Palais de justice de Charleroi

Le Palais de justice de Charleroi est situé sur l'avenue Général Michel à Charleroi.

Emplacement

Le palais de Justice et son extension, le palais du Verre, sont situés sur l'ancienne plaine des Manœuvres affectée à l'entrainement des soldats de la caserne Caporal Trésignies située de l'autre côté de l'avenue Général Michel. Ce terrain de forme rectangulaire est ceinturé, outre l'avenue Général Michel à l'Est, par la rue Émile Tumelaire au Sud, le boulevard Alfred de Fontaine à l'Ouest et le boulavard Paul Janson au Nord. Le site porte depuis 2015 le nom de parc Jacques Depelsenaire.

Histoire

Le bâtiment de Jean Kuypers qui deviendra par la suite l'hôtel de ville de Charleroi (photo du début du XXe siècle).

Le , les Pays-Bas autrichiens sont annexés à la France et Charleroi est intégré dans le département de Jemmapes. La loi du 27 ventôse an VIII () qui réforme le système judiciaire, crée à Charleroi un tribunal de première instance[1], malgré les protestations de Thuin et de Binche qui revendiquent ce siège[2]. Il s'y installe le dans un ancien bâtiment militaire de la Ville-Haute[3] alors occupé par l'administration communale qui déménage à la Ville-Basse[2]. L'immeuble était situé à l'emplacement de l'actuel hôtel de ville de Charleroi. Le bâtiment avait été aménagé à la suite d'une souscription publique mais restait vétuste et incommode[4].

En 1826, sous le régime hollandais, il est question de supprimer le tribunal à Charleroi. Pour le conserver, les autorités communales prennent en charge la construction d'un nouveau palais de justice. Il sera construit au même endroit en 1826, selon les plans de l’architecte Jean Kuypers[2].

La palais de justice du boulevard Audent au début du XXe siècle.

Le développement des affaires judiciaires exige bientôt des locaux plus spacieux[5]. Dès 1850, les autorités communales mènent des pourparlers avec les pouvoirs supérieurs, mais ce n'est qu'en 1876 que la construction d'un palais de Justice est décidée. L'emplacement choisi se situe au boulevard Central (actuellement Boulevard Audent)[6]. L'architecte parisien Albert Ballu fut sélectionné à la suite d'un concours[7],[8]. Le palais, à la façade néo-classique, est inauguré le [9]. En haut du perron se dressent deux lions en bronze, oeuvre d'Antoine-Félix Bouré. Ils seront surnommés Totor et Tutur par le journaliste Louis Buffquin des Essarts dans la chronique judiciaire du Journal de Charleroi[8].

À sa création, ce palais de justice disposait de trois grandes salles d'audience ayant chacune sa salle du conseil et une salle réservée aux témoins. L'augmentation de la charge de travail, directement proportionnelle à l'essor pris par la région sur laquelle le tribunal étendait sa compétence juridique fit que les lieux deviendront également trop étroit. Le nombre de juges passe de six à vingt-sept entre 1880 et 1965. Pendant cette même période, le nombre de magistrats du Parquet passa de un à vingt-trois[10]. Le nombre des autres usagers augmente dans les mêmes proportions[11].

À cela s'ajoute un délabrement rapide de l'immeuble, ceci à la suite d'un mauvais choix de matériaux par l'architecte, une pierre de taille qui se révéla très friable[12]. « De somptueux qu'il paraissait le jour de son inauguration, le palais était devenu une sorte de taudis gigantesque où il pleuvait les jours d'orages et faisait trop froid les jours d'hivers »[13]. Des plâtres tombaient sur les membres du tribunal et auditeurs en pleine séance[13]. Dès 1945, il s'avère indispensable de construire un nouveau palais de justice à Charleroi. Ce n'est qu'en 1969 que le palais du boulevard Audent sera définitivement désaffecté[14].

Après la Seconde Guerre mondiale, nait le projet de créer l'Institut national du Verre, qui se chargerait de travaux de recherches dont les résultats seraient communiqués aux industries du verre qu'il compterait parmi ses membres. Industrie qui est confrontée à des difficultés économique et dans l'impossibilité financière d'investir dans la recherche. À la même époque, le bourgmestre Joseph Tirou a l'idée d'ériger un Musée du Verre. Ces deux projets se concrétisent par une convention signée le qui stipule qu'un bâtiment qui abriterait l'Institut et le musée serait construit à charge de l'État[15].

Sous le bourgmestre Octave Pinkers, on envisage de réaménager la plaine de Manœuvres et de construire le musée du Verre et un nouveau palais de Justice sur cet espace[16].

Le projet est confié à Jacques Depelsenaire natif du Pays de Charleroi et lauréat du Prix de Rome. Celui-ci présente en 1952 deux projets pour le palais de Justice et un pour le musée du Verre[16]. Les plans définitifs sont approuvés en 1954. Les travaux, exécutés par phases, s'étalent de 1959 à 1963 pour le palais[17], tandis que l'Institut national du verre, s'installe dans ses bâtiment en 1967[18],[15].

Le musée du verre est inauguré le par le prince Albert de Belgique[19]. À partir de 1976, une surface d'exposition est occupée par une partie des collections du musée archéologique. Le bâtiment de celui-ci, inauguré en 1879 au boulevard Jacques Bertrand, était fermé depuis 1954, détérioré à la suite de mouvements miniers[20].

À la suite de la disparition progressive de l'industrie verrière, les activités de l'Institut diminuent également. À la fin du XXe siècle, l'État fédéral, propriétaire des lieux, désire y installer les tribunaux de commerce et du travail[21]. Les musées qui y sont hébergés quittent les lieux. Le musée du Verre s'installe au Bois du Cazier[21], tandis que le musée archéologique perd une nouvelle fois son espace d'exposition.

Les travaux de transformation débutent en 2006, dirigé par le même architecte qui dessina les plans originaux. En 2010, les travaux sont terminés et le bâtiment, rebaptisé « Palais du verre », devient une annexe du palais de Justice[21].

Architecture

Le palais de Justice se déploie horizontalement dans la partie basse de la plaine de Manœuvre. Il est partiellement sur pilotis pour laisser la vue libre sur le parc qui le sépare du palais du verre. Cette disposition permet également d'abriter des parkings sous les bâtiments[18]. Son architecture est caractéristique du modernisme des années d'après-guerre. Les façades sont standardisées et colorées traités avec un souci de variété qui atténue l'effet répétitif[17].

Intégration d'œuvres d'art

La façade vers l'avenue Général Michel est ornée d'une œuvre monumentale d'André Hupet La Justice poursuivant le Mal. À côté de l'entrée du boulevard de Fontaine se trouve une sculpture d'Alphonse Darville, Justice et Paix. Plus loin le long du même boulevard, ont été placés les deux lions en bronze d'Antoine-Félix Bouré provenant de l'ancien palais.
Dans la cour intérieure, on trouve deux monumentales sculptures de Michel Stiévenart.
À proximité de l'entrée du Palais du Verre se trouve un hommage à Georges Lemaître par Jean-François Diord et de l'autre côté de ce bâtiment, une œuvre de Boris Tellegen installée en 2014 dans le cadre de Asphalte#1, biennale d'art urbain.

À l'intérieur, dans le hall, se trouvent des céramiques de Marie-Henriette Bataille, Claire Lambert et Paul Timper. Dans l'escalier est installée une sculpture de Charles De Rouck. Les salles d'audiences sont ornées de fresques d'Émile Tainmont et d'une céramique d'Olivier Strebelle[22].

Affectation

Il s'agit de l'unique palais de justice de l'Arrondissement judiciaire de Charleroi.

Galerie

Notes et références

  1. Hasquin 1969, p. 265.
  2. Delaet, Margos et Lemal-Mengeot 1995, p. 39.
  3. Hasquin 1969, p. 267.
  4. Hasquin 1969, p. 268.
  5. Delaet, Margos et Lemal-Mengeot 1995, p. 40.
  6. Hasquin 1969, p. 268-269.
  7. Hasquin 1969, p. 269.
  8. Everard 1959, p. 33.
  9. Hasquin 1969, p. 269-270.
  10. Hasquin 1969, p. 271.
  11. Hasquin 1969, p. 271-272.
  12. Hasquin 1969, p. 270.
  13. Hasquin 1969, p. 272.
  14. Hasquin 1969, p. 273.
  15. « L'histoire d'un musée et de sa collection », sur Charleroi Museum (consulté le )
  16. Culot et Pirlet 2015, p. 291.
  17. Culot et Pirlet 2015, p. 292.
  18. Strauven, Le Maire et Dailly 2017, p. 88.
  19. Chantal Lemal-Mengeot, « Le musée du verre », dans Musée de Charleroi, Bruxelles, Crédit Communal, coll. « Musea Nostra » (no 17), , 128 p., p. 64.
  20. Raymond Brulet, « Le musée archéologique », dans Musée de Charleroi, Bruxelles, Crédit Communal, coll. « Musea Nostra » (no 17), , 128 p., p. 89.
  21. Strauven, Le Maire et Dailly 2017, p. 90.
  22. Strauven, Le Maire et Dailly 2017, p. 88 ; 90.

Voir aussi

Bibliographie

  • Maurice Culot et Lola Pirlet, Charleroi d'Arthur Rimbaud à Jean Nouvel : 150 ans d'imaginaire urbain, Bruxelles, Archives d'architecture moderne, , 382 p. (ISBN 978-2-87143-302-6).
  • Jean-Louis Delaet, Rina Margos et Chantal Lemal-Mengeot, Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi, Ministère de la Région wallonne et Ville de Charleroi, coll. « Carnets du patrimoine » (no 11), , 64 p.
  • Jean Everard, Monographie des rues de Charleroi, Charleroi, Collins, , 223 p.
  • René-Pierre Hasquin, De Charnoy-village à Charleroi-Métropole, Bruxelles, Labor, , 394 p.
  • Iwan Strauven (dir.), Judith Le Maire (dir.) et Marie-Noëlle Dailly (dir. et photogr.), 1881-2017 Charleroi métropole, Bruxelles/Paris, Mardaga et Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, coll. « Guide d'architecture moderne et contemporaine » (no 4), , 367 p. (ISBN 978-2-8047-0367-7).
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