Observatoire européen austral

L'Observatoire européen austral (en anglais : European Southern Observatory, ESO), officiellement nommé Organisation européenne pour des recherches astronomiques dans l'hémisphère austral[1] (European Organisation for Astronomical Research in the Southern Hemisphere[2]), est une organisation intergouvernementale pour l'astronomie fondée en 1962 par cinq pays européens, afin de créer un observatoire astronomique de pointe au sol dans l'hémisphère austral à disposition des astronomes.

Pour les articles homonymes, voir ESO.

L'ESO est l'acteur principal de l'astronomie observationnelle européenne. Il possède des télescopes allant de 2,2 à 8,20 mètres de diamètre, un parc d'une vingtaine d'instruments, dont 15 à Paranal, permettant des observations en imagerie, photométrie, spectroscopie, interférométrie dans à peu près toutes les longueurs d'onde allant du proche ultraviolet à l'infrarouge thermique (vers 20 microns). L'organisation possède également un système complet d'archivage des données, en partenariat avec l'agence de coordination entre l'Europe et le télescope spatial Hubble.

Son siège se trouve à Garching bei München près de Munich en Allemagne ; il dispose de bureaux au Chili à Vitacura dans la capitale Santiago du Chili. En 2018, l'organisation compte 16 États membres et trois sites d'observations, tous au Chili : l'Observatoire de La Silla, l'Observatoire du Cerro Paranal, où se trouve le Very Large Telescope, et l'Observatoire du Llano de Chajnantor.

Histoire

Image réfléchie sur la Lune à l'occasion des 50 ans de l'ESO.

L'idée d'un observatoire européen est l'initiative de Jan Oort et Walter Baade, peut-être dès 1952[3]. Mais celle-ci prend vraiment forme lors d'une conférence sur la « Coordination de la recherche galactique » qui se tient à Groningue aux Pays-Bas en , où sont réunis la plupart des grands astronomes européens. Durant cette conférence une excursion en bateau est organisée sur l'IJsselmeer et c'est là qu'est discuté plus en profondeur l'établissement de cet observatoire astronomique. Le projet est décrit en détail par Adriaan Blaauw. Jan Oort reste très impliqué durant toutes les années précédents la création de l'ESO, notamment en étant président du comité de lobbying auprès des instances politiques[4].

Dès lors, six pays européens sont impliqués (Allemagne de l'Ouest, Belgique, France, Pays-Bas, Royaume-Uni et la Suède[5]) et une déclaration est établie le . Mais il faut attendre le pour que les cinq pays fondateurs (les six pays précédemment cités à l'exception du Royaume-Uni qui rejoint l'ESO en 2002) signent la déclaration de l'ESO qui marque la création de l'institution européenne[6].

Le premier site d'observation de l'ESO est officiellement choisi le au Chili et l'emplacement où est établi l'observatoire de La Silla est acquis en [6].

Sites d'observation

La Silla

Vue générale de La Silla depuis la route qui mène à l'observatoire de Las Campanas

Historiquement, le premier observatoire de l'ESO est de celui de La Silla, à 600 kilomètres au nord de Santiago du Chili, près de la ville de La Serena. Sur le site de La Silla, il existe en 2010 de nombreux télescopes « nationaux ». L'ESO opère les trois plus grands télescopes restants :

Paranal

Le camp de base Paranal avec en haut à gauche le plateau du mont Paranal où est installé le tiT

Le Very Large Telescope (VLT) est un ensemble de télescopes situés également au Chili, dans le désert d'Atacama, à 2 600 m d'altitude, sur le Cerro Paranal, dans une zone qui est la plus sèche de cette région. Le VLT est composé de quatre télescopes principaux de 8,2 mètres de diamètre : Antu, Kueyen, Melipal et Yepun. Il est avec les télescopes Keck sur le Mauna Kea à Hawaii une des installations astronomiques terrestres les plus puissantes. Et cela notamment grâce à la technologie de l'optique adaptative, qui consiste à corriger les défauts atmosphériques en déformant légèrement les miroirs. Le parc instrumental du VLT (et des télescopes de l'ESO en général) est en revanche sans égal.

Au choix, les quatre télescopes peuvent par ailleurs être couplés grâce à l'interférométrie optique (VLTI)[7], ce qui permet d'améliorer le pouvoir de résolution. Cette technique est également utilisée par les 4 télescopes auxiliaires de 1,80 mètre de diamètre, installés sur la plateforme du VLT, et pouvant se déplacer en plusieurs endroits.

Un site à proximité de l'observatoire actuel a été choisi pour y installer l'un des deux réseaux de télescopes de l'observatoire CTA[8].

Llano de Chajnantor

L'observatoire du Llano de Chajnantor est le dernier site installé au Chili par l'ESO. Il est destiné à la radioastronomie. On y trouve les projets Atacama Pathfinder EXperiment (APEX) ainsi que le Atacama Large Millimeter Array (ALMA), qui est en construction.

Le Télescope géant européen (ELT)

L'ESO pilote un projet de télescope géant. Au départ, devant faire 100 mètres de diamètre, il fera 39.3 mètres (avec un projet intermédiaire de 42 mètres) et aura un miroir primaire segmenté (comme les miroirs des télescopes Keck, le miroir du HET et du SALT), puisqu'on ne sait pas faire des miroirs d'une pièce de plus de 8-9 mètres, ce qui serait la taille du miroir secondaire pour un tel télescope. Il sera situé sur le Cerro Armazones, à 20 kilomètres du Cerro Paranal.

États membres et associés

États membres par ordre d'adhésion.

Depuis sa création avec cinq membres en 1962, l'ESO s'est élargie à onze autres pays, amenant le total actuel des membres à seize. Lorsque le parlement brésilien aura ratifié l'accord du , le Brésil deviendra le premier pays non-européen[9] et le dix-septième État membre. En 2017, l'Australie signe un accord de partenariat avec l'ESO. D'une durée de 10 ans, il pourra se transformer en pleine adhésion à son issue.

Le , le parlement irlandais vote pour 2018 un budget comprenant le financement nécessaire pour que l'Irlande devienne membre de l'ESO en 2018, adhésion effective le [10].

La liste détaillée est la suivante[11] :

PaysStatutDepuisCommentaire
Allemagnemembre1962Fondateur (rejointe en 1990 par la République démocratique allemande (RDA) lors de la réunification)
Australiepartenaire-Signature d'un partenariat de 10 ans en 2017. Adhésion possible à l'issue de ces 10 ans.
Autrichemembre14e pays membre[12]
Belgiquemembre1962Fondateur
Brésilen cours de ratificationFutur (?) 17e pays membre et alors 1er pays extra-européen[13].
Danemarkmembre19676e pays membre.
Espagnemembre12e pays membre.
Finlandemembre11e pays membre.
Francemembre1962Fondateur.
Irlandemembre16e pays membre[14].
Italiemembre8e pays membre.
Pays-Basmembre1962Fondateur.
Polognemembre15e pays membre. Accord d'adhésion signé le [15], ratifié le [16]
PortugalmembreFut pays collaborant de 1990 à son adhésion, puis 9e pays membre.
Suèdemembre1962Fondateur.
Suissemembre19817e pays membre.
République tchèquemembre13e pays membre.
Royaume-Unimembre10e pays membre.

L'ESO Science Outreach Network

L'ESO Science Outreach Network (ESON).
  • États membres de l'ESO
  • État hôte des observatoires de l'ESO
  • État membre et hôte de l'ESO
  • autres membres de l'ESON
  • au moins une langue prise en charge

En plus des quinze États sus-mentionnés, quinze autres États font partie de l'ESO Science Outreach Network (ESON, soit en français « Réseau de promotion des sciences / de vulgarisation scientifique de l'ESO »). Il s'agit du Chili, l'État hôte des observatoires de l'ESO, ainsi que de l'Albanie, de l'Australie, des États-Unis, de la Hongrie, de l'Irlande, de l'Islande, de la Lettonie, de la Norvège, de la Pologne, de la Roumanie, de la Russie, de la Serbie, de la Turquie et de l'Ukraine[17]. Le cœur du site de l'ESO est disponible en 21 langues différentes, les communiqués de presse sont traduits en 18 langues différentes et les photos de la semaine (Pictures of the Week) et les annonces sont également disponibles dans d'autres langues. Les différents nœuds de l'ESON agissent comme contacts locaux pour les médias et la vulgarisation / promotion, avec pour but général de promouvoir la mission de l'ESO et de démontrer les nombreux aspects inspirants de l'astronomie. Ils servent également de contacts entre les médias et les scientifiques dans leur région et peuvent aussi être abordés dans le cadre des projets de l'ESO et d'autres initiatives scientifiques de sensibilisation[17].

Publication

Depuis , l'ESO publie une revue intitulée The Messenger.

Administration

Notes et références

Notes

    Références

    1. https://www.eso.org/public/archives/books/pdf/book_0015.pdf
    2. https://www.eso.org/public/unitedkingdom/about-eso/organisation/
    3. (en) D.E. Osterbrock, « Walter Baade and the Southern Hemisphere » (consulté le )
    4. (en) J. Katgert-Merkelijn, « Jan Oort », L'Astronomie, (consulté le )
    5. Fehrenbach, C. et Duflot, M., « Le ciel austral - L'observatoire européen austral » (consulté le )
    6. (en) « ESO Timeline », Observatoire européen austral (consulté le )
    7. Source: ESO http://www.eso.org/public/images/ann1081a/
    8. L'ESO accueillera le réseau austral de télescopes Cherenkov à Paranal
    9. Brazil to Join the European Southern Observatory
    10. information@eso.org, « L'Irlande rejoint l'Observatoire Austral Européen - L'Irlande devient le 16ème ét Membre de l'ESO. », sur www.eso.org, (consulté le )
    11. « Member states » sur le site de l'ESO.
    12. L'Autriche devient le 14e membre de l'ESO.
    13. Brazil to Join the European Southern Observatory.
    14. (en) information@eso.org, « Ireland Ratifies ESO Membership - Ireland becomes ESO's sixteenth Member State. », sur www.eso.org, (consulté le )
    15. « La Pologne rejoint l'Observatoire Européen Austral », sur www.eso.org (consulté le ).
    16. « Poland Ratifies ESO Membership - Poland becomes ESO's fifteenth Member State », sur www.eso.org (consulté le ).
    17. (en) « New Countries Join ESO Science Outreach Network », sur www.eso.org (consulté le ).

    Annexe

    Articles connexes

    Liens externes

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