Prieuré de Saint-Jean de Genève

Le Prieuré de Saint-Jean, dit aussi Saint-Jean-hors-les-murs, était situé à proximité de la ville de Genève sur la rive droite et au bord du Rhône, entre l'actuel pont Sous-Terre et le sentier des Falaises[1]. L'ensemble des bâtiments, église et cloître, était appelé prieuré de Saint-Jean-de-Genève, ou prieuré de Saint-Jean-hors-les-murs, ou prieuré de Saint-Jean-les-Grottes[2]. Plusieurs églises se sont succédé sur ce site. La plus récente a été construite au XIIe siècle avec le cloître, et ruinée au XVe siècle.

Leurs fondations ont été révélées et documentées par des fouilles archéologiques à partir de 1966.

Les fondations de l'ancien prieuré, en partie reconstituées, sont visibles au sol. Un petit musée expose des objets tirés des fouilles. Un jardin public inspiré par les traditions religieuses a été aménagé autour des traces des bâtiments.

Situation

Le prieuré est situé au lieu dit "Sous-Terre" entre le Rhône et une falaise où se trouvaient des grottes. Au XIIe siècle, l'Arve n'avait pas encore stabilisé son lit et divaguait dans une zone située en face du terrain du prieuré, ce qui pouvait causer des dégâts lors de crues. Les bâtiments étaient à une distance de 500 mètres des remparts qui bordaient le faubourg de Saint-Gervais. Le site du prieuré n'était pas inclus dans les franchises de Genève et dépendait de la Seigneurie de Gex[2]. Il était accessible par bateau et par des chemins terrestres.

Historique

A partir du Xe siècle, les communautés monastiques de bénédictins se sont structurées. Le prieuré de Saint-Jean-hors-les-murs a été rattaché à l'abbaye d'Ainay (Lyon)[2], au début du XIIe siècle, à la suite d'une donation de l'évêque de Genève[3].

Le prieuré possédait des maisons à Meyrin, des terres à Aïre et y prélevait la dîme; ce lieu faisait partie de la paroisse de Saint-Gervais; celle-ci, située dans le faubourg du même nom à Genève, dépendait du prieuré[4], de même que Maisonnex, hameau de l'actuelle commune de Meyrin[5]. En plus du terrain et des bâtiments situés à « Sous-Terre » et dans ses environs, le prieuré avait autorité sur des paroisses de la région, en particulier celle de Choulex dès 1153[6],[7]; il possédait des terres à Le Carre[8], hameau de l'actuelle commune de Meinier, ainsi que les paroisses de Bogève, Viuz-en-Sallaz, Ville-en-Sallaz et Saint-André-de-Boëge faisant partie du mandement de Thiez dans le Faucigny[9].

Au XVe siècle, des tensions accompagnaient les idées nouvelles qui aboutiront à la Réforme. Genève étant menacée, des ambassadeurs suisses alliés ont insisté pour que les maisons qui bordaient la ville près des remparts vers Saint-Jean soient détruites. Le Conseil des Deux Cents a décidé la démolition des faubourgs le . La prise d'un moine en otage pour l'échanger contre des prisonniers déclencha la ruine de sa maison et l'abandon du couvent. Les pierres sont utilisées pour les remparts et le gibet de Champel[10].

Fouilles archéologiques

A la suite de découvertes à l'automne 1966, des fouilles réalisées à partir de 1967[2] ont révélé des sépultures et des restes d'une église en bois datées entre le VIIe et IXe siècle. Vers l'an mil, elle est remplacée par une église de pierre et des annexes. Au XIIe siècle, un monastère constitué par une église à cinq transepts et un prieuré est érigé.

Il est abandonné puis détruit à l'époque de la Réforme.

État actuel du site du prieuré

Description du jardin et son environnement

En 1973, un parcours archéologique a été aménagé sur l'emplacement du monastère avec des fleurs, des plantes médicinales et des légumes pour évoquer un jardin ancien. Ce jardin comprend plusieurs espaces aux fonctions différentiées par les aménagements et la végétation. A l'entrée un parcours archéologique et le jardin potager et médicinal indiquent la mémoire du lieu[11]. Le long du Rhône, une plage est complétée par un ponton en bois, pour la baignade et la détente. Des jeux d'enfants accueillent les familles. Au pied de la falaise et en direction du sentier des falaises, une zone d'arbustes indigènes et leur sous-bois maintiennent la biodiversité locale au moyen d'un entretien différentié[12].

Médias

Le photographe Demir Sönmez a publié sur son blog une série d’images sur les parcs et jardins de Genève au fil des saisons[13],[14].

Prieurs de Saint-Jean

Le prieuré est soumis à l'autorité d'un prieur, bien souvent administrateur ou commendataire, le spirituel relevant d'un prieur claustral.

Références

  1. « Jardin du Prieuré de Saint-Jean », sur www.geneve.ch (consulté le )
  2. Marc-Rodolphe SAUTER, Charles André BONNET, Erica PAULI (Collab.), et al., « Le prieuré de Saint-Jean-de-Genève: rapport sur la première campagne de fouilles effectuées à Sous-Terre (février-juillet 1967) », sur unige.ch, (consulté le )
  3. « Donation de l'évêque Guy de Genève, confirmée en 1107 par le pape Pascal II », Regeste genevois (=RG), Genève, 1866 (no 243 et no252 de 1113)
  4. « Aïre », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  5. « Maisonnex », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  6. « Choulex », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  7. Armand Brulhart et Erica Deuber-Pauli, Ville et canton de Genève, Genève, 1985, 1993, p. 260-262
  8. « Carre, Le », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  9. « Thiez », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  10. « Genève (commune) », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  11. Anne de Weck Service cantonal d'archéologie (DCTI), « Le prieuré de St-Jean », sur ge.ch, (consulté le )
  12. Département de l’environnement urbain et de la sécurité – DEUS Service des espaces verts – SEVE, « Secteur 15 Saint-Jean Aïre », sur geneve.ch, 14.02.2020 à 10:40 (consulté le )
  13. « Parc Trembley, Saint-Jean, Jardin du Prieure de Saint Jean et Sentier de Sous Terre.. - Le blog de Demir SÖNMEZ », sur demirsonmez.blog.tdg.ch (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Henri Baud (éditeur scientifique), Louis Binz (contributeur), Robert Brunel (contributeur), Paul Coutin (contributeur), Roger Devos (contributeur), Paul Guichonnet (contributeur), Jean-Yves Mariotte (contributeur) et Jean Sauvage (contributeur), Le Diocèse de Genève-Annecy, Paris, Editions Beauchesne, coll. « Histoire des diocèses de France », , 331 p. (ISBN 2-7010-1112-4, notice BnF no FRBNF34842416, lire en ligne).
  • Marc-R. Sauter, Charles Bonnet, « Le Prieuré de Saint-Jean-de-Genève. Rapport sur la première campagne de fouilles effectuées à Sous-Terre (février-) », Genava, Genève, no 15, , pp. 43-83 (lire en ligne)
  • Charles Bonnet, « Le Prieuré de Saint-Jean de Genève. Deuxième rapport de fouilles (d’août à , de juin à ) », Genava, Genève, no 16, , pp. 137-192 (lire en ligne)
  • Charles Bonnet, « Le Prieuré de Saint-Jean de Genève. Troisième rapport de fouilles (de mars à ) », Genava, Genève, no 17, , pp. 31-57 (lire en ligne)
  • Charles Bonnet, « Le Prieuré de Saint-Jean de Genève. Quatrième rapport de fouilles (, août-) », Genava, Genève, no 18, , pp. 63-79 (lire en ligne)
  • Charles Bonnet, « Le prieuré de Saint-Jean », dans Patrimoine et architecture, cahier n°3, , pp. 16-17.
  • Charles Bonnet , Genève aux premiers temps chrétiens, Genève 1986, pp. 50-52.
  • Louis Blondel, « Les faubourgs de Genève au XVe siècle » dans MDG, série in-4, t. V, 1919, pp. 96-100. (de Saint-Jean-les-Grottes ou de Saint-Jean-hors-les-murs.)
  • Henri Bordier, 1846. Recension et commentaire sur les Mémoires et Documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, T. III et IV. Paris : Bibliothèque de l’Ecole des Chartes. IIe série. Tome III, pp 447-448.
  • Mathieu de La Corbière, « Un ensemble conventuel prestigieux aux portes de Genève : le prieuré de Saint-Jean », dans Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, 2000-2001, pp. 3-26.
  • Jules Crosnier, « Saint-Jean et Sous-Terre », dans Nos Anciens et leurs Oeuvres, t.XVI, 1916, pp.37-103.
  • Edmond Ganter, 1979, « Les origines possibles de Saint-Jean-les-Grottes », Revue du Vieux-Genève, 9 (1979), pp. 77-83.

Articles connexes

Liens externes

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