Narcisse (affranchi)

Tiberius Claudius Narcissus ou Narcisse (Ier siècle) était un affranchi à la tête de la fonction publique sous l'empereur romain Claude. Il est décrit comme praepositus ab epistulis (responsable de la correspondance). Homme de confiance de l'empereur, il amassa d'immenses richesses. Grâce à elles, il fit bâtir une villa à Stabiae, où l'on peut admirer de superbes peintures murales[1].

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Messaline

On dit qu'il conspira avec Messaline, troisième épouse de Claude pour faire exécuter plusieurs adversaires. Cependant, les sources admettent que Narcisse, ancien esclave de Claude, est toujours resté fidèle à l'empereur, et ainsi s'était vu confier plus de responsabilités que les autres affranchis. En 43, pendant les préparatifs de la conquête romaine de la Grande-Bretagne, il fit face à la révolte en s'adressant aux troupes. Voyant un ancien esclave en position de commandement, ils crièrent « Io Saturnalia ! » (Les Saturnales étant des jours de fêtes pendant lesquelles les esclaves prenaient la place des maîtres pour un jour) et la révolte s'interrompit. C'est grâce à son influence que le futur empereur Vespasien fut nommé légat de la légion Legio II Augusta en Germanie.

Quand Messaline — déjà épouse légitime de Claude — épousa son amant Gaius Silius en 48, Narcisse s'arrangea pour le rapporter à Claude. Devant les hésitations de l'empereur, il donna lui-même l'ordre de l'exécuter. Narcisse redoutait la rancune du fils de Messaline, Britannicus.

Agrippine la Jeune

Quand le temps fut venu pour l'empereur de se remarier, Narcisse suggéra Ælia Pætina, ex-épouse de Claude. Selon Anthony Barrett, l'intention de Narcisse était d'entraîner Claude à choisir Faustus Cornelius Sulla Felix, mari de Claudia Antonia, la fille qu'il avait eue avec Ælia, comme son successeur plutôt que Britannicus qui lui était hostile. Il aurait également donné à Claude un héritier adulte, ce qui aurait renforcé sa position. Quand Claude choisit sa nièce Agrippine la Jeune afin de consolider la famille des Julio-Claudiens, puis Néron pour remplir provisoirement le rôle d'héritier, Narcisse s'allia avec l'entourage de Britannicus afin d'assurer son avenir.

Claude faisait toujours confiance à Narcisse, et le fit nommer préteur. Il fut chargé de surveiller la construction d'un canal pour évacuer le lac Fucin, mais la nouvelle épouse de Claude, Agrippine l'accusa de détourner les fonds du projet, probablement pour se venger de son appui à Britannicus. Selon Tacite, Narcisse espéra discréditer Agrippine en révélant sa liaison avec l'affranchi Pallas, qui aurait par la même occasion compromis son fils. Il a probablement parlé à Britannicus en public de ses plans, et était ferme sur ses intentions. Suétone et Dion Cassius rapportent, qu'après le rapprochement de Britannicus et de son père — mais pas de Narcisse — ceux-ci projetèrent ouvertement d'abattre Agrippine. De toute façon, Agrippine se défiait de Narcisse.

En octobre 54, elle l'encouragea à aller en Campanie profiter des bains chauds pour y soulager sa goutte. En réalité, c'était pour l'empêcher d'être un obstacle à l'assassinat de Claude et l'accession de Néron au pouvoir.

Fin de règne

Aussitôt après l'annonce de la mort de son protecteur, Narcisse retourna à Rome, mais ses heures étaient comptées. Agrippine commanda son exécution dans les semaines qui suivirent. Avant son emprisonnement et son exécution, il brûla toutes les lettres de Claude pour empêcher Néron d'utiliser leur contenu.

Références culturelles

  • Le personnage de Narcisse apparaît dans la pièce de Jean Racine, intitulée Britannicus, qui s'appuie sur les écrits de Tacite. Racine y fait des adaptations personnelles afin de créer un contexte plus tragique.

Bibliographie

  • William Smith (1870), Dictionary of Greek and Roman Biography
  • H H Scullard (1982), From the Gracchi to Nero (fifth edition)
  • Anthony Barrett (1999), Agrippina

Références

  1. Bernard Andreae, L'art de l'ancienne Rome, Editions d'art Lucien Mazenod, , 641 p. (ISBN 2-85088-004-3), p.154
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