Poèmes à Lou

Poèmes à Lou, d'abord intitulé Ombre de mon amour, est un recueil de poèmes posthume de Guillaume Apollinaire, dédié à Louise de Coligny-Châtillon. Le poète et sa muse se rencontrent en 1914, au moment de la mobilisation pour la guerre. Les poèmes sont publiés dans l'ordre chronologique et témoignent autant de l'amour intense que de l'expérience du poète-combattant lors de la Première Guerre mondiale. Les poèmes sont écrits au dos des lettres que le poète envoyait à Lou, qui ont été réunies dans un recueil séparé intitulé Lettres à Lou.

Pour les articles homonymes, voir Lou.

Certains de ces poèmes sont d’ailleurs repris et remaniés dans Calligrammes, recueil qui a également développé cette thématique de l’amour et la guerre.

Présentation

Si je mourais là-bas, sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
(...)
Souvenir oublié vivant dans toute chose
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
(...)
Apollinaire, Poèmes à Lou, Nîmes, [1].

Le poète rencontre Louise de Coligny-Châtillon, qui lui est présentée par un ami, dans un restaurant niçois. Sa déclaration d'amour, dans une lettre datée du , commençait en ces termes :

« Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d'hier soir, j'éprouve maintenant moins de gêne à vous l'écrire. Je l'avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m'avaient tant troublé que je m'en étais allé aussi tôt que possible afin d'éviter le vertige qu'ils me donnaient. »

Commence alors une correspondance enflammée de Guillaume Apollinaire, en 1914, dès sa mobilisation à Nîmes[2], avant qu'il ne parte à la guerre[3].

Dès 1915, le poète demande à sa muse de conserver les poèmes qu'il lui envoie, dont il n'a pas fait de copie lui-même, en vue d'une éventuelle publication. Cette publication ne verra cependant pas le jour, même si certains des poèmes ont été détachés de leur origine pour figurer dans le recueil Calligrammes[4]. Louise de Coligny ne semble cependant pas avoir pris la mesure de l'art qu'elle avait inspiré[5].

Ils rompent en 1915 mais entretiennent ensuite une correspondance quasiment quotidienne, Apollinaire étant parti au front en Champagne. Jusqu'à l'été suivant, il espère la reconquérir. Devenu le fiancé de Madeleine Pagès, ses lettres se font dès lors plus rares et plus impersonnelles. La dernière, assez froide, est datée du [6]. Leur correspondance amoureuse, telle que rédigée par Apollinaire, représente 220 lettres et 76 poèmes, souvent inclus dans les lettres.

Le lyrisme amoureux

Plusieurs poèmes d'amour figuraient dans le recueil Alcools, mais ils étaient marqués par une tonalité élégiaque et représentaient des amours perdues. Les poèmes adressés à Lou marquent une inflexion dans le lyrisme d'Apollinaire, qui acquiert une grande liberté de ton et un « érotisme plein de surprise et dégagé de toute considération morale », selon Laurence Campa[7].

Éditions

Le recueil de poèmes a été publié pour la première fois à Genève en 1947 sous le titre Ombre de mon amour ; il a été publié en 1955 sous son titre actuel[8].

  • Poèmes à Lou, 1re édition sous le titre Ombre de mon amour, Vésenaz près Genève, Pierre Cailler, 1947.
  • Poèmes à Lou, Genève, Pierre Cailler, 1955.
  • Poèmes à Lou, précédé de Il y a, Paris, Gallimard, «Poésie», 1969.
  • Poèmes à Lou de G. Apollinaire, commentaire de L. Campa, Gallimard, Foliothèque, 2005
  • Je pense à toi mon Lou. Poèmes et lettres d'Apollinaire à Lou, Paris, Textuel, 2007.

Bibliographie

Références

  1. G. Apollinaire, Poèmes, p. 100, Le Livre de poche, Paris, 1956.
  2. « Apollinaire, un poète en guerre », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. André Billy, « Préface », dans Guillaume Apollinaire, Œuvres poétiques, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , p. XXXIII-XXXIV
  4. Campa, p. 11
  5. Campa, p. 12
  6. cf Lettres à Lou
  7. Campa, p. 13
  8. Sur le site officiel du poète

Voir aussi

Liens externes

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