Piano numérique

Un piano numérique est un instrument de musique électronique, équipé du clavier standard d'un piano, et reproduisant le son d'un piano acoustique grâce à un système électronique, la technologie la plus utilisée étant l'échantillonnage sonore.

Ne doit pas être confondu avec Piano électrique ou Piano électronique.

Un piano numérique typique.

Généralités

Contrairement aux synthétiseurs, les pianos numériques sont conçus pour offrir des possibilités de jeux similaires à celles d'un instrument classique. Ainsi, les pédales sont généralement identiques à celles d'un piano. Cependant, ils offrent en standard plusieurs sons, et une interface MIDI qui leur permet de contrôler d'autres instruments ou banques de son numériques en jouant le rôle de claviers maîtres.

La qualité sonore dépend naturellement de celle de l'échantillonnage et du système de sonorisation. Le son peut parfois manquer de richesse pour certaines harmoniques. La reproduction du toucher dynamique du clavier (vélocité) n'est pas aisée, et constitue parfois un handicap par rapport à un instrument acoustique. Néanmoins, les modèles haut de gamme ont de nos jours une sensibilité acceptable.

La dernière création en matière de pianos numériques est le piano hybride[1], qui associe l'électronique à la résonance d'un vrai piano acoustique (avec cordes). Le musicien peut utiliser son piano normalement, ou en mode numérique, par exemple afin de mettre un casque pour ne pas déranger les voisins[2]. Dans ce cas l'électronique, l'informatique et l'amplification prennent le relai des cordes.

Le piano numérique diffère du piano électrique (qui utilise des micros pour capter la résonance des cordes métalliques)[3] ainsi que du piano électronique, qui utilise une technologie analogique[4].

Spécificités

Le piano numérique offre les avantages suivants :

  • L'instrument ne se désaccorde pas ;
  • Poids et encombrement réduits ;
  • Possibilité de jouer au casque sans perturber son entourage ;
  • Sons généralement recréés à partir de pianos de concert de grande marque, disponibles ainsi virtuellement à coût modique ;
  • Le son étant numérique dès le départ, on peut enregistrer ce qu'on joue dans un local quelconque, même bruyant (appartement sur rue) avec une bonne qualité sonore, sans bruits annexes ;
  • Possibilité de transposer le clavier, pour jouer dans une tonalité différente sans avoir à réapprendre le morceau ;
  • Possibilité de partager numériquement le clavier en deux (split): par exemple maître/élève ou deux instruments;
  • Effets sonores (notamment réverbération), et possibilité d'étendre le registre sonore ;
  • Également la possibilité de reproduire les sons de certains autres instruments (clavecin, piano droit, piano mécanique, orgues, cordes, percussions, etc.) ;
  • Interface MIDI permettant, une fois reliée à un séquenceur, ou à un PC sur lequel est installé un séquenceur logiciel, de jouer des instruments virtuels externes (VST), d'enregistrer/modifier ses morceaux, d'en afficher la partition, etc.

Parmi les fabricants bien connus de pianos numériques, on trouve notamment Kawai, Korg, Yamaha (Clavinova), Roland, Chavanne et Casio.

Historique

Succédant aux pianos mécaniques du 19e siècle, puis aux modèles électriques et électroniques de la deuxième moitié du 20e, les premiers véritables pianos numériques datent des années 1980. L'initiative revient à Yamaha avec son fameux Clavinova. Le son produit par les premiers modèles était très artificiel[5] par rapport aux modèles actuels[6]. Néanmoins ils comportaient déjà une interface MIDI rudimentaire[7]. Avec les progrès et la démocratisation de l'informatique en général, et ceux de la recherche dans le domaine de la MAO en particulier[8], les machines ont pu stocker de plus en plus d'échantillons sonores de qualité dans leur mémoire[9]. Parallèlement, l'optimisation de l'interface MIDI a ouvert un marché florissant en ce qui concerne les logiciels dédiés à la MAO et aux instruments MIDI ou encore virtuels (séquenceurs, instruments MIDI, VST, etc.).

Mais c'est aussi la complexité et la richesse du son du piano qui expliquent les années qui ont été nécessaires pour s'approcher d'un son numérique acceptable.

Du jouet au piano à queue hybride

Les claviers numériques portables, les moins chers (moins de 300 €), sont  simples et légers (moins de 30 kg). Mais l'électronique et l'informatique embarquées permettent aujourd'hui d'obtenir des sonorités acceptables. La différence se fait au niveau de l'amplification, encore qu'on puisse brancher ces appareils sur une sonorisation externe.

Mais pour se rapprocher de l'expérience du piano acoustique il faut un clavier dit 'lourd', beaucoup plus complexe que les simples touches à ressort des claviers très bas de gamme qui ne sont que de simples interrupteurs. On se rapproche de l'apparence et du poids d'un piano véritable, avec ses trois pédales. (plus de 100 kg pour la gamme moyenne).

Les  pianos numériques haut de gamme possèdent quasiment une mécanique de piano acoustique, associée à un système de capteurs sophistiqués permettant de se rapprocher encore davantage d'un toucher et d'une maîtrise de la vélocité propres aux vrais pianos. La sonorisation est plus performante: l'amplification, le nombre et la qualité des haut-parleurs, leur disposition dans l'ergonomie du meuble est optimisée. Au sommet se trouvent les pianos à queue hybrides, qui peuvent être considérés comme des pianos acoustiques auxquels on a ajouté de l'électronique et de l'informatique. D'ailleurs l'échelle de prix va de 2 500 € environ pour un piano numérique comme le Clavinova du milieu de gamme (illustration), à 30 000 € pour les meilleurs pianos à queue hybrides (2017).

Clavier maître, PC, MIDI, VST, séquenceur, MAO ...

Piano numérique Yamaha Clavinova CLP575 (2014), connecté en MIDI à un PC avec séquenceur et vst logiciels, et une carte son externe.

Un clavier numérique qui ne produit pas de son et qui n'est destiné qu'à commander des instruments virtuels (VST) via l'interface MIDI est appelé clavier maître. On peut également utiliser un piano numérique comme simple clavier maître, afin de lui connecter en MIDI un séquenceur et des VST (le plus souvent via un PC et un séquenceur logiciel, par exemple Cubase [10]). Ces VST, développés par des firmes spécialisées (par ex. Steinberg), sont souvent bien plus riches que les instruments intégrés aux pianos numériques[11], et permettent des réglages beaucoup plus nombreux. Cela s'explique par la puissance de stockage et de décodage numérique que permet un PC récent. Par ailleurs ces réglages et autres fonctions logicielles sont très facilement accessibles sur l'écran de l'ordinateur. Le séquenceur logiciel permet également d'entrer dans le monde de la MAO (musique assistée par ordinateur): enregistrer des pistes, copier, coller, intégrer des instruments, des voix enregistrées, des percussions, des effets, mixer, etc.

Notes et références

    1. Existe en piano droit ou en piano à queue (très haut de gamme).
    2. Les pianos acoustiques possèdent parfois une sourdine, mais celles-ci étouffent le son et modifient le toucher du clavier. La sonorisation au casque permet de garder un son authentique et des sensations de toucher pratiquement inchangées.
    3. (en) Robert Palmieri, The Piano : An Encyclopedia, Routledge, (lire en ligne), p. 120
    4. (en) Robert Palmieri, The Piano : An Encyclopedia, Routledge, (lire en ligne), p. 122
    5. « Son du Clavinova CVP3 (1984) »
    6. « Son d'un Clavinova CLP 575 (2014) »
    7. « Notice d'utilisation des premiers Clavinova (1984) »
    8. Encouragé au plus haut niveau de l'Etat au travers de l'IRCAM à Paris, créé en 1969 par Pierre Boulez, et qui fut un lieu important pour le développement en France de l'interface et des pianos MIDI, des années 80 à aujourd'hui. Par exemple: http://brahms.ircam.fr/ichiro-nodaira
    9. « Notice d'utilisation du Clavinova CLP 575/585 (2014) »
    10. En réalité, de nos jours ce genre de logiciel est plus qu'un simple séquenceur; c'est une véritable station audio-numérique logicielle, intégrant séquenceur, clavier virtuel, arpégiateur, table de mixage, gestion midi et vst, de nombreux pluggins, etc.
    11. Par exemple, si on aime le clavecin, certains VST recréent des modèles de clavecin, comme un Grimaldi de 1697. Pour les pianos il y a l'embarras du choix. Les VST sont en général des programmes associés à des séries de sons provenant d'enregistrements audios plus ou moins retravaillés et normalisés d'instruments réels . Ces fichiers audios prennent beaucoup de place en mémoire et nécessitent un archivage sur disque dur et un processeur puissant (donc un PC). Cependant certains programmes VST récents utilisent des sons recréés dynamiquement lorsque le pianiste joue (Par ex. Pianoteq). C'est une sorte de retour au synthétiseur, mais sous forme de logiciel complexe, avec la puissance de calcul des PC d'aujourd'hui. Par ailleurs on peut réutiliser l'amplification du piano numérique pour sonoriser le VST externe. Fait rarement documenté.

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