Noël Forgeard

Noël Forgeard est un homme d'affaires français né le à La Ferté-Gaucher en Seine-et-Marne. Diplômé de Polytechnique et de l'École des Mines de Paris, il a commencé sa carrière dans divers cabinets ministériels avant de s'orienter vers l'industrie, tout d'abord chez Usinor et Matra puis Airbus qu'il a présidé d' à et EADS dont il a été, avec Thomas Enders, coprésident exécutif de à . La fin de sa carrière est marquée par plusieurs scandales largement médiatisés concernant les problèmes de production de l'Airbus A380, une suspicion de délit d'initié et le montant de ses indemnités de départ.

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Jeunesse et études

Noël Forgeard est issu d'une famille de marins bretons au long cours, cap-horniers, et de médecins.

Il intègre l'École nationale supérieure des mines de Paris après sa sortie de École polytechnique (X 65) [1].

Carrière ministérielle

Il fut d'abord ingénieur en chef des mines au ministère de l'Industrie, puis conseiller technique pour l'aviation civile au ministère des Transports et conseiller technique pour l'armement au ministère de la Défense.

De 1986 à 1987, il est conseiller pour les affaires industrielles auprès du Premier ministre Jacques Chirac[1].

Carrière industrielle

Usinor

En mai 1981, il entre chez Usinor où il est directeur général adjoint de filiales[2]. Noël Forgeard a, alors, largement, contribué à la consolidation des activités « aciers spéciaux » de la sidérurgie française en accélérant l'intégration de ces activités du groupe Usinor et du groupe Sacilor dans ASCOMETAL (cédée ultérieurement aux Italiens LUCCHINI).[réf. nécessaire]

Matra

Après son entrée chez Matra, il en devient en 1989 le président des activités Espace et Défense. À partir de 1992, il occupe le poste de directeur général du groupe Lagardère, puis de président exécutif de Matra Hautes Technologies[1].

Airbus et EADS

En 1998, Noël Forgeard devient directeur général du consortium Airbus, puis le premier président-directeur général de la société intégrée Airbus en .

Au début des années 2000, Forgeard joue de toute son influence pour qu'Airbus se lance dans la production d'un très gros porteur[réf. nécessaire], l'A3XX qui était à l'étude depuis une dizaine d'années. Cet avion prendra le nom définitif d'Airbus A380. En mars 2003, après le décès de Jean-Luc Lagardère, le nouveau patron, son fils Arnaud Lagardère, confirme Noël Forgeard à son poste.

Le retour de Boeing à la première place de constructeur mondial avec son Boeing 777 déjà renforcé par le succès du Boeing 787 Dreamliner remettent en cause la pertinence des choix de Noël Forgeard, son pari sur la domination des super gros porteurs étant risqué[réf. nécessaire].

En , il est nommé coprésident d'EADS après le départ de Philippe Camus[3]. Il est remplacé à Airbus par le premier président allemand d'Airbus, Gustav Humbert. Son arrivée à la tête du groupe ne fait pas l'unanimité notamment auprès de Daimler Benz, coactionnaire d'EADS aux côtés du groupe Lagardère et de l'État français[4].

Il touche une rémunération brute de 2,33 millions d'euros en 2005, comprenant un salaire fixe annuel de 1,13 million d'euros et un bonus de 1,2 million[5].

Dès 2006, son image personnelle est écornée avec la vente de stock-options en mars qui précède de peu la révélation d'importants retards de livraison du gros porteur A380[3].

En , la révélation publique des retards de fabrication de l'A380 fait chuter l'action EADS de 26 %. Il est rapidement soupçonné de délit d'initiés[6] et est licencié en juillet de la même année[4], tout comme Gustav Humbert.

Affaire EADS

L'Autorité des marchés financiers a transmis à la justice au mois d' son rapport final mettant en cause 17 personnes dont Noël Forgeard et sa famille pour délit d'initié. L'Autorité des marchés financiers enquête également sur la dissimulation d'informations aux actionnaires.

Calendrier des faits

  • Le , la direction d'EADS revoit à la baisse les livraisons d'A380 en 2007 ;
  • Le , selon La Tribune, M. Forgeard obtient l'autorisation de vendre ses stock-options. Il engrange, de fait, une plus-value de 2,5 millions d'euros ;
  • Le , Airbus annonce des retards sur l'A380 ;
  • Le , le titre EADS subit une première baisse de 25 % ;
  • Le , un rapport de l'Autorité des marchés financiers accusant une vingtaine de dirigeants d'EADS de délits d'initié massifs est transmis au juge. Ils auraient vendu les actions avant de « rendre tardivement publiques les difficultés d'Airbus ; »
  • Le , mise en examen pour délit d'initié de Noël Forgeard, ancien patron d'EADS[7].

Au terme de 35 heures de garde à vue en vue d'interrogatoire à la brigade financière de Paris, il a été mis en examen par les juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries le pour « délit d'initié, recel de délit d'initié et diffusion d'informations fausses ou trompeuses aux marchés financiers », il risque une peine pouvant aller jusqu'à deux ans d'emprisonnement et une amende de dix fois le montant du profit. Il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire après paiement d'une caution d'un million d'euros[8]. Le , le rapporteur de la commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers recommande d'imposer une amende de 5,45 millions d'euros à Noël Forgeard, reconnu coupable de manquement d'initié.

Sa ligne de défense

Noël Forgeard affirme que la direction d'EADS n'avait pas connaissance des retards de l'A380 et que la vente de ses stock-options juste avant la baisse serait une coïncidence. Position difficile à défendre car il n'est pas le seul à avoir vendu subitement et massivement ses titres EADS. Ses trois enfants et seize autres dirigeants d'EADS ont fait de même.

Dans une interview donnée à France 2 le , Noël Forgeard se dit innocent de tout délit d'initié et dénonce un « phénomène de dissimulation de retards dans l'usine de Hambourg » pour expliquer sa méconnaissance des retards d'Airbus au moment de la vente de ses stocks options[9],[10]

Le scandale de l'indemnité de licenciement ou « parachute doré »

Le , dans un entretien accordé au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Thomas Enders, nommé depuis président d'Airbus Group, reconnaît, en sa qualité de coprésident d'EADS, que le gouvernement français était intervenu[11] auprès des administrateurs d'EADS afin d'obtenir le versement des 8,5 millions d'euros correspondant au « parachute doré » de Noël Forgeard, ancien dirigeant de l'entreprise.

En plus de ses plus-values sur ses stock-options, Forgeard a bénéficié d'une indemnité de départ d'un montant de 8,4 millions d'euros. La révélation de cette indemnité au moment où Airbus annonce un plan de 10 000 suppressions d'emploi provoque un scandale retentissant et de vives réactions de la part de tous les candidats à l'élection présidentielle de 2007[12].

En , une enquête préliminaire de police est ouverte concernant les indemnités de Noël Forgeard[13].

Distinctions

Notes et références

  1. Les réseaux de Noël Forgeard, L'Expansion, .
  2. (en) Executive Profile: Noël Forgeard, BusinessWeek.
  3. Noël Forgeard: un bagarreur en sursis, lemonde.fr, 23 juin 2006
  4. Noël Forgeard, descendu en plein vol, liberation.fr, 3 juillet 2006
  5. Noël Forgeard est parti avec 8,4 millions d'euros, lci.tf1.fr, 10 avril 2007
  6. Affaire EADS : Noël Forgeard tente de se justifier sur la vente de ses titres, lemonde.fr, 16 octobre 2009
  7. Noël Forgeard a été placé en garde à vue le et a été interrogé par la brigade financière de Paris à la suite du rapport d'enquête de l'Autorité des marchés financiers portant sur son implication dans le « délit d'initié, recel de délit d'initié et diffusion d'informations fausses ou trompeuses aux marchés financiers Noël Forgeard, ancien coprésident d'EADS, en garde à vue
  8. EADS : Noël Forgeard inculpé pour délit d'initié « Copie archivée » (version du 1 juin 2008 sur l'Internet Archive)
  9. Airbus, la revanche de Hambourg, lefigaro.fr, 11 mars 2008
  10. « Le gouvernement français a fait pression sur EADS pour obtenir le versement d'un parachute doré au profit de Noel Forgeard »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) lefigaro.fr, 15 mai 2007
  11. Le "parachute doré" de Noël Forgeard continue de faire parler de lui, lemonde.fr, 12 avril 2007
  12. Enquête sur le "parachute doré" de Forgeard, lexpansion.lexpress.fr, 22 mai 2007

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