Nadia Beugré

Nadia Beugré, née le à Abidjan, est une danseuse et chorégraphe ivoirienne.

Biographie

Elle est née avec, le , dans le quartier populaire d’Abodo, au nord d'Abidjan, au sein d'une famille musulmane. Sa mère est la cinquième épouse de son père, et elle est la douzième ou treizième enfant de la famille. Son père est adepte de danse traditionnelle. Elle s'intéresse enfant au football, puis finalement à la danse et aux danses traditionnelles de Côte d’Ivoire qu'elle pratique au sein du Dante Théâtre[1],[2],[3].

En 1997, elle participe à la création, avec Béatrice Kombe, de la compagnie Tchétché, composée uniquement de femmes sur scène. Cette troupe remporte le deuxième prix des Rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’océan Indien, à Madagascar, en 1999. Peu de temps après le décès de Béatrice Kombe en 2007 qui l'affecte profondément, elle crée le solo Un espace vide : Moi, présenté en Angleterre, en France, au Burkina Faso, en Tunisie, et aux États-Unis. Suivent des années difficiles. Elle fait le choix d'approfondir sa connaissance de la danse contemporaine au sein les cours de Germaine Acogny au Sénégal, puis en France auprès de la chorégraphe Mathilde Monnier. Elle s'installe dans le sud de la France et danse notamment dans la compagnie d’Alain Buffard, avec la rwandaise Dorothée Munyaneza et la sud-africaine Hlengiwe Lushaba[1],[4],[5].

En 2012, elle crée et interprète un nouveau solo, Quartiers libres. Elle apparaît au milieu du public, vêtue d’une robe de scène courte et d’un micro dont le fil entoure son cou, entonnant Malaika, de Myriam Makeba, puis monte sur scène pour une danse rude, âpre, libre de ses mouvements et de son corps, interrogeant sur les espaces accessibles aux femmes[6],[7],[8] :

Ms. Beugré — so committed — makes the scene seem more like real life than theater.

 Gia Kourlas

« Mme Beugré — tellement engagée — fait ressembler la scène davantage à la vie réelle qu'à du théâtre. »

.

En 2014, elle crée le spectacle Tapis rouge, qu'elle interprète avec Sébastien Martel, dans un programme Sujets à vif du festival d'Avignon[1], puis Legacy, pièce jouée par un groupe de 4 danseuses et évoquant la marche, en 1949, d’un groupe d’ivoiriennes, à Bassam, pour obtenir la libération de leurs maris emprisonnés par les troupes coloniales[5],[6], et, fin de la même année Samedi détente, un spectacle de Dorothée Munyaneza consacré au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994[9]. Puis elle remonte, au festival d'Avignon de 2017, aidée de Nina Kipré, une pièce de Béatrice Kombe, Sans repères, 10 ans après la mort de la créatrice de ce spectacle : quatre femmes jettent leurs longues robes pour le short et un soutien-gorge noir de sportive guerrière, affirmant, cris et claques sur le corps, la puissance du pouvoir féminin et la volonté d’exister[10].

Références

  1. Marie-Christine Vernay, « La lutte au corps de Nadia Beugré », Libération, (lire en ligne)
  2. (es) Michèle Soriano, « Contra-archivos del sexo : feminismos excéntricos y meta pornografía », Labrys, estudos feministas, (lire en ligne)
  3. Célia Sadai, « Nadia Beugré, une femme qui marche sur un tapis de foutaises », I/O Gazette, (lire en ligne)
  4. Séverine Kodjo-Grandvaux, « Nadia Beugré, une femme libre », Jeune Afrique, (lire en ligne)
  5. Rosita Boisseau, « Danser pour rester vivant », Le Monde, (lire en ligne)
  6. Kandida Muhuri, « Nadia Beugré : danseuse en lutte », Africultures, (lire en ligne)
  7. Marie Soyeux, « Au Festival d’Automne, la condition des femmes », La Croix, (lire en ligne)
  8. (en) Gia Kourlas, « Women Who Confront, and Involve, Their Audience », The New York Times `, (lire en ligne)
  9. Rosita Boisseau, « Danser sur un champ de bataille », Le Monde, (lire en ligne)
  10. Rosita Boisseau, « Trois monuments de l’art chorégraphique africain sur un plateau », Le Monde, (lire en ligne)

Liens externes

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