Piotr Chabelski-Bork

Piotr Nikolaïevitch Chabelski-Bork (russe : Пётр Николаевич Шабельский-Борк, ) est un officier de l'Empire russe ainsi qu'un écrivain, il a notamment été actif aux seins des mouvements d'extrême-droite antisémites en Europe durant la première moitié du XXe siècle. Il est surtout connu pour le meurtre de Vladimir Dmitrievitch Nabokov, père du novéliste du même nom, à Berlin le .[1] Chabelski-Bork a collaboré avec le Parti nazi jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il vécut ensuite en Amérique du Sud où il continua d'être publié dans plusieurs journaux monarchistes et chrétiens orthodoxes jusqu'à sa mort en 1952.

Biographie

Piotr Nikolaïevitch Popov serait né le , à Kislovodsk, dans l'Empire russe, dans une famille de riches propriétaires terriens de Kislovodsk[2], bien que d'autres sources affirment qu'il est plutôt né à Taganrog dans une famille bourgeoise.[2] La mère de Popov est une des dirigeantes de l'Union du peuple russe et est l'éditrice d'un journal des Cent-Noirs publié à Saint-Pétersbourg. Popov étudie à l'université de Kharkov, avant de rejoindre l'Armée impériale russe au début de la Première Guerre mondiale, avec le grade de second lieutenant au sein du régiment de cavalerie ingouche de la Division sauvage[3], il est cependant rapidement blessé.[4] Après la révolution de Février Popov quitte l'armée, mais est emprisonné par les Bolcheviks en 1917, après la révolution d'Octobre, en raison de son appartenance à une organisation monarchiste. Le le Tribunal Révolutionnaire de Petrograd le condamne à neuf mois de prison et de travaux forcés. En prison Popov rencontre l'écrivain d'extrême droite Fyodor Viktorovich Vinberg (en). Le , Popov et Vinberg sont amnistiés à l'occasion de la "solidarité prolétaire internationale". Peu de temps après leur libération ils se rendent à Kiev, d'où ils émigrèrent vers l'Allemagne aux côtés des soldats allemands abandonnant la ville, tombée aux mains du nationaliste ukrainien Symon Petlioura.

Allemagne

Popov adopte le pseudonyme de « Piotr Nikolaïevitch Chabelski-Bork », du nom d'un écrivain russe. Selon lui ce nom lui vient également de sa marraine Elisaveta Aleksandrovna Shabelskaya-Bork (en), bien qu'il semblerait qu'il ne l'ait rencontrée qu'en 1916, et que ce ne soit qu'un prétexte inventé.[5] Peu de temps après son arrivée à Berlin, Chabelski-Bork se rapprocha du général Vassili Biskoupski[6] et de Sergueï Taboritski, qui avait lui aussi fui la révolution russe. Biskoupski est considéré comme un des dirigeants de la communauté russe blanche émigrée et il est impliqué au sein de la sphère politique d'extrême-droite allemande. Chabelski-Bork l'y rejoint rapidement et y devient notamment le promoteur des malheureusement célèbres Protocoles des Sages de Sion. Il commence également à travailler avec Fyodor Vinberg et les deux participent à la diffusion d'un journal nommé Luch Sveta (Un rayon de lumière). La troisième publication du journal (en ) contient justement le texte de l'édition de 1911 du livre de Sergueï Nilus (le premier à avoir publié les Protocoles des Sages de Sion).

Meurtre de Vladimir Dmitrievitch Nabokov

Le , Chabelski-Bork et Taboritski tuent Vladimir Dmitrievitch Nabokov durant un attentat. La cible initiale du duo était Pavel Milioukov, un des dirigeants du Parti constitutionnel démocratique, un parti libéral et républicain russe, notamment connu pour son souhait d'accorder la pleine citoyenneté à tous les habitants de Russie, dont les juifs. Le parti, qui avait fui la révolution bolchévique, tenait lors de l'attentat une conférence à Berlin. Nabokov meurt abattu par Taboritski alors qu'il tente de désarmer Chabelski-Bork[7]. Les deux sont condamnés à 14 ans de prison mais sont libérés au bout de seulement 5 ans.

Ils étaient tous deux sous l'emprise de drogues lors de l'attentat[8].

Collaboration avec les nazis

Après sa libération, Chabelski-Bork continue de travailler en étroite collaboration avec l'extrême-droite allemande, soutenant le NSDAP et Adolf Hitler dans leur ascension vers le pouvoir, dans l'espoir qu'ils restaureront l'empire allemand. Après l'arrivée au pouvoir de ces derniers, Chabelski-Bork s'attelle à organiser des groupes pro-nazis parmi la population émigrée russe en Allemagne[6].

Mort

Au printemps 1945, Chabelski-Bork fuit Berlin, où sa maison vient d'être détruite par un raid aérien. Il émigre à Buenos Aires[6], où il écrit dans plusieurs journaux monarchistes et chrétiens orthodoxes, collaborant notamment avec Vladimir Vestnik (ru). Il meurt de la tuberculose le .

Références

  1. Laqueur, Walter. Russia and Germany. 1990, p. 122
  2. Список студентов Императорского Харьковского университета на 1914—1915 академический год. — Харьков, 1915. — С. 178.
  3. « Картотека сайта «Памяти героев Великой Войны 1914—1918» »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  4. 18.8.1952. — Скончался в Аргентине монархический деятель Петр Николаевич Шабельский-Борк.
  5. Макарова О. Е. «Уж если Суворин, изобретший её, отвернулся…»: «Дело Шабельской» и участие в нём издателя «Нового времени» // Новое литературное обозрение. 2007. № 85. С. 100—120
  6. Памяти Петра Николаевича Шабельского-Борка
  7. Покушение П Н Шабельского-Борк и С Таборицкого на П Н Милюкова в Берлине
  8. (ru) K.A. Chistyakov, « Антибольшевистская Россия », sur Antibr
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