Pierre Dugué de Boisbriant

Pierre Dugué de Boisbriant né le à Ville-Marie (aujourd'hui Montréal) et mort le , est un militaire et administrateur colonial français des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est le cinquième gouverneur de la Louisiane française (Nouvelle-France), de 1724 à 1726.

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Pierre Dugué
Fonctions
Gouverneur colonial de la Louisiane française
Monarque Louis XV
Prédécesseur Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville
Successeur Étienne de Perier
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ville-Marie, (Montréal), Canada
Date de décès
Religion Catholique
Liste des gouverneurs coloniaux de la Louisiane française

Biographie

Origines

Pierre Dugué de Boisbriant est le deuxième fils de Michel-Sidrac Dugué de Boisbriant, seigneur de Mille-Îles, et de Marie Moyen Des Granges, commandant et gouverneur de l'île de Montréal.

Carrière militaire

Le siège de Fort Nelson, auquel participe Boisbriant en 1697.

C’est sous les ordres du comte de Frontenac que Boisbriant commence sa carrière militaire dans les troupes de la marine avec le grade d’enseigne réformé[1]. En 1694, il est promu enseigne en pied puis, en 1695, reçut sa première assignation militaire en qualité de commandant en second du capitaine Pierre de Saint-Ours[1]. L’année suivante, il prend part à l’expédition de son cousin, Pierre Le Moyne d'Iberville, qui alla attaquer les établissements anglais de Terre-Neuve. Le dernier engagement contre les Anglais auquel Boisbriant participe a lieu en 1697. Il fait alors partie de l’expédition d'Iberville composée de cinq navires qui a pour mission de reprendre le fort York (fort Bourbon) en baie d'Hudson. Alors qu'il n'a que 22 ans, il commande la flûte le Profond, chargée du ravitaillement et du matériel de siège.

Partie de Plaisance, l'escadre d’Iberville réussit, après un voyage difficile, à entrer dans la baie d'Hudson. Dugué de Boisbriant s'illustre lors de cette opération car, isolé par les glaces, il soutient avec ses 26 canons un très dur combat de plusieurs heures contre trois vaisseaux anglais qui veulent s’emparer de lui[2]. Secouru par deux des autres vaisseaux français, il rejoint quelques jours après son chef qui vient de vaincre ces mêmes trois navires de guerre anglais. Il participe ensuite au siège du fort qui contraint son commandant, Henry Baley, à capituler[3]. D’Iberville retourne alors en France sur le Profond et confie le commandement du fort à son frère, Joseph Le Moyne de Sérigny, avec Boisbriant pour lieutenant[4].

Après le traité de Ryswick, en , Boisbriant est appelé en France[1]. Dans l’intervalle, Iberville se rend jusqu’à l’embouchure du Mississipi, afin de poursuivre les explorations de Cavelier de La Salle. Il effectue un autre voyage en 1699 auquel Boisbriant participe en qualité d’officier de marine, sur la frégate la Renommée. Iberville érige le fort Mississipi, sur la baie Biloxi, et le place sous les ordres de Maltot et de Louis Denys de la Ronde. Par la suite ceux-ci furent remplacés par Le Moyne de Bienville, le frère d’Iberville. En , un ordre royal confirme la nomination de Boisbriant au poste de major de Biloxi[1].

Les deux frères Le Moyne fondent Mobile en 1702 et plusieurs officiers, dont Dugué de Boisbriant, obtinrent des concessions de terrains sur l’emplacement de la future ville. Deux ans plus tard, suivant les ordres de Bienville, Dugué escorte 70 hommes de la tribu des Chicachas à une conférence de paix avec les Chactas mais ces derniers massacrèrent les envoyés chicachas en présence de Boisbriant et de ses 25 soldats français. Dugué ayant été blessé au cours du combat, les Chactas s’efforcèrent de lui témoigner leur regret de l’incident et lui accordèrent une escorte de 300 guerriers pour rentrer à Mobile.

Boisbriant passe les dix années qui suivent à Mobile. Bienville, qui avait été nommé gouverneur de la ville en 1714 envisage un temps de confier le commandement du fort Saint-Jérôme à Boisbriant mais il se ravise et le donne au capitaine Chavagne de Richebourg[1].

Boisbriant est nommé major de la Louisiane en 1716 et commandant de Mobile et de la région environnante l’année suivante. On lui accorde alors un congé pour retourner en France. À Paris, il est accueilli avec égards. La Compagnie d'Occident venait justement de se porter acquéreur du monopole de commerce d’Antoine Crozat qui s’étendait sur un territoire allant du pays des Illinois jusqu’à la côte, et les directeurs de la compagnie cherchaient de gens capables de les conseiller. Aussi, au printemps 1718, Boisbriant retourne en Louisiane à bord de la Duchesse de Noailles avec une commission de premier lieutenant du Roi et d’un siège au conseil de la Louisiane. Quelques mois plus tard, il devient commandant du pays des Illinois. En , avec un détachement de soldats et quelques mineurs qui partaient à la recherche de gisements, Boisbriant se mit en route pour la mission jésuite de Kaskaskia. Il atteint l'établissement le . En 1720, il construisit le fort de Chartres, à 16 milles au nord-ouest de Kaskaskia. Il y demeure plusieurs années et malgré son infirmité[5], il devient très populaire auprès des indiens car il parlait leur langue et il leur portait beaucoup d’intérêt. Il cherche alors à pénétrer plus avant dans l’intérieur du pays, mais les luttes tribales, l’augmentation du prix des approvisionnements et les désaccords qui l'opposent à Rigaud de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, l’en empêchent.

Alors qu'il est commandant du fort de Chartres, il cède un terrain proche du fort à son neveu Sainte Thérèse Langlois qui y construit la ville de Prairie du Rocher, dans l'actuel Illinois. La ville est une des plus anciennes communautés coloniales française à exister au XXIe siècle dans le Midwest américain.

Disgrâce et retour en France

Vers 1720, la Compagnie des Indes connait de graves difficultés, en partie dues à des querelles intestines. Accusé d’avoir mal administré la colonie, Bienville retourne en France en 1724 et la charge de gouverneur de la Louisiane française est confiée à Boisbriant. Il ne conserve ce poste que deux ans car le même genre d'accusations sont portées à son encontre. De plus, il refuse de collaborer avec Jacques de La Chaise, qui était venu faire une enquête, ce qui entraîne son rappel. Il est remplacé à son poste de gouverneur par Étienne de Perier en 1727. En France, il est blâmé, dégradé et banni du service du roi. Louis XV lui accorde toutefois une pension de 800 livres en 1730[1].

Il décède en France, le . Malgré ce qu’a écrit Monseigneur Tanguay[6], il ne se maria jamais[1].

Orthographe

Concernant son nom Dugué, des erreurs de traduction et des imprécisions font que son nom est parfois orthographié "Duguay", "Dugay" ou "Duqué". "Boisbriand", qui fait référence à la seigneurie familiale au Canada, apparait parfois sous l'orthographe "Boisbriant", utilisé seul. Ainsi, "Pierre Dugué, sieur de Boisbriand" est parfois identifié simplement comme "Sieur de Boisbriand" et même "Pierre Boisbriand" (ou "Boisbriant") dans des textes contemporains.

Notes et références

  1. Dictionnaire biographique du Canada, article Dugué de Boisbriand Pierre.
  2. Dictionnaire biographique du Canada, article Flecher John.
  3. La Roncière 1932, p. 293-295.
  4. La Roncière 1930, p. 103-108.
  5. Il était bossu
  6. Dans son Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, 1871-1890

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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