Nevado de Incahuasi

Le Nevado de Incahuasi (prononcé en espagnol : [iŋkaˈwasi] ; du quechua Inka Wasi signifiant « maison de l'Inca »[1],[2] est un volcan des Andes, en Amérique du Sud. Il est situé à la frontière entre la province de Catamarca (département de Tinogasta) en Argentine et la IIIe région d'Atacama au Chili. Il s’élève à une altitude de 6 621 m, ce qui en fait le septième volcan le plus haut du monde (volcans actifs et éteints confondus).

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Nevado de Incahuasi

Le volcan Nevado de Incahuasi
Géographie
Altitude 6 621 m
Massif Andes
Coordonnées 27° 02′ 31″ sud, 68° 16′ 48″ ouest
Administration
Pays Argentine
Chili
Province
Région
Catamarca
Atacama
Département
Province
Tinogasta
Copiapó
Ascension
Première 1913 par Walther Penck
Géologie
Roches Dacite, andésite, andésite basaltique
Type Volcan de subduction
Activité Inconnue
Dernière éruption Inconnue
Code GVP 355125
Observatoire Aucun
Géolocalisation sur la carte : Catamarca
Géolocalisation sur la carte : Chili
Géolocalisation sur la carte : Argentine

Le volcan consiste en une caldeira de 3,5 km de large et deux stratovolcans. Quatre cônes pyroclastiques sont situés à km au nord-est et ont produit des coulées de lave basalte-andésite ayant recouvert une superficie de 10 km2[3].

Géographie

Situation

L'Incahuasi est situé à la frontière entre l'Argentine et le Chili[4], aux environs du Paso de San Francisco[5], plus précisément au sud du volcan San Francisco, et constitue l'extrémité orientale d'une courte chaîne de volcans massifs parmi les plus hauts de la planète et comprenant le Nevado Ojos del Salado, le Nacimientos, le Cerro Bayo et le Nevado Tres Cruces.

Tout près, à l'ouest, se trouve le volcan El Fraile (6 068 mètres) puis le Nevado (6 000 mètres), et au sud le volcan Negro (5 373 mètres) qui a montré une activité toute récente.

L'Incahuasi est situé au sud de la zone volcanique centrale des Andes avec 110 autres volcans du Quaternaire[6]. L'histoire de l'activité volcanique est mal connue pour la plupart de ces volcans en raison de l'absence de datation ; seules quelques éruptions ont été enregistrées, comme une éruption de l'Ojos del Salado en 1993[6], plus haut volcan au monde[7] situé au sud-ouest de l'Incahuasi[4]. Ils forment avec El Fraile, le Cerro El Muerto, le Nevado Tres Cruces et El Solo une longue chaîne volcanique de 50 km[8].

La région est dominée par des volcans actifs il y a 1,5 million d'années[9]. À proximité de l'Incahuasi se trouvent également le Falso Azufre et le Nevado San Francisco[5], ainsi sur les volcans du Miocène, le Cerro Morocho et le Cerro Ojo de Las Lozas[10].

Topographie

L'Incahuasi consiste en une caldeira de 3,5 km de large. Deux stratovolcans coalescents se sont formés dans la caldeira[4] et ont un diamètre de 15 km[11]. Un dôme de lave de 6 × 4 km est situé sur le flanc est[11]. Le volcan a un volume d'environ 231 km3[12] et couvre une superficie d'environ 207 km2[13]. Avec une altitude de 6 621 m, l'Incahuasi est le 12e plus haut sommet d'Amérique du Sud[14] et l'un des plus haut volcans au monde[13].

L'Incahuasi dispose de deux cratères, un cratère sommital et un cratère arqué sur le versant oriental qui contient un dôme de lave[4]. Le cratère sommital mesure 750 × 900 m[11] et est intégré sur le vaste plateau sommital[10]. Les fissures subsidiaires sont inversement associées à des fissures volcaniques[15].

Les pentes ouest et sud-ouest d'Incahuasi sont parsemées de dômes de lave[4], dont la taille est plus modérée que sur les autres volcans de la région[16]. Des coulées de lave de moins de km de large et de km de long[11] sont visible sur les flanc du volcan[4]. Elles atteignent le salar de Las Coladas, à l'est de l'Incahuasi[17]. Deux coulées de km de long s'étendent vers le nord et vers l'est du cratère principal[11].

Quatre cônes pyroclastiques se trouvent à km au nord-est de l'Incahuasi. Ils ont recouvert une superficie de 10 km2 de lave[4] mais ils sont probablement un système volcanique indépendant, semblable à d'autres volcans mafiques de la région[18]. Sur le flanc oriental de l'Incahuasi se trouve un important dôme de lave et un champ de coulées de lave[10]. L'Incahuasi est situé sur un haut plateau dont l'altitude est comprise entre 4 300 et 4 700 m[19].

Géologie

Le volcanisme dans la région remonte à l'Oligocène et au Miocène, lorsque le principale arc volcanique était situé à 40 km à l'ouest de la ceinture de Maricunga. Entre 6 et 9 millions d'années, l'activité volcanique dans la ceinture de Maricunga diminue avant de finalement cesser. Simultanément, le bassin arrière-arc connaît une augmentation de son activité volcanique[20].

Comme de nombreux volcans andins, les éruptions de l'Incahuasi ont produit de l'andésite contenant du hornblende et du pyroxène[5] mais également de la trachyandésite et de la trachy-dacite[21]. Les coulées de lave sur le stratovolcan sont dacitiques[4].

Les éruptions des quatre cônes au nord-est du volcan principal ont expulsé de l'andésite basaltique[4]. De même, les cônes adventifs ont produit de l'andésite basaltique, riche en magnésium[22]. On trouve dans ces roches des minéraux tels que le clinopyroxène et de l'olivine[5].

La présence de tels magmas de base dans un environnement volcanique dominé par des dacites semble être une conséquence de la tectonique locale, qui impliquent l'extension de la croûte par rapport au régime de compression plus à l'ouest[9]. Provenant du manteau, les magmas sont rapidement montés dans les failles et ont été contaminés par des matériaux composant la croûte terrestre[5]. Le manteau lui-même avait été modifié auparavant par un matériau crustal ajouté par le délaminage de la croûte inférieure et l'érosion par subduction (en)[23]. Il existe une hypothèse selon laquelle la chaîne perpendiculaire de volcans comprenant l'Ojos del Salado serait la subduction de la plaque Juan Fernández sous la fosse du Pérou et Chili (en)[24].

Climat

L'Incahuasi n'a pas de glacier[25], y compris dans son cratère, mais il a un manteau neigeux temporaire[4].

Les précipitations moyennes sur l'Incahuasi sont d'environ 300-500 mm/an. Le volcan se trouve au sud de la bande appelée "diagonale aride", et la plupart des précipitations tombent pendant l'hiver[19]. Cette aridité est causée par l'effet d'ombre pluviométrique des chaînes subandines, qui bloquent l'humidité en provenance de l'océan Atlantique[26].

Histoire

Histoire éruptive

Une coulée de lave andésitique sur le versant nord-ouest de l'Incahuasi a donné deux datations, une première il y a 1,15 ± 0.5 million d'années et l'autre de 710 000 ± 80 000 ans[27]. Sur la base de leurs conservations, les coulées de lave semblent avoir des datations à peu près comparables[11]. Des datations supplémentaires ont été obtenues sur l'édifice principal, 1.57 ± 0.1 million d'années, 1.14 ± 0.37 million d'années et 1.00 ± 0.13 million d'années[28].

Des cônes adventifs sont actifs il y a 500 000 ans[22]. Ils incluent le dôme de lave et les champs de coulée de lave (760000 ± 90 000 ans et 740000 ± 50 000 ans respectivement) et une coulée de lave depuis les cônes pyroclastiques, datée à 350000 ± 30 000 ans[28].

L'activité volcanique à Incahuasi peut avoir continué pendant l'Holocène[4]. Les datations anciennes obtenues par datation radiométrique indiquent un volcan éteint bien que l'activité des volcans andins soit connue pour comporter de longues phases de repos entre les éruptions (jusqu'à un million d'années)[18]. Une activité fumarolique a été rapportée. Le volcan est considéré comme un risque géologique potentiel en Argentine[29] et au Chili, où la carte de la SERNAGEOMIN l'identifie comme une menace potentielle[30]. Cependant, l'éloignement du volcan signifie que d'éventuelles éruptions futures sont peu susceptibles d'avoir un impact sur des zones peuplées[31].

Histoire humaine

Le volcan est gravi pour la première fois par les Incas. En 1912, le géologue allemand Walther Penck atteint le sommet. La légende raconte qu'Edward Flint, un ingénieur des chemins de fer, aurait réalisé l'ascension entre 1854-1859[32].

En 1913, une structure cérémonielle inca est découverte au sommet de l'Incahuasi[14]. Un autre site archéologique « Fiambalá-1 » se trouve au pied du volcan[33].

Notes et références

  1. (es) Diccionario Quechua - Español - Quechua, Academía Mayor de la Lengua Quechua, Gobierno Regional Cusco, Cusco
  2. (es) Teofilo Laime Ajacopa, Diccionario Bilingüe Iskay simipi yuyayk'ancha, La Paz, 2007
  3. (en) « Nevado de Incahuasi Volcano, Chile/Argentina | John Seach »
  4. (en) « Nevado de Incahuasi », sur http://www.volcano.si.edu, Global Volcanism Program, Smithsonian Institution
  5. Kay, Coira et Mpodozis 2008, p. 163.
  6. Grosse et al. 2018, p. 2.
  7. Gonzalez-Ferran, Baker et Rex 1985, p. 434.
  8. Kay, Mpodozis et Gardeweg 2014, p. 310.
  9. Kay, Coira et Mpodozis 2008, p. 162.
  10. Grosse et al. 2018, p. 11.
  11. (es) P. Grosse, Y. Orihashi, S. Guzman et I. Petrinovic, « Volcanismo Cuaternario en la Zona del Paso San Francisco, Catamarca », sur conicet.gov.ar,
  12. (en) Diego Aravena, Ignacio Villalón et Pablo Sánchez, « Igneous Related Geothermal Resources in the Chilean Andes », sur pangea.stanford.edu, , p. 5
  13. Grosse et al. 2018, p. 10.
  14. Rundel et Kleier 2014, p. 3.
  15. (es) R. E. Seggiaro et F. D. Hongn, « Influencia tectónica en el volcanismo Cenozoico del Noroeste argentino », Acta Geológica Hispánica, vol. 34, no 2, , p. 229 (ISSN 2173-6537, lire en ligne)
  16. Gonzalez-Ferran, Baker et Rex 1985, p. 436.
  17. Valero-Garcés et al. 2000, p. 345.
  18. Grosse et al. 2018, p. 18.
  19. Gspurning, Lazar et Sulzer 2006, p. 61.
  20. Kay, Coira et Mpodozis 2008, p. 160.
  21. Grosse et al. 2018, p. 7.
  22. (es) Constantino Mpodozis, Paula Cornejo, Suzanne M. Kay et Andrew Tittler, « La Franja de Maricunga : sintesis de la evolucion del Frente Volcanico Oligoceno-Mioceno de la zona sur de los Andes Centrales », Andean Geology, vol. 22, no 2, , p. 308 (ISSN 0718-7106, lire en ligne)
  23. Kay, Mpodozis et Gardeweg 2014, p. 324.
  24. Gonzalez-Ferran, Baker et Rex 1985, p. 425.
  25. Gspurning, Lazar et Sulzer 2006, p. 61-63.
  26. Valero-Garcés et al. 2000, p. 344.
  27. Gonzalez-Ferran, Baker et Rex 1985, p. 435.
  28. Grosse et al. 2018, p. 12.
  29. (en) Laura P. Perucca et Stella M. Moreiras, Developments in Earth Surface Processes, vol. 13, Amsterdam, Netherlands/Boston Mass., Elsevier, (ISBN 978-0-444-53117-9, DOI 10.1016/S0928-2025(08)10014-1), « Seismic and Volcanic Hazards in Argentina », p. 292
  30. (es) « Peligros Volcanicos », sur sernageomin.cl, (ISSN 0717-7305)
  31. Grosse et al. 2018, p. 19.
  32. (en) Evelio Echevarria, « Early British Ascents in the Andes (1831-1946) », Alpine Journal, , p. 64–65 (lire en ligne)
  33. (es) Martín Orgaz et Norma Ratto, « Estrategias De Ocupacion Incaica Al Sur Del Tawantinsuyu (Tinogasta, Catamarca, Argentina) : La Apropiacion De Paisajes Sagrados Y La Memoria Social », Ñawpa Pacha, vol. 35, no 2, , p. 233 (ISSN 0077-6297, DOI 10.1080/00776297.2015.1108125, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) O. Gonzalez-Ferran, P.E. Baker et D.C. Rex, « Tectonic-volcanic discontinuity at latitude 27° south Andean Range, associated with Nazca Plate Subduction », Tectonophysics, vol. 112, nos 1–4, , p. 423–441 (DOI 10.1016/0040-1951(85)90189-1)
  • (en) Pablo Grosse, Yuji Orihashi, Silvina R. Guzmán, Hirochika Sumino et Keisuke Nagao, « Eruptive history of Incahuasi, Falso Azufre and El Cóndor Quaternary composite volcanoes, southern Central Andes », Bulletin of Volcanology, vol. 80, no 5, , p. 44 (ISSN 0258-8900, DOI 10.1007/s00445-018-1221-5, hdl 10261/163641)
  • (en) Josef Gspurning, Reinhold Lazar et Wolfgang Sulzer, « Regional Climate and Snow/Glacier Distribution in Southern Upper Atacama (Ojos del Salado) - an integrated statistical, GIS and RS based approach », Grazer Schriften der Geographie und Raumforschung, vol. 41, , p. 59–70 (lire en ligne)
  • (en) Suzanne Mahlburg Kay, Beatriz Coira et Constantino Mpodozis, « Field trip guide : Neogene evolution of the central Andean Puna plateau and southern Central Volcanic Zone », Field Guides, vol. 13, (ISBN 978-0-8137-0013-7, ISSN 2333-0937, DOI 10.1130/2008.0013(05), lire en ligne)
  • (en) Suzanne Mahlburg, Constantino Mpodozis et Moyra Gardeweg, « Magma sources and tectonic setting of Central Andean andesites (25.5–28°S) related to crustal thickening, forearc subduction erosion and delamination », Geological Society, London, Special Publications, vol. 385, no 1, , p. 303–334 (ISSN 0305-8719, DOI 10.1144/SP385.11, lire en ligne)
  • (en) Blas Valero-Garcés, Antonio Delgado-Huertas, Norma Ratto, Ana Navas et Larry Edwards, « Paleohydrology of Andean saline lakes from sedimentological and isotopic records, Northwestern Argentina », Journal of Paleolimnology, vol. 24, no 3, , p. 343–359 (ISSN 0921-2728, DOI 10.1023/A:1008146122074, hdl 10261/100304)

Liens externes

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