Père de la Grandeur (appelé Zurvān dans le Manichéisme). Ohrmazd Bay apparaît après que Zurvān se soit sacrifié pour défendre le monde de la lumière, et ait été consommé par les forces des ténèbres. Bien que Ormuzd soit libéré de ce monde de ténèbres, son « fils », souvent appelé ses vêtements ou ses armes, demeure. Son fils, plus tard connu comme l'« Âme du Monde » après une série d'événements, va selon la plupart des versions s'échapper de la matière et retourner à nouveau vers le monde de la lumière, d'où il est venu.

Dans le Bouddhisme

En Bouddhisme Sogdien, Xurmuzt ou Hürmüz était le nom utilisé à la place d'Ahura Mazda[10].

Via des contacts avec d'autres peuples turcophones, comme les Ouïghours, ce nom Sogdien est venu arrivé chez les Mongols, qui utilisent encore le nom de cette divinité Qormusta Tengri ; Qormusta (ou Qormusda) est maintenant une divinité assez populaire, apparaissant dans de nombreux contextes qui ne sont pas explicitement Bouddhistes[3], et est devenu synonyme du vieux-turc pour le dieu Kürmez Han ou Kormos Han.

Références

  1. Дугаров Б. С. Этнос и культура. Культ горы Хормуста в Бурятии
  2. (en) Marjorie Mandelstam Balzer, Religion and Politics in Russia : A Reader (ISBN 978-0-7656-2414-7).
  3. Sims-Williams 1992, p. 44.
  4. York 2005, p. 129
  5. Heissig 1980, p. 49–50.
  6. Heissig 2001, p. 17.
  7. Jila 2006, p. 169.
  8. Heissig 1990, p. 225.
  9. Mostaert 1957, p. 558, 563.
  10. Frye 1996, p. 247.

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Walther Heissig, The Religions of Mongolia, University of California Press, , 146 p. (ISBN 978-0-520-03857-8, lire en ligne), « The cult of the earth and the cult of heights »
  • (en) Walther Heissig, « New Material on East Mongolian Shamanism », Asian Folklore Studies, vol. 49, no 2, , p. 223–33 (DOI 10.2307/1178034, JSTOR 1178034)
  • (de) Walther Heissig, Der Fuchs in Kultur, Religion und Folklore Zentral- und Ostasiens, Otto Harrassowitz Verlag, , 17–34 p. (ISBN 978-3-447-04325-0, lire en ligne), « Marginalien zur Fuchsgestalt in der Mongolischen Überlieferung »
  • (en) Namu Jila, « Myths and Traditional Beliefs about the Wolf and the Crow in Central Asia: Examples from the Turkic Wu-Sun and the Mongols », Asian Folklore Studies, vol. 65, no 2, , p. 161–77 (JSTOR 30030397)
  • Karénina Kollmar-Paulenz, Transformations and Transfer of Tantra in Asia and Beyond, vol. 52, Walter de Gruyter, , 253 et seq. p. (ISBN 978-3-11-025811-0, lire en ligne), « Embodying the Dharma »
  • (en) David Morgan, The Mongols, vol. 12, Malden (Mass.)/Oxford, John Wiley Sons, , 246 p. (ISBN 978-1-4051-3539-9)
  • Antoine Mostaert, « Sur le culte de SaΓang sečen et de son bisaieul QutuΓtai sčcen chez les Ordos », Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 20, nos 3/4, , p. 534–66 (JSTOR 2718362)
  • Michael York, Pagan Theology : Paganism as a World Religion, NYU Press, , 239 p. (ISBN 978-0-8147-9708-2, lire en ligne)
  • Nicholas Sims-Williams, Sogdian and other Iranian inscriptions of the Upper Indus, University of Michigan, (ISBN 978-0-7286-0194-9, lire en ligne)
  • Richard Nelson Frye, The heritage of Central Asia from antiquity to the Turkish expansion, Markus Wiener Publishers, , 264 p. (ISBN 978-1-55876-111-7, lire en ligne)
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