Énergie hydroélectrique

L'énergie hydroélectrique, ou hydroélectricité, est une énergie électrique renouvelable qui est issue de la conversion de l'énergie hydraulique en électricité. L'énergie cinétique du courant d'eau, naturel ou généré par la différence de niveau, est transformée en énergie mécanique par une turbine hydraulique, puis en énergie électrique par une génératrice électrique synchrone.

Ne doit pas être confondu avec Énergie hydraulique.

Le barrage des Trois-Gorges, dans la province du Hubei en Chine, est le plus grand barrage ainsi que la plus puissante centrale électrique au monde[1].

En 2020, la puissance installée des centrales hydroélectriques atteint 1 330 GW, produisant environ 4 370 TWh, soit 70 % de la production mondiale d'énergie renouvelable et 15,6 % de la production mondiale d’électricité en 2019. Les atouts de l'hydroélectricité sont son caractère renouvelable, son faible coût d'exploitation et ses faibles émissions de gaz à effet de serre ; la capacité de stockage de ses réservoirs contribue à la compensation des variations de la demande ainsi que de celles des énergies intermittentes (éolien, solaire). Elle a toutefois des impacts sociaux et environnementaux, particulièrement dans le cas des barrages implantés dans les régions non montagneuses : déplacements de population, éventuellement inondations de terres arables, fragmentation et modifications des écosystèmes aquatique et terrestre, blocage des alluvions, etc..

Les principaux producteurs d'hydroélectricité en 2020 sont la Chine (31,0 %), le Brésil (9,4 %), le Canada (8,8 %) et les États-Unis (6,7 %), dont les centrales figurent parmi les plus puissantes.

Techniques

Vue en coupe d'une turbine hydraulique couplée à un générateur électrique.
A : Générateur avec 1 : Stator et 2 : Rotors réglables
B : Turbine : avec 3 : Vannes 4 : Pales turbine, 5 : Flux d'eau et 6 : Axe de rotation.

L'énergie électrique est produite par la transformation de l'énergie cinétique de l'eau en énergie électrique par l'intermédiaire d'une turbine hydraulique couplée à un générateur électrique. Pour les barrages par accumulation la quantité d'énergie disponible, sur une période donnée, dans la réserve d'eau d'un barrage dépend de son volume, des apports et pertes naturels sur la période et de la hauteur de chute. Pour les barrages au fil de l'eau la quantité d'énergie produite est directement liée au débit (m3/s, m3/h, m3/j, m3/an).

Il existe quatre grands types de turbines. Le choix du type de turbine le plus adapté est fait par le calcul de la vitesse spécifique notée « ns ».

  • La turbine Pelton, adaptée aux hautes chutes, avec une roue à augets, inventée par Lester Allan Pelton en 1879. Elle est conçue pour les hauteurs de chute de plus de 200 mètres ;
  • La turbine Francis, plutôt montée pour des chutes moyennes, voire hautes, avec une roue à aubes simple ou double. Conçue par James B. Francis en 1868 ;
  • La turbine Kaplan, inventée en 1912, parfaitement adaptée aux basses chutes et forts débits, avec une roue de type hélice, comme celle d'un bateau. Viktor Kaplan a mis au point une roue à hélice dont les pales peuvent s'orienter en fonction des débits utilisables ;
  • La turbine Wells, assez peu connue, utilise le mouvement de l'air provoqué par le mouvement des vagues à travers un tube vertical. Principe développé par Alan Wells.

Histoire

Entrée monumentale de l'exposition de 1925.

Les êtres humains se servent de moulins à eau actionnés par des roues à aubes pour moudre le blé depuis plus de deux mille ans. Les industries horlogère et papetière des Alpes y ont beaucoup eu recours du fait de l'abondance des torrents descendant jusque dans les vallées. Au XIXe siècle, les roues à aubes sont utilisées pour produire de l'électricité puis, sont remplacées par les turbines.

En 1869, l'ingénieur Aristide Bergès l'utilise sur une chute de deux cents mètres à Lancey pour faire tourner ses défibreurs, râpant le bois afin d'en faire de la pâte à papier. Il parle de « houille blanche » en 1878 à Grenoble, puis à la foire de Lyon en 1887 et lors de l'Exposition universelle de Paris de 1889.

Dès les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles dans les Alpes.

Dans les années 1920, une rapide expansion de l'électricité voit le jour en France, avec une multiplication par huit de la production d'électricité hydraulique grâce aux premiers barrages.

En 1925, Grenoble organise l'Exposition internationale de la houille blanche.

Centrales hydroélectriques

Schéma en coupe d'un barrage hydroélectrique.
A : réservoir,
B : centrale électrique,
C : turbine,
D : générateur,
E : vanne,
F : conduite forcée,
G : lignes haute tension,
H : rivière
Salle des machines de la centrale hydroélectrique de Fessenheim. Les générateurs sont peints en bleu.

Il existe trois formes principales de production d'énergie hydroélectrique :

  • les centrales dites gravitaires, ainsi nommées car les apports d'eau dans leur réservoir ou leur prise d'eau sont essentiellement issus de cours d'eau par gravitation, telles que les centrales au fil de l'eau ou les centrales hydroélectriques de lac ;
  • les stations de transfert d'énergie par pompage (S-T-E-P), aussi connues sous l'appellation « centrales hydrauliques à réserve pompée » ou « centrale de pompage-turbinage », dans lesquelles des turbines réversibles pompent l'eau d'un bassin inférieur vers un bassin supérieur. Elles comprennent aussi fréquemment une partie gravitaire. Le transfert est un transfert temporel (pompage durant le creux de la demande à partir d'électricité produite par des équipements de base et production d'électricité par turbinage durant la pointe, en substitution ou en complément à celle, plus coûteuse, des équipements de pointe) ;
  • les usines marémotrices, qui utilisent l'énergie du mouvement des mers, qu'il s'agisse du flux alterné des marées (marémotrice au sens strict), des courants marins permanents (hydroliennes au sens strict) ou du mouvement des vagues.

Les centrales gravitaires

Les centrales gravitaires sont celles mettant à profit l'énergie potentielle liée à la dénivellation entre le réservoir et la centrale. On peut classer les centrales selon trois types de fonctionnement, déterminant un service différent pour le système électrique. Ce classement se fait en fonction de la constante de vidage, qui correspond au temps théorique qui serait nécessaire pour vider la réserve en turbinant à la puissance maximale.

Classement par type de fonctionnement

On distingue ainsi :

  • les centrales au fil de l'eau, dont la constante de vidage est généralement inférieure à deux heures ;
  • les centrales « éclusées », dont la constante de vidage est comprise entre deux et deux cents heures ;
  • les « lacs » (ou « réservoirs »), dont la constante de vidage est supérieure à deux cents heures.

Les centrales au fil de l'eau, principalement installées dans des zones de plaines, présentent pour ces raisons des retenues de faible hauteur. Elles utilisent le débit du fleuve tel qu'il se présente, sans capacité significative de modulation par stockage. Elles fournissent une énergie en base[n 1] très peu coûteuse. Elles sont typiques des aménagements réalisés sur les fleuves importants tel que le Rhône et le Rhin.

Les centrales « éclusées » présentent des lacs plus importants, leur permettant une modulation dans la journée voire la semaine. Leur gestion permet de suivre la variation de la consommation sur ces horizons de temps (pics de consommation du matin et du soir, différence entre jours ouvrés et weekend, etc.). Elles sont typiques des aménagements réalisés en moyenne montagne.

Les « centrales-lacs » correspondent aux ouvrages présentant les réservoirs les plus importants. Ceux-ci permettent un stockage saisonnier de l'eau, et une modulation de la production pour passer les pics de charge de consommation électrique : l'été pour les pays où la pointe de consommation est déterminée par la climatisation, l'hiver pour ceux où elle est déterminée par le chauffage. Ces centrales sont typiques des aménagements réalisés en moyenne et haute montagne.

Les deux derniers types de lacs permettent par rétention de l'eau un certain stockage d'énergie (énergie potentielle de chute), permettant de lisser, au moins partiellement, la production d'électricité.

Classement par type de remplissage

Il est également possible de classer les centrales en fonction des caractéristiques de remplissage de leur réservoir qui conditionne l'usage électrique qui peut en être fait.

Par exemple, le remplissage de certains réservoirs peut statistiquement être obtenu de façon hebdomadaire, saisonnière, annuelle, voire pluriannuelle, dans le cas de très grandes étendues d'eau comme le réservoir de Caniapiscau, créé dans le cadre du projet de la Baie-James, au Québec[2]. Il est évident que la vitesse de remplissage a un impact direct sur la flexibilité d'utilisation.

Classement par hauteur de chute

Enfin, on peut classer les ouvrages en fonction de leur hauteur de chute, c'est-à-dire de la différence d'altitude entre le miroir théorique du réservoir plein et la turbine. Cette hauteur de chute détermine les types de turbines utilisées.

On distingue ainsi :

  • les hautes chutes (supérieures à 200 m)
  • les moyennes chutes (entre 50 et 200 m)
  • les basses chutes (inférieures à 50 m)

Entre ces trois types de classement, il n'existe pas d'équivalence stricte mais une forte corrélation :

  • Les centrales au fil de l'eau ont en général un remplissage fréquent avec des apports réguliers, et de faible hauteur de chute ;
  • les éclusées ont un remplissage quotidien ou hebdomadaire influencé par la saison (saison de crues) et des hauteurs de chute moyenne, plus rarement haute ;
  • les lacs ont des remplissages en général saisonniers (fonte des neiges ou saison des pluies) et des hauteurs de chutes importantes.

Variabilité de la production

La production d'une centrale hydroélectrique est tributaire des apports des cours d'eau qui l'alimentent, fluctuant selon les saisons et d'une année à l'autre en fonction des précipitations. Ainsi, la production hydroélectrique du Brésil a reculé de 16 % entre 2011 et 2015 du fait d'une série d'années de sécheresse, malgré la mise en service de plusieurs nouveaux barrages[3]. En Espagne, des variations encore plus extrêmes sont observées : +56,1 % en 2010, -27,7 % en 2011, -26,6 % en 2012, +69,9 % en 2013 ; -47,1 % en 2017 et +74,4 % en 2018[4].

Les réservoirs des centrales de lac constituent un moyen de stockage qui peut contribuer à la compensation du caractère saisonnier des précipitations ainsi que de la demande. Ils n'ont que rarement un volume suffisant pour compenser les variations interannuelles.

Les stations de transfert d'énergie par pompage

Mesurant 285 mètres de haut, la Grande Dixence est le plus haut barrage poids du monde (Valais, Suisse).

Les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP), en plus de leur production d'énergie à partir de l'écoulement naturel, comportent un mode pompage permettant de stocker l'énergie produite par d'autres types de centrales lorsque la consommation est inférieure à la production, par exemple la nuit, pour la redistribuer, en mode turbinage, lors des pics de consommation.

Ces centrales possèdent deux bassins, un bassin supérieur et un bassin inférieur entre lesquels est placée une machine hydroélectrique réversible : la partie hydraulique peut fonctionner aussi bien en pompe, qu'en turbine et la partie électrique aussi bien en moteur qu'en alternateur (machine synchrone). En mode accumulation la machine utilise la puissance disponible sur le réseau pour remonter l'eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur et en mode production la machine convertit l'énergie potentielle gravitationnelle de l'eau en électricité.

Le rendement (rapport entre électricité consommée et électricité produite) est de l'ordre de 82 %.

Ce type de centrale présente un intérêt économique lorsque les coûts marginaux de production varient significativement sur une période de temps donnée (le jour, la semaine, la saison, l'année, etc.). Elles permettent en effet de stocker de l'énergie gravitaire, dans les périodes où ces coûts sont bas, pour en disposer dans les périodes où ils sont élevés.

C'est par exemple le cas s'il existe des variations récurrentes importantes de la demande (entre été et hiver, jour ou nuit, etc.), des productions « fatales » en quantité importante, qui seraient sinon perdues (énergie éolienne) ou des productions d'énergie en base faiblement modulables (charbon, hydraulique de fil de l'eau).

À partir des marées

Une usine marémotrice est une centrale hydroélectrique qui utilise l'énergie des marées pour produire de l'électricité. L'usine marémotrice de la Rance mise en service en 1966, pour pallier la faible production d'électricité en Bretagne, en est un exemple.

À partir des vagues

Le Japon s’est intéressé le premier aux ressources de la houle à partir de 1945, suivi par la Norvège et le Royaume-Uni[réf. souhaitée].

Au début du mois d’, l’Ocean Swell Powered Renewable Energy (en) (OSPREY), la première centrale électrique utilisant l’énergie des vagues, est installée au nord de l’Écosse. Le principe est le suivant : les vagues pénètrent dans une sorte de caisson immergé, ouvert à la base, poussent de l’air dans les turbines qui actionnent les alternateurs générant l'électricité. Cette dernière est ensuite transmis par câble sous-marin à la côte, distante d’environ 300 mètres. La centrale avait une puissance de MW, malheureusement, cet ouvrage, endommagé par les vagues, a été anéanti par la queue de l'ouragan Felix en 2007. Ses créateurs ne se découragent pas, et une nouvelle machine, moins chère et plus performante, est actuellement mise au point[Quand ?]. Elle doit permettre de fournir de l'électricité aux petites îles qui en manquent et, d'alimenter une usine de dessalement de l'eau de mer.

À partir des courants marins

Un projet de la société britannique Marine Current Turbines (en) a prévu de mettre en œuvre des hydroliennes qui utilisent les courants marins de manière similaire à une hélice de bateau pour produire de l'électricité.

Utilisation dans le monde

Barrage Indira Sagar, achèvement partiel en 2008.
Barrage Nâgârjuna Sâgar et son usine hydroélectrique de 810 MW sur le fleuve Krishna.

L'eau qui est la source de l’énergie hydroélectrique est stockable : la production d’électricité peut donc être stockée pendant les heures creuses pour être utilisée en pointe, c’est-à-dire quand la demande est la plus forte sur le réseau public de distribution électrique ; elle peut aussi être stockée pendant les week-ends pour être turbinée en semaine, ou encore stockée au printemps pendant la fonte des neiges pour être turbinée en hiver. La production d'hydroélectricité est limitée par le débit et les réserves d'eau disponibles ; ces réserves dépendent du climat, des pompages réalisés en amont des retenues (par exemple pour l'irrigation) et de la taille des retenues d’eau (barrages).

La puissance hydroélectrique installée dans le monde atteignait 1 330 GW fin 2020, en progression de 1,6 %, et la production hydroélectrique était estimée à 4 370 TWh, en progression de 1,5 %. Les ajouts de nouvelles capacités ont atteint 21 GW en 2020, contre 15,6 GW en 2018. Près des deux tiers de ces ajouts ont été réalisés en Chine : 13,8 GW ; parmi les pays ayant installé de nouvelles capacités, seule la Turquie a dépassé le mégawatt : 2,5 GW[r 1]. La Chine domine largement le classement des pays par puissance installée avec 370,2 GW, soit 27,8 % du total mondial, suivie par le Brésil (109,3 GW)[r 2]. Les centrales de pompage-turbinage totalisent 160 GW de puissance installée et 9 000 GWh de capacité de stockage[r 3]. Les nouvelles installations en 2020 ont atteint 1,5 GW dont 1,2 GW en Chine[r 1].

La part de l'hydroélectricité dans la production électrique mondiale en 2020 est estimée par BP à 16,0 %. Sa production a progressé de 1,0 % en 2020 et de 18,3 % depuis 2010[5].

En 2019, les ajouts de nouvelles capacités ont atteint 15,6 GW, contre 21,8 GW en 2018. Les pays ayant installé les plus importantes capacités sont le Brésil : 4,92 GW, la Chine : 4,17 GW et le Laos : 1,89 GW[6].

Selon The World Factbook, l'hydraulique représentait 18,7 % de la puissance électrique mondiale en 2012[7] et 10,7 % en Europe en 2011[8].

La part de l'énergie hydroélectrique dans la production est moindre que sa part dans la puissance installée : 15,9 % de la production électrique mondiale en 2017 (contre 20,9 % en 1973)[9], mais elle joue un rôle particulièrement important pour assurer l’équilibre instantané entre la production et la consommation d’électricité ; en effet, l'énergie hydroélectrique est, grâce à sa souplesse (mobilisable en quelques minutes), une variable d'ajustement indispensable car l'énergie électrique se stocke très difficilement en quantité importante.

Puissance installée et production d'hydroélectricité en 2020
Région Puissance totale
fin 2020 (GW)
dont
pompage-turbinage
GW
Ajouts 2020[r 4]
GW
Production
2020 (TWh)
Part
2020
Afrique38,23,40,94139,53,2 %
Asie méridionale et centrale154,47,81,6149811,4 %
Asie orientale et Pacifique501,569,514,471 64337,6 %
Europe254,554,93,0367415,4 %
Amérique du Nord et centrale204,823,00,5372416,6 %
Amérique du Sud176,81,00,4869015,8 %
Monde1 330,1159,5214 370100 %
Principaux pays producteurs
Chine370,231,513,761 35531,0 %
Brésil109,30,030,21409,59,4 %
Canada82,00,20,273838,8 %
États-Unis102,022,90,022916,7 %
Russie49,91,40,381964,5 %
Inde50,54,80,481553,5 %
Norvège33,01,40,32141,73,2 %
Japon50,027,60,1189,22,0 %
Turquie31,0-2,4877,41,8 %
Venezuela15,4--72,01,6 %
Suède16,50,1-71,61,6 %
France25,55,8-64,81,5 %
Viêt Nam17,1-0,0852,01,2 %
Paraguay8,8--49,31,1 %
Italie22,67,7-47,71,1 %
Colombie11,9-0,0245,81,0 %
Autriche14,65,6-42,51,0 %
Suisse16,93,0-40,60,9 %
Source des données : International Hydropower Association[r 5].

La puissance installée des centrales de pompage-turbinage atteint 159 494 MW, dont 31 490 MW en Chine (19,7 %), 27 637 MW au Japon (17,3 %) et 22 855 MW aux États-Unis (14,3 %) ; ces trois pays rassemblent 51,3 % du total mondial[r 5].

Les plus gros producteurs d'hydroélectricité étaient en 2017 la Chine (28,3 %), le Canada (9,4 %), le Brésil (8,8 %) et les États-Unis (7,7 %). Mais la place de cette énergie renouvelable dans la production nationale d'électricité est très variable et cinq pays se démarquent avec des parts de 95,7 % en Norvège, 62,9 % au Brésil, 59,6 % au Canada, 44,8 % au Vietnam et 39,7 % en Suède[9].

Coût de l'hydroélectricité

Malgré des coûts de mise en œuvre généralement élevés, les coûts de maintenance sont raisonnables, les installations sont prévues pour durer longtemps, il n'y a pas de coût de combustible et l'énergie de l'eau est renouvelable si elle est bien gérée. Le coût du kWh varie dans des proportions considérables selon les caractéristiques de l'aménagement réalisé ; celui des barrages géants sur les grands fleuves peut être extrêmement bas, attirant les industries électro-intensives telles que l'aluminium ; mais des centrales à coûts élevés peuvent être très rentables du fait de leur souplesse de fonctionnement et de leur capacité de régularisation de la production globale.

Environnement

L'hydroélectricité est considérée comme une énergie renouvelable, à la différence du pétrole ou du gaz naturel.

Certaines recherches émettent des doutes sur le bilan en gaz à effet de serre des systèmes hydroélectriques. L'activité bactériologique dans l'eau des barrages, surtout en régions tropicales, relâcherait d'importantes quantités de méthane (gaz ayant un effet de serre 20 fois plus puissant que le CO2). Dans les projets de barrages, la production d'hydroélectricité est fréquemment complémentaire, d'autres finalités telles que la maîtrise des crues et de leurs conséquences, l'amélioration de la navigabilité d'un cours d'eau, l'alimentation en eau de canaux, la constitution de stocks d'eau pour l'irrigation, le tourisme...

Depuis la création du barrage des Trois Gorges sur le fleuve Yangzi en Chine en 2014, ce pays est leader en matière de production d'hydroélectricité, en Asie, mais aussi en Afrique[10] et en Amérique du Sud[11]. Les enjeux économiques de telles constructions, ainsi que la lutte contre le réchauffement climatique, se trouvent l’emporter sur les autres enjeux écologiques.

Impacts environnementaux et humains

Les impacts environnementaux varient avec le type et la taille de la structure mise en place : ils sont faibles s'il s'agit d’exploiter les chutes d’eau naturelles, les courants marins, les vagues, mais ils deviennent très importants s'il s’agit de créer des barrages et des retenues d'eau artificielles. Dans ce dernier cas, on critique généralement la disparition de terres agricoles et de villages (entraînant des déplacements de population) ainsi que la perturbation du déplacement de la faune (pas seulement aquatique) et, globalement, de tout l'écosystème environnant.

Quelques exemples notables d'impact environnemental majeur sont :

  • la destruction de la Cascade des Sept Chutes, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, en 1982 par le barrage d'Itaipu. Aujourd'hui deuxième, il s'agissait du plus grand barrage au monde lors de son entrée en opérations. Deux semaines ont suffi pour que les retenues d'eau artificielles du barrage submergent la région des chutes. Le Gouvernement fédéral du Brésil (en) a ensuite fait dynamiter les monts qui restaient hors de l'eau, détruisant ainsi l'une des principales merveille naturelles du monde ;
  • le déplacement de populations pour construire le plus grand barrage de Chine aux Trois Gorges constitue un cas de migrations forcées de grande ampleur[12] ;
  • le projet de barrage de Belo Monte est très vivement critiqué par des Amérindiens dont le chef Raoni et par des écologistes car le barrage provoquera la déforestation de 500 km2 de forêt amazonienne[13]. Malgré les critiques, le barrage est opérationnel[14] ;
  • en Indonésie, le projet hydroénergie de Batang Toru (en) est contesté en raison de la menace qu'il constitue pour la seule population existante d'orangs-outans de Tapanuli, classée en danger critique d'extinction[15] ;
  • selon la Commission internationale des grands barrages, au XXe siècle de 40 à 80 millions de personnes ont été déplacées par la construction des réservoirs. Ce nombre continue à croître car depuis 2000 l’énergie hydroélectrique a connu la plus grande expansion de son histoire[16] (alors que 300 millions de réfugiés climatiques pourraient aussi être déplacés par la montée de la mer dans les décennies à venir selon une prospective mise à jour en 2019[17]) ; situation qui, selon un article d'American Scientist, empirera si l'on compte trop sur l'hydraulique pour remplacer les énergies fossiles et pour atteindre l'objectif de ne pas dépasser 1,5 °C en 2100, ce qui impliquerait de fragmenter et dégrader la plupart des rivières libres de la planète[16]. La plupart des projections du GIEC prévoient que l'hydroélectricité pourrait atteindre de 1 700 à 2 400 gigawatts d'ici 2050 (doublement en 30 ans), ce qui impliquerait d'artificialiser 190 000 kilomètres supplémentaires de cours d'eau (des barrages sont prévus sur tous les grands cours d'eau tropicaux encore libres (Irrawaddy, Salween, Congo et ses principaux affluents et grands affluents de l'Amazone notamment)[16]. La baisse de coût du solaire permettrait de produire plus d'électricité sur une moindre surface[réf. nécessaire], mais de manière intermittente.

Catastrophes

Outre les conséquences dues aux retenues d'eau comme l'affaissement des deltas[18], les séismes[19], des catastrophes peuvent être dues à la construction des ouvrages eux-mêmes. Ainsi, l'effondrement en 2018 d'un barrage sur la rivière Pian, affluent du Mékong, construit, comme de nombreux barrages au Laos, sans réelle étude d'impact, laisse 6 600 personnes sans abri et fait plus d'une centaine de victimes[20]. La catastrophe a eu des répercussions sur les eaux du Mékong, qui a englouti 17 villages au Cambodge[21].

Notes et références

Notes

  1. Par énergie en base on entend une production très faiblement modulée en puissance.

Références

  1. pp. 6
  2. pp. 7
  3. pp. 12
  4. pp. 6 à 9
  5. pp. 46-47
Autres références
  1. (en) The Top 100 - Part I The World's Largest Power Plants, sur le site industcards.com
  2. Société d'énergie de la Baie James, Le complexe hydroélectrique de la Grande Rivière : réalisation de la première phase, Montréal, Société d'énergie de la Baie James / Éditions de la Chenelière, , 496 p. (ISBN 2-89310-010-4), p. 321.
  3. (en)Statistics data browser : Brazil Electricity 2017, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
  4. (en)Data and statistics : Spain Electricity 2018, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
  5. (en) BP Statistical Review of World Energy 2021 - 70th edition, BP, (lire en ligne [PDF]), p. 53, 65.
  6. (en) [PDF] 2020 Hydropower Status Report, Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), .
  7. (en) World - Electricity - installed generating capacity - The World Factbook, CIA (voir archive)
  8. (en) European Union - Electricity - installed generating capacity - The World Factbook, CIA (voir archive)
  9. (en) Agence internationale de l'énergie, Key World Energy Statistics 2019 (pp. 21 et 30), 26 septembre 2019 [PDF].
  10. Amine Ater, « La Chine poursuit son épopée hydroélectrique en Côte d’Ivoire », La Tribune, (lire en ligne, consulté le )
  11. Frédéric Saliba, « Le meurtre d’une écologiste au Honduras suscite l’indignation internationale », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  12. Florence Padovani, « Migrations forcées et grands travaux hydrauliques en Chine : le cas du barrage des Trois Gorges », Géocarrefour, vol. 79, no 2, , p. 27–34 (ISSN 1627-4873 et 1960-601X, DOI 10.4000/geocarrefour.504, lire en ligne, consulté le ).
  13. « Belo Monte, un barrage pharaonique en Amazonie », sur lexpress.fr,
  14. « Sale talks for Brazil's Belo Monte dam chill over price: sources », sur reuters.com, .
  15. (en-US) « New Species of orangutan threatened from moment of its discovery », sur Mongabay Environmental News, (consulté le ).
  16. OPPERMAN JJ et al. (2019) Sustaining the Last Rivers ; The renewable revolution could keep dams off the world’s remaining free-flowing rivers, American scientist ; Sept oct 2019 | vol.107, n°5, p 302... |DOI: 10.1511/2019.107.5.302
  17. Scott A. Kulp & Benjamin H. Strauss (2019) New elevation data triple estimates of global vulnerability to sea-level rise and coastal flooding ; Nature Communications volume 10, Article number: 4844 |CC-By-SA
  18. « Les Chinois, premiers constructeurs de barrages », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  19. « Un barrage mis en cause dans le séisme du Sichuan », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  20. Laurence Defranoux, « Barrage au Laos : «Une telle défaillance était dans l’ordre des choses» », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Le Cambodge également inondé après l'effondrement du barrage au Laos », Le Huffington Post, (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Listes

Bibliographie

  • Pierre Crausse et François Vieillefosse, De l’eau à la lumière, un siècle d’énergie hydroélectrique en France, Toulouse, Nouvelles Éditions Loubatières, 2011 (ISBN 978-2-86266-649-5)
  • Pierre Lavy, Mini-centrales hydroélectriques, Éditions Eyrolles, 2011 (ISBN 978-2-2121-2840-6), 110 pages
  • Mathieu Ruillet, Contribution de la petite hydroélectricité à la sécurisation énergétique, GERES, [lire en ligne] [PDF]
    État des lieux de la filière, potentiel et conditions de développement en Région PACA

Liens externes

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