Prélude et fugue en ut dièse majeur (BWV 848)

Le Clavier bien tempéré I

Pour un article plus général, voir Le Clavier bien tempéré.

Prélude et fugue n°3
BWV 848
Le Clavier bien tempéré, livre I (d)

Do dièse majeur
Prélude
Métrique /
Prélude.
Fugue
Voix 3
Métrique
Fugue.
Liens externes
(en) Partitions et informations sur IMSLP
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu)

Le prélude et fugue en do dièse majeur (BWV 848) est le troisième couple de préludes et fugues du premier livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé vers 1722.

Le prélude est une invention joyeuse à deux voix, d'un éclat solaire et en mouvement perpétuel. La belle fugue à trois voix qui suit, est exubérante et claire, mais l'une des plus difficiles du cahier pour l'exécutant. Le diptyque atteint une unité d'inspiration idéale.


Prélude

Le prélude, noté
, comporte 104 petites mesures. Bach est le premier à utiliser la tonalité et a préféré l’ut  au   car, pratiquement, il suffit de rajouter les dièses à la clé[1] ; mais il n'y a pas d'éléments concrets en ce sens[2].

C'est une séduisante invention à deux voix où deux thèmes distincts alternent entre les mains, dans le style d'un concerto pour violon italien[3]. Le mouvement perpétuel, brillant, n'aura de cesse jusqu'à la fin. La conclusion est exubérante et décidée, avec un joyeux arpège où les mains se croisent.


Fugue

Caractéristiques
3 voix — , 55 mes.
⋅ fugue concertante
⋅ 12 entrées du sujet
réponse tonale
contre-sujet, 11 entrées
⋅ 5 divertissements

La fugue à trois voix, notée , longue de 55 mesures. « L'une des fugues les plus ensoleillées de Bach »[4], « des plus belles » du cahier, « et en même temps l'une des plus difficiles à exécuter »[5].

Le pimpant sujet, avec son gruppetto caractéristique qui s'élance vers le mi, est composé de neuf sauts disjoints dont trois de sixtes descendantes[6] ; il débute sur la dominante et se termine sur la tonique. Ce caractère anguleux lui confer sa bonne humeur et le retour sur la tonique un sentiment de grande stabilité. La réponse est tonale, mais Bach ne touche qu'au premier intervalle, les suivants étant strictement les mêmes[7]. Rythmiquement parlant, la fugue est une bourrée[4].


Après l'exposition, quatre divertissement se succèdent (mesures 7, 16, 23, 31). Ce morceau est un bon exemple de la combinaison préférée de Bach de fugue avec la structure de concerto da capo[4], c'est-à-dire avec réexposition complète, comme dans la forme sonate (mesures 42–52 emprunté aux mesures 1–11)[3], ce que les prédécesseurs de Bach n'auraient guère imaginé[6] puisque « le principe de réexposition est tout à fait étranger à la composition fuguée »[8]. Cet élément rend cette fugue de caractère pastoral[6] sorte de sonate en style galant, parmi les plus modernes du Clavier bien tempéré[3],[8]. La fugue au fil de son développement ne cesse de s'enrichir naturellement d'éléments nouveaux.



Le contre-sujet.

Relations

Le prélude contient une bonne quantité de relations thématiques extraites pour la fugue. Le battement de la basse (mesures 4–7) figure dans le sujet[1], de même que le mi do , première notes du prélude, se retrouvent dans le premier saut de sixte, le plus haut du sujet[4].

Genèse

Incipit du prélude en ut-dièse majeur, dans la version primitive du Clavierbüchlein de Friedemann (1720).

Le prélude a connu une première version dans le Petit livre de Friedemann. Ce prélude a été légèrement rallongée pour le Clavier (mesures 63 à 98), étendant la pédale de dominante de la version primitive en arpèges, reprise à l'octave inférieur (mesures 63–73 et 87–96)[9]. Robert Schumann aurait appelé ce passage « le jeu infiniment gracieux d'un petit génie sautillant »[10]. Bach améliore le prélude d'origine assez significativement par quelques retouches de détails à plusieurs endroits. Par exemple la mesure initiale (qui figure également en l'état dans le manuscrit P 401), était conçue ainsi :


Postérité

Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[11], publiée en 1914.

Bibliographie

  • (en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand par John South Shedlock), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 1, Londres / New York, Augener & Co. / G. Schirmer, (1re éd. 1890 (de)), 208 p. (lire en ligne)
  • (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 21–23.
  • Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 82–85
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 34.
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 28–29.
  •  Robert Levin (clavecin, clavicorde, orgue et piano-forte) (trad. Anne Paris-Glaser), « Bach, Clavier bien tempéré, livre I : BWV 846-849 », Hänssler Edition Bachakademie, vol. (102 à) 117, 2000 (OCLC 705291495).
  • (en) David Ledbetter, Bach’s Well-tempered Clavier : the 48 Preludes and Fugues, New Haven/London, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 0-300-09707-7, OCLC 5559558992, présentation en ligne), p. 156–159.
  • (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 p. (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 226–227.

Notes et références

  1. Keller 1973, p. 55.
  2. Ledbetter 2002, p. 156.
  3. Schulenberg 2006, p. 213.
  4. Ledbetter 2002, p. 158.
  5. Tranchefort 1987, p. 26.
  6. Sacre 1998, p. 201.
  7. Gray 1938, p. 22.
  8. Keller 1973, p. 58.
  9. Ledbetter 2002, p. 157.
  10. Keller 1973, p. 56.
  11. [lire en ligne]

Article connexe

Liens externes

  • Portail de la musique classique
  • Portail du baroque
  • Portail du clavecin
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.