Nicolas Frize

Nicolas Frize, né le à Briançon[1], est un compositeur de musique contemporaine français.

Ses activités musicales l’ont amené au cours des années à s’intéresser de façon particulière à l’environnement sonore urbain, à l’éveil à l’écoute et à l’audition, au monde du travail – sous toutes ses formes, à l’univers carcéral, à l’enfance...

Son œuvre se compose de partitions principalement destinées au concert, qu’il donne tant en France qu’à l’étranger et a travaillé entre autres dans les villes de New York, Montréal, Tokyo, Kyoto, Brème, Pècs, Norwich, Casablanca, Alger ou encore La Havane.

Ses partitions sont la plupart du temps conçues à l’issue de résidences prolongées : il y travaille les lieux, les objets sonores, les interprètes, l’Histoire, les usages...

Il crée en 1975 l’association Les Musiques de la Boulangère, implantée à Saint-Denis, structure culturelle de production, de création et de formation.

Il signe par ailleurs plusieurs partitions de musiques appliquées, pour la danse avec Jacques Patarozzi, Bouvier Obadia, Andy Degroat, Quentin Rouillier, Stéphanie Aubin, Julie Desprairies, ainsi que pour le cinéma chez Haroun Tazieff, Pierre Clémenti, Raoul Ruiz, Françoise Romand ou encore Robert Doisneau.

Il compose également pour le théâtre, pour des expositions, pour la photographie et pour nombre d’installations (expositions universelles, la Francophonie pour le passage en l’an 2000…), d’évènements (accueil de la flamme olympique à Paris, bicentenaire de la Révolution Française, 50ème anniversaire du Ministère de la Culture…) et inaugurations (pavillon français de l’Exposition universelle de Lisbonne, Orgues de Saint-Pierre de Chaillot…).

Biographie

Il suit des études supérieures de piano, de chant et de direction chorale, avant d’entrer en 1974 au Conservatoire National Supérieur de Paris dans la classe de composition créée par le Groupe de Recherches Musicales de l’Ina (GRM) sous l’enseignement de Pierre Schaeffer.

Il est assistant de John Cage à New-York durant 8 mois dans le cadre de la Bourse Villa Médicis - Hors les murs, 1978.

En 1995 il reçoit le Grand Prix de l’Innovation Culturelle du ministère de la Culture puis la Médaille de la SACEM.

C’est en 2015 qu’il est fait Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, en 2000 Chevalier dans l’Ordre National du Mérite et en 2010 Officier des Arts et Lettres.

Il recevra également la Médaille Pénitentiaire – Bronze – Argent etaille de la ville de Saint-Denis.

Parti-pris artistiques

Préoccupations

Dès 1976 Nicolas Frize transpose certaines notions issues de la Musique Concrète à son processus d’écriture instrumentale et vocale ; cette ré-appropriation dans la musique vivante l’a amené  à chercher les densités par la multiplication des sources, à travailler de façon spécifique sur la spatialisation, à rassembler, à l’instar des Études aux Objets de Pierre Schaeffer, des collections de corps sonores : baisers, pierres, porcelaine, métaux…

« La manifestation musicale ne vient pas au milieu de l’activité quotidienne, elle la remplace, l’expulse : elle n’est pas une décoration salutaire pour un univers qui suffoque de rentabilité. … elle s’installe comme acte purement musical, qui ne produit plus rien d’autre que des sons … » Nicolas Frize1.

Ses compositions préservent l’intégrité de chaque corps sonore en jouant sur toute la gamme des timbres et textures qu’il peut offrir. Cela vaut pour les matières, objets, voix et corps dans leur globalité dont il explore la plasticité sonore afin de les décomposer, les combiner, les orchestrer et les recomposer à loisir. 

Les musiques mixtes

Un certain nombre de créations du compositeur sont des œuvres de musique mixte, œuvres dites « vivantes » - interprétées par des musiciens en temps réel, musiques instrumentale, électroacoustique, vocale… -, associant des sons enregistrés, dits « fixés ».

Nicolas Frize, depuis ses débuts, effectue des prises de sons sans cesse, enregistrant de façon très régulière les paysages et sons qu’il rencontre. L’importante mémoire sonore constituée et constamment nourrit est l’une des ressources musicales dans laquelle il puise.

Ses créations sollicitent parfois un instrumentarium composé d’une grande diversité d’objets sonores (cf. chapitre sur la lutherie), en complément des instruments, traditionnels ou non ; ceux-ci viennent se confondre avec des sources sur support, amplifiées.

La notation

L’interprétation des œuvres par des non musiciens a impliqué le développement d’une notation personnalisée, adaptée à des interprètes (enfants, adolescents, adultes) qui ne lisent pas l’écriture musicale traditionnelle. 

Cette notation innovante et mouvante, est une traduction stimulante pour l’interprétation de sons produits par le corps, les objets, l’environnement sonore... En résulte des partitions originales, très graphiques, suggestives et subjectives. Les « signes » et les dessins qui figurent la partition sont ensuite travaillés par les musiciens en présence du compositeur (qui ne s’attache pas forcément à les rendre compréhensibles sans accompagnement ou notice).

De fait et dans l’absolu, les œuvres du compositeur ne pourraient pas être toujours facilement reproductibles (ce qui n’est pas sa préoccupation).

La voix

L’œuvre du compositeur fait par ailleurs l’objet d’un travail esthétique et théorique important sur la voix. Celle-ci est explorée sous tous ses aspects au cours des années : timbre, texture, intonation et inflexion, débit, modalités, densité… Le traitement choral est aussi un des aspects de ses créations autour de la voix.

En 1996 il constitue ce qu’il nomme une « Voixthèque », une collection de 200 voix enregistrées dans le nord de Paris et dans le département du 93, dont il a diffusé des extraits dans la salle de la Maison de la Légion d’honneur de Saint-Denis et dans un Atelier de Création Radiophonique pour France-Culture. Pour capturer ces mémoires vocales « du quotidien », le compositeur est allé à la rencontre de plus de deux cents familles pour enregistrer des récits de vie, des anecdotes, des lectures de textes littéraires, de journaux quotidiens, des chansons…

Avec La Voix des Gens et Voix-ci, voix-là notamment, il crée deux œuvres impliquant un nombre important de participants, qui se focalisent sur l’organe vocal : ses propriétés - à travers des ateliers vocaux qu’il mène avec un public jeune et non initié à la musique -, mais aussi ses implications sociales, en s’associant à des chercheurs (sociologues, ethnologues…), pour produire une réflexion sur les paroles rapportées.

La lutherie

Un important travail de lutherie, de recherche et de conception de nouvelles sources sonores jalonne la carrière de Nicolas Frize. Ce travail concerne des matières et corps sonores très divers, dont certains sont présents dans les lieux de création (pierres, nourriture, porcelaine, locomotives, pièces automobiles…), utilisés tels quels en tant que sources sonores ou travaillés, manipulés, « montés » pour en faire des instruments de musique plus complexes, et en faire émerger d’autres sonorités, plus inattendues. Ils sont parfois aussi conçus à partir de la production qui a cours dans ces lieux (par exemple la porcelaine à la Manufacture de Sèvres, les pièces automobiles chez PSA à Saint-Ouen ou les boites d’archives aux Archives nationales…). 

Cette réflexion sur les sources sonores s’étend au corps, il crée ainsi en 1983 le Concert de baisers, présenté dans la Cour du Palais Royal à Paris, le Concert de locomotives à la Gare de Lyon ou encore Le Chant de la Chair, une composition musicale qui sollicite un ensemble instrumental de 102 corps (en maillots). 

Le temps

L’écriture musicale de ses œuvres est de façon récurrente préoccupée de la perception temporelle de l’auditeur. 

Les recours aux silences, aux abandons, aux suspensions, aux immobilisations et accélérations relèvent d’une volonté de stimuler l’auditeur dans sa perception temporelle de l’expérience musicale, qui se veut inattendue et insaisissable, pour ne pas laisser trop de temps à l’anticipation. Le spectateur est ainsi recentré sur l’instant, aucun rythme, aucune mélodie ne s’installe, l’auditeur est placé dans une attente constante de ce qui peut arriver. 

Les ruptures rythmiques et sonores, les associations rapides ou successions brèves, les montages, servent une autre temporalité des compositions, faisant métaphore de la pensée, errante ou associative, volatile ou concentrée.

De même, l’utilisation de l’espace par les interprètes dans leurs déplacements et la spatialisation du son (scénographie constante de ses concerts), donnent à apprécier l’instant, et relier les instants en moments.

Les résidences longues 

Les œuvres de Nicolas Frize sont fréquemment le fruit de dispositifs et processus artistiques longs (il reste quatre ans à la Manufacture de Sèvres, deux ans à l’usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouen, deux ans aux Archives nationales, etc.), qui nourrissent les créations. Pour ce faire l’artiste sollicite universitaires, philosophes, historiens, anthropologues, chercheurs en sciences humaines et sociales, … Il entreprend souvent lors de ses résidences un long travail d’écoute, d’enregistrements, d’entretiens, avec les « occupants » des lieux, avant d’associer des interprètes professionnels. Les captations sonores ou les témoignages qu’il collecte sont envisagés dans leurs résonances sociales, culturelles, politiques…

Élargissement de la notion d’interprète : les créations pour tous

Nicolas Frize élargit aussi la notion d’interprète, en invitant souvent, aux côtés des musiciens professionnels (instrumentistes, chanteurs), des musiciens non professionnels. Pour le compositeur, la vie quotidienne, y compris les bruits mêmes des activités sont le fait des hommes et des rapports sociaux. C’est dans cette idée que des interprètes non musiciens sont souvent parties prenantes de ses créations, comme ils le sont dans le concert de la vie quotidienne. 

L’environnement sonore

Ses recherches sur les ambiances sonores urbaines accompagnent une réflexion plus globale sur l’environnement sonore. 

De 1990 à 1996 Nicolas Frize pilote le programme « Il faudrait s’entendre », décrit comme un « dispositif, faisant de l'environnement sonore un enjeu d'urbanité », en coopération avec le Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit et le ministère de l’Environnement. Le dispositif est divisé en trois actions : la Mémoire, la Création et la Réflexion. Il s’agit de questionner les « bruits » de la ville notamment comme signifiants, créateurs ou prédateurs des liens sociaux, et de sensibiliser les différents acteurs de l’aménagement urbain à la qualité sonore des espaces publics. 

« L’attitude courante à l’égard « du bruit » est de se boucher les oreilles, ou de se plaindre, Or, derrière cette notion abusivement générique de « bruit », se cachent beaucoup de pièges, qu’il faut prendre soin de dépister pour ne pas être sa propre victime : se battre contre les bruits, c’est se battre contre les autres (on ne porte pas plainte contre soi !), et c’est une bien piètre façon d’améliorer la cité, la sociabilité et la citoyenneté. En revanche, écouter, c’est se former, c’est s’instruire, c’est affiner ses désirs, écouter ceux des autres, c’est chercher des relations, faire des choix instruits, les souhaiter à plusieurs, se construire une culture du sonore, ne pas se penser en dehors d’une existence collective.

Écouter, c’est objectiver son audition et ne plus entendre à travers les grossissements de l’affect, des états d’âme du moment, à travers son mécontentement de l’existence de l’autre à nos côtés, à travers un fatras d’impressions plus subjectives qu’objectives. » A la recherche d’une écoute – Echo Bruit no 57 -

Ses travaux sur le sujet ont donné lieu à nombre de réalisations pratiques et théoriques, dont la réalisation des bandes sonores de l’exposition « L’oreille oubliée » au Centre Georges-Pompidou, l’édition d’une grosse étude (1000 pages) sur les Références Culturelles du Bruit et de l’Audition (pour le ministère de l’équipement - Plan Urbain), l’édition d’un programme pédagogique sur l’écoute (pour les ministères de l’Environnement et de l’Éducation Nationale), qui fut distribué dans les 45000 écoles primaires de France, etc.

Les enfants

Les enfants ont régulièrement alimenté ses réflexions éthiques, politiques et esthétiques : ses premières œuvres étaient destinées à des grands chœurs de 800 à 1000 enfants (Palais des Sports de Lille, Maison de la Culture d’Orléans, de Créteil, Parc de Sceaux…) ; l’Opéra de Paris lui a ensuite commandé un opéra pour enfants (avec l’ensemble 2E2M) ; nombre d’enfants solistes sont présents de façon récurrente dans ses œuvres, en qualité d’interprètes (cf. par exemple « L’enfant qui s’envole ») ; il a par ailleurs collaboré avec plusieurs maîtrises...

Il a en outre développé des approches pédagogiques tout à fait personnelles pour l’approche de la musique contemporaine par les enfants, et considère que ceux-ci avaient beaucoup à apporter à la création.

Le monde du travail 

Les liens entre l’Art et la vie quotidienne ont été pensées par nombre d’artistes mais assez peu de compositeurs (Cf. John Cage au milieu du XXe siècle), et trouvent leurs résonances dans l’activité entière de Nicolas Frize, en particulier dans sa réflexion et ses relations de création avec le monde du travail. C’est une des raisons d’être de nombre de ses résidences passées, faisant du monde du travail un des lieux privilégiés de ses captations sonores. 

Il est marqué par les années 68/70, à l’occasion desquelles il se construit un engagement politique, dans des mouvements Mao au départ puis dans divers mouvements qui vont guider sa démarche artistique (il réalisera plus tard plusieurs créations à Cuba), sur les luttes anti genre, contre le racisme, contre tous les enfermements… et tout particulièrement pour la solidarité avec le monde ouvrier, auquel il restera définitivement fidèle.

En 1984 il réalise une très importante mémoire sonore des usines Renault de Boulogne-Billancourt, commande du comité d’entreprise de Renault et du ministère de la Culture et de l’Environnement, alors que l’usine s’apprête à fermer. En résulte Paroles de voitures, une création pour voix et bandes magnétiques.

Il renouvellera ensuite l’expérience à l’Hôpital Delafontaine, à la Manufacture des Gobelins, au Centre de Recherche du Gaz de France, à la RATP, à l’usine PSA de Saint-Ouen, et dans nombre de lieux de travail… 

Les captations peuvent suivre différentes méthodologies : relevés scientifiques, documentaires, musicaux ou pédagogiques. Dans tous les cas les sources sont simultanément isolées et contextualisées de l’environnement sonore d’origine. Un dialogue s’engage alors avec les occupants dans le cadre d’entretiens. 

Il s’agit de rendre leur sens aux sonorités, qui sont identifiées, différenciées entre elles et expliquées par celles et ceux qui les entendent dans leur travail. Inversement, les captations sonores isolées, privées de leurs contextes, permettent une écoute singulière de ceux-ci par les occupants des lieux qui peuvent en percevoir l’esthétique, les nuances, mais aussi les appréhender de façon historique, politique... 

Repenser les conditions de production des œuvres

En 1975, pour pouvoir s’affranchir des conditions de production classiques ou « officielles » ou « normalisées » de la musique contemporaine, Nicolas Frize crée l’association Les Musiques de la Boulangère, une structure culturelle qui tient son siège à Paris, dont les bureaux principaux sont à Saint-Denis (depuis plus de 25 ans), avec une annexe à Vézénobres dans le Gard. Tout en soutenant diverses initiatives culturelles, elle constitue aussi le support administratif et de production des créations du compositeur. L’association compte un peu plus de 180 adhérents.

Cet outil de production, de réalisation et de formation lui permet de repenser de façon structurelle les conditions de « mise en œuvre des œuvres » (modes de « communication » temps de travail, publics destinataires, résidences, gratuité, salaires des interprètes…).

L’association est membre de collectif Autres(p)Arts.

Le travail

La réflexion sur le travail imprègne toute l’œuvre de Nicolas Frize, très proche du monde du travail - et ouvrier en particulier. En 2010 il crée TRAVAILS, journal collectif et proliférant, gratuit et tri-annuel, rassemblant des entretiens menés auprès de divers salariés sur leur lieu de travail. 

Il en existe aujourd’hui douze numéros : Le Corps ; Le Langage (1) ; La Pause ; L’Arrêt ; La Suspension ; Le Langage (2) ; La Personne et la Fonction ; Le Temps ; La Discute ; Le Collectif ; Les Façons de faire ; Les Sens ; La Nuit ; La tête et les mains ; Bouger.12

L’initiative est militante, et vise à rendre compte à travers différentes thématiques, de la subjectivité du « travaillant » (nom propre qu’il inaugure), de l’appropriation sensible, sensorielle et intellectuelle de chaque individu dans son activité professionnelle. 

Les lieux d’enfermement

Le Studio du Temps est un dispositif de création, de formation professionnelle et d’emploi autour de la numérisation d’archives sonores créé par Nicolas Frize en 1991 à la centrale Saint-Maur, près de Châteauroux (Indre), établissement pénitentiaire pour longue peine. 

En 1990 Nicolas Frize conçoit un projet d’envergure soutenu par diverses institutions, le ministère de la Justice, de la Culture, du Travail, de la Jeunesse et des Sports, la Fondation de France, la Fondation France-Liberté, la Caisse des Dépôts et Consignations, l’Ina... Autour d’un cahier des charges artistique et politique, il allie travail, formation et culture, implique une quinzaine de personnes détenus, et met en place de façon régulière des manifestations publiques, concerts, séminaire, colloque, expositions, émissions…

Le dispositif, en place dans un studio aménagé et équipé à l’intérieur de la centrale, est pérenne, et fait l’objet de divers partenariats depuis sa création (musée du Louvre, musée de l’Homme, musée des Arts et Traditions Populaires, CDMC, centres musicaux, Radio-France, Ina, Archives nationales, Centre Georges-Pompidou…).

De cette expérience et de ses interventions en milieu carcéral (Fleury-Mérogis, Poissy…), Nicolas Frize éditera 2 ouvrages, Le Sens de la Peine, essai publié en 2004 et Le travail incarcéré, collectif publié en 2009.

Gratuité et décommercialisation des œuvres 

Les conditions de créations des œuvres de Nicolas Frize ont pour objectif d’être ancrées dans la vie, l’époque et le quotidien. Elles partent de réflexions qu’il creuse en s’implantant dans des lieux de vie, et par le dialogue avec ses interprètes et des populations diverses. L’activité artistique est donc pensée dans une éthique globale qui pose l’auditeur au centre et l’implique le plus possible. Par ailleurs, les scénographies qu’il aménage pour leur diffusion dans les espaces qui leur sont dédiées sont souvent complexes et hétérogènes, sollicitant l’auditeur dans des déplacements ou usant d’équipements de spatialisation sophistiqués. Pour toutes ces raisons, le compositeur ne souhaite pas diffuser ses pièces en stéréo sur des supports de reproduction – ou pire de commercialisation. Il a donc pris la décision de ne rien diffuser en dehors des concerts, d’interdire les enregistrements et ne refuser toutes éditions.

Ses œuvres étant soutenues par des financements publics, Nicolas Frize fait par ailleurs le choix d’une gratuité systématique de toutes ses manifestations (« l’art soutenu par l’impôt collectif relève du service public »). 

Son projet est de contourner toute valeur marchande attribuable aux créations ou à leurs éventuelles traces. 

Œuvre    

Compositions

Parmi ses quelque 200 créations, citons :

• Concert de Pierres, Grand Auditorium du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris et au Festival d’Avignon (Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon), pour instrumentarium minéral géant

• Rêves de hotte, Théâtre des Champs-Élysées, Studio 104 de la Maison de Radio-France (XXe anniversaire), et Maisons de la Culture d'Aulnay et de Corbeil. Pour 20 instrumentistes, et un orchestre de 750 jouets d'enfants.

• Composition française, Basilique de Saint-Denis (Festival de Saint-Denis), pour orchestre, 4 chanteurs solistes et 2 très grands chœurs

• Sons d'Essaim, Église Saint-Patrick de Montréal (Québec), invitation de la Faculté de Musique de l'Université et le Consulat de France de Montréal, pour chœur et instruments

• Concert de Baisers, 1983, Cour du Palais-Royal à Paris, pour grand ensemble

• Paroles de Voitures, Usines Renault de Boulogne-Billancourt, Commande du comité d'entreprise, des ministères de la Culture et de l'Environnement

a) Constitution d'une mémoire sonore de 900 enregistrements des ateliers de l'usine

b) Création pour trois chœurs (travail vocal avec une centaine d'ouvriers) et bandes (réalisées en studio à partir des bruits de l'entreprise). Atelier des anciennes forges / site de Billancourt.

• La Voix des Gens - chroniques musicales no 1 à 7, pour divers chanteurs et bandes magnétiques

• Le chant de la chair, Création à Tokyo, Kyoto, Cienfuegos, Marseille, Paris, Pècs, Chateauvallon… pour 2 percussionnistes solistes et grand ensemble, 1995 à 2017

• Un instant, Création inaugurale du nouvel Orgue de l'Église Saint-Pierre de Chaillot (facteur Daniel Birouste), commandée par la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, pour grandes orgues, soprano et chœur

• Du plus profond / Desde lo mas hondo, La Havane à Cuba puis Saint-Denis, Clichy-sous-Bois et Drancy : partition en neuf segments pour ensemble à 32 voix, solistes, chœur d’enfants, chœur d’adulte, ensemble de cuivres, de percussions, orchestra, objets sonores et bandes magnétiques. Réalisé avec 300 interprètes cubains puis 300 interprètes français.

• êtres, Villepinte, Villeneuve-la-Garenne, Fontenay-sous-Bois, les Lilas, Saint-Ouen et Saint-Denis, pour orchestre, solistes et chœur

• Desseins, Îlot Cygne à Saint-Denis, pour grands ensembles instrumentaux et vocaux, avec l’associations de danseurs, de dessinateurs, d’étudiants paysagistes… (clôture du Festival de Saint-Denis et 30e anniversaire de l’Archéologie de Saint-Denis).

• Auguste s’envole, Châteauvallon puis Usine Babcock à La Courneuve (clôture du Festival d’Ile-de-France). Pièce en quatre partitions et quatre lieux distincts, pour plusieurs formations, solistes, foule silencieuse, objets sonores, bandes…

• Poussières d’étoiles, Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette. Pièce en quatre actes pour sons électroniques, bandes électroacoustiques, ensembles vocaux et ensemble instrumental (création musicale pour un spectacle nocturne permanent réalisé par Philippe Corbin et Stéphane Vérité, en collaboration avec Hubert Reeves)

• Dehors au dedans, Gennevilliers, à la MPAA de Paris, Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, pour l’ensemble Ars Nova (Philippe Nahon) (avec projections muettes)

• Shi Tchué, Scène nationale d’Orléans, Serres d’Auteuil, Pavillon de Musique de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis, pour cinq « siffleurs » chinois et traitements informatiques en temps réel inspirée par la rencontre des minorités Buyis en Chine, pratiquant un chant sifflé.

• Patiemment, Hôpital Delafontaine de Saint-Denis, pour solistes chanteurs, instrumentistes et chœur

• Je ne sais pas, Espace Lumière d’Epinay sur Seine, pour orchestre, 4 chanteurs solistes, grand chœur, personnages bande magnétique avec projetcions géantes de sous-titres poétiques autour de la traduction, la participation du chorégraphe Jean Guizerix et des peintres Joëlle Girard, Jean-Pascal Février et Stéphanie Gaillard. 

• Soufflé, Immeuble à Saint-Denis - concert dans les cinq étages, Programme de 76 œuvres musicales regroupant le répertoire de 43 compositeurs, comportant 27 commandes inédites passées à six compositeurs contemporains. L’ensemble de ces œuvres est donné dans 23 salles de concert réparties sur les cinq étages d’un immeuble de 5 000 m2.

• Peut-être, ça va… arriver ! Saint-Denis, La Courneuve et Stains, pour voix solistes et instruments

• Je t'aime, je meurs, Pavillon de Musique de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis (Festival de Saint-Denis - centenaire de la naissance de Paul Eluard à Saint-Denis.), pour baryton (François Le Roux) et piano (Noël Lee)

• Concert de Bébés 2e, Maison de la culture de Rennes, (Festival Art-7), pour 6 musiciens enfants, et un instrumentarium d'objets sonores originaux, bandes.

• Langages d’un jour, MacVal (5ème anniversaire) – Concert itinérant dans 3 grandes salles du muse, pièces pour écritures, violon, violoncelle , projections et grand ensemble vocal

• la – concert de porcelaine, Manufacture de Sèvres, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris – Galerie des Études (grande verrière), pour grand instrumentarium de porcelaine, hautbois et violoncelle, 2012

• Intimité, Usine Peugeot-Citroën de Saint-Ouen, pour orchestre, octuor vocal, chœur et pièces, 2014

• Silencieusement, Archives nationales – site de Pierrefitte, pour instruments, octuor vocal et chœur, 2015

• Rhizome, Commande artistique dans le cadre du 1% artistique, pour la construction confiée à l’architecte Renzo Piano, de l’Université Jules-Verne dans la citadelle d’Amiens…, 2016

Collaborations

• Membre de la Ligue des Droits de l’Homme et co-responsable du Groupe de Travail « Prisons et Privation de liberté », 2000 à 2017

• Membre du Conseil Scientifique du Collège International de Philosophie, 2016 à 2018

• Commissaire de Nuit Blanche à Paris, 2004

• Chargé d’une mission de trois ans, avec Marie-Pierre Bouchaudy, par la communauté d’agglomération Plaine Commune, pour mettre en place la Mission Nuage, réseau et démarche sur la dimension culturelle du développement urbain (CDT du Grand Paris), 2013 à 2015

• Depuis ses débuts, il produit un certain nombre de travaux théoriques, et participe à des initiatives menées par diverses structures et institutions, qui accompagnent son travail artistique : des textes, des conférences, des colloques, des ateliers de réflexion, des formations pour différents publics (lycéens, étudiants, régisseurs son…).

Bibliographie

Publications

• Nicolas Frize, Lyse Harrinck, Étude des références culturelles du bruit et de l’audition, Paris, Le plan Urbain, 2003

• Nicolas Frize, Le sens de la peine – État de l’idéologie carcérale, Paris, Éditions Lignes-Léo Scheer, 2004 (Préface de Madeleine Rebérioux)

• Nicolas Frize, Écoute, écoute, Paris, ministère de l’Éducation Nationale, ministère de l’Environnement, ministère de la Culture et de la Communication, 2009

• Patrick Bellenchombre, Dominique Lhullier, Nicolas Frize, Rémi Camino, Le travail incarcéré : vue de prison, Paris, Éditions Syllepse, 2009

• Nicolas Frize, Dehors au dedans, Paris, Éditions Les Musiques de la boulangère, 2009

• Nicolas Frize, Intimité, Paris, Éditions de l’œil, 2014 

• Nicolas Frize, Silencieusement, Paris, Éditions de l’œil, 2015

• Nicolas Frize, Patiemment, Paris, Éditions de l’œil, 2016

• Nicolas Frize, Coline Merlo, Nous sommes ici, Paris, Plaine Commune, 2016

• Nicolas Frize, La- concert de porcelaine, Paris, Éditions de l’œil, 2017

Participations

• Paul Blanquart, L’oreille oubliée, cat. expo., Paris, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (du 28 oct. 1982 au , 1982), 1982

• Anne Chapoutot (sous la dir.), L’air de dehors : pratiques artistiques et culturelles en milieu pénitentiaire, Paris, Éditions du May, 1993

• Christophe Dejours (sous la dir.), Conjurer la violence : travail, violence et santé, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2007

• Anne Gonon, Tout ouïe : la création musicale et sonore en espace public, Lavérune, Éditions l’Entretemps, 2016 

• Ministère de la Culture, Grands Prix Nationaux, Paris, Ministère de la Culture, 1995

• Stephen McAdams, Lionel Collet, Louis Dandrel, Nicolas Frize, L’ouïe, Revue du Palais de la découverte, no 275, , p. 34-41

• Éric Tissier, Être compositeur, être compositrice en France au XXIe siècle, Paris, Éditions L’Harmattan, 2009

• Sarah Troche et Lambert Dousson, Politique de l’instant musical, Revue Geste, volume 5, 2008, p. 222-242 

• Rencontre avec des citadins extraordinaires : douze expériences culturelles, artistiques et sociales en milieu urbain, Paris, Le Monde-Éditions, 1992

• Claude Willard (sous la dir.), La France ouvrière : des origines à 1920, Paris, Éditions Sociales, 1993

Notes et références 

  1. « Nicolas Frize », sur Les Archives du Spectacle (consulté le )

1. Blanquart, 1982, p. 103 

2. Colonna-Césari Annick, La Voix de la France (en ligne). L’Express, 21/03/1996 (consulté le 21/10/2016), disponible à http://www.lexpress.fr/informations/la-voix-de-la-france_613031.html

3. Frédérique Arbouet, La récolte du son (en ligne). Le Journal des activités sociales de l’énergie, 29/07/2004, consulté le 21/10/2016), disponible à http://journal.ccas.fr/la-recolte-du-son

4. Concert de baisers, Chercheurs de sons, le 10/10/2008 (consulté le 21/10/2016), disponible à http://www.chercheursdesons.com/archive/2008/10/11/concert-de-baisers.html

5. Gonon, 2016, p. 65, 72-77

6. Blanquart, 1982, p. 103

7. 1% artistique à la citadelle d’Amiens. Site de la ville d’Amiens, 04/11/2014, disponible à http://www.amiens.fr/actualite/3499/1-artistique-citadelle-amiens.html

8. Blanquart, 1982, p. 103 

9. Willard, 1995, p. 27

Liens externes

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