Pertes humaines lors des guerres napoléoniennes

Les pertes humaines des guerres napoléoniennes (1803-1815), directes et indirectes, s'évaluent comme ci-dessous ; les morts inscrites incluent aussi bien les morts au combat que les morts liées aux blessures, maladies, famines, hypothermie, tirs amis, etc.

Constitution d'un charnier à la suite de la bataille de Waterloo.

Empire français

Chateaubriand a écrit à propos de Napoléon : « Il a fait périr dans les onze années de son règne plus de cinq millions de Français, ce qui surpasse le nombre de ceux que nos guerres civiles ont enlevés pendant trois siècles. » C'est l'estimation la plus haute du bilan humain des guerres napoléoniennes.

De son côté, l'historien autrichien Gaston Bodart a affirmé que l'armée napoléonienne avait eu 371 000 tués au combat et 800 000 morts de maladie ou de froid, principalement lors de la désastreuse campagne de Russie (1812). Au total, plus de 1 100 000 soldats français morts[1].

L'historien David Gates affirme quant à lui que 916 000 soldats français sont morts[2].

Dans la réalité, il est impossible d'atteindre de tels chiffres. En effet, seulement 2 432 335 Français ont été « appelés » au service militaire, de 1799 à 1815. En enlevant les 15 à 25 % de réfractaires ou d'insoumis, 2 millions de Français ont donc été réellement « conscrits ». Les études scientifiques menées à partir d'échantillons de population militaire donnent le chiffre de 600 000 morts français, auxquels il faut ajouter 200 000 de leurs alliés[3]. Mais l'estimation des pertes demeure très difficile. « Elles oscillent entre 400 000 et 1 million de soldats, explique l'historien Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon. Le vrai chiffre doit effectivement se situer au milieu, vers 700 000 morts. A titre de comparaison, la guerre de Trente Ans a fait plusieurs millions de victimes. » L'historien Alain Pigeard, spécialiste de l'histoire militaire napoléonienne, compare avec une autre période, celle de 1792-1799 : « C'est à peu près le bilan de la Révolution. Entre la Terreur, la Vendée et les guerres de conquête, on arrive presque à un bilan comparable ». Les chiffres des morts de l'armée napoléonienne sont en tout cas très inférieurs à ceux de la Première Guerre mondiale, durant laquelle deux fois plus de Français moururent sur une période deux fois et demie moins longue.

Alliés

  • 120 000 Italiens morts ou disparus
  • 289 000 Russes morts ou disparus
  • 134 000 Prussiens morts ou disparus
  • 376 000 Autrichiens morts ou disparus
  • 300 000 Espagnols morts ou disparus
  • 311 806 Britanniques morts ou disparus [4][source insuffisante]
  • Total : 1 531 000
Royal Navy, 1804–1815
  • tués en combat : 27 663
  • naufrages, noyades, incendies : 13 621
  • maladies : 50 102
  • total : 92 386
Armée britannique, 1804–1815
  • tués au combat : 103 420
  • maladies : 99 000
  • total : 202 420

Total des pertes : 2 000 000

Total des pertes et des disparus

Un graphe par Charles Minard montrant les effectifs de la Grande Armée à l’aller et au retour de Moscou, par l’épaisseur de la ligne. En dessous, une fonction de la température en degré Réaumur (1 °R = 1,25 °C) se lisant de droite à gauche.

David Gates estime que 5 000 000 d'hommes ont été tués durant les guerres napoléoniennes. Il n'a pas précisé si ce nombre incluait les pertes civiles ou justes les pertes militaires[6].

Charles Esdaile estime au nombre de 4 millions à 7 millions des pertes totales, incluant les civiles[7]. Néanmoins, ces chiffres sont très variables. Erik Durschmied, dans son livre The Hinge Factor, donne le nombre de 1,4 million de Français morts de toutes causes (maladies, disparus, famine). Adam Zamoyski estime que 400 000 soldats russes sont morts durant la seule campagne de Russie (1812). Les pertes civiles durant cette campagne étaient probablement comparables. Alan Schom estime que 3 millions de militaires sont morts durant la guerre napoléonienne. Common estime que 500 000 Français sont morts en Russie en 1812 et 250 000-300 000 Français sont morts entre 1808 et 1814 en Péninsule Ibérique ce qui donne un total d'au moins 750 000 morts, et pour cela il faut ajouter des centaines de milliers de morts français dans d'autres campagnes - probablement autour de 150 000 à 200 000 morts français durant la campagne d'Allemagne (1813), par exemple. Il faut aussi souligner que les estimations ci-dessus sont très prudentes.

Les pertes civiles sont impossibles à estimer avec précision. Alors que les pertes militaires sont toujours estimées entre 2,5 millions et 3,5 millions de morts, les pertes civiles varient de 750 000 à 3 millions. Ainsi, les estimations des pertes au total, à la fois militaire et civile, s'évaluent raisonnablement entre 3 250 000 et 6 500 000.

Rapport des pertes humaines en Europe en 1800

La population totale européenne en 1800 est estimée à 187 millions, ainsi si les pertes sont entre 3 et 7 millions, cela représente 1,6 % à 3,7 % de cette population.

Population Estimation du nombre de morts %
France 30 000 000 ~ 1 000 000 ~ 3,3 %
Russie 35 005 000 ~ 290 000 ~ 0,8 %
Angleterre 16 000 000
Royaume de Prusse 9 700 000
Royaume d'Espagne 24 710 115

Références

  1. BODART Gaston, Losses of Life in Modern Wars, (lire en ligne).
  2. David GATES, The Napoleonic Wars, Vintage Digital ; New Ed edition, .
  3. Alain Pigeard, L'armée de Napoléon, 1800-1815. Organisation et vie quotidienne., Tallandier, .
  4. Samuel Dumas, Losses of Life Caused By War, 1923.
  5. Statistics of Wars, Oppressions and Atrocities of the Nineteenth Century.
  6. David Gates, The Napoleonic Wars 1803-1815.
  7. Charles Esdaile "Napoleon's Wars: An International History".

Annexes

Bibliographie

  • Philippe-Joseph-Benjamin Buchez et Pierre-Célestin Roux-Lavergne, « Documens complémentaires à l'histoire de l'Empire : État des conscriptions levées sous l'empire », dans Histoire parlementaire de la Révolution française, ou Journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, t. 39, Paris, Paulin libraire, (lire en ligne), p. 526-528
  • Albert Meynier, « Levées et pertes d'hommes sous le Consulat et l'Empire », Revue des études napoléoniennes, , p. 26-51 (lire en ligne)
  • Jean Bourdon, « Levées et pertes d'hommes en France de 1792 à 1815 comparées à celles de 1914 à 1918 », Journal de la société statistique de Paris, t. 77, , p. 207-215 (lire en ligne)

Liens externes

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