Opérations de secours de la grotte de Tham Luang

Les opérations de secours de la grotte de Tham Luang ont permis de sauver des enfants accompagnés de leur entraîneur de football, bloqués par les eaux dans une grotte de Thaïlande.

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Opérations de secours de la grotte de Tham Luang

Sauveteurs et équipements dans la grotte de Tham Luang.

Pays Thaïlande
Localisation Doi Nang Non, province de Chiang Rai
Coordonnées 20° 23′ 04″ nord, 99° 52′ 29″ est
Date
Bilan
Morts 1 sauveteur

Géolocalisation sur la carte : Thaïlande

Le , douze enfants et leur entraîneur sont restés bloqués par la montée des eaux d'une rivière souterraine dans la grotte de Tham Luang Nang Non située dans la province de Chiang Rai en Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie (Myanmar) et le Laos. Les eaux souterraines grossies par la mousson ont amené le groupe à pénétrer de plus en plus profondément dans la cavité, jusqu'à se trouver isolés à quatre kilomètres de l'entrée. Le même régime de pluie a conditionné le déroulement des opérations de secours qui ont permis de les retrouver. Au cours des opérations de secours, un plongeur est décédé.

Disparition du groupe

Entrée principale de la grotte.

Dans la soirée du , une mère s'est aperçue que son fils n'était pas revenu d'un entraînement de football avec une dizaine d'autres camarades de 11 à 16 ans et leur entraîneur ; elle a alors donné l'alerte.

Les affaires des enfants, dont des vélos et des chaussures, ont été retrouvées quelques heures plus tard, par un garde forestier de la DNP (en)(thaï : กรมอุทยานแห่งชาติ สัตว์ป่า และพันธุ์พืช)[réf. nécessaire]. Elles étaient à l'entrée de la grotte de Tham Luang Nang Non, vaste système karstique souterrain creusé dans le massif du Doi Nang Non, situé dans la province de Chiang Rai en Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie (Myanmar) et le Laos.

Membres de l’équipe de football Moo Pa Sangliers sauvages »)[en 1],[LP 1]
Nom Surnom Âge Fonction dans l'équipe de football (observations) Réf.
Pipat BodhiNick15 ansnon membre de l'équipe ; ami d'Ekkarat Wongsookchan (sorti le [LP 1])
Monhkhol BoonpiamMark13 ansstagiaire (premier sorti, le à 17 h 40[1],[Note 1])
Ekaphol ChantawongCoach Ake[Note 2]25 ansentraîneur
Sompong JaiwongPong13 ansmilieu de terrain
Pornchai KamluangTee16 ansdéfenseur
Duangpetch PromthepDom13 anscapitaine, attaquant
Panumas SaengdeeMick14 ans[en 2],[Note 3]défenseur
Adul Sam-on 14 ansailier gauche (immigré birman, seul à parler anglais)
Peerapat SompiangjaiNight16 ansmilieu de terrain (sorti le [LP 1])
Prajak SuthamNote14 ansmilieu de terrain et gardien remplaçant (sorti le [LP 1])
Nattawut TakamsaiTle14 ansattaquant
Chanin WiboonrungruengTitan11 ansattaquant (le plus jeune ; 11e sorti, le )
Ekkarat WongsookchanBew14 ansgardien

Déroulement du sauvetage

Mobilisation des secours et premier contact

Une cellule de crise est mise en place, dirigée par Narongsak Osottanakorn qui est aussi l'ancien gouverneur de la province de Chiang Rai[2].

Peu à peu, plus de mille secouristes ont été mobilisés, et le , les enfants âgés de onze à seize ans ainsi que leur entraîneur âgé de 25 ans, sont retrouvés sains et saufs, perchés sur une banquette de sédiments, par deux plongeurs britanniques, Richard Stanton et John Volanthen (en), membres du British Cave Rescue Council (en), qui regroupe des secouristes experts en spéléo-plongée.

Le premier échange entre John Volanthen et les victimes fut : « Combien êtes-vous ? », « Treize », répond en anglais Adul Sam-on, l'un des jeunes footballeurs. « Treize ?... Formidable ! », lance le plongeur[LF 1],[en 3].

En incluant les deux Britanniques qui ont établi le premier contact avec les rescapés, le gouvernement thaïlandais a fait appel à environ quatre-vingt-dix plongeurs dont quarante étrangers[2] et treize « de classe mondiale », parmi lesquels l’Australien Richard Harris, qui est également anesthésiste[3].

Opérations préliminaires et élaboration des tactiques

En raison de l'inondation de la grotte et de la distance de la sortie, évaluée à quatre kilomètres, des préparatifs de sauvetage sont menés en vue des opérations d'évacuation. Pour parcourir l'aller et retour dans des boyaux accidentés, avec de difficiles passages sous l’eau, jusqu’aux garçons et leur entraîneur, membres de l’équipe de football des Moo Pa (« Sangliers sauvages »), il faut à un plongeur aguerri, onze heures : six heures à l'aller et cinq heures au retour, grâce au courant[LM 1]. Le sauvetage s'annonce difficile.

Des pompages sont également réalisés afin de faire baisser le niveau d'eau dans les siphons et les lacs : en date du , 130 000 mètres cubes d’eau (de quoi remplir 50 piscines olympiques) avaient déjà été évacués de la grotte[LP 2].

Dans un premier temps, les secours semblent s'orienter vers un sauvetage qui pourrait durer plusieurs semaines, le temps d'initier le groupe au matériel de plongée. Cette option permettrait d'améliorer leur santé fragilisée en raison du nombre prolongé de jours qu'ils sont restés sans manger. Ainsi, le , le capitaine Anand Surawan de la marine thaïlandaise annonce : « (Nous allons nous) préparer à envoyer des vivres supplémentaires pour tenir au moins quatre mois et former les 13 (membres du groupe) à la plongée tout en continuant d'évacuer l'eau »[4]. Une attente de plusieurs mois permettrait de voir le niveau d'eau diminuer, en raison de la fin de la mousson, facilitant ainsi l'extraction du groupe.

La police recherche des entrées supérieures permettant de rejoindre directement les sinistrés.

En parallèle, d'éventuelles entrées supérieures permettant d'atteindre plus facilement les rescapés sont recherchées. Ainsi, plus de 100 forages ont été réalisés[LF 2].

Suraccident et décision tactique

Des pompages visent à faire baisser le niveau d'eau dans les siphons et les lacs.

Le , le plongeur Saman Kunan, ancien membre des commandos de marine thaïlandaise, meurt sur le chemin du retour après avoir épuisé la réserve d'air de sa bouteille et avoir perdu conscience[en 4]. Il avait réussi à poser des bouteilles d'air en relais sur le parcours (afin qu'elles servent lors de l'évacuation du groupe), et à approvisionner les victimes en oxygène avec son compagnon de plongée, qui a essayé de l'aider et de le ramener, en vain[LP 3],[5].

Ce décès est un des facteurs qui va pousser les secours à s'orienter vers un sauvetage rapide, bien que cette option soit considérée comme très risquée par les spécialistes. La diminution du niveau d'oxygène dans la cavité et la dégradation des conditions météorologiques sont d'autres facteurs entraînant cette décision[LF 2].

Après que les secouristes soient parvenus à insérer un tuyau de plusieurs kilomètres pour acheminer de l’oxygène, le général Chalongchai Chaiyakorn et Narongsak Osottanakorn, le chef de la cellule de crise, annoncent que les 12 enfants et leur accompagnateur seront évacués, un par un, sur deux à trois jours, à partir du dimanche , le temps étant compté du fait que des pluies sont attendues les jours suivants, réduisant l'espace où sont confinées les victimes[6].

Treize spécialistes de niveau mondial, venant de pays ayant une expertise en spéléologie, sont amenés à participer à cette opération périlleuse, en raison notamment du fait qu'aucun des enfants ne sait nager[LM 2].

Sortie progressive des rescapés

Les quatre premiers garçons sont sortis sains et saufs de la grotte le dimanche [en 5],[en 6],[LM 2].

Le lendemain , un nouveau groupe de quatre enfants est ramené à l'air libre pour être conduit, comme le groupe de la veille, à l’hôpital Prachanukroh de Chiang Rai, à une soixantaine de kilomètres de la grotte.

Les Navy Seals thaïlandais (en) annoncent finalement, le à 19 h 50 (heure locale), que les douze garçons ainsi que leur entraîneur ont été évacués de la grotte[en 7], à l'issue d'une opération qui a duré dix-huit jours : du 23 juin au .

Certains enfants ont été sortis « endormis » de la grotte, sous l'effet de tranquillisants destinés à calmer leurs angoisses[3].

Soins aux rescapés

Le docteur Jesada Chokedamrongsuk, responsable du ministère thaïlandais de la Santé publique, a d’abord annoncé que les enfants étaient tous « en bonne santé », ne souffrant pas de fièvre, et en « bonne santé mentale »[LP 4]. Cependant, après leur extraction de la grotte de Tham Luang, les treize rescapés ont été conduits en ambulance et hélicoptère à l'hôpital de Chiang Rai. Ils y sont mis en quarantaine et en observation pendant une semaine, vaccinés contre la rage et le tétanos ; la leptospirose et les infections respiratoires qui risqueraient de tourner en maladie infectieuse grave, la mélioïdose, sont également dépistées en isolement septique[LP 4],[LP 5].

Le , les douze enfants et leur entraîneur ont pu quitter l'hôpital après avoir donné une conférence de presse où ils se sont notamment tous présentés individuellement et ont raconté leur calvaire. Avant de rentrer chez eux, ils se sont rendus dans un temple pour rendre hommage au sauveteur décédé, Saman Kunan[LP 6].

Participations et impacts médiatiques

Participations internationales

Environ 10 000 personnes ont participé, sur place ou à distance, à ces opérations de secours, dont approximativement 200 plongeurs et une centaine d'organisations et personnes étrangers[en 8], parmi lesquelles :

  • Australie : Une vingtaine de personnes dont Richard Harris, plongeur et anesthésiste qui a fait partie de l'équipe médicale et qui a déterminé dans quelles conditions physiques les enfants pourraient être sortis en plongée[en 9],[en 10].
  • Belgique : Ben Reymenants, propriétaire d'une école de plongée à Phuket, a contribué à la fourniture et à l'entretien du matériel de plongée ; il a également passé huit heures en plongée au cours d'une seule journée et a installé les lignes qui ont permis aux plongeurs britanniques de trouver les enfants sans se perdre dans la grotte[en 9],[en 11].

Jim Warny. Considéré comme un des meilleurs plongeurs speleo du monde a participé à l'acheminement des enfants depuis la grotte vers la sortie.

  • Canada : Erik Brown, instructeur de plongée à Vancouver, a fait partie des équipes de plongée[en 9],.
  • Chine : Une équipe de six experts en secours souterrain est arrivée dès le avec du matériel de plongée, un robot subaquatique et un système d'imagerie 3D[en 11].
  • République tchèque : Le gouvernement tchèque a proposé l'envoi de quatre pompes à haute performance pouvant évacuer chacune 400 litres/seconde soit au total 5 760 mètres cubes/heure[en 12].
  • Danemark : Deux plongeurs danois, Ivan Karadzic qui dirige un centre de plongée avec le Finlandais Mikko Paasi (cf. infra) et Claus Rasmussen, instructeur de plongée, ont intégré les équipes de plongée de l'opération de secours[en 9].
  • Finlande : Le plongeur finlandais Mikko Paasi qui dirige un centre de plongée avec le Danois Ivan Karadzic (cf. supra) a intégré les équipes de plongée de l'opération de secours[en 9].
  • Inde : …
  • Israël : …
  • Japon : …
  • Laos : …
  • Pays-Bas : …
  • Russie : …
  • Royaume-Uni : …
  • États-Unis : …
  • [7]


Impacts médiatiques internationaux

Les opérations de sauvetage ont été largement médiatisées dans le monde entier. En Thaïlande notamment, les éditions spéciales ont contribué à diffuser cet événement sous le sobriquet de « la saga des 13 »[8].

Des messages de soutien envoyés par des personnalités telles que le président américain Donald Trump, les footballeurs internationaux Lionel Messi et Paul Pogba et le chef d'entreprise Elon Musk ont été adressés aux enfants[8].

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a invité les 12 enfants à assister à la finale du Mondial 2018 le à Moscou ; cette invitation a été déclinée par Thongchai Lertwilairatanapong, un haut responsable du ministère de la Santé[8].

Notes et références

Notes

  1. L'ordre et la date de sortie de Monhkhol Boonpiam varie selon les sources.
  2. L'entraîneur Ekaphol (ou Ekapol) Chantawong est surnommé « Coach Ake » (ou « Aek »).
  3. Panumas Saengdee (ou Sangadee) a passé son 14e anniversaire alors qu'il était encore dans la grotte.

Références

Le Figaro
Le Monde
  1. Bruno Philip, « Thaïlande : les ados disparus dans la grotte retrouvés vivants », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. Bruno Philip, « Adolescents bloqués dans une grotte en Thaïlande : l’opération extraction se poursuit », sur lemonde.fr, (consulté le ).
Le Parisien
Autres références francophones
Références anglophones
  1. (en) Jacob Goldberg et Veena Thoopkrajae, « Talented and resilient: the Wild Boars footballers trapped in Thai cave », sur theguardian.com, (consulté le ).
  2. (en) Jane Wharton, « Who are the boys and football coach rescued from the Thai cave? », sur metro.co.uk, (consulté le ).
  3. (en) Yohannes Lowe, Victoria Ward et Francesca Marshall, « Thai cave rescue: mother of hero diver speaks of pride but warns 'it's not over yet' », sur telegraph.co.uk, (consulté le ).
  4. (en) Chris Peterman, « Risky Thailand cave rescue relied on talent, luck—and on sticking to the rules », sur Ars Technica, (consulté le ).
  5. (en) « Thailand cave rescue: four boys taken to hospital; operation to resume later – live », sur theguardian.com, (consulté le ).
  6. (en) « 'Four boys rescued' from Thai cave, officials say hours after operation to free trapped boys began », sur telegraph.co.uk, (consulté le ).
  7. (en-US) « Thai cave rescue operation: Day 3 as it happens », sur channelnewsasia.com, (consulté le ).
  8. (en) Hannah Beech, Richard C. Paddock et Muktita Suhartono, « ‘Still Can’t Believe It Worked’: The Story of the Thailand Cave Rescue », sur nytimes.com, (consulté le ).
  9. (en) « Cave rescue: The divers who got the Thai boys out », sur bbc.com/news, (consulté le ).
  10. (en) « Thai cave rescue: the Australian crew », sur news.com.au, (consulté le ).
  11. (en) « Thai cave rescue: International team deployed to aid massive search and rescue effort », sur straitstimes.com, (consulté le ).
  12. (en) « Babis offers help in rescuing Thai boys from flooded cave », sur visegradgroup.eu, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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