Ostreopsis

Ostreopsis est un genre de dinophycées de la famille des Gonyaulacaceae présent dans l'environnement maritime. La prolifération des espèces de ce genre est connue notamment pour le risque toxique en santé humaine et animale.

Ostreopsis
Ostreopsis cf ovata échantillonée dans le golfe de Naples (Mer Tyrrhénienne, mer Mediterranée).
Classification selon AlgaeBase
Domaine Eukaryota
Règne Chromista
Sous-règne Harosa
Infra-règne Halvaria
Embranchement Miozoa
Sous-embr. Myzozoa
Infra-embr. Dinozoa
Super-classe Dinoflagellata
Classe Dinophyceae
Ordre Gonyaulacales
Famille Ostreopsidaceae

Genre

Ostreopsis
J.Schmidt, 1901[1],[2]

Taxonomie

Le genre Ostreopsis a été créé en 1901 par J. Schmidt lors de sa description de l'espèce Ostreopsis siamensis[3]. Il avait isolé ce genre d'algue parmi le phytoplancton du golfe du Siam. En 1981, Fukuyo a apporté des précisions et quelques rectifications par rapport à la publication de Schmidt datant de quatre-vingt ans auparavant et a ajouté deux autres espèces: O. lenticularis et O. ovata[3]. Depuis cette date, huit autres espèces ont été caractérisées[3].

Distribution et habitat

Les différentes espèces d'algues du genre Ostreopsis ont été isolées à partir de différents types d'habitats. L'espèce type, O. siamensis a été originellement retrouvée au milieu du plancton mais depuis, d'autres espèces du genre Ostreopsis ont été retrouvées dans les habitats benthiques, c'est-à-dire plutôt vers le fond des milieux aquatiques. Les Ostreopsis se retrouvent surtout dans des mers tempérées avec de fortes proliférations durant l'été. Les deux seules espèces retrouvées dans la Méditerranée sont les espèces O. siamensis et O. ovata[3].

Toxicité

Les algues du genre Ostreopsis font partie des dinoflagellés qui produisent des toxines qui peuvent être ingérées par les animaux qui les mangent. Cela pose des problèmes de santé publique et peut causer des dommages économiques à la pêche et aux activités balnéaires[4].

La palytoxine est un metabolite du dinoflagellé Ostreopis siamensis.

Certaines espèces du genre Ostreopsis, comme O. siamensis, O. ovata ou O. mascarenensis sont capables de produire des analogues de la toxine palytoxine[5] telles les ovatoxines[6],[7], ostreocines[8] et mascarentoxines[9]. La Palytoxine a d'abord été identifiée dans les cnidaires de l'espèce Palythoa toxica[10] mais il est probable que ce soit les Ostreopsis qui synthétisent la toxine et «contaminent» les tissus des cnidaires par symbiose[11]. Les palytoxines sont de grosses molécules non-peptidiques de structure chimique complexe formée de longues chaînes de type polyether et ayant à la fois des domaines lipophiles et des domaines hydrophiles. Ce sont de puissants vasoconstricteurs pouvant être mortels notamment lorsqu'ils sont ingérés[5]. Elles peuvent aussi causer des toxicités graves après exposition par contact sur la peau ou les yeux directement dans l'eau ou par aérosolisation des algues Ostreopsis lors de leurs proliférations[5].

Proliférations remarquables

Sous certaines conditions, les dinoflagellés peuvent subir de très fortes proliférations et présenter des risques sanitaires. Ces proliférations peuvent dans certains cas abaisser la concentration en oxygène de l'eau et même obstruer les branchies des organismes filtreurs. En 2006, une forte prolifération d'algues Ostreopsis au large de Sant Andreu de Llavaneres, dans le nord-est de l'Espagne, a été décrite comme « une couche de mucilage brunâtre, épaisse et visible recouvrant les macroalgues benthiques »[12].

Les algues du genre Ostreopsis ont été impliquées dans diverses épidémies de problèmes sanitaires dans les pays du nord de la Mer Méditerranée (Grèce, Italie, Espagne). Durant l'été 2005, sur la côte ligurienne, l'espèce Ostreopsis ovata a été impliquée dans à peu près 200 cas de personnes ayant nécessité des soins médicaux à la suite de la survenue de symptômes tels que des Rhinorrhées, des fièvres, de la toux, des conjonctivites et des problèmes respiratoires plus légés[13]. Ces symptômes résultaient d'aérosols contenant ces dinoflagellés, arrachés de la surface des eaux par le vent et transporté jusqu'aux personnes[4],[14].

La toxicité des Ostreopsis touchent aussi les animaux. En 2004, la Nouvelle-Zélande a connu une grande mortalité de l'espèce d'oursins Evechinus chloroticus à la suite d'une prolifération massive O. siamensis[4],[15].

Liste d'espèces

Selon World Register of Marine Species (29 novembre 2016)[16],[2] :

  • Ostreopsis belizeana M. A. Faust, 1999
  • Ostreopsis caribbeana M. A. Faust, 1999
  • Ostreopsis fattorussoi Accoroni, Romagnoli & Totti, 2016
  • Ostreopsis heptagona D. R. Norris, J. W. Bomber & Balech, 1985
  • Ostreopsis labens M. A. Faust & S. L. Morton, 1995
  • Ostreopsis lenticularis Y. Fukuyo, 1981
  • Ostreopsis marina M. A. Faust, 1999
  • Ostreopsis mascarenensis J. P. Quod, 1994
  • Ostreopsis ovata Fukuyo, 1981
  • Ostreopsis rhodesiae Verma, Hoppenrath & S. A. Murray, 2016
  • Ostreopsis siamensis Johs. Schmidt, 1901

L'espèce Ostreopsis monotis décrite par Lindemann[17] comme faisant partie du genre Ostreopsis est désormais classifiée en tant que Coolia monotis comme dans la description originale de Meunier[18],[19].

Notes et références

  1. M.D. et G.M. Guiry, AlgaeBase, National University of Ireland, Galway, 2012-2020., consulté le 16 mars 2021
  2. Michael D. Guiry, « Ostreopsis J.Schmidt, 1901 », (consulté le )
  3. Stefano Accoroni, « The Toxic Benthic Dinoflagellates of the Genus Ostreopsis in Temperate Areas: A Review », Advances in Oceanography and Limnology, vol. 7, no 1, (DOI 10.4081/aiol.2016.5591, lire en ligne)
  4. Shinya Sato, Tomohiro Nishimura, Keita Uehara, Hiroshi Sakanari, Wittaya Tawong, Naohito Hariganeya, Kirsty Smith, Lesley Rhodes, Takeshi Yasumoto, Yosuke Taira, Shoichiro Suda, Haruo Yamaguchi, Masao Adachi et Brett Neilan, « Phylogeography of Ostreopsis along West Pacific Coast, with Special Reference to a Novel Clade from Japan », PLOS ONE, vol. 6, no 12, (PMCID 3229513, DOI 10.1371/journal.pone.0027983)
  5. Jiří Patocka, Ramesh C. Gupta, Qing-hua Wu et Kamil Kuca, « Toxic potential of palytoxin », Journal of Huazhong University of Science and Technology [Medical Sciences], vol. 35, no 5, , p. 773–780 (PMID 26489638, DOI 10.1007/s11596-015-1506-3)
  6. P Ciminiello, C Dell’Aversano, E Fattorusso, M Forino, L Tartaglione, C Grillo et N. Melchiorre, « Putative palytoxin and its new analog, ovatoxin-a, in Ostreopsis ovata collected along the Ligurian coasts during the 2006 toxic outbreak. », J. Am. Soc. Mass Spectrom, no 19, , p. 111–120
  7. Mark Poli, Patricia Ruiz-Olivera, Aysegul Nalca, Sara Ruiz, Virgina Livingston, Ondraya Frick, David Dyer, Christopher Schellhase, Jolynne Raymond, David Kulis, Donald Anderson, Sara McGrath et Jonathan Deeds, « Toxicity and pathophysiology of palytoxin congeners after intraperitoneal and aerosol administration in rats », Toxicon, no 150, , p. 235-250 (PMID 29902540, DOI 10.1016/j.toxicon.2018.06.067)
  8. T. Ukena, M. Satake, M. Usami, Y. Oshima, H. Naoki, T. Fujita, Y. Kan et T. Yasumoto, « Structure elucidation of ostreocin D, a palytoxin analog isolated from the dinoflagellate Ostreopsis siamensis », Biosci Biotechnol Biochem, vol. 65, no 11, , p. 2585-2588 (PMID 11791741, DOI 10.1271/bbb.65.2585)
  9. Vítor Ramos et Vítor Vasconcelos, « Palytoxin and analogs: biological and ecological effects », Mar Drugs, vol. 8, no 7, , p. 2021-2037 (PMID 20714422, DOI 10.3390/md8072021)
  10. R. E. Moore et P. J. Scheuer, « Palytoxin: A New Marine Toxin from a Coelenterate », Science, American Association for the Advancement of Science (AAAS), vol. 172, no 3982, , p. 495–498 (ISSN 0036-8075, DOI 10.1126/science.172.3982.495)
  11. Andreas Luch, Molecular, Clinical and Environmental Toxicology, vol. Volume 2: Clinical Toxicology, Springer Science & Business Media, (ISBN 978-3-7643-8338-1, lire en ligne), p. 81
  12. Isabel Bravo, Magda Vila, Susana Magadán, Pilar Rial, Francisco Rodriguez, Santiago Fraga, José M. Franco, Pilar Riobó1and et M. Montserrat Sala, « A progress in Ostreopsis physiological ecology, phylogeny and toxicology » [archive du ], 14th International Conference on Harmful Algae, (consulté le Mois invalide (aaoût))
  13. C. Brescianini, C. Grillo, N. Melchiorre, R. Bertolotto, A. Ferrari, B. Vivaldi, G. Icardi, L. Gramaccioni, E. Funari et S. Scardala, « Ostreopsis ovata algal blooms affecting human health in Genova, Italy, 2005 and 2006 », Eurosurveillance, vol. 11, no 36, (lire en ligne)
  14. Gian Paolo Rossini, Toxins and Biologically Active Compounds from Microalgae, Volume 2: Biological Effects and Risk Management, CRC Press, , 35–36 p. (ISBN 978-1-4822-3147-2, lire en ligne)
  15. Nick T. Shears et Philip M. Ross, « Blooms of benthic dinoflagellates of the genus Ostreopsis; an increasing and ecologically important phenomenon on temperate reefs in New Zealand and worldwide », Harmful Algae, vol. 8, no 6, , p. 916–925 (DOI 10.1016/j.hal.2009.05.003)
  16. World Register of Marine Species, consulté le 29 novembre 2016
  17. E. Lindemann, « Abteilung Peridineae (Dinoflagellatae). », dans Die natürlichen Pflanzenfamilien nebst ihren Gattungen und wichtgeren Arten inbesodere den Nutzpflanzen unter Mirwirkung zahlreichter hervorrangender Fachgelehrten begründet vom A. Engler und K. Prantl. Zweite Stark., Leipzig, Engler, A. Eds, , 104 p., p. 97
  18. A. Meunier, Microplancton de la mer Flamande. 3me partie. Les Péridiniens, vol. 8, Mémoires du Musée Royal d'Histoire Naturelle de Belgique, , 1-111 p., chap. 1
  19. M. Hoppenrath, S.A. Murray, N. Chomérat et T. Horiguchi, « Marine benthic dinoflagellates - unravelling their worldwide biodiversity. », Kleine Senckenberg-Reihe, Frankfurt am Main & Stuttgar, V. Mosbrugger & E. Schweizerbartsche Verlagsbuchhandlung, vol. 54.,

Références taxinomiques

  • Portail de la phycologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.