Pressoirs des ducs de Bourgogne

Les Pressoirs des ducs de bourgogne sont des pressoirs à contrepoids mobile en pierre unique en Bourgogne, du XVe siècle au cœur du vieux bourg de Chenôve (village viticole de la Route des Grands Crus).

Ils sont ouverts au tourisme durant la période estivale, entre 1987 et 2019. Ils sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1934[1] et sur la Liste des Bâtiments d'Architecture Industrielle de la Fondation Claude-Nicolas Ledoux depuis 1989[2].

Ils font partie intégrante du périmètre des Climats du vignoble de Bourgogne, classés au patrimoine mondial de l'UNESCO le [3],[4],[5],[6].

Historique

La présence de vignes à Chenôve est attestée dès le Ier siècle après J.-C.[7] Grégoire de Tours décrivit Dijon dominée par « des montagnes très fertiles couvertes de vignes »[8].

L'abbé et historien Claude Courtépée, écrit au XVIIIe siècle : « Il n’y a guère que les vins de Chenôve et de Gevrey qui vont chez l’Etranger, le reste se consomme dans le pays »[7].

La première mention d'un domaine viticole ducal à Chenôve remonte à 1228.

Autour de la maison des pressoirs (salle de 35 mètres de long sous une charpente qui possède une couverture en pierres de lave jusqu'en 1956) les ducs de Bourgogne exploitaient un domaine de 150 journaux, soit environ 50 hectares de vignes. Les premiers pressoirs auraient été construits en 1238 sous la régence de la duchesse de Bourgogne Alix de Vergy, pour son fils le futur duc Eudes IV de Bourgogne.

Les pressoirs des ducs de Bourgogne sont entièrement reconstruits entre 1404 à 1407 sous le règne du duc Jean Ier de Bourgogne. Ils sont avec ceux du château du Clos de Vougeot les plus grands et les plus anciens « treulx » de Bourgogne.

Ils sont inscrits au patrimoine royal en 1477 par le roi Louis XI de France à la mort du duc Charles le Téméraire. Ils restent propriété des rois de France jusqu'en 1567. C'est à ce titre que le « village en amphithéâtre »[7] possédait, non loin du monument, une « maison du duc puis du roi »[9].

Les Pressoirs sont vendus comme « biens nationaux », le , à « Jean Poinsard fils, cultivateur à Ahuy, pour la somme de 34,500 livres »[7].

Ils sont par la suite exploités par des particuliers et négociants durant près de six siècles jusque dans les années 1920.

Mécanisme

Les pressoirs à contrepoids mobile fonctionnent comme un énorme casse-noix. Ils agissent par un mécanisme de levier de 9 mètres pour l'un et 11 mètres pour l'autre.

Les raisins sont disposés sur le plateau (maie ou matis) de 16 m2. Ils sont étayés par des claies puis, couvert par des poutres en bois jusqu'à la hauteur du levier.

Le plateau est légèrement incliné et une goulotte assure l'écoulement du jus.

Une vis à cabestan entraîne le levier qui compresse le raisin. Sur l'axe de la vis, des contrepoids mobiles de 4 et 8 tonnes amplifient la pression (les contrepoids ont été surnommés « Margot » en souvenir de Marguerite de Bourgogne (1290-1315), fille du duc Robert II de Bourgogne et Reine de France par mariage avec le roi Louis X de France).

Ils pressaient jusqu'à 100 pièces de vendanges par jour soit environ 23 000 litres de vin. Le plus petit des pressoirs permettait de presser 40 pièces (12 tonnes de raisins) pour une production de 9 000 litres de jus[9].

Tourisme

Chaque année les pressoirs des ducs de Bourgogne étaient remis en marche pour la « Fête de la Pressée »[10] lors du troisième week-end de septembre.

En 1987, le maire Roland Carraz signe entre la ville et le propriétaire d'alors un bail emphytéotique permettant son ouverture au public et son fonctionnement, lors de la haute saison[11]. La restauration d'un des deux pressoirs est effectuée[12].

Sur la période d'ouverture, la visite libre ou guidée, en français, en anglais et en allemand est gratuite. L'entrée de la Halle est pourvue d'un espace de médiation avec projection d'un DVD-Documentaire du réalisateur Jean-Marc Bordet, « Les Pressoirs des Ducs de Bourgogne » [13], la vente de cartes postales, l'exposition dans une vitrine d'anciens outils viticoles[14]. Le vin du propriétaire y est vendu.

Lors de la « Fête de la Pressée » il était possible d'assister, de 1987 à 2019[15], au fonctionnement de la machine[16],[17], de l'arrivée du raisin à l'écoulement du jus ou « bourru » directement dans les caves situées en-dessous, non visitables[18].

Depuis 2019, le monument est jusqu'à nouvel ordre fermé à tout public par le propriétaire actuel[19],[15]. Face à cette fermeture, une pétition est mise en ligne pour son classement plénier Monument Historique[20] et La Gazette du Patrimoine[21] relaie l'inquiétude des habitants relative à l'état du monument.

Notes et références

  1. Notice no PA00112212, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Pressoirs des ducs de Bourgogne », sur cotedor-tourisme.com (consulté le ).
  3. « Chenôve : Le patrimoine de la ville au cœur de la manifestation », sur Le Bien public, (consulté le ).
  4. Association pour l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne et GRHAL Sarl, « LES CLIMATS DU VIGNOBLE DE BOURGOGNE : DOSSIER DE CANDIDATURE à L’INSCRIPTION SUR LA LISTE DU PATRIMOINE MONDIALE DE L'UNESCO TOME 2 » [PDF], (consulté le ).
  5. « Le périmètre du site inscrit au Patrimoine mondial », sur climats-bourgogne.com, (consulté le ).
  6. Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture et Les Climats du vignoble de Bourgogne inscrits sur la liste du patrimoine mondial en 2015, « Les sites incontournables, Dijon et sa région : Les pressoirs des Ducs de Bourgogne (Chenôve) », sur climats-bourgogne.com, (consulté le ).
  7. Henri Marc, Histoire de Chenôve : près Dijon, Paris, Le Livre d’Histoire, , 317 p. (ISBN 978-2-7586-0711-3).
  8. Dom Denise (trad. Catherine Hervet-Girard, préf. Jacky Rigaud), Les vignes et les vins de Bourgogne, mémoire de Dom Denise, moine cistercien, Fécamp, Terres en vue, , 46 p. (ISBN 978-2-9523016-0-2).
  9. Beck P., Canat C., Lauvergeon B. et al., Le clos de Chenôve, La cuverie et les pressoirs des ducs de Bourgogne, Histoire, archéologie, ethnologie (XIIIe-XXe siècle), Côte-d’Or, dossier de l’art, Hors-série n° 1, Dijon, éditions Bourgogne du patrimoine, éditions Faton, .
  10. « Fête de la Pressée », sur openagenda.com, (consulté le ).
  11. Gaby, « Historique de la MJC de Chenôve : 1987 », sur historique-mjc.blogspot.com, (consulté le ).
  12. « Les Pressoirs des Ducs de Bourgogne », sur ville-chenove.fr, (consulté le ).
  13. Jean-Marc Bordet, Les Pressoirs des Ducs de Bourgogne, Chenôve, UP Vidéo Chenôve, .
  14. Site officiel du tourisme en Côte-d'Or, « Pressoirs des ducs de Bourgogne », Les photographies des outils et objets présentés apparaissent sur cette page, elles appartiennent à la Ville de Chenôve., sur cotedor-tourisme.com (consulté le ).
  15. Nicolas Durdilly, « Une fête de la Pressée… sans les pressoirs », sur Le Bien public, (consulté le ).
  16. tv net Media, « Pressoir Historique de Chenôve » [vidéo], sur dailymotion.com, (consulté le ).
  17. « Fête de la Pressée. Chenôve : une belle fête populaire au caractère exceptionnel », sur Le Bien public (consulté le ).
  18. « La fête de la Pressée de Chenôve 2010 » [vidéo], sur youtube.com, L'actu du vin, (consulté le ).
  19. N. D., « Pourquoi les pressoirs des ducs sont-ils fermés ? », Le Bien public, (lire en ligne).
  20. José-Raphaël Lévy-Cochaud, « Pour le classement Monument Historique des Pressoirs des ducs de Bourgogne à CHENÔVE 21 », sur change.org, (consulté le ).
  21. José-Raphaël Lévy-Cochaud, « Sauvons les pressoirs des duc de Bourgogne de Chenôve (1238-XVe siècle) », La Gazette du Patrimoine, (consulté le ).

Voir aussi

Lien externe

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