Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture

L'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (connue sous les sigles ONUAA ou, plus couramment, FAO soit en anglais Food and Agriculture Organization of the United Nations) est une organisation spécialisée du système des Nations unies, créée en 1945 à Québec. Son siège est à Rome, au Palazzo FAO, depuis 1951. Depuis le , la FAO compte 197 membres, soit 194 pays membres, une Organisation membre (l’Union européenne) et deux membres associés (les Îles Féroé et Tokelau)[1].

Pour les articles homonymes, voir FAO.

Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture

Logo de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
Organe de l'ONU
Type d'organisation Agence spécialisée de l'ONU
Acronymes ONUAA
Directeur général Qu Dongyu
sous-Chef
Statut Active
Membres
Siège Rome (Italie)
Création
Site web http://www.fao.org/about/fr/
Organisation parente Conseil économique et social des Nations unies
Le siège de la FAO, Rome.
Lester B. Pearson préside une séance plénière de la conférence de fondation de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. octobre 1945.

Son objectif suprême affiché est « Aider à construire un monde libéré de la faim », sa devise, inscrite sur son logotype, est « Fiat panis », expression latine – sur le modèle de l'expression biblique Fiat lux – signifiant « qu'il y ait du pain ».

Pour aider les pays pauvres et riches à mieux maîtriser leurs ressources et à avoir une vision prospective, la FAO offre aux utilisateurs enregistrés, depuis le , gratuitement (l'abonnement était autrefois payant) toutes les statistiques de son service FAOSTAT, la plus vaste base de données mondiale sur l'alimentation, l’agriculture et la faim[2]. Son directeur général actuel est Qu Dongyu. Le président indépendant du Conseil est Khalid Mehboob.

Historique

Prémices d'une organisation internationale de l'alimentation et de l'agriculture

L’idée d’une organisation internationale pour l’alimentation et l’agriculture est née à la fin du dix-neuvième siècle poussée par David Lubin, commerçant devenu agriculteur et philanthrope américain d'origine polonaise. En Italie, en 1904, le roi Victor-Emmanuel III comprend la nécessité d'une telle institution. L'année précédente, il a en effet participé au septième congrès international de la Commission internationale de l'agriculture, fondée en 1889, pour étudier les causes de la crise agricole et des moyens de la combattre[3]. Il soutient l'initiative de David Lubin. Des réunions sont organisées entre le 29 mai et le 6 juin 1905 à Rome et permettent d'élaborer une convention internationale pour la création de l’Institut international d’agriculture (IIA), signée à Rome le 7 juin 1905[4].

Création de la FAO en 1945

L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, premier organisme spécialisé des Nations unies est créée le 16 octobre 1945 à Québec[5]. Elle fait suite à l’engagement pris par 44 chefs de gouvernement lors de la conférence de l’alimentation et de l’agriculture tenue à Hot Springs en 1943[6] réunie à l'initiative du Président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt[7].

La création de l’ONUAA prévoyait l’absorption de l’IAA. La fusion est réalisée dès 1946[8] et le siège de l’ONUAA transféré de Washington à Rome, ancien siège de l’IIA, en 1951.

Mission et activités

La FAO a été allégée d'une partie de son mandat initial à la suite de la création du PAM, d'une part, et du FIDA, d'autre part, organisations également sises à Rome. Par suite, l'aide alimentaire ne relève plus de ses attributions principales.

La FAO ne fournit pas d’aide alimentaire : cette tâche a été confiée au Programme alimentaire mondial.

Gouvernance et fonctionnement

Conférence

La Conférence arrête la politique générale et approuve le budget de l'organisation. Elle élit le président du Conseil et le directeur général ainsi que les membres du Conseil. Elle se réunit tous les deux ans[11].

La Conférence élit un Conseil de 49 nations membres qui a le rôle d'organe exécutif dans l'intervalle des réunions de la Conférence. Les membres de ce Conseil sont élus pour une période de trois ans[12].

Pour la période 2017/2019, le président indépendant du Conseil de la FAO est Khalid Mehboob, du Pakistan[13].

Nr Président indépendant du Conseil Pays Période Réf.
1André Mayer France1945-1947
2Stanley Bruce Australie1947-1951
3Josué de Castro Brésil1951-1955
4Shujaat Ali Hasnie Pakistan1955-1959
5Louis Maire Suisse1959-1963
6Georges Haraoui Liban1963-1964
7Maurice Gemayel Liban1965-1969
8Michel Cépède France1969-1973
9Gonzalo Bula Hoyos Colombie1973-1977
10Bukar Shaib Nigeria1977-1981
11Monkombu Swaminathan Inde1981-1985
12Lassaad Ben Osman Tunisie1985-1989
13Antoine Saintraint Belgique1989-1993
14José Ramón López Portillo Mexique1993-1997
15Sjarifudin Baharsjah Indonésie1997-2001
16Aziz Mekouar Maroc2001-2005
17Mohammad Saeid Noori-Naeini Iran2005-2009
17Luc Guyau France2009-2013[14]
18Wilfred Joseph Ngirwa Tanzanie2013-2017[15]
19Khalid Mehboob PakistanDepuis 2017[13]

Financement

Le budget total de l'agence s'élève à 2,2 milliards d'euros en 2018-2019. Il est constitué à 39 % par des cotisations obligatoires des Etats membres et à 61 % par des contributions volontaires des membres et d'autres partenaires[16].

Direction générale

L'élection du directeur général a lieu à l'occasion de la Conférence pour un mandat renouvelable une fois. En 2019, cinq candidats sont en lice pour l'élection : Qu Dongyu (Chine), Catherine Geslain-Lanéelle (France), Davit Kirvalidze (Géorgie), Médi Moungui (Cameroun) et Ramesh Chand (Inde)[17]. Le 23 juin 2019, le nouveau directeur général, Qu Dongyu, est nommé pour un mandat de quatre ans à partir du jusqu'au 31 juillet 2023.

Directeur général

Nr Directeur Pays Période
1John Boyd Orr Royaume-Unioctobre 1945 – avril 1948
2Norris E. Dodd États-Unisavril 1948 – décembre 1953
3Philip V. Cardon États-Unisjanvier 1954 – avril 1956
4Herbert Broadley Royaume-Uni(interim) avril 1956 – novembre 1956
5Binay Ranjan Sen Indenovembre 1956 – décembre 1967
6Addeke Hendrik Boerma Pays-Basjanvier 1968 – décembre 1975
7Édouard Saouma Libanjanvier 1976 – décembre 1993
8Jacques Diouf Sénégaljanvier 1994 – décembre 2011
9José Graziano da Silva Brésiljanvier 2012 – juillet 2019
10Qu Dongyu Chinedepuis août 2019

Directeurs généraux adjoints

Nr Directeur Pays Période
1William Nobel Clark États-Unis1948
2Herbert Broadley Royaume-Uni1948–1958
3Friedrich Traugott Wahlen Suisse1958–1959
4Norman C. Wright Royaume-Uni1959–1963
5Oris V. Wells États-Unis1963–1971
6Roy I. Jackson États-Unis1971–1978
7Ralph W. Phillips États-Unis1978–1981
8Edward M. West Royaume-Uni1981–1985
9Declan J. Walton Irlande1986–1987
10Howard Hjort États-Unis1992–1997
11Vikram J. Shah (ad personam) Royaume-Uni1992–1995
12David A. Harcharik États-Unis1998–2007
13James G. Butler États-Unis2008–2010
14Changchui He Chine (Opérations)2009 - 2011
15Ann Tutwiler États-Unis (Connaissances)2011 - 2012
15Manoj Juneja Inde (Opérations)2011 - 2012
16Dan Gustafson États-Unis (Opérations)2012 - 2020
17Maria Helena Semedo Cap-Vert2013 - en cours
18Laurent Thomas France2017 - en cours
19Beth Bechdol États-Unis2020 - en cours

Secteurs de travail prioritaires

Pour le biennium 2014-2015, la FAO a défini les priorités [18] suivantes dans sa lutte contre la faim

  • Contribuer à éliminer la faim, l'insécurité alimentaire et la malnutrition – Libérer le monde de la faim en promouvant des politiques et des engagements politiques en faveur de la sécurité alimentaire et en veillant à ce que soient disponibles et accessibles des informations actualisées sur les problèmes relatifs à la faim et à la nutrition, et sur les solutions qui peuvent y être apportées.
  • Rendre l'agriculture, la foresterie et la pêche plus productives et plus durables – Promouvoir des politiques et des pratiques scientifiquement éprouvées qui favorisent une productivité élevée des secteurs agricoles (cultures, élevage, foresterie et pêches), tout en épargnant la base de ressources naturelles.
  • Réduire la pauvreté rurale – Aider les ruraux pauvres à accéder aux ressources et aux services dont ils ont besoin – notamment l'emploi rural et les dispositifs de protection sociale – pour éloigner le spectre de la pauvreté.
  • Favoriser la mise en place de systèmes agricoles et alimentaires ouverts et efficaces – Contribuer à mettre en place des systèmes alimentaires sûrs et efficaces qui soutiennent la petite agriculture et font reculer la pauvreté et la faim dans les zones rurales.
  • Améliorer la résilience des moyens d’existence face aux catastrophes – Aider les pays à être mieux préparés en cas de catastrophe naturelle ou anthropique, en atténuant les risques et en améliorant la résilience de leurs systèmes alimentaires et agricoles.

FAO et agriculture biologique

Dans un rapport[19] sur la conférence internationale sur l'agriculture biologique et la sécurité alimentaire qui s'est tenue à Rome en mai 2007, la FAO constate que l'agriculture biologique, étendue à grande échelle, aurait un impact relativement limité sur la disponibilité alimentaire, et les prix n'évolueraient pratiquement pas. Elle souligne sa pertinence face à l'agriculture intensive usant des pesticides, des engrais issus de la pétrochimie, voire des OGM. Cette analyse est faite par rapport aux coûts, aux rendements obtenus à long terme, à une résistance accrue des écosystèmes face aux stress climatiques, à la réduction de l'utilisation des carburants fossiles et à l'indépendance qu'elle procure aux agriculteurs et aux États. Par ailleurs, elle constate que l'agriculture biologique est à même d'empêcher le gonflement des bidonvilles, de maintenir les structures rurales, notamment grâce au fait qu'elle nécessite plus de main-d'œuvre[20]. Ce rapport a cependant été l’objet d’une controverse. Il émane d’une conférence accueillie par la FAO, mais certaines de ses conclusions, et notamment celle affirmant que « l’agriculture biologique devrait pouvoir produire suffisamment d’aliments pour nourrir la population mondiale actuelle » ne sont pas reconnues par l’Organisation. Une mise au point fut faite six mois plus tard par son président, Jacques Diouf, dans laquelle il précise notamment que « le potentiel de l’agriculture biologique n’est pas suffisant, loin s’en faut, pour nourrir le monde »[21].

En octobre 2020, la FAO signe une lettre d'intention avec CropLife International, principale association mondiale d'entreprises fabriquant des pesticides. Cette lettre d'intention suscite des protestations de scientifiques, d'une part, et d'organisations de la société civile, d'autre part[22].

Programmes

Ambassadeurs de bonne volonté

Le programme d’ambassadeurs de bonne volonté, créé en 1999, vise à sélectionner des célébrités chargées d’attirer l’attention du grand public sur les problématiques de sécurité alimentaire traitées par la FAO. Sont ou ont été ambassadeurs de bonne volonté de la FAO : le prix Nobel de médecine Rita Levi-Montalcini, l'actrice Gong Li, les footballeurs Roberto Baggio et Raúl, la chanteuse malienne Oumou Sangaré, la chanteuse québécoise Céline Dion et la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba.

Crise

La FAO a commandé en 2005 à un groupe d'experts un audit d'Évaluation Externe Indépendante[23]. Un pré-rapport[24] (fin juillet 2007) estime que la FAO est « au bord du gouffre » ; son personnel étant démotivé par des « systèmes administratifs dépassés et rigides » et une « bureaucratie tatillonne ». L'influence de la FAO « décline », ses services perdant de leur avantage comparatif, ce qui encourage les financeurs à diminuer son budget (de 370 millions d’USD/an, soit 270 millions d'€, mais qui a diminué de 20 % depuis 1995). Ses prises de position sont jugées parfois contradictoires et mal comprises ; promotion d’une agriculture productiviste d'après-guerre, lutte contre la faim, puis promotion des OGM en 2004 avant d’inversement annoncer que l'agriculture biologique « avec une véritable volonté politique », pourrait contribuer à la sécurité alimentaire de la planète.

Ce pré-rapport invite la FAO à se « réinventer », son existence restant nécessaire et ses objectifs initiaux n'étant pas atteints. Elle devrait se repositionner, notamment par rapport aux ONG qui occupent une place croissante dans le domaine de l’aide alimentaire et au développement d'une agriculture durable. Le pré-rapport se conclut par 110 recommandations pour s’adapter à un contexte qui a évolué. Le rapport final est attendu en novembre 2007.

Notes et références

  1. Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, La Conférence a voté l'adhésion du Brunei Darussalam, de Singapour et du Soudan du Sud. .
  2. Accès libre et gratuit à FAOSTAT (Archives centrales de statistiques de la FAO, d'après communiqué FAO du . Voir la page la page Support/FAQ pour plus d'explication sur l'usage de la base de données, puis la page Utilisateurs Enregistrés FAOSTAT.
  3. Marcel Rieul Paisant, La Commission internationale d'agriculture (Union internationale des associations agricoles) et son rôle dans l'économie européenne, Paris, Extrait des annales de la Commission internationale d'agriculture, (lire en ligne), « La création de l'institut de Rome en 1905 et le congrès de Vienne en 1907 »
  4. « Texte de la convention internationale pour la création de l'Institut international de l'agriculture » (version du 19 avril 2012 sur l'Internet Archive), sur fco.gov.uk,
  5. « Acte constitutif de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) », sur admin.ch, (consulté le )
  6. « 18 mai 1943 : le rendez-vous de Hot Springs », sur lhistoireenrafale.lunion.fr, (consulté le )
  7. (en) Franklin D. Roosevelt, Public papers of the Presidents of the United States. Franklin D. Roosevelt, (lire en ligne), chap. 52 (« A letter to the United Nations Conference on Food and Agriculture. May 18, 1943 »)
  8. « Protocole de dissolution de l'Institut international de l'Agriculture » (version du 18 avril 2012 sur l'Internet Archive), sur fco.gov.uk,
  9. Codex Alimentarius, « Liste des Normes officielles », sur www.codexalimentarius.net, FAO/OMS (consulté le ).
  10. JECFA, FAO, « FICHE D’INFORMATION – LE JECFA », sur www.fao.org, FAO, (consulté le ), p. 4.
  11. « La FAO, qu'est-ce que c'est ? », sur geo.fr, (consulté le )
  12. « Luc Guyau élu président du conseil de la FAO », sur liberation.fr, (consulté le ).
  13. « Pakistan nominee elected chairperson of FAO », sur dawn.com, (consulté le ).
  14. « Luc Guyau à la tête de la FAO », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  15. « Éradiquer la faim en Afrique », sur republicoftogo.com, (consulté le ).
  16. « La FAO, objectif « Faim Zéro » », sur la-croix.com, (consulté le )
  17. « FAO », Le Figaro, (consulté le ).
  18. Les Objectifs stratégiques de la FAO .
  19. Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, « Conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire » [archive du ] [PDF], Rapport, sur rue89.com, FAO, 3 - 5 mai 2007 (consulté le ), p. 13.
  20. http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000550/index.html.
  21. http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000726/index.html.
  22. Mathilde Gérard, « Le rapprochement entre la FAO et le lobby des pesticides inquiète scientifiques et ONG », sur lemonde.fr, (consulté le )
  23. Évaluation Externe Indépendante, Audit confié à 6 experts (dirigés par Leif E. Christoffersen). Sur le site de la FAO).
  24. FAO: The Challenge of Renewal An Independent External Evaluation of the Food and Agriculture Organization Rapport intermédiaire, pour consultation, en anglais (FAO).

Annexes

Bibliographie

  • Soulaimane Soudjay, La FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, Alternatives rurales, mars 1998, 304 p. (ISBN 2-7384-4403-2) [livre payant consultable en ligne]
  • (en) Hiralal Jana et Debabrata Basu, Role of Fao in global agricultural development Le rôle de la FAO dans le développement agricole global »], International Journal of Current Research, 2018 (ISSN 0975-833X) [article consultable en ligne]

Articles connexes

Liens externes

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