Pierre Bouchardon

Pierre Bouchardon, né le à Guéret et mort le à Paris, est un magistrat français.

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Biographie

Fils d'un avocat, Pierre Bouchardon fait des études de droit à la faculté de la place du Panthéon et décide, à 25 ans, d’entrer dans la magistrature[1]. Sujet brillant et bien noté, il montera tous les grades de la hiérarchie judiciaire.

Il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale. Surnommé par Clemenceau « Le Grand Inquisiteur », il instruit de nombreux procès en tant que capitaine-rapporteur au troisième conseil de guerre, nouvellement créé[2]. L’histoire a surtout retenu ceux de Joseph Caillaux, de Mata Hari ainsi que ceux de Paul Bolo, dit «Bolo Pacha»[3],[4]. Pierre Bouchardon fut un des hommes, qui suivant les termes même du « Tigre », a le plus contribué à la victoire française par son habileté et son acharnement à lutter contre « l’ennemi de l’intérieur[5] ». Il met ainsi hors de combat un journal à tendances révolutionnaires, pacifistes et défaitistes financé par les Allemands : Le Bonnet rouge. Il inquiéta pour la même raison Charles Humbert, directeur d'un des journaux à plus gros tirage de l'époque, Le Journal[6], qui, devant la polémique, s'engage à rembourser la somme. Son rôle est tellement important dans la lutte contre l’espionnage et le défaitisme qu’il devient une célébrité[7]. Ainsi, au lendemain de la victoire le journal L’Illustration publie sa photo en couverture à côté de celle du Maréchal Foch et de Clemenceau avec ce titre : « Les Trois Hommes qui ont sauvé la France » [8].

Il est nommé président de chambre à la cour d’appel de Paris en 1924. Il terminera sa carrière comme conseiller à la Cour de cassation. Joseph Caillaux, revenu aux affaires après la guerre, fera tout pour bloquer son avancement (y parvenant en partie), s’en prenant ainsi directement à l’indépendance de la magistrature.

N’ayant pas prêté serment à Pétain, Pierre Bouchardon est rappelé par de Gaulle en 1945 pour les grands procès politiques à venir. Refusant la présidence de la Cour de cassation pour ne pas menacer la vie de son fils, André, encore détenu dans les camps de concentration allemands (il avait tenté d’enlever Pétain pour l’emmener en Afrique du Nord contrôlée par les alliés, en espérant ainsi mettre fin à la collaboration), il sera nommé président de la commission d’instruction près de la Haute Cour de justice et instruit de nombreux procès de l’épuration : Pétain, Laval, Brasillach, etc.

Une de ses plus grandes admiratrices, malgré leurs divergences de convictions politiques, fut la grande journaliste communiste Madeleine Jacob, qui fut une des figures de Libération et de L’Humanité. Ses trois meilleurs amis furent son cousin le docteur Antoine Florand, grand professeur de la Belle Époque (et médecin personnel de Clemenceau), le docteur Charles Paul, médecin légiste célèbre (ce qui faisait dire à Pierre Bouchardon qu’il valait « mieux éviter de passer de l’un à l’autre »…) et le procureur André Mornet, qui exerça avec lui au Troisième Conseil de Guerre et à la Haute Cour. L’humour caustique du quatuor était craint dans la bonne société.

Pierre Bouchardon apparaît sous les traits de Bernard Giraudeau dans le téléfilm écrit par son arrière-petit fils Philippe Collas, Mata Hari, la vraie histoire (2003), adapté de la biographie du même nom.

Ayant accès à toutes les archives, Pierre Bouchardon écrit une soixantaine de livres sur les plus grandes affaires criminelles des XIXe et XXe siècles, édités principalement chez Perrin et Albin Michel et qui font référence. On dit souvent de lui « C’est Balzac assassin ! »

Œuvres

Pierre Bouchardon a publié de nombreux livres sur les affaires criminelles, ce qu’on appelle aujourd’hui le « true crime ». Précurseur en ce domaine, il connut alors de fort beaux tirages. Il fut membre de la Société des gens de lettres.

  • Le mystère du château de Chamblas, Albin Michel, 1922
  • L’affaire Lafarge, Albin Michel, 1924
  • L’auberge de Peyrebeille, suivi de La véridique histoire du roman de Stendhal le Rouge et le Noir, Albin Michel, 1924 (L’Affaire de l’Auberge Rouge)
  • La Tuerie du pont d’Andert (1838), Perrin, 1924 (Affaire Peyrel, suivie de l’affaire Mont-Charmont)
  • Le Crime du château de Bitremont, Albin Michel, 1925
  • La fin tragique du Maréchal Ney, Librairie Hachette, 1925
  • La Tragique histoire de l’instituteur Lesnier (1847-1855), Perrin 1925
  • L’Assassinat de l’Archevêque, souvenirs inédits, Fayard, 1926
  • Crimes d’autrefois I. Monsieur Lacenaire. II. Collignon. III. La Jacquerie de Buzançais. IV. Le Naufrage du Foederis-Arca. V. La Brinvilliers du XIXe siècle. VI. Le Promeneur du bois de Vincennes, Perrin, 1926
  • L’Énigme du cimetière Saint-Aubin (Procès du frère Léotade), Albin Michel, 1926
  • Le Magistrat, Hachette, 1926
  • Le duel du chemin de la Favorite, Albin Michel, 1927
  • L’Auberge de la Tête noire, suivi de: l’Homme à la lèvre boursouflée. Mon premier crime. La Bastide des trois vieillards, Perrin, 1928
  • Célestine Doudet, institutrice, Albin Michel, 1928
  • Les Dames de Jeufosse, Albin Michel, 1928
  • Le docteur Couty de La Pommerais, Albin Michel, 1929
  • Le Banquier de Pontoise et les Vrais Mystères de Paris, Éditions des Portiques, 1929
  • Les Procès burlesques, Perrin, 1929
  • Autres procès burlesques, Perrin, 1930
  • Le Cocher de M. Armand ; Les Amours funestes d’Angélina, Éditions des Portiques, 1930
  • L’enfant de la Villette, Éditions de la Nouvelle Revue-critique, 1930
  • La Femme à l’ombrelle, Albin Michel, 1930
  • L’abbé Delacollange, A. Lemerre, 1931
  • Le Crime de Vouziers, Perrin, 1931
  • Ravachol et Cie, Hachette, 1931
  • L’homme aux oreilles percées, suivi de l’Assassinat de l’archevêque, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1932
  • Troppmann, Albin Michel, 1932
  • La Faute de l’Abbé Auriol, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1933
  • La Malle mystérieuse. Affaire Eyraud, Gabrielle Bompard, Albin Michel, 1933
  • L’affaire Pranzini, Albin Michel, 1934
  • Un précurseur de Landru: L’horloger Pel, Arthaud, 1934
  • L’assassin X, Affaire Prado, Albin Michel, 1935
  • La dernière guillotinée, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1935
  • Dumollard, le tueur de bonnes, Albin Michel, 1936
  • Hélène Jégado, l’empoisonneuse bretonne, Albin Michel, 1937
  • Vacher l’éventreur, Albin Michel, 1939
  • Le Puits du presbytère d’Entrammes, Albin Michel, 1942 (sur l’affaire de l’abbé Bruneau)
  • Madame de Vaucrose, suivi de la Fragilité de l’aven, Albin Michel, 1947
  • Souvenirs, Albin Michel, 1953
  • Un drame de la Révolution en 1848, l’assassinat du général Bréa, Éditions L.E.P., 1959
  • Le collectionneur ingénu, Éditions L.E.P., 1966

Notes et références

  1. Cour de cassation : Discours prononcés à l’occasion des audiences solennelles : Octobre 1951
  2. RMC Découvertes 4 juillet 2017
  3. Cf Mata Hari, la vraie Histoire de Philippe Collas, Plon 2003
  4. Jacques Pradel, « L'Heure Du Crime », RTL,
  5. « L'Homme du Jour », Les Hommes du Jour, , Couverture et Page 1
  6. Philippe Collas, Mata Hari, La dernière danse de l'Espionne, French Pulp,
  7. « Le Capitaine Rapporteur Bouchardon », J'AI VU, , Couverture
  8. « Couverture », L'Illustration,

Liens externes

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