Programme chinois d'exploration lunaire

Le programme chinois d'exploration lunaire (chinois : 中国探月 ; pinyin : Zhōngguó Tànyuè), populairement connu sous le nom de Programme Chang'e (de Chang'e, déesse de la Lune dans la mythologie chinoise) ou par l'acronyme CLEP (de l'anglais Chinese Lunar Exploration Program), mené par la CNSA, l'agence spatiale chinoise, a pour but l'étude et l'exploration de la Lune par des robots, puis, à l'horizon 2025-2030, par des missions spatiales habitées. Ce programme s'est concrétisé, jusqu'en 2019, par le lancement par des fusées Longue Marche de trois sondes spatiales Chang'e depuis 2007, l'atterrissage d'un robot explorateur en 2013 et la mission Chang'e 4, qui est la première mission humaine à se poser sur la face cachée de la Lune.

Logo du programme.

Ce programme permet à la Chine de développer et de maîtriser des technologies clés dans le domaine astronautique telles que le contrôle de trajectoire orbitale, le contrôle d'attitude ou les communications longue-portée.

Phase 1 : Les sondes orbitales lunaires

Le , la sonde spatiale orbitale Chang'e 1 est lancée depuis le Centre spatial de Xichang par une fusée Longue Marche 3A. Elle a pour objectif de cartographier et modéliser en trois dimensions certaines régions de la Lune. Au total, 1,37 téraoctet de données ont été transférées à la Terre au cours de cette mission.

Une deuxième sonde orbitale, Chang'e 2, a été lancée le jour de la fête nationale chinoise, le à 18 h 59, au moyen d'une fusée Longue Marche 3C depuis le Centre spatial de Xichang, dans la province du Sichuan. La sonde a été directement placée sur une trajectoire de transfert Terre-Lune sans passer par l'orbite terrestre. Elle est entrée en orbite le [1]. Une des possibilités prévues était que la sonde se pose sur la Lune à la fin de sa mission, mais elle a été mise sur une orbite de rencontre avec l'astéroïde géocroiseur Toutatis. Chang'e 2 rencontra l'astéroïde le et parvint à prendre des images avec une résolution maximale de 10 mètres par pixel[2].

Phase 2 : Analyse in situ

Le , la Chine a lancé Chang'e 3 à bord d'une fusée Longue Marche 3B, a atterri sur la Lune le . Il transportait un atterrisseur doté d'instruments scientifiques et un rover lunaire de 140 kg nommé Yutu, capable de se déplacer sur une zone de 3 kilomètres carrés autour de son point d'atterrissage et d'étudier le terrain au cours d'une mission de 3 mois. Il s'agit du premier atterrissage en douceur (sans destruction de l'alunisseur) depuis la sonde Soviétique Luna 24 en 1976.

La sonde spatiale Chang'e 4 a été construite initialement pour servir de doublure en cas d'échec de Chang'e 3. Compte tenu du succès de cette mission, Chang'e 4 reçut pour objectif d'atterrir sur la face cachée de la Lune et d'explorer sa surface. Un satellite de télécommunications, baptisé Queqiao a été placé quelques mois plus tôt au point de Lagrange L2 du système Terre-Lune pour jouer le rôle de relais, la Lune faisant obstacle aux communications entre Chang'e 4 et la Terre. Chang'e 4 a été lancé le [3] le [4] et a atterri le pour mener une exploration avec son rover. Il s'agit du premier atterrissage d'un engin spatial sur cette face de la Lune[5],[6],[7].

Phase 3 : Retour d'échantillons

La troisième phase du programme lunaire chinois a pour objectif de ramener un échantillon de roches lunaires sur Terre[3] :

  • Queqiao a été lancé le . Il a été conçu pour tester la capsule de retour des échantillons lunaires. Il a été jusqu'au point de Lagrange L2 et en est revenu. Le module de service est sur une orbite lunaire et cartographie des zones de la surface de la Lune pour l'atterrissage de Chang'e 5 ;
  • Chang'e 5 a été lancé le à bord du lanceur lourd Longue Marche 5. La sonde spatiale s'appuie sur les développements mis au point dans le cadre des missions précédentes, avec un atterrisseur capable de collecter jusqu'à kg d'échantillons lunaires et un engin capable de redécoller du sol lunaire et de les ramener sur Terre. Le 1 731 grammes ont été récupérés en Mongolie intérieure.
  • Chang'e 6 est l'exemplaire de rechange de la sonde Chang'e 5. Il est probable qu'elle sera lancée par la suite.

Phases ultérieures

La Chine envisage le lancement de missions habitées vers la Lune à l'horizon 2025-2030. À propos de cette étape, Ouyang Ziyuan (en), le scientifique en chef du projet d'orbiteur lunaire a déclaré en  :

« Envoyer un homme sur la lune est un programme systématique très compliqué, composé de nombreux défis techniques à résoudre, y compris ceux liés à la conduite des sorties extravéhiculaires, à l'amarrage, à rester sur la Lune et au retour sur Terre. [...] La Chine n'effectuera pas d'atterrissage habité sur la Lune tant qu'elle ne maîtrise pas toutes ces technologies essentielles[8]. »

Le , le directeur de l'Administration nationale de l'espace, Zhang Kejian, cité par l'agence de presse Chine nouvelle, a néanmoins réaffirmé : « La Chine ambitionne de bâtir une station de recherche scientifique dans les régions du pôle sud de la Lune et de réaliser des missions lunaires habitées dans une dizaine d'années. »[9]

Les vols habités vers et sur la Lune s'opèreraient avec un lanceur super lourd (70 à 130 tonnes en orbite basse) : la fusée Longue Marche 9. Le 24 février 2021, Wu Yanhua, administrateur adjoint de l’agence spatiale chinoise (CNSA), annonce que le projet d'élaboration de ce lanceur est en bonne voie et qu'il devrait être prochainement approuvé officiellement[10].

Liste des missions

Mission Date de lancement Lanceur Note Statut
Chang'e 1 Longue Marche 3A Orbiteur lunaire Succès
Chang'e 2 Longue Marche 3C Orbiteur lunaire Succès
Chang'e 3 Longue Marche 3B Atterrisseur avec astromobile (Yutu) Succès
Chang'e 5 T1 Longue Marche 3C Démonstrateur technologique Succès
Chang'e 4 Longue Marche 3B Atterrisseur avec astromobile (Yutu 2) Succès
Chang'e 5 Longue Marche 5 Mission de retour d'échantillons Succès
Chang'e 6 Longue Marche 5 Mission de retour d'échantillons Prévu

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Lien externe

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