Orateurs attiques

On appelle orateurs attiques les grands orateurs (en grec ancien ῥήτωρ[1] / rhêtôr[2] en grec ancien) ou logographes[3], du Ve et du IVe siècle av. J.-C. dont le style de discours (atticisme) a été traditionnellement opposé sur le fond et sur la forme au style d'Asie mineure, dit asianisme.

La vie des dix orateurs attiques, ici Démosthène à l'ouvrage, fut décrite par un inconnu désigné sous l'anonyme de "pseudo-Plutarque", dans (en) la vie des dix orateurs

Leur liste varie suivant les auteurs, mais on retient généralement dix noms, donnés par le pseudo-Plutarque[4] et dont l'origine remonterait à Caecilius de Calé Acté et Denys d'Halicarnasse.

  • Antiphon, le premier dont les discours aient été publiés ;
  • Andocide, amateur si l'on peut dire, car les discours que l'on a de lui touchent sa propre vie ;
  • Démosthène, qui met son éloquence au service de ses convictions politiques ;
  • Dinarque, logographe pro-macédonien ;
  • Eschine, adversaire de Démosthène ;
  • Hypéride, adversaire de Philippe comme Démosthène ;
  • Isée, spécialiste des affaires d'héritage ;
  • Isocrate, le rhéteur philosophe ;
  • Lycurgue, adversaire de Philippe ;
  • Lysias, spécialiste des plaidoyers civils.

Analyse

On peut distinguer trois grands genres d'éloquence[5] :

  • l'éloquence judiciaire dans laquelle excellèrent Isée et surtout Lysias ;
  • l'éloquence épidictique ou d'apparat, qui recouvre les genres du panégyrique et de l'oraison funèbre, dont le grand représentant est Isocrate ;
  • l'éloquence politique, principal genre d'éloquence au IVe siècle, dont les maîtres absolus sont Eschine, Hypéride, Lycurgue et, bien sûr, Démosthène.

Fin

L'éloquence attique disparaît à la fin de la période classique, dont elle était un pur produit, lorsque Philippe II de Macédoine défait les Grecs à la bataille de Chéronée en 338. C'est dans le contexte de la menace macédonienne que Démosthène avait rédigé ses derniers discours, les Philippiques.

Bibliographie

Anciennes éditions en ligne

  • Orationes Attici [Orateurs attiques], éd. grecque et trad. latine par Johann Georg Baiter, Ernst Anton Julius Ahrens et Karl Müller, Paris, 1846-1854, 2 vol. (Scriptorum Graecorum bibliotheca, 27 et 43) (en ligne).
  • Plutarque, Vies des dix orateurs grecs, dans Œuvres morales de Plutarque, 4, trad. par Dominique Ricard, Paris, 1844 (1re éd. 1783-1795), p. 141-198 (en ligne).
  • Extraits des orateurs attiques, Louis Bodin, Hachette 1914, ( en ligne)

Monographies

  • Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier Cycle », (ISBN 2130482333 et 978-2130482338), 3e édition « Quadrige manuels », octobre 2013, chapitre VI « L'éloquence », pp. 243-276.

À propos du "canon"

  • (en) R. M. Smith, « A New Look at the Canon of the Ten Attic Orators », Mnemosyne, vol. 48, no 1, , p. 66-79
  • (en) Neil O’Sullivan (dir.), « Caecilius, the “Canons” of Writers, and the Origins of Atticism », dans Roman Eloquence : Rhetoric in Society and Literature, Londres, (ISBN 0-415-12544-8, lire en ligne), p. 32-49 ;
  • (en) Ian Worthington, « The Canon of the Ten Attic Orators », dans Persuasion : Greek rhetoric in action, Londres et New York, (ISBN 0-415-08139-4, lire en ligne), p. 244-263 ;

À propos des orateurs

  • (en) Edwin Carawan, The Attic Orators, Oxford, Oxford University Press, coll. « Oxford Readings in Classical Studies », , 480 p. (ISBN 978-0-19-927993-7)
  • Jules Girard, Études sur l'éloquence attique, Librairie Hachette, (lire en ligne)
    • Jules Girard, « L'atticisme dans Lysias », dans Études sur l'éloquence attique, Librairie Hachette, (lire en ligne), p. 1-83
    • Jules Girard, « Hypéride, sa vie et ses discours », dans Études sur l'éloquence attique, Librairie Hachette, (lire en ligne), p. 85-233
    • Jules Girard, « Démosthène dans l'affaire d'Harpale », dans Études sur l'éloquence attique, Librairie Hachette, (lire en ligne), p. 235-305
  • (en) Richard Claverhouse Jebb, Attic Orators : From Antiphon to Isaeus, (lire en ligne)
  • (en) Stephen Usher, Greek Oratory : Tradition and Originality, Oxford, Oxford University Press, , 404 p. (ISBN 978-0-19-925002-8)

Références

  1. Marie-Pierre Noël, Lectures, relectures et mélectures des sophistes, dans Noesis, 2. Pourquoi a-t-on tué les sophistes ?, dir. Éric Bonnargent, Nice-Sophia Antipolis, revues.org, 1998, p. 19-36, en part. p. 29 (ISSN 1773-0228) (en ligne) : le terme de ῥήτωρ « recouvre probablement des réalités très différentes pour un Athénien du Ve siècle av. J.-C., habitué aux grandes séances d'assemblée où éclatait l'habileté des ῥήτορες, des hommes politiques comme Périclès, et pour un Grec de l'époque romaine, plutôt habitué à fréquenter les maîtres de rhétorique ».
  2. Voir dans le LSJ.
  3. Voir Carine Duteil-Mougel.
  4. Neil O’Sullivan 1997. Voir aussi, par exemple, Félix Dürrbach dans son introduction à L'orateur Lycurgue, Paris, 1890, p. 1-3 (en ligne).
  5. Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier Cycle », (ISBN 2130482333 et 978-2130482338)

Articles connexes

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