Néolithique du Proche-Orient

Le Néolithique du Proche-Orient est chronologiquement le plus précoce des épisodes de passage d'un mode de vie paléolithique à un mode de vie néolithique à se produire dans le monde. Il prend place entre le Levant et le Zagros occidental, incluant une partie de l'Anatolie, au début de l'Holocène, entre 10000 et 5500 av. J.-C. environ.

Cette période est marquée avant tout par l'adoption de l'agriculture (à dominante céréalière) et de l'élevage à la suite de la domestication de plantes et d'animaux, supplantant progressivement la chasse et la cueillette. Mais plus largement le processus de néolithisation passe par un ensemble d'évolutions de diverses nature, avec l'essor du mode de résidence sédentaire et villageois, l'élaboration d'une architecture de plus en plus complexe, le développement d'un outillage en pierre varié, notamment du mobilier en pierre polie, la fabrication des premières céramiques, aussi un art spécifique et des changements rituels qui accompagnent les évolutions mentales reliées au processus de néolithisation. C'est toute la société qui est bouleversée, que ce soit dans le domaine démographique ou dans son organisation. C'est donc un changement radical, qui a pu être caractérisé de « révolution néolithique » par G. Childe, un des phénomènes majeurs de l'évolution des sociétés humaines. Mais c'est un processus qui s'inscrit dans une très longue durée, complexe, qui se déroule de façon non linéaire, connaissant des phases de reflux et d'autres où les changements sont plus rapides. Il comprend de plus des variations selon les régions.

Les premiers éléments caractéristiques du mode de vie néolithique se mettent en place durant la phase finale du Paléolithique, appelée Épipaléolithique dans le contexte proche-oriental, notamment la période du Natoufien du Levant (v. 14500-10000 av. J.-C.) qui voit le développement du mode de vie sédentaire. Le processus de néolithisation du Proche-Orient s'entame au Xe millénaire av. J.‑C. et s'achève plus de deux millénaires plus tard, vers 7500 av. J.-C. Cette première phase est un Néolithique dit « précéramique », car comme son nom l'indique il ne connaît pas encore l'usage de la céramique, mais c'est lui qui fait l'apprentissage de l'agriculture et de l'élevage, et voit la généralisation de la sédentarité, entre autres. Les phases suivantes du Néolithique céramique (ou tardif), durent jusqu'au milieu du VIe millénaire av. J.‑C. environ, et voient l'émergence de cultures régionales, et le mode de vie néolithique gagner de nouvelles régions. Elles s'achèvent quand commence à se développer la métallurgie qui marque le début des âges des métaux, et surtout une évolution plus marquée vers des organisations sociales et politiques plus hiérarchisées, prélude à l'apparition de l'État et au développement des premières sociétés « historiques » du Proche-Orient.

Les causes de la néolithisation ont fait l'objet de débats qui sont loin d'être clos. Est souvent mis en avant le lien avec les changements climatiques qui surviennent durant ces millénaires qui voient la fin de la dernière période glaciaire et le début de l'Holocène. Mais cette condition ne suffit pas à expliquer les évolutions économiques et sociales, qui sont sans doute liées à d'autres facteurs, peut-être la nécessité de s'adapter à une démographie plus importante, ou bien à des évolutions culturelles et mentales qui font que l'homme qui a désormais les moyens techniques nécessaires pour adopter un autre mode de vie se met progressivement à le faire.

Le Proche-Orient est en tout cas un foyer de néolithisation majeur à l'échelle globale, dont les découvertes sont adoptées progressivement par les régions voisines quand elles embrassent à leur tour le mode de vie néolithique, lui étant plus ou moins redevables selon les cas.

Zones de fouilles de résidences à Aşıklı Höyük (Turquie), VIIIe millénaire av. J.‑C.
Réplique du masque en pierre de la grotte de Nahal Hemar (Israël), fin du IXe millénaire av. J.‑C. Musée de la Préhistoire Moshe Stekelis, Haifa.
Statuettes en plâtre d'Aïn Ghazal (Jordanie), v. 7200-6500 av. J.-C.
Coupe peinte de la période de Samarra (Irak central) : échassiers pêchant des poissons, autour d'une swastika, v. 6200-5800 av. J.-C. Pergamon Museum.

Historique des études et problématiques

La « révolution néolithique » et la recherche de ses causes

Vere Gordon Childe, qui a développé le concept de « révolution néolithique », photographie des années 1930.

Le concept de Néolithique est forgé en 1865, en même temps que celui de Paléolithique, par John Lubbock, prolongeant le système des « trois âges » (cuivre, bronze et fer) de Christian Jürgensen Thomsen. Il dépend alors seulement de critères techniques, en premier lieu le passage de la pierre taillée à la pierre polie. Le Néolithique prend plus de consistance dans les années 1920-1930 avec les travaux du préhistorien australien Vere Gordon Childe, notamment dans son ouvrage fondateur, Man Makes Himself (1936), qui déplace sa définition vers les aspects économiques et sociaux, quand il forge le concept de « révolution néolithique », qui voit l'émergence de sociétés villageoises productrices de nourriture, qui succède à la révolution de la domestication du feu, et précède la « révolution urbaine », donc pose les conditions pour l'émergence de la « civilisation »[1]. Il caractérise ce phénomène par plusieurs traits majeurs : culture des plantes, élevage des animaux, qui entraînent une croissance démographique, engendrent des surplus, permettent la sédentarité ; il considère certes ces sociétés comme largement auto-suffisantes, mais admet qu'elles échangent entre elles des biens de luxe ; elles sont en mesure d'entreprendre des travaux collectifs et coopératifs, notamment pour l'agriculture et la sécurité de leurs ressources, en mettant en place des organisations politiques claniques, consolidées par des aspects magiques et religieux ; du point de vue matériel, le Néolithique est selon lui caractérisé par les objets en pierre polie, la céramique, et des instruments de tissage. Ce modèle a évidemment été amendé, mais il reste en partie valable lorsqu'il s'agit de déterminer le « package » néolithique (voir plus bas)[2].

Vue aérienne de Tell es-Sultan, le site archéologique de Jéricho (Palestine).

Les recherches à compter des années d'après-guerre ont permis de mieux poser les caractéristiques des sociétés néolithiques, grâce à de nouvelles découvertes. Par exemple les fouilles des sites du Natoufien des années 1950-1960 ont permis de déterminer que ces villages étaient peuplés par des chasseurs-cueilleurs, donc que la sédentarisation précédait la domestication, et ne pouvait être vue comme une conséquence de celle-ci comme on le pensait alors[3]. Dans les années 1950, Kathleen Kenyon jette les bases de la chronologie du Néolithique du Levant à partir des fouilles menées à Jéricho (Tell es-Sultan), en mettant notamment en évidence des phases d'un « Néolithique pré-céramique » (Pre-Pottery Neolithic). Ce modèle reste employé même s'il présente des limites, notamment parce qu'il qualifie pour les périodes anciennes des sociétés de « néolithiques » alors qu'elles ne le sont pas vraiment[4]. L’exploitation des données des fouilles récentes font encore évoluer les connaissances sur le processus de néolithisation, en mettant notamment en évidence la pluralité des foyers de domestications (en partie grâce au secours des études génétiques)[5], ou encore avec la découverte du sanctuaire de Göbekli Tepe en Turquie qui met en lumière les aspects religieux et rituels des débuts des sociétés néolithiques[6],[7]. La confrontation de la situation du Proche-Orient à celle des autres sociétés connues par l'archéologie ayant expérimenté le processus de néolithisation, de façon endogène ou pas, permet également de faire évoluer la compréhension du Néolithique en révélant des éléments communs et des spécificités[8],[9], et les travaux ethnographiques viennent en appui pour élaborer des modèles explicatifs à partir des données archéologiques préhistoriques[10].

Partant de cela, la recherche des causes a souvent dominé l'agenda des recherches, et donné lieu à un ensemble divers de propositions, souvent focalisées sur la question de l'origine des domestications, mais prenant également le phénomène de néolithisation dans ses différentes composantes.

Childe, reprenant les idées de R. Pumpelly, était un partisan de la « théorie des oasis » : la fin de la dernière ère glaciaire a entraîné un climat plus aride, obligeant hommes et animaux du Moyen-Orient, à se réfugier dans les plaines des rivières et les oasis, où se trouvaient aussi les céréales sauvages, et cette coexistence dans ces espaces réduits aurait entraîné le début de l'agriculture et de l'élevage. Après lui, R. Braidwood, à partir de ses recherches dans le Zagros dans les années 1950 (« Hilly flanks theory ») oriente la recherche des causes vers des critères sociaux et culturels : si le Néolithique se produit, c'est parce que les sociétés étaient prêtes matériellement et culturellement (« Culture was ready »), notamment parce qu'elles disposaient de l'outillage et des connaissances nécessaires à l'agriculture et à la transformation des aliments. L. Binford formule à partir de la fin des années 1960 une explication combinant démographie et environnement, reposant sur l'idée que les communautés de l'Épipaléolithique du Levant connaissaient une croissance démographique, ce qui se serait combiné avec la remontée du niveau des mers liée à la fin de l'ère glaciaire, et aurait créé un « stress » pour l'accès aux ressources alimentaires car l'espace par personne s'était réduit, ce qui aurait suscité un mouvement migratoire vers des espaces marginaux jusqu'alors dépeuplés, où les migrants auraient emporté avec eux céréales et animaux en les domestiquant. D'autres explications fonctionnalistes similaires, mettant en avant les réponses adaptatives des sociétés aux changements environnementaux et/ou démographiques, sont formulées par la suite[11]. L'étape suivante voit un retour des explications culturelles et cognitives, en premier lieu le modèle de J. Cauvin formulé dans les années 1980-1990, qui voit une « révolution des symboles », un changement de rapport des humains au monde qui les entoure, cause unique selon lui à l'origine des changements sociaux, économiques et matériels qui s'observent durant la néolithisation. I. Hodder a également formulé des propositions portant sur les changements mentaux ayant lieu au Néolithique, mais il ne les voit pas tant comme une cause que comme des évolutions accompagnant les autres changements. Comme cette perspective, les modèles explicatifs prenant en compte les interactions possibles entre les changements sociaux, économiques et mentaux, également climatiques, prennent le devant à compter des années 2000[12].

Un phénomène long et complexe

Le phénomène de néolithisation est désormais considéré comme un processus long et complexe, non-linéaire, caractérisé certes par le passage d'une économie de chasseurs-cueilleurs à celle d'agriculteurs-éleveurs, mais englobant bien d'autres évolutions techniques, sociales et mentales qui accompagnent le phénomène, et sont manifestement liées par des relations de causalité. Pour résumer les approches actuelles sur le Néolithique et la néolithisation en tant que processus qui recouvre plusieurs changements sur un très long terme :

Selon Ç. Çilingiroğlu :

« Le « Néolithique » implique plus que des développements technologiques, l'apparition de plantes et d'animaux domestiques ou la sédentarité. Désormais, le terme est généralement accepté pour englober les aspects technologiques, économiques, sociaux et idéologiques dans leur ensemble, donc « le mode de vie néolithique »[13]. »

Et pour A. Goring-Morris et A. Belfer-Cohen :

« Le concept de néolithisation impliqua beaucoup plus que la domestication des plantes et des animaux, car les processus de néolithisation impliquaient également la « domestication » du feu (développements pyrotechnologiques conduisant finalement à la production de poterie) et de l'eau (gestion sous la forme de puits et d'irrigation). De plus, et d’une importance capitale, la « domestication » sociale avec de nouveaux moyens de façonner l'identité et l'interaction de la communauté, dont l'essence même a changé ; ceux-ci vont de la constitution de liens par la parenté, des réseaux d'échange, de la spécialisation artisanale, des festins, etc., jusqu'à la rivalité, aux frontières politiques et à la violence conflictuelle intra- et intercommunautaire. En fin de compte, la « révolution néolithique », au Proche-Orient au moins, a été un processus de long terme, progressif et non dirigé, marqué par des événements de seuil, dont l'issue n'était nullement certaine[14]. »

Afin de définir ce que sont les sociétés néolithiques, s'est diffusé le concept de « package » néolithique, sur les bases des critères posés par Childe, qui sont les caractéristiques attendues des sociétés néolithisées, mais qui reste somme toute assez vague. Ces traits comprennent à la base les « premières fois » que l'on retrouve au Néolithique : « espaces construits indiquant une habitation permanente, animaux domestiques, céréales cultivées et légumineuses indiquant la production alimentaire, récipients en poterie indiquant le stockage et cuisson, objets en pierre polie indiquant la transformation des aliments, haches indiquant une nouvelle technologie de finition des outils en pierre par polissage » (M. Özdoğan, qui parle comme d'autres de « Neolithic Way of Life »)[15],[16]. Mais dans le détail l'assemblage matériel varie selon les régions et les époques. Une autre manière de regrouper les premières sociétés néolithiques dans leur ensemble autour d'éléments communs, matériels ou pas, et en dépit de leur diversité régionale, est de recourir au terme de koinè, « somme des traits communs à plusieurs groupes humains »[17].

Ces nouvelles approches s'accompagnent de la formulation de modèles plus complexes, devant prendre en compte une pluralité de phénomènes sur un très long terme, puisque la tendance est de plus en plus à remonter jusqu'aux débuts de l'Épipaléolithique, vers 20 000 av. J.-C., dix millénaires avant le début du Néolithique[18]. Ainsi une forme de déconstruction du concept de « révolution néolithique » s'est faite par la mise en évidence du fait que beaucoup si ce n'est l'intégralité des composantes du « package » néolithique existaient déjà dans les sociétés ayant précédé la néolithisation, au moins celle de l'Épipaléolithique final, si ce n'est avant, et que le Néolithique apparaît plutôt comme la période durant laquelle ces éléments ont été développés et intégrés dans un processus de changements sociaux, économiques et mentaux mené à son terme[19]. Cette approche aboutit également à la mise en évidence de phases de reflux dans le processus de néolithisation, qui est sans doute arrivé après un succession de tentatives n'ayant pas débouché sur la constitution de sociétés néolithiques[20].

Pour prendre un exemple de tentative d'explication englobante mêlant plusieurs types d'explications, en s’inspirant du concept biologique de « construction de niche », qui est régulièrement mobilisé pour expliquer la néolithisation[21], I. Hodder considère qu'il y se produit au Néolithique un phénomène d'intrication ou enchevêtrement entre les hommes et les choses qu'ils modifient, et qui les modifie en retour. Cela conduirait sur un très long terme à la néolithisation : les hommes exploitent plus intensément les céréales parce qu'elles seraient plus pourvoyeuses en énergie et facilement stockables, mais leur transformation nécessite un fort investissement en travail, ce qui entraîne un effort pour faire évoluer l'outillage, aussi une augmentation de la taille et de la population des groupes, ce qui en retour implique d'autres changements et ainsi de suite. En fin de compte les communautés humaines deviennent dépendantes de toutes ces nouvelles pratiques et choses inter-connectées, en dernier lieu les plantes et animaux domestiqués, et ont donc atteint un point de non-retour qui assure la pérennité du modèle néolithique, que même des événements climatiques importants ou autres bouleversements majeurs ne peuvent remettre en question[22].

Cadre géographique, paysages et environnement

Les principaux ensembles géographiques

Localisation des principaux ensembles géographiques du Néolithique du Proche-Orient.

Le Proche-Orient est entendu dans les études sur le Néolithique comme une région allant de la mer Méditerranée jusqu'au Zagros, de la mer Rouge et du golfe Persique jusqu'aux monts Taurus[23], ensemble auquel on inclut couramment Chypre et l'Anatolie centrale parce qu'elles participent rapidement au processus de néolithisation. On peut aussi parler d'« Asie du sud-ouest ». Cette vaste région comprend une grande diversité de milieux naturels et paysages, regroupés en plusieurs grandes zones suivant des critères géographiques et aussi culturels[24],[25]. On y trouve notamment le « Croissant fertile », concept qui trouve son origine dans les travaux de James Henry Breasted, qui dans son acception actuelle est un espace biogéographique qui s'étend en gros sur le Levant et les versants et piémonts du Taurus et du Zagros, et comprend les plantes et animaux sauvages à l'origine des premières espèces domestiquées[26].

Désert de Judée, canyon de Nahal Hemar (Israël).

Le Levant, situé à l'est de la Méditerranée orientale, est caractérisé par des alternances de milieux étirés dans un sens nord-sud : la plaine côtière à l'ouest, plus large que de nos jours durant l'Épipaléolithique et le Néolithique puisque le niveau de la mer était plus bas, puis en progressant vers l'est se rencontrent d'abord des piémonts s'élevant progressivement pour former des chaînes montagneuses souvent bien boisées allant jusqu'à 2 000 mètres d'altitude, puis une nouvelle zone basse, le Rift ou « corridor/couloir levantin », axe structurant qui descend au sud en dessous du niveau de la mer, puis un espace de plateau plus élevés, et enfin une lente descente vers le désert arabique[27]. Cette région est divisée en trois ensembles géographiques, parfois deux, qui présentent le même découpage ouest-est.

  • Le Levant sud, au nord du Sinaï et du Néguev, qui comprend la plaine côtière, puis les monts de Haute-Galilée et de Judée, la plaine du Jourdain avec la mer Morte et le lac de Tibériade, et celle de l'Arabah au sud, et enfin les plateaux transjordaniens à l'est[28],[29].
  • Le Levant central (parfois rattaché au Levant nord, dont il est alors la partie « haute », d'autres fois en partie regroupé avec le Levant sud), entre l'oasis de Damas (incluse) au sud et la trouée de Homs au nord, avec la plaine côtière du Liban, les monts du Liban, la vallée du Litani et la plaine de la Bekaa, puis les monts de l'Anti-Liban, dont les pentes orientales abritent la Ghouta autour de Damas, et enfin le désert[30],[29].
  • Le Levant nord, qui correspond en gros à la Syrie occidentale, comprend la plaine côtière syrienne, plus large ici qu'ailleurs au Levant, puis les montagnes des Alaouites et l'Amanus, ensuite la vallée de l'Oronte, la plaine de l'Amuq, puis les plateaux de Syrie centrale, et limité à l'est par l'Euphrate, la région du Moyen-Euphrate, qui peut être vue comme un autre « corridor »[31],[29].

La Mésopotamie au sens large comprend les régions découpées par le Tigre et l'Euphrate, les deux principaux fleuves du Moyen-Orient.

  • L'Anatolie du sud-est, qui est la partie la plus septentrionale de la Haute Mésopotamie puisqu'elle est structurée par les hautes vallées du Tigre et de l'Euphrate, est une région de seuil dont l'altitude décline d'environ 800 à 300 mètres d'altitude du nord au sud, entre les régions hautes du Taurus oriental situées au nord, où les deux fleuves prennent naissance, et les plateaux de la Djézireh vers lesquels ils coulent ; les vallées sont étroites, mais par endroits elles s'élargissent en alvéoles où se nichent les communautés humaines ; à l'ouest se trouvent les montagnes de l'Anti-Taurus[32],[33].
  • La Djézireh, l'« île », qui couvre la majeure partie de la Haute Mésopotamie, est une région de plateaux de 250/300 m d'altitude en moyenne, incisés par le Tigre, l'Euphrate, et deux affluents de ce dernier, le Balikh et le Khabur, divisée entre une Haute Djézireh, au nord nord-est, plus arrosée, et une Basse Djézireh au sud sud-ouest, plus aride[34].
  • La plaine alluviale et deltaïque mésopotamienne est une vaste région au climat actuellement très aride, très plane et très peu élevée, où les deux fleuves se rejoignent pour former un delta, très marécageux en aval, avant de se jeter dans le golfe Persique, alors beaucoup plus loin que de nos jours en raison du plus bas niveau des mers (durant le maximum de l'époque glaciaire tardive peut-être jusqu'au niveau du golfe d'Oman)[35].

Aux extrémités nord et est se trouvent plusieurs zones hautes, avec la présence des chaînes montagneuses de l'arc Taurus-Zagros, abritant des régions élevées qui sont pour plusieurs si ce n'est des foyers au moins des régions ayant activement participé au succès du mode de vie néolithique.

  • Le Zagros, ici surtout concerné pour ses parties occidentales et centrales, est une chaîne constituée de plis parallèles d'orientation nord-ouest/sud-est, incisée par de nombreuses dépressions formées par des cours d'eau qui coulent vers la Mésopotamie (pour les plus importants, du nord au sud : Grand Zab, Petit Zab, Diyala, Karkheh, Karun), qui forment des vallées profondes, souvent exiguës et isolées les unes des autres, expliquant que les cultures néolithiques semblent segmentées entre celles-ci ; le versant sud-ouest, plus arrosé, se termine par une zone de piémont vers la Mésopotamie[36].
  • L'Anatolie centrale, séparée du Levant nord par les monts Taurus, est une région de plateaux élevés, à plus de 1 000 mètres d'altitude, avec une partie orientale plus aride, où se trouve le Lac Tuz, lac salé, et des cônes volcaniques, et une partie occidentale plus boisée, avec une région de lacs au sud-ouest[32].

L'extrémité nord-ouest du désert d'Arabie est en fait une steppe, plus ou moins ouverte suivant les fluctuations climatiques. Durant l'époque néolithique elle comprend donc de grandes variations dans le peuplement. S'y trouvent aux périodes plus humides quelques cours d'eau temporaires et des lacs, et surtout des sources artésiennes permettant de former des oasis (el Kowm, Azraq)[37].

L'île de Chypre est aussi une composante géographique du Néolithique proche-oriental. Troisième île méditerranéenne par sa taille, située à 100 kilomètres de la côte du Levant nord, elle comprend trois ensembles d'orientation est-ouest qui se succèdent du nord au sud : le long de sa côte nord les montagnes de la chaîne de Kyrenia, puis la plaine de la Mésorée, et au centre-ouest le massif du Troodos. Le littoral méridional comprend les principales régions d'implantation préhistoriques et antiques, notamment autour de la péninsule d'Akrotiri et la plaine de Larnaka[38].

Les fluctuations climatiques et leur impact

Le Néolithique proche-oriental se produit au moment où se termine la dernière période glaciaire et où débute l'Holocène. Cette période ne peut néanmoins être résumée à un simple réchauffement progressif, puisque le climat connaît plusieurs fluctuations durant les phases correspondant à l'Épipaléolithique et au Néolithique :

  • le maximum tardiglaciaire, d'environ 23/22000 à 17000 av. J.-C., est la phase la plus froide et sèche de cette époque, avant une phase de lent réchauffement et surtout de hausse des précipitations, permettant un lent recul des zones semi-arides[39],[40] ;
  • la phase Bölling-Alleröd, entamée à partir d'environ 12700-12500 av. J.-C. et dure peut-être jusqu'à 11/10800 av. J.-C., plus chaud et humide, ce qui permet une extension des zones boisées au Levant sud, et en Anatolie des zones herbeuses et humides (notamment les lacs)[39],[40],[41] ;
  • le Dryas récent, qui débuterait au plus tôt vers 11000 et se terminerait vers 9700 av. J.-C. (une estimation longue va jusqu'en 9000), est une période froide et sèche[39],[40],[41] ; une étude conduite pour le Levant sud semble cependant conclure que la période n'y est pas plus sèche que la précédente, même si elle est plus froide[42] ;
  • le début de l'Holocène, voit un adoucissement du climat, pourrait avoir été d'abord sec, avant un changement plus rapide vers 8200-8000 av. J.-C., certains le faisant débuter vers 7500 av. J.-C. ; le climat étant ensuite plus humide (la mousson estivale remontait plus au nord que de nos jours), le plus humide observé sur les 25 000 dernières années au Levant et dans la Méditerranée orientale[39],[43], le désert d'Arabie recevant en moyenne plus de précipitations sur la période 8000-4000 av. J.-C. que de nos jours[44], de même que le sud mésopotamien qui était sans doute plus marécageux[45] ;
  • cette période est perturbée par l'événement climatique de 8200 BP, soit en gros 6200 av. J.-C., épisode froid et aride, qui dure autour de 160 à 200 ans[40],[46].

Ces variations des températures et des précipitations ont eu des impacts significatifs sur les milieux naturels, impact qui ont été différenciés selon les espaces, puisqu'ils ont probablement moins affecté les vallées que les zones steppiques. Dans ces dernières, l'occupation humaine semble bien fluctuer en fonction de ces évolutions[40],[47]. Dans les régions du Levant et de Haute Mésopotamie ce sont les variations des précipitations (surtout concentrées en hiver), qui peuvent être très amples d'une année sur l'autre dans les conditions actuelles, qui ont un impact fort sur les sociétés humaines, plus que les fluctuations de températures[40]. On admet qu'il faut à peu près 200 mm de précipitations annuelles pour pratiquer une agriculture sans apport artificiel d'eau (« sèche »), or dans les zones à la jonction des espaces arides cette limite peut être dépassée une année, puis ne pas être atteinte la suivante. Le « Croissant fertile », où l'agriculture a pris naissance, voit donc ses limites géographiques se déplacer, que ce soit selon les évolutions climatiques de long terme, ou bien selon les variations interannuelles des précipitations[26].

La question de savoir comment les groupes humains se sont adaptés à ces évolutions environnementales ne fait pas toujours consensus, puisque plusieurs réponses sont envisageables à un même phénomène et que les données archéologiques ne sont pas sans équivoque : ainsi le Dryas récent est couramment invoqué pour expliquer les changements survenus dans le peuplement du Natoufien récent, mais pour certains il aurait uniquement causé un déclin de la sédentarité, pour d'autres provoqué une intensification de l'exploitation des milieux par certains villages sédentaires, conduisant aux domestications des plantes et des animaux[48]. Sans forcément être vu comme une cause de la néolithisation, le climat est en tout cas une donnée à prendre en considération, qui crée les conditions pour sa mise en place, la correspondance entre le début de l'Holocène et celui de l'agriculture (et plus largement du Néolithique) étant trop frappante pour être anodine[49],[50],[51], d'autant plus que cette évolution s'observe dans d'autres régions du Monde[9].

L'impact environnemental des activités humaines

D'un autre côté, la mise en place du mode de vie néolithique fait que les humains sont amenés à de plus en plus modifier leur environnement, à façonner les paysages, donc à accentuer l'anthropisation. Cette dernière n'est certes pas une nouveauté de l'époque, puisque les humains modifient leur environnement au moins depuis la domestication du feu et que les chasseurs-cueilleurs ont fait évoluer leur rapport à l'environnement en mettant en pratique des méthodes de contrôle de certaines plantes et de troupeaux d'animaux sauvages (chasse sélective). Mais au Néolithique une nouvelle étape est franchie dans cette évolution avec l'apparition et l'expansion de l'agriculture et de l'élevage. C'est ce qui a pu être qualifié en termes scientifiques comme une « construction de niche », ou une « ingénierie d'écosystèmes », concepts repris de la biologie et originellement destinés à expliquer les comportements aménageurs de certaines espèces animales (comme les castors). La mise en place de l'économie agro-pastorale a entraîné un mouvement ininterrompu de modification de l'environnement, qui connaît dès les débuts une expansion vers de nouvelles régions, aussi la manipulation de plantes et animaux aboutissant à leur modification génétique (sélection artificielle), puis à leur dispersion en dehors de leur milieu naturel, modifiant encore plus d'écosystèmes. Ces changements impactent en retour les humains, qui doivent s'adapter aux évolutions qu'ils ont entraînées sur les objets de la domestication, devant notamment ajuster leurs pratiques culturales afin de nourrir les animaux, ou mettre en place des pratiques de gestion de l'eau (qui conduisent à l'apparition de l'irrigation). L'augmentation démographique due à l'adoption de l'agriculture et de l'élevage incitent du reste à cette expansion. Le phénomène est donc marqué par des boucles de rétroaction, les conséquences ayant en retour des effets amplificateurs sur ce qui les a causées[52],[53],[54].

Les phases du Néolithique du Proche-Orient

Chronologie

Kathleen Kenyon, directrice des fouilles de Jéricho (Tell es-Sultan) et inventeuse de la notion de Néolithique précéramique.

La périodisation du Néolithique du Proche-Orient comprend plusieurs systèmes[55]. La terminologie du Levant dérive de celle déterminée à Jéricho (Tell es-Sultan) par Kathleen Kenyon, distinguant deux phases de « Néolithique précéramique » (Pre-Pottery Neolithic, abrégé PPN), A et B, et des phases de Néolithique à céramique (Pottery Neolithic), aujourd'hui plutôt considérées comme un Néolithique tardif (Late Neolithic). Cette chronologie a depuis été affinée : le Néolithique précéramique A est divisé en plusieurs cultures suivant la période et la région (Khiamien, Mureybétien, Sultanien), le Néolithique précéramique B est divisé en trois sous-périodes (ancienne, moyenne et récente), un Néolithique précéramique C a été proposé pour le Levant sud, et diverses cultures régionales pour les périodes tardives (Hassuna, Samarra en Mésopotamie). La périodisation du Levant pour la période précéramique a pu être étendue au sud-est Anatolien et à Chypre, parfois également au nord de l'Irak, en revanche elle n'est quasiment pas étendue à l'Anatolie centrale et au Zagros, où on retient néanmoins la distinction entre Néolithique acéramique et Néolithique avec céramique.

Pour les phases épipaléolithiques, ce sont les périodes déterminées dans les années 1930 par Dorothy Garrod, le Kébarien et le Natoufien du Levant sud et le Zarzien du Zagros, qui continuent à être employées. La première a été divisée en deux ou trois sous-périodes, et parfois étendue au Levant nord.

En fonction des régions et des sites, mais parfois aussi pour une même région, la datation de ces différentes phases peut varier selon les auteurs, qui optent au choix pour des datations avant J.-C. calibré, ou avant le présent calibré (l'écart entre les deux étant de 1 950 ans, souvent arrondi à 2 000 ans). Ces différentes datations sont encore bien souvent difficiles à concilier.

Chronologie du Néolithique au Levant, suivant plusieurs datations
(proposition de K. Wright à partir d'autres travaux[56]).
Avant J.-C. Cal. Avant le présent Cal.
Natoufien ancien 12780-11180 14730-13130
Natoufien récent 11180-10040 13130-11990
Néolithique précéramique A 10040-8940 11990-10890
Néolithique précéramique B ancien 8940-8460 10890-10410
Néolithique précéramique B moyen 8460-7560 10410-9510
Néolithique précéramique B récent 7560-6940 9510-8890
Néolithique précéramique B final/C 6940-6400 8890-8350
Néolithique tardif 6400-5480 8350-7430

Avant la néolithisation (v. 22000-10000 av. J.-C.)

Les périodes finales du Paléolithique sont désignées en Asie du sud-ouest comme un « Épipaléolithique », ce qui met l'accent sur la continuité avec le Paléolithique supérieur ; on parle rarement de mésolithique pour le Proche-Orient[57]. Dans le Levant sud, se succèdent notamment le Kébarien (v. 19000-16000 av. J.-C.), le Kébarien géométrique (v. 15500-12500 av. J.-C.) puis le Natoufien (v. 12500-10000 av. J.-C.). Dans le Zagros, la culture locale est le Zarzien (v. 18000-10000 av. J.-C.). Dans le Caucase et la partie orientale de l'Anatolie on distingue parfois à la même époque un « Trialétien ». Mais l'Épipaléolithique n'a pas de dénomination locale dans la plupart de l'Anatolie.

Les groupes humains de cette époque sont des chasseurs-cueilleurs mobiles collectant un nombre très varié de ressources alimentaires. Ces groupes connaissent une évolution vers une territorialisation plus marquée de leur peuplement. Ils occupent des sites de différentes tailles où ils érigent des constructions circulaires, qu'ils peuplent suivant un rythme saisonnier, puis ils deviennent en partie sédentaires au Levant durant le Natoufien. Peut-être expérimentent-ils des formes d'agriculture et d'élevage pré-domestiques. Il est en tout cas désormais considéré que ces communautés de l'Épipaléolithique disposent de beaucoup des éléments qui devaient devenir les caractéristiques du mode de vie néolithique, et qu'elles en sont souvent à l'origine. Ainsi, le Néolithique ne marque pas le début de la transition vers l'agriculture. Selon N. Munro et L. Grosman, il doit plutôt être vu comme « une étape récente ou un point final au sein d'une plus grande transformation dans les dynamiques culturelles qui a commencé durant l'Épipaléolithique »[58].

L'Épipaléolithique ancien et moyen (v. 22000-12500 av. J.-C.)

Localisation et vue aérienne du site d'Ohalo II (Israël).

Les principales entités de l'Épipaléolithique ancien du Levant sud sont le Masraquien (v. 22000-19000 av. J.-C.) puis le Kébarien à l'ouest (v. 19000-16000 av. J.-C.) et le Nizzanien à l'est dans les espaces arides (v. 18000-16000 av J.-C.). Elles sont caractérisées par des assemblages lithiques variés, ce qui est peut-être un reflet de la présence de plusieurs bandes occupant des espaces d'un ou deux milliers de km². Les sites sont petits, entre 25 et 100 m2 pour la plupart, rarement plus de 250 m2, mais le Nizzanien présente des sites de rassemblement bien plus vastes (v. 20 000 m2). Il s'agit de sites de plein air ou situés près d'abris rocheux ou des grottes, et les habitats identifiés sont de petites huttes circulaires semi-enterrées. Ohalo II (v. 21000 av. J.-C.), situé dans la vallée du Jourdain, à l'époque au bord du lac Huleh qui a depuis disparu, est de loin le mieux connu[59],[60]. Sur la foi des découvertes qui y ont été faites, exceptionnelles pour l'époque et isolées, dues à la submersion du site qui a permis des conditions de préservation très favorables, la subsistance a pu être définie comme de type à « large spectre » : cueillette d'une grande variété de plantes (herbes, céréales sauvages, lentilles, figues, pistaches, amandes), chasse de la gazelle, des lièvres et renards (sur d'autres sites de la même époque les cervidés et la chèvre sauvage devaient être plus présents), et pêche dans le lac[61],[62],[63].

Le Kébarien géométrique (v. 15500-12500 av. J.-C.), correspondant à une phase moyenne de l'Épipaléolithique, est identifié au Levant entre le Sinaï au sud et l'oasis d'El Kowm en Syrie au nord. Il doit son nom aux microlithes en forme de trapèzes, rectangles ou triangles trouvés en grand nombre sur ces sites, et sont le seul moyen de caractériser cette période. En effet les sites d'habitats connus sont rares (Ein Gev III, Kharaneh IV, Umm el-Tlel 2), très peu ont été sondés, de même que les sépultures, aussi le mode de vie des groupes de cette période reste mal connu par rapport à la période précédente[64],[65].

Dans le Zagros, cette période marque la transition entre le Baradostien, un « Aurignacien du Zagros », et le Zarzien, qui couvre l'Épipaléolithique, mais est essentiellement connu pour ses phases récentes. De la même manière la transition entre le Paléolithique supérieur et l'Épipaléolithique est mal documentée dans le Taurus et l'Elbourz, qui partagent alors des traits communs avec le Zagros. On peut au mieux déterminer par le caractère montagneux des régions que la chasse devait porter avant tout sur les chèvres et moutons sauvages et les daims. Le peu de travaux récents sur ces régions empêche d'avoir une idée plus précise, et le développement de ces entités culturelles, définies vaguement, est sans doute encore mal compris[65].

L'Épipaléolithique récent (v. 12500-10000 av. J.-C.)

Localisation des sites du Natoufien et associés.
Dorothy Garrod (au centre) et deux collaborateurs devant la grotte de Shuqba en , où ses fouilles repèrent la culture natoufienne.

Le Natoufien correspond à l'Épipaléolithique final du Levant. Il se développe apparemment à partir de la zone du Mont Carmel et de la Galilée dans le Levant sud où se trouve la plus forte concentration de sites de la période, mais désormais elle est attestée dans les différentes parties du Levant, jusqu'au Moyen-Euphrate, par des sites qui ont pu être inclus dans cette entité. Le Natoufien a été défini par Dorothy Garrod dans les années 1930 à partir de son industrie lithique, notamment divers types de microlithes. Par la suite il est apparu qu'il s'agissait de la période qui voyait les débuts de la sédentarisation, durant la première partie de la période, le Natoufien ancien (v. 13/12500-11500 av. J.-C.), qui profite manifestement des conditions favorables de l'adoucissement climatique Bölling-Alleröd. Les sites natoufiens sont établis en plein air (Mallaha, situé près d'un lac, et Wadi Hammeh 27 dans la vallée du Jourdain ; Beidha en Jordanie), sous des abris rocheux ou à l'entrée de grottes (Hayonim, Nahal Oren, El-Wad et d'autres sites du Mont Carmel, ou encore Shuqba dans le Wadi en-Natuf qui a laissé son nom à la période). Les plus vastes ne dépassent que rarement les 1 000 m2 et sont constitués comme durant les phases précédentes de petites constructions avant tout circulaires, ici semi-enterrées. Si certains de ces sites semblent occupés en permanence, les autres habitats sont temporaires, puisque le mode de vie des populations de chasseurs-cueilleurs de cette époque reste marqué par la mobilité d'au moins une partie du groupe (on parle de « semi-sédentarité »). Les stratégies de subsistance restent similaires à celle de l'époque précédente, potentiellement très diverses, même s'il semble y avoir une plus grande importance de la cueillette des céréales et de la chasse de la gazelle. Il a pu être proposé que soient pratiquées dès cette époque des formes d'agriculture ou d'élevage pré-domestiques, mais il n'y a rien de concluant allant en ce sens. Se développent aussi un mobilier de broyage, avec l'apparition de mortiers de plus en plus profonds. On suppose que les sociétés de la période restent égalitaires, même si quelques distinctions apparaissent dans le matériel funéraire et pourraient refléter des hiérarchies sociales. La seconde partie de la période, le Natoufien récent (v. 11500-9600 av. J.-C.), voit l'irruption de l'épisode froid et sec du Dryas récent, et c'est généralement à ces nouvelles conditions climatiques qu'on attribue le recul de la sédentarité à cette période, les groupes devant être plus mobiles afin d'obtenir des ressources alimentaires dans un environnement moins généreux. Mais cela est discuté. En tout état de cause le reflux concerne surtout le Levant sud, en revanche dans le Moyen-Euphrate les sites connaissent un essor (Mureybet, Abu Hureyra)[66],[67],[68],[69].

Dans le reste du Moyen-Orient, la période est moins bien connue, et donc la définition d'aires culturelles est plus floue.

Intérieur de la grotte de Shanidar (Irak) avec, en avant plan, le chantier archéologique.

Le Zarzien du Zagros occidental, lui aussi défini par Dorothy Garrod à partir de son outillage lithique, est surtout connu pour l'Épipaléolithique final, là encore par des sites d'abris (Warwasi), de grottes (Zarzi, Shanidar, Palegawra) ou de plein air (Zawi Chemi Shanidar), un échantillon beaucoup plus limité que pour le Levant et surtout fouillé dans les années 1950-1960, ce qui fait que la période reste mal connue, jusqu'à son extension exacte. Des prospections effectuées dans les plaines du Marv Dasht et d'Arsanjan dans le Fars ont ainsi identifié un matériel apparenté au Zarzien, et y indiquent une occupation plutôt dense, avec des camps de base autour desquels se trouvent des sites satellites, surtout des grottes, mode d'occupation également proposé pour le Zagros central néolithique. Cette phase est marquée par un outillage microlithique composé notamment de petites lames de forme géométrique. Pour la fin de la période l'habitat est fait de huttes, là aussi circulaires, mais la sédentarité n'est pas confirmée. La subsistance repose sur la chasse de la chèvre et du mouton sauvages, du daim et de l'onagre, en revanche il n'y a pas de trouvailles permettant de déterminer les végétaux consommés, mais on suppose une cueillette de l'orge sauvage, de fruits, en particulier ceux à coque[70],[71]. La phase tardive du Zarzien, parfois désignée comme un « post-Zarzien » ou un « proto-néolithique », durant le Dryas récent, semble voir un mode de vie moins mobile s'installer dans le Zagros, comme en témoignent les sites de Shanidar (pour cette époque un cimetière) et Zawi Chemi, et d'après ce que semblent indiquer les prospection du Zagros méridional. L'habitat se concentre plus dans les zones basses pour faire face au climat plus froid et la subsistance semble s'orienter plus vers les plantes[72].

Il est impossible d'approcher l'occupation humaine de la plaine alluviale mésopotamienne, où les alluvions déposés depuis recouvrent les occupations de l'époque, et celle des régions actuellement sous les eaux du golfe Persique mais qui étaient alors à sec. Néanmoins de l'outillage lithique « mésolithique » (avec des microlithes, burins, grattoirs), donc datable en gros de cette période, a été retrouvé lors de prospections de surface dans les collines de Burgan au Koweït[73].

Dans le Haut Tigre se développent vers la fin de la période des villages sédentaires, avec Demirköy, Körtik Tepe et Hallan Çemi, qui semblent culturellement plus proches du Zarzien que du Natoufien[74], et/ou bien à relier, dans un assemblage parfois désigné comme « Trialétien », avec les sites en grotte des rives sud de la Caspienne datés très approximativement de l'Épipaléolithique (Ali Tappeh, Dam Dam Chechme)[75], assemblage qu'il faut peut-être scinder en variantes régionales[76].

L'Épipaléolithique d'Anatolie centrale reste mal connu. Le site de Pınarbaşı dans la région de Konya sert de campement à des groupes de chasseurs-cueilleurs à partir de 13000 av. J.-C. L'obsidienne exploitée dans le voisinage a sans doute créé des contacts avec le Levant natoufien où cette pierre se retrouve sur plusieurs sites. Cela expliquerait pourquoi l'outillage lithique de Pınarbaşı présente des similitudes avec celui des sites natoufiens[77].

L'Épipaléolithique final de Chypre est connu par le site d'Aetokremnos, un petit abri rocheux du sud de la péninsule d'Akrotiri, grossièrement contemporain du Natoufien, ce qui a repoussé les limites pour les débuts de l'occupation de l'île. Le site a livré de nombreux restes d’hippopotames nains de Chypre, espèce disparue vers cette époque, ce qui a fait émettre l'hypothèse d'une responsabilité humaine dans ce phénomène, ce qui un peu hâtif au regard des éléments réunis. Cela témoignerait au moins du fait que les communautés faisant face au refroidissement auraient ici aussi intensifié leurs stratégies de subsistance. D'une manière générale en l'absence d'autres sites connus pour la période l'Épipaléolithique chypriote reste une terre inconnue, et ses connexions avec le continent sont mal comprises[78],[79].

Les phases de la néolithisation (v. 10000-7000/6500 av. J.-C.)

La première phase du Néolithique du Proche-Orient est celle du Néolithique précéramique (Pre-Pottery Neolithic), défini par Kathleen Kenyon à partir de la stratigraphique du site archéologique de Jéricho, Tell es-Sultan qui la divisait en deux périodes, A et B. Comme son nom l'indique le critère était qu'il s'agissait d'une période considérée comme néolithique, mais sans présence de céramique (à la différence du Néolithique européen qui servait alors de point de référence). Cette dénomination a été conservée pour désigner les entités culturelles de la première partie du Néolithique du Levant et parfois aussi des régions voisines (mais pas l'Anatolie centrale ni le Zagros), puis affinée, avec la distinction de plusieurs sous-ensembles, et même l'ajout d'une phase C au sud du Levant. Le Néolithique précéramique A (ou PPNA), v. 10000/9600-9000/8800 av. J.-C., est divisé en plusieurs entités régionales, tandis que le Néolithique précéramique B (PPNB), v. 9000/8500-7000 av. J.-C. selon les régions, est divisé en trois phases (ancien, moyen, récent), ou quatre (final/PPNC). C'est durant ces périodes que le processus de néolithisation est enclenché et conduit à son terme, avec la domestication des plantes et des animaux et donc la constitution progressive du « package » néolithique, jusqu'à l'apparition de la céramique à la fin de la période. Les traits caractéristiques des sociétés néolithiques ne sont réunis que durant les derniers siècles du PPNB, aussi la dénomination de Néolithique de ces périodes est plutôt employée par convention[4].

Chronologie du Néolithique précéramique et caractéristiques majeures.
Horizon chronologique Datation approx. Caractéristiques
Néolithique précéramique A (PPNA) 10000/9500 - 9000
  • Khiamien (Levant) : début du Néolithique précéramique ; chasse et cueillette ; développement des figurines féminines.
  • Mureybétien (Levant Nord) : chasse et cueillette puis agriculture pré-domestique, architecture ronde qui évolue vers le rectangulaire, bâtiments communautaires.
  • PPNA de l'Anatolie du sud-est : habitations circulaires puis rectangulaires, chasse et cueillette puis agriculture pré-domestique, monuments/sanctuaires.
  • Sultanien (Levant Sud) : chasse et cueillette puis agriculture pré-domestique, architecture ronde, monuments/sanctuaires.
  • Mésopotamie et Zagros occidental (Nemrikien et M'lefaatien) : villages, chasse et cueillette.
  • Zagros central : pas d'architecture pérenne, chasse et cueillette, agriculture pré-domestique ?
Néolithique précéramique B (PPNB) ancien 9000 - 8400 Néolithique précéramique au Levant, en Anatolie du sud-est et centrale, à Chypre, en Haute Mésopotamie et dans le Zagros.
Agriculture pré-domestique, premières attestations de plantes domestiques, persistance de la chasse et de la cueillette, début de l'élevage au moins au Levant nord et Anatolie du sud-est, sans doute aussi au Levant sud et dans le Zagros central ; architecture rectangulaire, sanctuaires.
Néolithique précéramique B (PPNB) moyen 8400 - 7500 Domestications végétales et animales, développement de l'économie agro-pastorale, pratiques de subsistance et de peuplement diverses, développement des villages.
Néolithique précéramique B (PPNB) récent 7500 - 7000 Achèvement des domestications, expansion de l'agriculture et de l'élevage, sur base mixte reposant sur les céréales, les légumineuses et l'élevage caprin et ovin, persistance de la chasse et de la cueillette ; adoption à grande échelle du « package » néolithique ; apparition des « mégasites » du Levant et d'Anatolie, complexification de l'architecture ; début de la céramique ; échanges à longue distance (obsidienne).

C'est durant le PPNA et le PPNB que le processus de néolithisation se met progressivement en place dans plusieurs régions du Proche-Orient, et commence à se diffuser. Ces époques voient le développement des villages, l'élaboration d'un architecture plus complexe, avec notamment l'essor des constructions rectangulaires, la naissance de l'agriculture et de l'élevage, une spécialisation plus poussée dans l'artisanat lithique, le développement de la pyrotechnologie avec l'emploi plus courant du plâtre et de la chaux, puis l'apparition des premières céramiques à la toute fin de la période, et aussi un foisonnement rituel qui accompagne les bouleversements sociaux induits par la constitution de communautés villageoises plus durables, qui doivent s'organiser et affirmer leur identité, et sont peut-être aussi plus inégalitaires. Se constitue durant ces périodes une koinè ou une « sphère d'interactions » néolithique à l'échelle du Proche-Orient, partageant de nombreuses caractéristiques communes au-delà de spécificités régionales, manifeste durant les phases récentes du PPNB. La question de savoir s'il y a un foyer principal à ce phénomène est souvent posée : l'ensemble formé par le Levant nord, la Djézireh du nord et le sud-est anatolien (le « Triangle d'or » d'O. Aurenche et S. Kozlowski) est le meilleur candidat[80], mais d'autres penchent plutôt en faveur d'une évolution conjointe de plusieurs régions, chacune à leur manière, vers le mode de vie néolithique, mais sans primauté de l'une sur l'autre, avec des échanges constants entre elles[81],[82],[83].

Les débuts de la néolithisation (v. 10000/9500-9000/8500 av. J.-C.)

Localisation des principaux sites du Néolithique précéramique A.
Carte de localisation des principaux sites du Néolithique acéramique de Mésopotamie et du Zagros occidental et central.

La première phase de la néolithisation au Levant s'inscrit dans la continuité du Natoufien, qui s'achève au plus tard vers 9550 av. J.-C., et présente beaucoup de traits communs avec lui[84]. Elle correspond au Néolithique précéramique A, et peut même être étendue au Néolithique précéramique B ancien[85]. Cette période s'inscrit dans une phase d'adoucissement du climat, avec la fin du Dryas récent qui survient durant les premiers siècles du PPNA, et est peut-être plus rapide au nord du Levant qu'au sud[86].

La phase de transition entre le Natoufien et le PPNA est désignée sous le nom de Khiamien, qui se retrouve au Levant sud et sur le Moyen-Euphrate (Mureybet) ; elle est caractérisée notamment par la diffusion de petites pointes de flèche, les « pointes d'el Khiam » (qui se retrouvent bien au-delà du Levant)[87],[88]. Le Khiamien évolue dans le Levant sur vers le Sultanien qui couvre la majeure partie du PPNA[89],[88]. Dans le Nord du Levant, la phase contemporaine est dénommée Mureybétien[89],[90]. En revanche la désignation d'Aswadien qui a eu cours pour le Levant central n'est plus retenue[91].

Ces phases se caractérisent par une continuité dans la sédentarité par rapport à la période précédente. Le peuplement connaît manifestement une phase d'expansion plus marquée dans le Moyen-Euphrate qu'au sud du Levant. Les plus grands villages atteignent les 2-3 hectares. L'habitat est encore constitué de constructions circulaires, mais durant la seconde moitié du IXe millénaire av. J.‑C. dans le Moyen-Euphrate s'observe une diversification des formes qui aboutissent à l'apparition de maisons quadrangulaires, modèle qui s'impose par la suite. Apparaissent aussi sur ces mêmes sites (Jerf el Ahmar, Tell Abr, Mureybet) des bâtiments non domestiques, à finalité collective, servant de lieux pour des réunions et/ou de rituels ; la « tour » du PPNA de Jéricho, défendue par un mur relève du même type de construction ; un lieu rituel à Wadi Faynan 16 relève des mêmes évolutions. Cela indique le renforcement des structures communautaires dans les villages, et peut-être aussi l'autorité de chefs qui se trouvent à la tête de ces structures[92],[93],[94],[95]. Le sud du Levant semble cependant connaître une phase de reflux à la fin du PPNA et durant le PPNB ancien, avec des hiatus importants dans l'occupation de plusieurs sites indiquant des phases d'abandon, phénomène dont les causes sont inconnues ; à l'inverse au nord la continuité est de mise[96],[97].

En Anatolie du sud-est, le groupe monumental construit à Göbekli Tepe durant les derniers siècles du PPNA, avec ses enclos mégalithiques formés par des piliers en "T", est analysé comme un sanctuaire car on n'y trouve pas de trace évidente d'activités domestiques ; c'est donc un témoignage de premier ordre sur les évolutions mentales et rituelles à l'orée de la néolithisation ; le site voisin de Karahan Tepe présente des piliers similaires[6]. Cette région est elle aussi située dans l'horizon du PPNA. Après un premier stade de développement dont on ne peut pas en l'état actuel des choses tracer l'origine géographique (Hallan Çemi, Körtik Tepe, Gürcütepe), la région voit se développer entre la fin du PPNA et le début du PPNB les sites villageois plus importants (Nevalı Çori, Cafer Höyük, Çayönü), où s'observent aussi des changements architecturaux à la fin de la période, voyant une transition de l'habitat circulaire à l'habitat quadrangulaire plus complexe[98].

Du point de vue des stratégies de subsistance, les sociétés du Levant sud et nord restent des groupes de chasseur-cueilleurs, mais il est de plus en plus admis que l'agriculture pré-domestique se développe durant cette phase, au moins à partir de 9500 av. J.-C., sous la forme de premières expérimentations de développement de la culture de céréales et de légumineuses dans les champs, et de contrôle des troupeaux d'animaux. En l'absence d'évolutions morphologiques des individus en voie de domestication à cette période, il faut se reposer sur des indices indirects témoignant d'une évolution des habitudes de collecte et d'alimentation des communautés humaines du Levant, comme l'essor de la place des céréales dans l'alimentation, aussi la présence de plantes en dehors de leur milieu naturel[99],[100].

Chypre est située elle aussi dans l'horizon PPNA. Cette phase est connue par les sites d'Ayia Varvara-Asprokremnos et Ayios Tychonas Klimonas. La chasse sur ces deux sites est avant tout tournée vers le sanglier[101].

À l'est, O. Aurenche et S. Kozlowski distinguent deux entités : le Nemrikien dans la Djézireh irakienne[102] et dans la Djézireh orientale et le Zagros occidental le Mléfatien[103],[104]. Pour J. Oates cette période correspond plutôt à un Épipaléolithique[105]. Quoi qu'il en soit cette période qui s'inscrit dans la continuité du Zarzien est connue par quelques villages constitués de maisons circulaires semi-enterrées : Nemrik, Qermez Dere, M'lefaat. Le premier est situé dans les terres hautes et semble plus orienté vers la chasse que les seconds, situés dans les terres basses[106].

Dans le Zagros central, le début de la sédentarisation est mal documenté, même si cela a progressé avec plusieurs fouilles (Sheikh-e Abad, Asiab, Chogha Golan). On ne trouve pas de trace de constructions similaires à celles des régions occidentales pour les niveaux les plus anciens de ces sites, qui ne sont probablement pas des habitats permanents. La subsistance repose sur une chasse diversifiée, une cueillette connaissant des variations selon les sites (céréales sauvages à Chogha Galan, noix et pistaches à Sheikh-e Abad). Il est possible qu'à Chogha Golan se pratique dès cette période un agriculture pré-domestique, ce qui étendrait la présence de foyers de l'agriculture considérablement vers l'est[107].

La mise en place du mode de vie néolithique (v. 9000/8500-7000/6500 av. J.-C.)

Localisation des principaux sites du Néolithique précéramique B.

La phase qui voit la néolithisation conduite à son terme correspond au PPNB moyen et au PPNB récent. Durant cette période le mode de vie néolithique se diffuser rapidement dans plusieurs régions. Du point de vue climatique, cette époque coïncide avec l'optimum climatique de début de l'Holocène, qui voit une amélioration marquée du climat, donc une période favorable au développement de l'agriculture[108].

Le Levant nord semble la région la plus dynamique durant ces périodes, tandis qu'au Levant sud le PPNB ancien est une phase peu attestée, ce qui semble indiquer une reprise au PPNB moyen. Mais les relations culturelles entre ces régions ne sont pas forcément déséquilibrées. C'est en tout cas durant cette phase que s'observent le mieux les traits indiquant que le Proche-Orient forme une communauté culturelle, koinè, intégrant à cette période l'Anatolie centrale et Chypre[108]. C'est une phase d'accroissement des échanges matériels, comme l'atteste la diffusion de l'obsidienne extraite en Anatolie centrale, des échanges culturels, et sans doute aussi des mouvements humains qui contribuent à la diffusion du mode de vie néolithique.

Le PPNB est la période de constitution et de croissance des sociétés agricoles. C'est durant cette période qu'apparaissent les preuves d'une domestication morphologique des plantes et des animaux, dont des indications sans équivoques que l'agriculture et l'élevage sont pratiqués[109]. Ces indications se retrouvent pour les plantes dans plusieurs régions du Moyen-Orient (Levant nord, Anatolie, Levant sud, Chypre, Zagros) ce qui indique manifestement plusieurs épisodes de domestications dans différents foyers[110],[111],[112]. Pour les animaux les traces de domestication se trouvent plutôt dans la zone du Levant nord et de l'Anatolie du sud-est, à part d'autres domestications de la chèvre au Levant sud et dans le Zagros, et en dehors de ce dernier animal les espèces domestiquées ne se retrouvent dans les autres régions qu'après la fin du PPNB[113],[114],[115].

Ruines de Basta (Jordanie).

Le peuplement s'appuie sur un réseau de grands villages qui sert de centre aux communautés agro-pastorales de mieux en mieux organisées et sans doute consolidées par des rites servant à affirmer leur identité et leur unité. Dans le Levant sud, on repère un développement des régions intérieures, alors que la côte est moins occupée que par le passé ; le peuplement sédentaire progresse dans le corridor du Jourdain et en Transjordanie, et se constituent de grands villages faisant plus de 10 hectares (les « mégasites », Ain Ghazal par exemple). Des sites importants se retrouvent aussi dans le Levant nord (Abu Hureyra). L'habitat est alors de forme rectangulaire, avec une complexification des plans des résidences[116],[117],[118]. Leurs voisins d'Anatolie du sud-est, en premier lieu Çayönü, continuent leurs expérimentations architecturales avec l'adoption de plans de plus en plus élaborés et aussi une planification de l'habitat[119].

Le PPNB de Chypre est notamment représenté par le site de Shillourokambos sur la côte sud, Mylouthkia au sud-est et Akanthou au nord. Cette période voit manifestement l'arrivée de colons qui apportent le mode de vie néolithique dans la région, la culture étant très proche de celle du Levant nord, avec ses animaux et plantes domestiqués, même s'il y a des spécificités locales comme la survie de l'architecture circulaire. Peut-être que des expérimentations pré-domestiques ont eu lieu avant cela sur l'île, mais ce sujet est débattu[120].

L'Anatolie centrale voit un développement de la sédentarité durant cette période, en particulier dans la plaine de Konya avec les sites d'Aşıklı Höyük et de Boncuklu, à proximité des lieux d'extraction d'obsidienne du Göllü Dağ (Kaletepe), dont l'exportation semble jouer dans le développement des traits néolithiques dans la région ; Can Hasan III plus au sud est un autre site notable de la période. La culture des céréales y semble présente vers 8300 av. J.-C., le développement de l'élevage semble plus tardif[121],[122].

En Haute Mésopotamie orientale la situation est mal connue ; les sites anciens sont abandonnés dans la première phase de la période (Nemrik, Qermez Dere) mais un autre émerge, Magzalia, où on remarque l'adoption de l'architecture rectangulaire, faite plus tardivement ici qu'à l'ouest[123].

Dans le Zagros central plusieurs sites sont connus pour cette période (Ganj Dareh, Jani, Tepe Guran, Tepe Abdul Hosein), qui voit un essor de la sédentarisation avec une architecture pérenne, et un début d'économie néolithique avec l'apparition de plantes et animaux domestiqués, même si le mode de vie reste en partie marqué par la chasse et la mobilité[124]. Puis dans la seconde moitié du VIIIe millénaire av. J.‑C. le mode de vie néolithique par à la conquête du plateau Iranien : il se répand vers le sud du Zagros (Ali Kosh dans la plaine de Deh Luran, Chogha Bonut en Susiane), à l'est dans le Fars et le Kerman (Tepe Rahmatabad et Tell-e Atashi), et vers l'Elbourz (Tepe Sang-e Chakhmaq)[125].

Dans le Levant sud[126], en Syrie du nord[127], en Anatolie du sud-est et centrale[128], également dans le Zagros[129], la fin du PPNB (v. 7000 av. J.-C.) s'accompagne selon une opinion répandue d'une phase de reflux très marquée, parfois désignée comme un « effondrement néolithique » (« hiatus palestinien » au Levant sud), caractérisée par une diminution de la taille des sites ou leur abandon, même si la continuité est manifeste sur de nombreux sites. D'importants changements culturels s'ensuivent, la diffusion de la poterie étant le plus significatif, mais aussi dans plusieurs régions endroits l'architecture et le peuplement. Certains proposent d'y voir le résultat d'une évolution climatique, ou d'une trop forte pression démographique entraînant des conflits, ou encore d'épidémies, ou un peu tout à la fois ; il pourrait aussi plutôt s'agir d'une période de changements dans l'organisation sociale et le mode de vie, qui se traduit par une réorganisation du peuplement.

Au Levant sud le Néolithique précéramique se poursuit jusqu'aux alentours de 6400 av. J.-C., une phase désignée comme un « Néolithique précéramique B final » ou bien comme « Néolithique précéramique C » (PPNC), surtout connu à Ain Ghazal (ou le hiatus avec la période précédente n'apparaît pas), aussi à Atlit Yam sur la côte[130],[131],[132].

Le Néolithique tardif (v. 7000/6400-5300/4500 av. J.-C.)

Localisation des principaux sites du Néolithique tardif cités dans l'article.

Située entre la « révolution néolithique » et la « révolution urbaine », la seconde partie du Néolithique du Proche-Orient, désignée comme un Néolithique « céramique », ou bien comme un Néolithique « tardif », a beaucoup moins attiré l'attention[133]. Comme la première dénomination l'indique, et par opposition aux phases précédentes, le début de cette période est daté par l'apparition de la céramique, durant la première moitié du VIIe millénaire av. J.‑C., à des rythmes différents selon les régions. Ce changement est aisément repérable sur les sites fouillés, mais il n'a pas forcément impliqué de grandes évolutions dans le mode de vie néolithique[134]. Du point de vue méthodologique, les cultures sont à partir de cette période identifiées avant tout par leurs types de céramiques, dénommé en général par un site ou une région où il a été identifié (Halaf, Yarmouk, etc.).

Du point de vue géo-culturel, cette période peut-être caractérisée par un basculement des régions motrices depuis la partie levantine, vers la plaine mésopotamienne où s'enclenche un processus de complexification qui conduit quelques millénaires plus tard à l'émergence de la « révolution urbaine »[135].

La fin du Néolithique[136], auquel succède le Chalcolithique (l'« âge du cuivre »), est placée à des bornes chronologiques différentes selon les régions, et cela ne reflète pas forcément les évolutions matérielles mais plutôt les positions des auteurs. Cela crée parfois de très importantes variations : pour certains le Néolithique du Levant sud dure jusqu'en 4500 av. J.-C., tandis que celui de Syrie et de Haute-Mésopotamie s'arrête vers 5500/5200 av. J.-C. (la « transition Halaf-Obeïd »).

Le Levant sud

Poterie du Yarmoukien, provenant de Sha'ar Hagolan.

Le premier Néolithique céramique du Levant sud présente de nombreux traits de continuité avec les dernières phases du Néolithique précéramique (PPNB final ou PPNC), à l'exception de l'apparition de la poterie[137].

La première période céramique de la partie occidentale est le Yarmoukien (v. 6400-5800 av. J.-C.), qui s'étend aussi en Jordanie (Ain Ghazal) et jusqu'au Liban (Byblos). Son site principal est Sha'ar Hagolan dans la vallée du Jourdain centrale, couvrant environ 20 hectares, disposant de rues et de grandes maisons à cour. La poterie est variée, l'art très riche (figurines féminines en terre cuite, petites figurines sur cailloux, avec des variantes régionales). D'autres cultures régionales occupent cet espace : celle de Jéricho IX/Lod dans les basses terres de Judée, celle de Nizzanim sur la plaine côtière méridionale[138],[139].

Certains font durer le Néolithique du Levant sud jusqu'à 5000 av. J.-C. (incluant Wadi Rabbah)[140] 4500 av. J.-C. (incluant aussi le Qatifien)[141], périodes que d'autres considèrent comme un Chalcolithique ancien et moyen[142], positions peut-être conciliables en parlant de transition entre Néolithique et Chalcolithique[143]. La culture de Wadi Rabbah qui succède au Yarmoukien s'inspire beaucoup des types de poterie de Halaf : peut-être faut-il y voir le produit de migrations depuis le nord. Viennent ensuite le Qatifien dans la partie méridionale (nord du Néguev), dont les sites ont livré peu d'architecture pérenne, sans doute parce que beaucoup sont des camps saisonniers d'éleveurs, et une culture à économie agro-pastorale non dénommée plus au nord, connue notamment par le site de Tel Tsaf.

Le Levant nord, la Syrie et la culture de Halaf

Sceau-cachet provenant des niveaux néolithiques de Ras Shamra. Musée du Louvre.

La côte du Levant nord et l'est de la Syrie, plusieurs sites continuent d'être peuplés au début du Néolithique céramique, comme Tell el-Kherk, seul Ras Shamra présente une phase de hiatus. De nouveaux sites apparaissent dans la région : Byblos, Tell Sukas, Hama, Shir, etc., et les prospections dans la Beqaa indiquent un nombre important de sites pour la période. Dans le Moyen-Euphrate Mureybet est abandonné, mais Abu Hureyra, Tell Halula et Mezraa Teleilat sont toujours occupés. L'effondrement de la fin du PPNB est donc peu évident[144],[145]. Des abandons de sites se produisent cependant à la fin du VIIe millénaire av. J.‑C. et au début du VIe millénaire av. J.‑C.[146], mais la chronologie de cette région reste assez mal établie ce qui est un obstacle pour bien comprendre les évolutions du peuplement durant la fin du Néolithique[147].

Plat à décor peint, Halaf récent (v. 5600-5200 av. J.-C.), Tell Arpachiyah. British Museum.

S'ouvre alors la période d'expansion de la culture de Halaf, centrée sur la Haute Mésopotamie. L'apparition de la poterie dans la région est bien documentée à Tell Sabi Abyad, dans le bassin du Balikh, autour de 7000 av. J.-C., période qui correspond à un « Proto-Halaf ». La culture de Halaf à proprement parler émerge après les changements de la fin du VIIe millénaire av. J.‑C., est caractérisée par ses constructions circulaires (désignés comme des « tholoi »), des constructions collectives à plusieurs pièces servant sans doute de lieux de stockage, et sa céramique peinte bichrome et polychrome, mais voit aussi d'autres évolutions notables comme l'essor des sceaux-cachets, qui témoignent d'une organisation économique plus poussée, et des fusaïoles qui pourraient refléter un essor des activités textiles. L'habitat de la Djézireh durant cette période paraît assez fluctuant, les sites sont pour la plupart de petite taille et ont une durée d'occupation limitée[148]. Durant jusqu'au milieu du VIe millénaire av. J.‑C. environ, la culture de Halaf se retrouve en Irak du Nord (Tell Arpachiyah, Yarim Tepe II) où elle succède à la tradition de Samarra[149], dans le Moyen-Euphrate (Shamsh-ed Din, Tell Amarna, Kosak Shimali) et des aspects de sa culture matérielle sont présents à l'ouest du fleuve[150], et dans les hautes vallées du sud-est anatolien par plusieurs sites comme Samsat, Tell Idlis, plus au nord à Tepecik (Makaraz Tepe), Tülintepe, Korucutepe, et plus à l'est Domuztepe qui est le plus important connu pour cette période et était sans doute un centre majeur de cette culture, M. Özdoğan considérant que cette région est la plus dynamique parmi l'horizon de Halaf[151]. Mais l'origine de la culture de Halaf reste débattue, sa tradition céramique semblant plutôt originaire du Nord mésopotamien[152].

Chypre

Le site de Khirokitia.

Le VIIe millénaire av. J.‑C. chypriote est encore précéramique. Le site-type est Khirokitia, situé sur la côte sud de l'île, le plus vaste de la période. Les autres sont de petits villages permanents (Tenta, Troulli, Kastros) et des sites saisonniers (Ortos, Dhali, Kataliondas). Ces habitats sont généralement érigés sur des emplacements offrant une protection naturelle, un promontoire pour Khirokitia, enserré dans le méandre d'une rivière, un mur complétant la barrière naturelle ; cette construction témoigne d'une organisation plus poussée sur ce site que sur le reste de l'île. La sécurité semble néanmoins prise en considération un peu partout. L'économie est agro-pastorale, complétée par la chasse du daim et la pêche. Cette phase s'arrête de façon brusque vers 5500 av. J.-C., et plus aucune trace d'occupation n'est attestée sur l'île pour les siècles suivants. Les causes de cet effondrement restent inexpliquées. Après un hiatus d'environ un millénaire, la culture de Sothira se forme, et avec elle la céramique apparaît sur l'île, dans ses différentes parties. Cette phase peut être considérée comme un Néolithique tardif. L'habitat est constitué de hameaux situés sur des promontoires côtiers ou intérieurs, l'économie est similaire à celle de la période précédente, avec l'ajout de l'exploitation des arbres fruitiers (figuier, olivier) et de la vigne[153],[154].

L'Anatolie

Le sud-est anatolien se situe à ces époques dans l'horizon syro-mésopotamien. L'Anatolie centrale voit l'émergence de nombreux sites, tels qu'Hacilar et Erbaba dans le district des Lacs de Pisidie, Süberde et surtout Çatal Höyük dans la plaine de Konya, qui prend la continuité de Boncuklu et Aşıklı Höyük. C'est le site le mieux connu de la période, avec ses maisons à décor riche (peintures murales, bucranes, figurines), qu'il en faut sans doute pas identifier comme des temples. L'économie agro-pastorale est désormais solidement implantée dans la région. La fabrication des premières céramiques, monochromes, se diffuse concomitamment, sans doute présente dès la fin du VIIe millénaire av. J.‑C. en Anatolie centrale. Cette phase voit donc la consolidation et l'essor du Néolithique anatolien, et aussi une expansion vers l'ouest et le nord-ouest, puisque des sites néolithiques sont repérés sur les rives de la mer Égée et de la mer de Marmara (zone de la culture de Fikirtepe) ; ce serait surtout le produit de migrations[155]. En revanche on ne connait pas de sites néolithiques au nord de l'Anatolie, soit parce que le mode de vie sédentaire n'était pas développé, soit parce qu'ils n'ont pas encore été identifiés[156]. À compter des derniers siècles du VIe millénaire av. J.‑C. se développe la poterie peinte, parfois de grande qualité. L'expansion du mode de vie néolithique dans l'ouest se poursuit, jusqu'à une période de rupture vers 6000-5800 av. J.-C. constatée sur la majeure partie du plateau Anatolien, marquée notamment par la diffusion d'une nouvelle poterie, foncée et polie avec des décors incisés ou rainurés ; l'origine de ce phénomène n'est pas déterminée[157].

L'essor de la Mésopotamie

Figurine féminine en albâtre, Tell es-Sawwan, période de Samarra. Musée du Louvre.

Dans la plaine alluviale de Mésopotamie, il est probable que beaucoup de sites des périodes néolithiques sont inaccessibles car situés à proximité des fleuves (qui y sont des axes de peuplement majeurs) mais enfouis sous les sédiments fluviaux, ou bien parce qu'ils ont été peuplés aux périodes historiques et que les archéologues se sont surtout attelés à dégager celles-ci (c'est le cas de Ninive, où des sondages ont révélé une occupation dès la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.‑C.). Par voie de conséquence, sont surtout connus pour cette période quelques villages qui ont été abandonnés dès le Néolithique, et qui sont en général éloignés des grands cours d'eau[158].

La première culture céramique de Mésopotamie du Nord est celle de Hassuna, précédée par une phase « Proto-Hassuna » ou « Hassuna archaïque », ou encore « Umm Dabaghiyah » (v. 7000-6500 av. J.-C., céramique décorée de motifs simples peints en rouge) attestée à Yarim Tepe, Bouqras, Umm Dabaghiyah, et aussi à Tell es-Sawwan en Mésopotamie centrale ; elle se retrouve aussi dans la Djézireh syrienne[159],[160]. Les sites de la période de Hassuna, qui couvre en gros la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.‑C., Hassuna, Yarim Tepe, Tulul eth-Thalathat, voient une complexification des plans des maisons, l'apparition de greniers collectifs[161]. Lui succède la période de Samarra (v. 6200-5700 av. J.-C.), caractérisée par une céramique fine peinte, surtout attestée en Mésopotamie centrale, à Tell es-Sawwan et Choga Mami. Sa céramique peinte est une évolution de celle de la période précédente, et se retrouve jusque dans la Djézireh syrienne. Elle voit l'apparition des maisons de plan tripartite, la première attestation de canaux d'irrigation, tandis que l'usage des sceaux et des inégalités plus marquées constatées dans la nécropole de Tell es-Sawwan semblent impliquer une complexification sociale par rapport à la phase précédente[162]. Cette tendance se poursuit au VIe millénaire av. J.‑C., quand la Haute Mésopotamie se trouve incluse dans la culture de Halaf déjà évoquée (Tell Arpachiyah, Yarim Tepe II)[149].

Le plus ancien site connu dans le Sud mésopotamien est Tell el-Oueili, qui est habité à partir de la fin du VIIe millénaire av. J.‑C., à l'architecture très élaborée, dont un grenier de 80 m2 et des maisons faisant jusqu'à 240 m2, et pratiquant l'agriculture irriguée, indispensable dans cette région qui ne reçoit pas assez de précipitations pour que les plantes cultivées y poussent sans apport artificiel[163]. La question de savoir si cette région n'a été peuplée qu'à cette période ou bien si elle a connu un peuplement sédentaire antérieur reste posée, sa géographie ayant une histoire particulièrement mouvementée. La côte du golfe Persique était bien plus basse que de nos jours durant les débuts du Néolithique, donc des espaces à secs ne le sont plus, puis elle a connu une montée consécutive à la fonte des glaces du début de l'Holocène, pour atteindre une hauteur supérieure à celle de la côte actuelle, ce qui a submergé des occupations antérieures, avant de refluer à partir du IVe millénaire av. J.‑C. sous l'effet des sédiments charriés par les fleuves qui ont à leur tour enfoui des occupations antérieures. En l'état actuel des choses aucune céramique antérieure à la période post-Samarra n'a été mise au jour sur des sites de Basse Mésopotamie, mais de l'outillage lithique similaire à celui du PPNB apparaîtrait sur des sites des marges désertiques occidentales[164],[165]. Quoi qu'il en soit c'est cette région qui est à l'origine des plus influents ensembles culturels du Chalcolithique du Moyen-Orient, les cultures d'Obeïd et d'Uruk, qui conduisent le processus d'urbanisation et d'émergence de l’État, qui marque la fin de la Préhistoire et le début de l'Histoire[166],[167].

Zagros et plateau Iranien

Localisation des principaux sites néolithiques du Zagros et du plateau Iranien.

Après la phase d'abandon des sites anciens qui marque le début du VIIe millénaire av. J.‑C., un nouveau type de peuplement se met en place dans le Zagros. Quelques sites attestent de la transition entre Néolithiques acéramique et céramique : Ganj Dareh, Tepe Abdul Hosein, Tepe Guran dans les hautes vallées, Chogha Bonut et Chogha Golan dans les régions basses. D'autres sont nouveaux : Jarmo dans la vallée de Chemchemal (Irak), Sarab et Siahbid dans le Mahidasht, puis Chogha Mish en Susiane. L'expansion du mode de vie néolithique est encore plus marquée au VIe millénaire av. J.‑C. avec l'apparition de nombreux sites dans les différentes régions déjà en partie néolithisées, comme le Fars et le Kerman (Tal-e Mushki, Tal-e Jari puis Tepe Yahya) et aussi dans de nouvelles régions comme le lac d'Ourmia (Hajji Firuz), le plateau central (Tepe Sialk Nord), la plaine de Téhéran (Cheshmeh Ali) ; les sites du sud de la Caspienne présentent de leur côté des affinités avec ceux de la culture de Jeitun au Turkménistan, première culture néolithique d'Asie Centrale. Sans surprise au regard de l'extension géographique, les types de céramiques du Néolithique final iranien sont très divers tout en présentant une base commune (« soft-ware horizon »). L'économie néolithique est présente partout, avec les céréales et légumineuses, l'élevage de la chèvre et du mouton surtout, mais la chasse reste importante en certains endroits (gazelle, hémione et aurochs en Susiane)[168],[169].

Peuplement et habitat : sédentarisation et premiers villages

La sédentarité et ses origines

La sédentarité existe quand on est en la présence d'un habitat permanent, et s'oppose au mode de vie mobile qui est le seul connu des sociétés de chasseurs-cueilleurs du Proche-Orient avant la fin de l'Épipaléolithique. Les stratégies territoriales de ces groupes mobiles (ou « bandes ») de chasseurs-cueilleurs passent en général par l'occupation d'un campement de base, suivant un principe saisonnier, auquel sont associés des campements secondaires, qui servent de haltes de chasse ou de cueillette[170]. On repère la fin de cette mobilité et le début de la sédentarité sur les sites archéologiques suivant plusieurs critères qui doivent se combiner, aucun n'étant déterminant s'il est pris isolément : architecture permanente, silos, mobilier lourd, objets en pierre polie ; étude des saisons d'abattage des animaux consommés, qui doivent couvrir toute l'année ; présence de cimetières à proximité ; aussi la présence d'animaux commensaux des hommes (souris domestique, moineau) attirés par les restes alimentaires laissés par les hommes. La question étant de savoir s'il convient de parler de sédentarité quand une communauté vit sans discontinuité sur un site, ou s'il suffit que la majeure partie du groupe réside au même endroit sur une base annuelle alors que le reste continue d'être mobile de façon saisonnière. En effet durant ces périodes les limites entre mobilité et sédentarité sont poreuses et subsistent longtemps des groupes humains chez qui les deux coexistent[171],[172],[173].

Le début de la sédentarité est généralement situé au Natoufien ancien, vers 12500 av. J.-C., quand apparaissent les premiers villages dans le sud du Levant[171]. Pour la période antérieure, le site le mieux connu, Ohalo II, n'est pas considéré comme sédentaire même s'il présente des biens des traits le rapprochant des sites natoufiens et qu'il a pu être occupé sur une base annuelle pendant plusieurs années comme l'attestent les différents niveaux de construction de ses huttes, ce qui suppose au moins plusieurs retours sur le site[174],[175].

À tout le moins ce qui s'observe au Natoufien ancien est une forte réduction de la mobilité, car le mode de vie sédentaire met du temps à s'imposer. On estime généralement qu'au cours de cette période certains campements de base cessent d'être délaissés une partie de l'année et deviennent donc permanents, car ils réunissent les critères permettant de les qualifier de sédentaires. Les plus grands de ces camps de base pérennes (Mallaha, Hayonim, Wadi Hammeh 27) mesurent environ 1 000 m2 et regroupent quelques dizaines de personnes. Mais le principe des campements satellites, occupés de façon temporaire par une partie du groupe, subsiste. Cette période a donc pu être caractérisée comme « semi-sédentaire »[171],[176].

Il a longtemps été postulé que la sédentarisation était une conséquence de la domestication des plantes et des animaux : afin de mieux contrôler et sécuriser leurs plantations et leur cheptel, les bandes mobiles se seraient établies en permanence au même endroit. Les découvertes effectuées sur les sites du Natoufien à compter des années 1950 ont bouleversé cette perspective : au Levant, la sédentarisation précédait la domestication de plusieurs millénaires et concerne des sociétés de chasseurs-cueilleurs. On pouvait donc être sédentaire sans être « néolithique ». Cela a impliqué de repenser les causes et modalités du processus de sédentarisation. Ce renversement de perspective a aussi supposé de l'intégrer parmi les causes potentielles des domestications, ou du moins de le prendre en compte pour analyser celles-ci, et c'est pour cette raison que la question des débuts de la sédentarité est récurrente dans les études du Néolithique proche-oriental, même si elle ne concerne pas la néolithisation à proprement parler[177]. Actuellement les explications des débuts de sédentarisation partent plutôt des conditions climatiques : l'épisode d'adoucissement et d'humidité plus forte Bölling-Alleröd qui coïnciderait avec le Natoufien ancien permet aux communautés de chasseurs-cueilleurs de disposer de nombreuses ressources annuellement en restant au même endroit, organisant des expéditions de collecte sur un espace limité, en associant plusieurs milieux écologiques (fonds de vallées, collines boisées, montagnes, steppes, etc.)[178]. Mais les changements dans les pratiques de subsistance ont pu jouer. Ainsi la présence de groupes plus nombreux durant l'Épipaléolithique permet une évolution de la collecte, plus de personnes étant disponibles pour se consacrer de plus en plus à la collecte de ressources telles que les céréales et le petit gibier. Elles seraient jugées au départ secondaires car elles demandent plus de temps et sont moins nourrissantes prises individuellement que d'autres (comme le gros gibier). Cependant elles compensent cela en étant plus faciles à stocker et en se renouvelant rapidement, ce qui permet de rester plus longtemps dans un même lieu en se reposant plus sur elles, ce qui prépare donc l'adoption de la sédentarité[179].

Le développement des villages

Maquette du site de Nevalı Çori au musée archéologique de Şanlıurfa.

Le phénomène de sédentarisation n'est alors pas complété ni irréversible puisque le Natoufien récent voit un retour à un mode de vie plus mobile au sud du Levant, même si dans la région du Moyen-Euphrate le mode de vie sédentaire semble gagner du terrain[180],[171]. La sédentarité s'impose progressivement et définitivement au début du Néolithique dans la continuité des pratiques du Natoufien. Les sites les plus importants du PPNA font entre 1,5 et 2,5 hectares (les estimations restent vagues car les sites ne sont pas fouillés en entier et leurs limites sont rarement évidentes), soit cinq à dix fois plus que les villages du Natoufien[87]. Au sud du Levant ils sont de préférence dans les zones basses, comme la vallée du Jourdain. Au nord du Levant leur essor est marqué, en particulier dans la vallée de l'Euphrate où se repèrent des villages séparés d'environ 20–25 kilomètres[92].

Cette tendance se confirme au PPNB : le début de cette période est mal connu au sud du Levant, mais par la suite les villages du « corridor » comprenant la vallée du Jourdain se développent jusqu'à devenir parfois des « mégasites » dépassant la dizaine d'hectares (comme Ain Ghazal, Basta), entourés de sites de plus petite taille (1-3 hectares), avec lesquels ils semblent interagir pour former un réseau hiérarchisé d'agglomérations agricoles. Dans le Levant nord l'Euphrate et ses affluents (Balikh) servent encore de colonne vertébrale au réseau d'agglomérations, qui comprend aussi quelques grands sites. Cette période voit aussi l'apparition de sites spécialisés dans les rituels ou bien servant de nécropoles (Nahal Hemar, Kfar-Hahoresh, Göbekli Tepe)[108],[181],[182].

En dehors du Levant l'organisation du peuplement du Néolithique précéramique est moins bien connue faute de recherches sur le sujet, mais semble se faire sur des principes similaires. Ainsi en Anatolie du sud-est on constate que les localisations des sites sont très variées, mais les informations manquent pour émettre des hypothèses sur les évolutions[183]. Dans le Zagros, la partie centrale semble la première à connaître des villages sédentaires vers 8500-7500 (Ganj Dareh, Tepe Guran, Tepe Abdul Hosein), de petits sites de fond de vallée autour desquels rayonnent des communautés très mobiles, et ce n'est que dans la seconde moitié du VIIIe millénaire av. J.‑C. que l'on constate un développement du peuplement sédentaire dans l'Iran occidental, en particulier dans le sud-ouest au Khuzistan[184],[185]. Dans la plaine alluviale mésopotamienne, les plus anciens sites sont enfouis sous des sédiments charriés par les fleuves et de ce fait inaccessibles, aussi il est impossible de dire quelle était la nature du peuplement durant le Néolithique précéramique ; les quelques sites qui ont été identifiés au nord n'étaient sans doute pas isolés à l'époque[186].

Sans doute les premiers villages ont une durée de vie limitée, et peu d'entre eux semblent occupés continuellement pendant plusieurs siècles. Le mode de vie sédentaire n'empêche du reste pas l'existence de phases de reflux, et c'est ce qui se passe sur une plus grande échelle à la fin du PPNB, période durant laquelle on constate l'abandon de nombreux sites dans certaines parties du Levant et l'Anatolie, tandis que d'autres espaces ne connaissent pas un tel phénomène[126].

Le PPNB voit donc un essor des villages agricoles, mais les modes de vie mobiles ne sont pour autant pas absents. En effet, l'adoption du mode de vie néolithique ne se traduit pas systématiquement par la sédentarité. D'abord parce qu'aux villages sont partout associés des petits sites saisonniers, servant de haltes pour des chasseurs, de campements pour des éleveurs, ou de lieux d'extraction et de taille de pierres[187]. Et surtout parce que ces périodes voient l'essor d'un nouveau type de nomadisme, dit « pastoral », dérivant du développement de l'élevage et donc de la néolithisation. Amené à devenir une caractéristique des modes de peuplement du Moyen-Orient aux époques historiques, selon les documents de ces époques et les observations ethnographiques modernes il est pratiqué par des groupes d'éleveurs se déplaçant de campement en campement avec leurs troupeaux (et dont une partie pratique aussi des cultures)[188]. Il se distingue donc du nomadisme (de la mobilité) « paléolithique » des chasseurs-cueilleurs. Ce nomadisme pastoral du Néolithique se repère par l'émergence à partir de la fin du PPNB de petits sites visités temporairement par des groupes nomades ou semi-nomades, qui ont été identifiés dans la zone de steppe bordant le désert syro-arabe[189],[190].

Le Néolithique céramique connaît encore des sites de taille importante. Çatal Höyük occupait environ 13,5 hectares, avec un peuplement très dense qui fait que sa population a pu être estimée très approximativement à environ 3 500 voire 8 000 personnes[191]. Sha'ar Hagolan (Levant sud) est un site d'environ 20 hectares comprenant un réseau de rues séparant des grands bâtiments résidentiels[139]. Domuztepe dans l'horizon du Halaf récent (v. 5500 av. J.-C.) dépasse les 20 hectares et comprend peut-être 1 500-2 000 personnes. Mais la taille ne fait pas tout, et un site comme Tell Arpachiyah qui s'étend vers la même période sur à peine 1,5 hectare présente des caractéristiques architecturales (bâtiment collectif) qui en font une agglomération d'importance régionale[192]. Même si certains sites atteignent une taille notable, on ne parle pas de « ville » pour ces époques, les caractéristiques physiques et fonctionnelles les définissant n'étant réunies que plus tard, au IVe millénaire av. J.‑C. La plupart des sites sont des villages de quelques hectares, organisés suivant des formes de peuplement différentes suivant les régions et les époques. De plus en Syrie les groupes restent très mobiles à cette période : les pasteurs nomades semblent importants, et les communautés sédentaires changent souvent de lieu de résidence, les grands sites permanents servant de sortes de point d'ancrage[193]. En Anatolie centrale, s'observe aussi à la fin du Néolithique la persistance du campement associé à un village permanent, avec le cas de Pınarbaşı, visité périodiquement par des groupes venus de Çatal Höyük, soit avec des troupeaux, ou bien pour des chasses ou des expéditions pour obtenir des matières premières[194].

L'architecture néolithique

De l'Épipaléolithique ancien (Ohalo II, Ein Gev I) jusqu'à la fin du PPNA/début du PPNB (notamment Jerf el Ahmar), l'habitat est constitué de huttes et maisons circulaires ou ovoïdes, ou semi-circulaires. Elle mesurent en général autour de 5 à 8 mètres de diamètre, semi-enterrées, avec à partir du Natoufien des murs à assise en pierre, l'élévation étant en matières organiques (branches, roseaux, peaux ?), parfois des poteaux de support, et disposant dans certains cas de foyers. Les plus anciens villages sont donc constitués de plusieurs maisons de ce type, associées à des constructions utilitaires ou rituelles plus petites et plus grandes de même forme. Les maisons sont souvent séparées par des espaces servant au travail, notamment pour le broyage et la cuisson (des « fosses-foyers »), mais dans quelques cas elles sont agglutinées. Elles peuvent être disposées en alignements, ou bien en cercles[195],[196].

Le changement qui intervient à compter de la fin du PPNA et s'affirme au début du PPNB voit l'habitat devenir de forme quadrangulaire. Celui-ci s'impose suivant des rythmes différenciés, à partir du Levant nord, et est devenue la forme dominante dans toutes les sociétés humaines. Pour J. Cauvin, il faut chercher une explication symbolique derrière ce « passage du cercle au rectangle »[197], mais plus prosaïquement on met généralement en avant l'aspect autrement plus pratique des constructions quadrangulaires par rapport aux circulaires, car elles permettent l'ajout de nouvelles pièces de façon plus aisée[198],[199]. Peut-être faut-il aussi considérer avec K. Flannery que l'habitat rond est plutôt caractéristique des chasseurs-cueilleurs, tandis que le rectangulaire est celui des agriculteurs-éleveurs[200],[175]. Quoi qu'il en soit cette nouvelle architecture suppose la mise au point de techniques de maçonnerie à proprement parler, notamment pour parvenir à joindre les murs perpendiculaires et rendre la construction plus stable, et s'accompagne de l'essor de l'emploi des briques modelées et pierres taillées aux côtés du pisé, aussi l'usage de la chaux et du plâtre pour le revêtement des sols et des murs, qui sont parfois peints. Ces maisons restent en général de dimensions modestes, moins de 10 mètres de long[201].

La taille des constructions prend plus de place au fil du temps, et les formes des constructions se complexifient en plusieurs endroits : maisons à socle en forme de grilles ou petites cellules à Çayönü, supportant un étage qui sert d'espace de vie, ces socles prenant plutôt la fonction de « sous-sol » ; maisons à plusieurs parties de type « mégaron », à cour ou à « corridor » dans le sud du Levant. À la fin du PPNB les constructions rectangulaires et pluricellulaires de plan complexe apparaissent : elles comprennent une dizaine de pièces et plus, dépassent la dizaine de mètres de long, et l'habitude de construire un étage servant d'espace de vie se répand[202],[203].

Cette longue évolution architecturale signifie l'aboutissement d'un processus qui transforme progressivement la maison en véritable espace domestique, doté de pièces auxquelles sont parfois assignées des fonctions précises. Elle devient l'expression d'un groupe familial particulier et son lieu de vie privilégié, son « foyer », et plus un simple lieu d'abri amélioré. Les plus grandes variations architecturales à partir du modèle de base de maison rectangulaire témoignent d'une adaptation aux besoins et structures des familles[204],[205].

La « tour » de Jéricho (Tell es-Sultan).

De plus les constructions se diversifient puisqu'une architecture non domestique se développe également. Pour le PPNA du Moyen-Euphrate (Jerf el Ahmar, Mureybet, Tell Abr), ont été qualifiés de « bâtiments communautaires » plusieurs édifices circulaires n'ayant manifestement pas de fonctions domestiques, certains étant vraisemblablement des lieux de réunion (ils ont été rapprochés des kiva des Pueblos d'Amérique du Nord)[206]. La « tour » de Jéricho est sans doute aussi le produit d'un effort communautaire concerté revêtant un caractère symbolique fort[207]. Vers la même époque des constructions qualifiées de sanctuaires apparaissent en Anatolie du sud-est, à Göbekli Tepe (à l'échelle de tout le site), plus ancien exemple d’architecture monumentale dans la région[6], puis à Nevalı Çori et Çayönü. Sur ce dernier site, se trouve également une place aménagée (la « plazza ») qui doit avoir un usage collectif et peut-être rituel[208]. Ces édifices d'un type nouveau, à l'organisation spécifique, illustrent une autre facette de l'évolution de l'architecture en tant que moyen pour les hommes de s'exprimer et de s'affirmer symboliquement par le biais du bâti, ici au niveau d'une communauté élargie (T. Watkins)[209].

Les constructions collectives se manifestent également par la présence de murailles sur certains sites : par exemple Jéricho, Magzalia (et plus tard Hacilar II, Tell es-Sawwan). Elles peuvent certes avoir une fonction défensive, mais pas forcément : elles peuvent aussi servir pour contrôler l'accès au site, servir de barrière symbolique, ou de digue contre les inondations. Certains murs sont érigés au milieu de villages (à Tell Halula), pour des raisons indéterminées[210],[211].

Durant le Néolithique céramique, les constructions quadrangulaires à l'architecture complexe sont courantes, mais de nombreux types se retrouvent. Au Levant nord et en Haute Mésopotamie de la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.‑C. les maisons sont plutôt grandes, rectangulaires, souvent avec plusieurs pièces (Bouqras, Tell Sabi Abyad), mais parfois plus petites et simples (Umm Dabaghiyah)[212]. À Byblos l'habitat du début Néolithique tardif est dense, constitué de maisons à une pièce à murs en pierre qui ont l'air standardisées, puis des maisons à deux ou plus de pièces apparaissent par la suite, alors que la densité semble diminuer[213]. L'évolution la plus marquée en Syrie et dans le nord de l'Irak est l'apparition de grandes constructions à plusieurs pièces ayant manifestement une finalité de stockage, donc une fonction avant tout économique (Shir, Tell Sabi Abyad, Umm Dabaghiyah, Yarim Tepe, Choga Mami)[214]. C'est en Mésopotamie centrale et méridionale de la fin du Néolithique (Tell es-Sawwan, Tell el-Oueili) qu'on voit émerger les constructions les plus complexes, avec de vastes constructions de stockage et l'apparition de maisons avec de véritables étages (et plus seulement un sous-sol utilitaire surmonté par un espace d'habitation) et au sud les bâtiments de plan tripartite (un espace central couvert entouré de pièces sur deux côtés opposés) courants aux périodes proto-urbaines[215],[216]. La culture de Halaf est quant à elle caractérisée par des structures circulaires à une seule pièce (les « tholoi » de M. Mallowan), plusieurs constructions se partageant peut-être différentes fonctions pour une même maisonnée ; mais des formes rectangulaires subsistent à côté, et redeviennent le modèle dominant dans la Mésopotamie chalcolithique[217]. Sur les sites densément construits de l'Anatolie centrale (Çatal Höyük, Can Hasan III, Erbaba), les maisons sont agglutinées et l'accès se fait par le toit ; elles sont de forme rectangulaire, organisées autour d'une pièce principale à laquelle sont accolées des annexes (cuisine, magasins). Elles servent plutôt pour des familles nucléaires, qui les occupent entre un-demi siècle et un siècle[218]. À Sha'ar Hagolan dans la vallée centrale du Jourdain, on trouve des blocs organisés autour de cours centrales, ouvrant sur des unités de deux pièces ou plus ; selon l'interprétation de Y. Garfinkel cela reflète une organisation sociale entre familles étendues (au niveau du bloc) et familles nucléaires (petites unités)[219],[139]. À Chypre l'habitat de l'époque de Khirokitia est bien plus modeste, consistant en des petites maisons circulaires (3-5 mètres)[220]. En Iran occidental, le site de Chogha Mish en Susiane dispose de maisons rectangulaires de plusieurs pièces, et à Hajji Firuz près du lac d'Ourmia il s'agit de maisons de deux pièces de 27-37 m2, dans plusieurs cas bordées par un enclos non couvert situé sur leur côté est[221].

Du point de vue technique, si l'emploi de la pierre est courant là où elle est abondante, en particulier pour les soubassements, et qu'on trouve aussi les techniques du pisé et du torchis (plutôt pour les superstructures), la brique en argile crue devient la plus courante au Néolithique, et connaît d'importantes évolutions à partir de son apparition au PPNA[222]. Durant le Néolithique précéramique, elles sont surtout modelées à la main, sous des formes diverses (rectangulaires, carrées, en forme de cigare, à sommet plat et fond arrondi, etc.). À la fin du PPNB apparaissent les premières briques moulées, mais plus souvent elles sont pressées entre deux planches. Elles sont en général de grande taille (60 à 100 cm de long), et sont employées durant le Néolithique tardif. La période de Samarra voit une amélioration de la technique de la brique moulée, qui permet sa généralisation au Chalcolithique[223]. Le Néolithique tardif voit aussi l'apparition de traditions régionales dans les pratiques de construction, des « cultures constructives » (M. Sauvage)[224].

Pour ce qui concerne les installations de cuisson et de chauffage, à l'exception des phases anciennes durant lesquelles les foyers sont courants dans les habitations (Natoufien ancien, PPNA), ils ont tendance à se trouver à l'extérieur durant la plus grande partie du Néolithique, alors que ce sont les fours, des installations fermées qui apparaissent au début du Néolithique, qui sont privilégiés pour l'intérieur. Par ailleurs les sites néolithiques du Proche-Orient comprennent souvent des « fosses-foyers », mesurant plus d'un mètre de diamètre, souvent remplies de galets, ce qui semble indiquer un fonctionnement similaire à celui du four polynésien avec des pierres chauffées pour permettre la cuisson[225].

Les espaces de stockage d'aliments sont très rares sur les sites du Natoufien, et deviennent un peu plus courants au PPNA. Les silos se trouvent alors à l'intérieur ou à l'extérieur des résidences, des sortes de coffres extérieurs sont aussi utilisés, et on ne sait rien de l'éventuel stockage dans des paniers ou des greniers légers en matières périssables, dont il ne resterait plus de traces[226]. L'importance des silos augmente au PPNB, au fur et à mesure que l'économie agricole se consolide, en particulier durant la période finale, quand apparaissent dans les résidences des espaces de stockage, notamment au sous-sol des maisons à étage. Ces silos fonctionnent plutôt comme des « réfrigérateurs du Néolithique » selon la formule d'I. Kuijt, servant pour des besoins de court terme, à réguler la disponibilité de nourriture dans le temps et minimiser les risques de pénurie. Comme indiqué ci-dessus le Néolithique tardif voit l'apparition de structures de stockage collectives plus importantes[227].

Reste la question de l'eau, qui a manifestement joué un rôle important dans le développement des villages et de l'agriculture, en raison du climat du Proche-Orient. Des citernes sont attestées dès le Néolithique précéramique à Göbekli Tepe[228]. Les puits apparaissent sur les sites néolithiques vers 8000 av. J.-C., au PPNB, à Chypre sur les sites de Kissonerga-Mylouthkia et de Shillourokambos. En tout l'échantillon est limité : au Levant ont été dégagés deux autres à Atlit Yam, site sous-marin de la côte méditerranéenne d'Israël, datés d'environ un millénaire plus tard (PPNC), et un à Sha'ar Hagolan daté du Yarmoukien (v. 6400-6200 av. J.-C.). Ils mesurent en général 2 mètres de diamètre, certains sont de simples fosses taillées dans la pierre, les plus élaborés ont un revêtement en pierre au niveau de la bouche et sur les premiers mètres, mais qui ne va pas jusqu'au fond. On estime qu'il s'agit plutôt de puits destinés à l'alimentation humaine et animale qu'à l'irrigation des champs. Ces sites sont pour la plupart situés dans des zones soumises à des pénuries d'eau endémiques, sauf le dernier. Cet échantillon est certes limité mais il démontre qu'à ces époques la construction de puits était une technique maîtrisée et connue dans plusieurs régions arides, et permettait de peupler durant toute l'année des sites qui ne pouvaient pas l'être auparavant[229].

Les domestications : naissance de l'agriculture et de l'élevage

Le Néolithique est défini comme le passage d'une économie « prédatrice » de chasseurs-cueilleurs à une économie « productrice » d'agriculteurs-éleveurs, ce qui place donc la question de la domestication des plantes et des animaux au centre des bouleversements apportés par cette période. Du point de vue biologique, on passe pour ces espèces domestiquées d'une sélection naturelle à une sélection artificielle par les humains.

Si on prend la définition proposée par G. Willcox, la culture des plantes consiste à « assister la reproduction et par suite la multiplication des plantes » et leur domestication est définie comme « la sélection de traits des cultivars, par exemple la perte du mécanisme de dispersion »[230]. Pour D. Helmer, la domestication des animaux peut être définie comme « le contrôle d'une population animale par l'isolement du troupeau avec perte de panmixie, suppression de la sélection naturelle et application d'une sélection artificielle basée sur des caractères particuliers, soit comportementaux, soit culturels. Les animaux deviennent la propriété du groupe humain et en sont entièrement dépendants »[231]. On notera que chez certains chercheurs le concept de domestication peut être étendu pour désigner d'autres changements ayant eu lieu ou supposés avoir eu lieu durant cette période, ou être entendu sous un aspect englobant.

Les premières plantes cultivées au Proche-Orient, dites « fondatrices », consistent en un groupe d'au moins neuf plantes : des céréales, l'orge, le blé amidonnier et l'engrain, des légumineuses, les lentilles, les fèves, les vesces, les pois et les pois chiches, et le lin[232],[233]. Les premiers animaux domestiqués, après le chien[234], sont les quatre ongulés domestiques primaires : le mouton, la chèvre, le porc et la vache[235]. Le chat domestique est également attesté durant le Néolithique[236].

Ces évolutions, concomitantes, sont survenues pour la première fois dans l'histoire de l'humanité au Moyen-Orient, même s'il ne s'agit pas du seul foyer à l'échelle mondiale ayant expérimenté la domestication de manière indépendante. La domestication implique d'un côté un contrôle des espèces domestiquées par l'homme : il sème et récolte, sélectionne, parque les animaux et décide lesquels vont être abattus. Se crée aussi une symbiose entre l'espèce domesticatrice et les espèces domestiquées, qui en tirent chacune de substantiels avantages : les domestications sont à l'origine de la capacité des sociétés humaines à transporter hors de leur habitat naturels une grande variété et une grande quantité de plantes et d'animaux, ce qui enclenche sur le long terme un processus d'expansion et d'accroissement démographique amené à bouleverser le devenir des sociétés humaines et de leur environnement à l'échelle mondiale[237].

Les principaux faits mis en évidence sont que les plantes et animaux domestiqués étaient avant leur domestication exploités sous la forme d'une collecte de type cueillette et chasse, et aussi sous des formes de contrôle « pré-domestiques », les méthodes et techniques nécessaires aux domestications étant déjà connues à la fin du Paléolithique. La sédentarité (ou semi-sédentarité) mise en place dès l'Épipaléolithique précède le phénomène et ne peut donc plus être vue comme sa conséquence. Des changements climatiques se produisent durant la phase de transition qui voit la fin du dernier âge glaciaire et le début de l'Holocène, qui coïncide avec le processus de domestication. L'agriculture et l'élevage apparaissent dans des zones où les plantes et animaux domestiqués se trouvent à l'état sauvage, qui du reste comprennent un grand nombre de ressources alimentaires à l'état naturel. Ces évolutions accompagnent d'importants changements matériels et mentaux. À partir de ces éléments plusieurs explications ont été proposées afin de savoir pourquoi ces évolutions se sont produites, aucune n'étant parvenue à faire consensus.

Comment identifier les débuts des domestications ?

L'archéologie dispose de différentes méthodes permettant d'identifier la présence d'un agriculture et d'un élevage sur les sites néolithiques.

Épillets d'engrain (Triticum monococcum).

La preuve incontestable de la domestication, est morphologique, et cela vaut aussi bien pour les plantes que pour les animaux : ils connaissent au bout d'un certain temps une évolution physique qui permet d'identifier clairement des variantes « domestiques ».

  • Pour les plantes, les critères varient en fonction des espèces. Concernant les céréales, à l'état sauvage les épillets, portant les grains à l'extrémité de l'épi, se détachent aisément de ce dernier, se répandent sur le sol et ensemencent ainsi le sol de façon naturelle (égrenage). Cela a pour conséquence de réduire leur rendement pour les cueilleurs ou cultivateurs, mais rend des semailles non nécessaires pour en avoir à nouveau par la suite. Tandis qu'à l'état domestique, les épillets restent soudés à l'épi : c'est la perte du mécanisme de dispersion. Il ne se détachent qu'après battage par l'homme, ce qui permet les récoltes de plus grands nombres de grains, mais impose de faire des semailles[238]. Ces propriétés se retrouvent à l'état sauvage chez quelques variétés mutantes, très minoritaires dans un contexte de sélection naturelle, mais qui on vu leur proportion augmenter dans le cadre du long processus de sélection artificielle par l'homme, fait de manière consciente ou inconsciente, et ont donné naissance aux céréales domestiques. L'autre inconvénient morphologique qu'ont pour l'homme les céréales sauvages est que leurs grains sont dans une enveloppe qu'il faut retirer, par décorticage, battage ou d'autres procédés ; en revanche les variétés domestiques sont « nues » et ne nécessitent pas cette étape[239]. Quant aux légumineuses, à l'état sauvage elles sortent naturellement de leur gousse (déhiscence), là encore pour faciliter leur multiplication, tandis qu'à l'état domestique non et elles doivent être décortiquées[240]. L'augmentation de la taille des graines domestiquées par rapport aux sauvages est un autre critère de distinction, mais cette caractéristique met plus de temps à se développer et est en général considérée comme un élément moins probant[241].
  • Pour les animaux, la taille des espèces domestiquées diminue. Cette évolution pourrait être liée à la disparition de la sélection naturelle et d'une manière générale à la fin du mode de vie sauvage qui entraînent une perte de robustesse, et/ou au fait que les animaux domestiques sont moins bien nourris que les sauvages, ou encore que les hommes préfèrent contrôler des animaux plus petits et les sélectionnent donc ainsi[242]. Pour repérer ce changement, il faut donc disposer d'un échantillon important de restes animaux pour mesurer leur taille et déterminer s'il s'agit d'espèces sauvages ou non. Chez les ruminants, la forme et la taille des cornes évoluent également par rapport aux variantes sauvages[243].

Ces éléments sont donc les preuves certaines d'une domestication aboutie. Mais ils arrivent au bout du processus, qui a été constitué de nombreuses tentatives avortées et réussies, avec beaucoup de répétitions. Déterminer combien de temps cela a pris est difficile. Pour les plantes, on a pu considérer que c'était l'affaire d'un siècle ou deux, mais aujourd'hui on suppose qu'il a fallu une période de l'ordre du millénaire pour que les variétés morphologiquement domestiques s'imposent[244]. Cela est peut-être dû au fait que les premiers agriculteurs ont longtemps continué à utiliser des céréales sauvages pour ensemencer leurs champs, plutôt que de puiser dans leur stock de céréales à prépondérance « mutante », avant que ces dernières ne deviennent dominantes. Les premiers cultivateurs ont sans doute privilégié la variété et ont probablement débuté par une sélection inconsciente avant d'être en mesure de repérer les avantages et les inconvénients des variétés de céréales qu'ils pouvaient sélectionner. Le fait qu'ils aient cultivé suivant différentes modalités pourrait aussi expliquer pourquoi la domestication biologique met autant de temps à s'observer[245],[246]. Pour la domestication des animaux, le processus a sans doute pris un laps de temps similaire[247].

Pour repérer les premières expériences de domestication, qui ont lieu alors que les plantes et animaux ne sont pas morphologiquement domestiques, il faut donc s'en remettre à une autre méthode, dite du « faisceau d'indices » : identifier des indices de domestication qui pris isolément ne sont pas des preuves, mais cumulés au même endroit et au même moment laissent moins de doutes. G. Willcox a ainsi identifié plusieurs critères pour identifier cette agriculture « pré-domestique » : l'augmentation de la consommation des céréales et des légumineuses (les plantes domestiques « fondatrices ») par rapport aux plantes issues strictement de la cueillette ; la diffusion de variétés, qui apparaissent sur un site où elles étaient auparavant absentes, ce qui est sans doute dû à l'action de l'homme ; la présence de « mauvaises herbes » (adventices), caractéristiques des champs cultivés ; l'augmentation de la taille des grains, une des conséquences morphologiques de leur domestication comme vu plus haut ; le stockage à grande échelle des grains ; la présence de la souris domestique, attirée par ces mêmes stocks (commensalisme) ; l'utilisation de la balle des céréales dans la construction ; la présence de nombreuses lames-faucilles employées pour la récolte ; des installations complexes de mouture des céréales[100],[248]. Pour les animaux, on observe le sexe et l'âge des animaux abattus, déterminés par les ossements, à la condition qu'ils soient suffisamment complets : un troupeau domestique aura tendance à avoir plus de femelles que de mâles adultes, pour avoir plus de reproductrices, alors qu'à l'état sauvage les proportions sont équivalentes ; un élevage destiné à produire de la viande aura tendance à abattre avant tout les jeunes adultes mâles, qui ne sont normalement pas les individus à la mortalité la plus forte[249].

La subsistance chez les derniers chasseurs-cueilleurs

La gazelle de montagne (Gazella gazella), animal le plus chassé par les communautés natoufiennes du Levant, qui a peut-être fait l'objet de tentatives de domestication qui ont échoué.
Localisation des foyers identifiés pour les domestications des céréales au Proche-Orient : agriculture pré-domestique (italique) et domestications morphologiques (droit).

Au regard des conditions environnementales, il convient de prendre en compte les spécificités du Moyen-Orient, où les variétés domestiquées se trouvent toutes à l'état naturel, avec certes une plus forte concentration dans le « Triangle d'or », mais les céréales sauvages se retrouvent d'Anatolie centrale jusqu'au Levant sud et au Zagros central. Les études génétiques ont permis de déterminer dans certains cas les variantes des plantes et des animaux qui sont à l'origine des espèces domestiques, mais cela est dans plusieurs cas incertain[250]. En tout cas, combinées aux découvertes archéologiques, elles tendent à invalider l'hypothèse d'un seul et unique foyer pour toutes les domestications à l'échelle du Proche-Orient[251]. À partir de ces possibilités offertes par le milieu, le point de départ des domestications par les groupes humains est à chercher dans l'évolution des modes de subsistance, les pratiques de chasse et de cueillette durant l'Épipaléolithique. On peut du reste supposer à la lumière d'exemples ethnographiques que les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur connaissent des méthodes permettant d'aider à la multiplication des plantes, ce qui a facilité la mise en place des expérimentations en plusieurs régions[252].

Pour l'Épipaléolithique ancien, le site d'Ohalo II, vers 21000 av. J.-C., est le seul à fournir des données. Il atteste de la cueillette des céréales, mais un très grand nombre d'espèces végétales qui sont attestées sur ce site (blé et orge, légumineuses, pistaches, figues, etc.), du petit et gros gibier (surtout la gazelle), des poissons pêchés dans le lac[61],[62]. Il y a peut-être aussi dès cette période des tentatives de culture de céréales sauvages[253]. Quoi qu'il en soit, en raison du zonage écologique du Levant, celui-ci proposait une grande variété de ressources en fonction de la latitude, de l'altitude, de la proximité ou non de points d'eau. Ainsi pour les animaux le gros gibier varie selon que le groupe se trouve près de zones hautes boisées (daim, chevreuil, chèvre sauvage, sanglier, aussi gazelle), de hauts plateaux (gazelles de montagne, sanglier, ibex, hémione), d'espaces semi-arides (chèvres et moutons sauvages, ibex), tandis que le petit gibier (renards, lièvres, tortues) se trouve sur à peu près tous les sites. Ce qui est déterminant pour ces bandes exploitant les ressources situés dans 10–15 kilomètres autour de leur campement non permanent est évidemment d'exploiter au mieux ces différents espaces écologiques, aussi bien pour les plantes que les animaux[63]. La situation est grossièrement similaire chez les chasseurs-cueilleurs du Natoufien ancien et du Zarzien, à la différence qu'ils semblent bénéficier de meilleures conditions climatiques, avant le Dryas récent. Ils consomment les mêmes types de plantes et animaux : céréales et autres graminées, légumineuses, pistaches ; gros gibier en majorité (gazelle dominante au Levant, daim, sanglier, auroch, hémione, etc.) et aussi du petit gibier (lièvres, renards, tortues, oiseaux) ; et pêche là où c'est possible[254].

Du côté des plantes, on constate que le Natoufien voit le développement des structures de stockage des denrées, l'élaboration d'instruments de broyage plus efficaces, permettant sans doute d'aboutir à moudre de la farine et à cuire des sortes de pains[255], et ces communautés ont peut-être aussi consommé des boissons fermentées, un ancêtre de la bière[256],[257]. En tout cas la place des céréales dans leur subsistance augmente, indiquant une évolution vers une cueillette sélective, privilégiée. On a pu postuler que dès cette période des formes de « proto-agriculture » soient pratiquées, néanmoins les indices ne sont pas déterminants[258],[259],[260]. Mais même avec des changements, les futures céréales « fondatrices » ne représentent à ce stade qu'environ 10 % des restes botaniques retrouvés sur les sites natoufiens, donc leur place dans la subsistance, qui est de type « spectre large », est encore loin d'être essentielle aux côtés d'autres plantes cueillies (cypéracées, herbes à petites graines, légumes, fruits, dont beaucoup de fruits à coque)[261].

Le tableau est similaire pour les animaux : les Natoufiens chassent certes beaucoup de gibier, mais ils ont une forte prédilection pour la gazelle. Il a pu être proposé qu'il s'agissait d'une tentative de domestication de cet animal, mais il est plus raisonnable de postuler une chasse sélective qui n'a pas débouché sur une domestication[262],[263]. Le Natoufien peut alors apparaître comme une phase d'expérimentation, à l'issue de laquelle les humains peuvent déterminer quelles espèces animales et végétales sont les plus appropriées pour être domestiquées, et dans le cas de la gazelle cela ne s'est pas avéré concluant, à la différence des céréales, chèvres, moutons et autres espèces qui font aussi l'objet d'une collecte plus intense[264]. Le chien domestique semble attesté pour le Natoufien, par sa présence dans deux tombes auprès d'humains, ce qui est vu comme un indice d'un lien affectif impliquant une relation entre maître et animal. Mais il a été manifestement domestiqué plus tôt, et ailleurs[265]. Les chiens ont une fonction d'auxiliaire des hommes qui leur donne une utilité évidente pour ceux-ci. Ils sont (avec le chat) un cas à part dans le processus de domestication, puisqu'on estime qu'ils se sont sans doute associés d'eux-mêmes des communautés humaines, dont ils consomment les mêmes produits, et sont de ce fait sans doute des acteurs de leur propre domestication[234].

Les chemins vers la domestication

Dans les reconstitutions proposées par les chercheurs, on considère en effet que la domestication des animaux passe au préalable par une chasse sélective qui privilégie un nombre limité d'espèces (la gazelle et la chèvre sauvage notamment) puis conduit à une tentative de contrôle après captures d'individus isolés (plutôt jeunes) ou bien de troupeaux. Cela débouche sur des apprivoisements, qui conduisent progressivement vers des domestications avec un contrôle de la reproduction dans le cas des chèvres, moutons, vaches et sangliers, tandis que pour les gazelles il est possible de supposer que le processus se soit arrêté à l'apprivoisement. De fait tous les animaux ne sont pas « domesticables »[266],[267].

Il en va sans doute de même pour les plantes. Une cueillette sélective et plus intensive des céréales et légumineuses a pu déboucher des premières tentatives de contrôle de leur reproduction afin de sécuriser ou augmenter les ressources alimentaires. Celle-ci prendrait la forme d'une culture pré-domestique extensive, reposant sur plusieurs champs dispersés qui ne nécessitent pas un entretien poussé et ne sont pas cultivés chaque année, comme cela se fait dans des communautés de chasseurs-cueilleurs étudiées par des ethnologues à l'époque contemporaine. Cela passe donc par un début de manipulation et de modification de l'environnement naturel par les hommes, qui va en s'accentuant au fil des expérimentations. C'est un phénomène « opportuniste, flexible dans sa pratique et, de plus, dispersé spatialement » qui a donc pu prendre différentes modalités, comme planter des céréales qui poussent à proximité du site à l'état naturel, ou bien en apporter en dehors de leurs espaces naturels[246]. Bien que leurs fruits soient consommés, les arbres fruitiers ne semblent pas faire l'objet de tentatives de domestication au Néolithique, ou du moins elles n'aboutissent pas. Une forme de culture du figuier a été proposée pour la vallée du Jourdain dès le PPNA, mais cela n'a pas vraiment convaincu[268]. Quoi qu'il en soit cela constituerait un cas isolé. Exposer cette situation permet aussi de révéler en filigrane les atouts des plantes domestiquées à cette époque : le cycle végétatif des arbres, qui suppose d'attendre quelques années après la plantation de l'arbre avant qu'il ne soit productif, alors que les céréales et légumineuses le sont dès l'année de leur plantation ; la pollinisation des arbres, qui se fait en général par fécondation croisée (allogamie), est complexe à contrôler car il faut a minima maîtriser le bouturage et le marcottage pour les multiplier, alors que les céréales et légumineuses se reproduisent par autofécondation (autogamie) et il suffit de les semer pour les faire pousser[269].

Il faut en tout cas laisser de côté l'idée d'une évolution rapide, et aussi celle d'un processus linéaire, sans à-coups : les domestications sont sans doute issues de nombreuses tentatives, les indices épars de pré-domestications comprennent sans doute des changements involontaires et des expérimentations avortées, étalés sur près d'un millénaire[270]. Depuis le début des années 2000, l'opinion qui tend donc à dominer chez les spécialistes des domestications est que le processus décisif est entamé au PPNA, vers 9500 av. J.-C., et ce en plusieurs endroits du Proche-Orient, et met en gros un millénaire à se concrétiser. C'est en tout cas pour des sites de cette période qu'il est proposé pour la première fois d'identifier à partir de la méthode du faisceau d'indices la présence d'une agriculture « pré-domestique », donc avec des céréales et légumineuses morphologiquement sauvages[99],[100]. Ces sites candidats pour ces premières domestications se situent au Levant, dans la région du Moyen-Euphrate (Jerf el Ahmar, Tell Abr, Mureybet), au Levant sud (Zahrat adh-Dhra, Gilgal, Netiv Hagdud), aussi en Anatolie du sud-est (Çayönü), et un cas dans le Zagros occidental (Chogha Golan[271]). Pour les animaux, le processus est plus difficile à déceler à cette époque. On constate en tout cas par endroits au début du PPNA (v. milieu du Xe millénaire av. J.‑C.) un essor de la chasse sélective qui peut concerner une grande quantité d'individus d'une même espèce (la gazelle à Mureybet) et pour la fin du PPNA et le début du PPNB (v. 9000 av. J.-C.) on suppose un début de contrôle (management) des troupeaux de moutons dans les piémonts de l'arc Taurus-Zagros (par exemple à Körtik Tepe), vers 9000 av. J.-C. ou peu après[272], peut-être des bovins à Jerf el Ahmar sur le Moyen-Euphrate un peu avant[273]. M. Zeder considère que le processus de domestication des animaux est entamé dès 9500 av. J.-C., en même temps que celui des plantes[274].

La conclusion des domestications

Les premières espèces de plantes morphologiquement domestiques sont attestées vers 8500 av. J.-C., notamment le blé et l'orge. Les conclusions de la plupart des études récentes sont qu'ils apparaissent dans plusieurs régions en même temps, à rebours de l'opinion répandue auparavant d'un foyer unique, localisé entre l'Anatolie du sud-est et le Levant nord. Des traces d'agriculture pré-domestique et de premières céréales domestiques sont en effet identifiées au Levant nord, Levant sud, Anatolie centrale, Zagros et Chypre. L'étendue géographique est donc importante, ce qui laisse supposer plusieurs épisodes de domestication indépendants pour une même plante. Il est de ce fait vraisemblable que l'agriculture pré-domestique du PPNA se trouvait aux mêmes endroits[110],[111],[112]. Les études génétiques semblent notamment corroborer la domestication de l'orge dans le Zagros, perspective qui est longtemps parue incongrue[275].

Pour les animaux, les traces d'une gestion des troupeaux de type domestique émergent au PPNB ancien et les modifications morphologiques sont perceptibles en gros à partir de 8500-8000 av. J.-C. selon les espèces, avant tout sur les sites du Moyen-Euphrate et d'Anatolie du sud-est. Mais un peu comme pour les plantes l'hypothèse de domestications dans plusieurs régions a pris plus de consistance, au moins pour les chèvres et moutons, les premiers animaux domestiqués. Ainsi on retrouve des traces de contrôle poussé des chèvres au Levant central (Tell Aswad), et on suppose d'autres foyers, études génétiques à l'appui, dans le Zagros (Ganj Dareh) et au Levant sud. Les moutons sont domestiqués en Anatolie du sud-est, mais ils sont peut-être aussi domestiqués en Anatolie centrale (Aşıklı Höyük) vers la même période. Quant aux vaches et sangliers, ils ne sont courants dans le Levant nord, leur foyer unique de domestication en l'état actuel des connaissances, que vers la fin du VIIIe millénaire av. J.‑C. et même encore plusieurs siècles à se diffuser. Ce n'est qu'à la fin du Néolithique précéramique, dans la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.‑C., que les quatre ongulés domestiqués se retrouvent dans toutes les régions du Moyen-Orient[113],[114],[115].

Il est de plus souvent mis en avant qu'il existe des complémentarités entre l'agriculture et l'élevage naissants, qui ne sont pas forcément accidentelles : l'homme consomme les grains des plantes domestiquées mais ne peut assimiler la cellulose de leurs tiges, à la différence des ruminants domestiqués, ce qui permet un partage harmonieux des produits des récoltes ; et les animaux fournissent en retour du fumier pour fertiliser les champs[276].

Chypre présente un cas d'étude intéressant pour mettre en relations évolutions à grande échelle et spécificités locales, identifiées sur le site de Shillourokambos : des animaux sauvages sont peut-être importés du continent avant la domestication (sangliers, puis chèvres, bovins, daims) ; il est en tout cas assuré que des ongulés domestiqués arrivent durant les dernières phases du PPNB. Pour ce qui est des spécificités locales, on suppose une domestication locale de la chèvre, aussi une chasse intensive du daim (manifestement lui aussi « importé » sur l'île) qui ne se retrouve pas ailleurs, et les bovins domestiqués importés du continent disparaissent vite[277]. D'autres considèrent que les animaux doivent y arriver domestiqués dès les premières époques[278]. Quoi qu'il en soit ce cas d'étude est éclairant sur le fait que les domestications se produisent « dans le contexte d'efforts humains systématiques à grande échelle visant à modifier les environnements locaux et les communautés biotiques afin d'accroître les ressources végétales et animales d'intérêt économique, une pratique qui a été caractérisée comme une construction de niche humaine ou une ingénierie d'écosystème » (M. Zeder)[279].

C'est dans le contexte chypriote qu'apparaît la plus ancienne attestation de chats domestiques. Comme les chiens, ils se sont sans doute associés d'eux-mêmes aux humains pour profiter de leurs ressources alimentaires, avant d'être acceptés et accueillis par ceux-ci[234].

Subsistance, agriculture et élevage chez les premiers agriculteurs

La cueillette et la chasse ne disparaissent pas une fois les domestications conduites à leur terme, ne serait-ce que parce que bien des espèces animales et végétales consommées par l'homme ne sont pas domestiquées ; ainsi, le gland est sans doute un complément alimentaire utile en cas de mauvaise récolte de céréales[280]. Mais dès le PPNB apparaissent des grands villages complètement dépendants des ressources agricoles et de l'élevage de la chèvre pour leur subsistance[281],[282]. Il est souvent considéré que vers la fin du PPNB ou le début du Néolithique céramique la chasse tend à ne plus avoir qu'un rôle complémentaire dans l'alimentation et à devenir une activité avant tout symbolique, même si elle reste importante dans certaines régions jusqu'à la fin du Néolithique (par exemple la chasse de la gazelle et de l'hémione en Syrie du nord et dans l'Iran du nord) et suffisamment intense pour entraîner la disparition de certaines espèces[283]. Quand à la cueillette, elle peut rester importante même bien après les domestications. Ainsi une étude portant sur le site de Çatal Höyük a indiqué qu'environ 50 % des restes végétaux trouvés dans trois espaces domestiques pour la période 6700-6300 av. J.-C. sont sauvages. Même si une partie d'entre eux a pu être collectée pour l'artisanat ou les remèdes médicaux, cela indique que l'alimentation dépend encore sur ce site pour une part importante de la cueillette, qui vient compléter l'agriculture[284].

Champ de céréales près de l'Euphrate dans le nord-ouest de l'Irak de nos jours.

Il en résulte des systèmes économiques reposant sur l'agriculture et l'élevage, une économie qui a pu être définie comme « agro-pastorale »[285]. Elle serait plus de nature intensive qu'extensive, reposant sur la mise en valeur d'espaces cultivés de petite taille, des sortes de jardins à céréales et légumineuses, où la terre est travaillée avec des outils à forme simple tels que la houe[286]. Suivant la reconstitution proposée pour le Levant nord vers 7000 av J.-C. par P. Akkermans[287], les communautés agricoles sont installées dans les zones où l'agriculture sèche est possible, mais, le Proche-Orient étant marqué par une grande variation des précipitations d'une année sur l'autre, il faut peut-être envisager une forme d'irrigation afin de faire face aux années les plus sèches. Quoi qu'il soit possible qu'elle soit pratiquée dès le PPNB, à partir des réservoirs et retenues formées par des barrages datés de cette période repérés au Wadi Abu Tulayha en Jordanie[288], cette technique n'est attestée avec certitude que pour la fin du Néolithique en Mésopotamie centrale (à Choga Mami)[289]. Elle se répandrait plutôt au VIe millénaire av. J.‑C., et encore à une échelle modeste[290], en tout cas cela ouvre une nouvelle étape dans la modification de l'environnement par l'action de l'homme. Avant cela même dans les espaces les plus arides il est toujours possible de profiter de sites mieux pourvus en eau : les champs sont sans doute installés sur les terrasses et cônes alluviaux des vallées pour être à l'abri des inondations, ou près de cours d'eau non pérennes, ou des lacs. Il va de soi qu'au regard de la documentation disponible les structures de propriété de l'époque nous échappent, mais il y a peu de doutes qu'elles aient été un élément important des évolutions sociales et économiques de l'époque. Quoi qu'il en soit l'espace requis pour les communautés villageoise de l'époque, qui dépassent sans doute rarement la centaine d'habitants, est réduit malgré l'usage de la jachère, et il est probable que la plupart du temps l'espace agricole à mettre en valeur ne manque pas, mais plutôt les bras pour le faire. De plus la mobilité est partie prenante des stratégies de ces agriculteurs, permettant le cas échéant de faire face à l'épuisement des sols, à la diminution des ressources locales, à des problèmes d'accès à l'eau[291]. Les cas d'exploitation intensive ayant conduit à une dégradation du milieu sont probablement limités (c'est une des causes avancées pour expliquer le déclin d'Ain Ghazal à la fin du PPNB), et les exemples de villages restant peuplés pendant plusieurs siècles ne sont pas rares. On cultive surtout l'orge, le blé amidonnier, les lentilles et les pois. Les céréales sont plantées entre octobre et décembre et récoltées entre avril et juin. Le passage à une économie agricole semble de plus avoir augmenté la charge de travail par rapport à l'économie de collecte, le travail des champs (travail du sol à la houe, récolte avec des faucilles à lame courbe) et la surveillance des troupeaux demandant de nombreuses heures de labeur réparties entre tous les membres de la communauté. Les analyses des ossements des phases néolithiques semblent en tout cas indiquer que les gens de ces périodes font plus d'activités usantes physiquement qu'aux époques antérieures (voir plus bas)[287].

Concernant l'élevage, une autre question qui se pose est celle de l'histoire de l'utilisation des « produits secondaires », c'est-à-dire ceux qui n'impliquent pas l'abattage des animaux : lait des vaches et chèvres, laine des moutons, poils de chèvres. A. Sherratt a proposé que leur exploitation ne débute qu'à partir du IVe millénaire av. J.‑C. (une « révolution des produits secondaires »[292]). Mais il y a des indications de présence de produits laitiers dès le Néolithique céramique, et certains considèrent que la traite des animaux domestiques est importante dès les débuts des domestications. Pour ce qui concerne l'usage des fibres animales dans le textile, cela est peu documenté avant les époques historiques ; il semble que les premiers moutons domestiques n'aient pas une toison laineuse épaisse, ce qui rend peu probable une utilisation importante à cette époque. Il en va de même pour la traction animale : les bovins ont pu être utilisés à cette fin durant le Néolithique, mais sans doute à une échelle domestique. De fait, même si cela ne mérite pas forcément le qualificatif de révolution, l'élevage des animaux pour autre chose que leur viande ne semble vraiment prendre son essor qu'avec l'émergence des institutions politiques et économiques plus importantes, au IVe millénaire av. J.‑C.[293].

Un autre aspect important de l'élevage est l'émergence durant le Néolithique du nomadisme pastoral, contrepartie de l'apparition des villages d'agriculteurs. Ainsi durant la période de Halaf à Tell Sabi Abyad et dans sa région, en Djézireh orientale, il y a divers indices d'une division des communautés entre d'un côté les agricultures sédentaires vivant dans des villages et de l'autre des éleveurs nomades occupant des sites temporaires et revenant parfois dans le village[294].

Le développement de la céramique durant cette période, avec des usages essentiellement pour la cuisson des aliments et le stockage, qui s'affirment durant les périodes tardives du Néolithique céramique (Hassuna, Halaf), a manifestement un lien avec l'essor de l'économie agricole, les rapports de causalité entre les différents phénomènes étant discutés[295].

Très peu d'études ont été menées sur la cuisine néolithique au Proche-Orient[296], mais il semble que les céréales soient transformées en sortes de galettes ou pains et biscuits, et, au moins à partir de l'invention de la poterie, en bouillies et gruaux, en plus de la présence possible de boissons fermentées (des sortes de bières). Les légumineuses sont un apport essentiel pour la diète, complétée par la viande des animaux domestiques ou sauvages et des fruits cueillis. Ce régime alimentaire se met sans doute en place avant l'agriculture, dès la fin de l'Épipaléolithique et au début du Néolithique précéramique, qui voient l'essor de la consommation de céréales particulièrement propres à faire du pain (blé, orge, seigle), attestés par l'augmentation du matériel de mouture et de fours domestiques, ce qui devient à partir de cette époque une des caractéristiques de la cuisine de l'Eurasie, avec la consommation des viandes rôties qui pourrait aussi s'être développée aux mêmes périodes, par opposition à la cuisine de l'Asie de l'est, qui repose plus sur les céréales et autres aliments bouillis ou cuits à la vapeur[297].

Pourquoi ?

La question de savoir qu'est-ce qui a pu amener les communautés villageoises du Proche-Orient à domestiquer plantes et animaux au Xe millénaire av. J.‑C. et au IXe millénaire av. J.‑C. est au cœur des débats sur les causes de la Néolithisation. Plusieurs propositions de scénarios de domestication ont été faites, reposant sur des critères environnementaux, sociaux et culturels, séparément ou combinés, aucune n'ayant jamais pu prétendre à dégager un consensus[12].

La problématique est d'autant plus intrigante qu'il est admis que les hommes du Paléolithique supérieur avaient au moins une vague connaissance de la manière dont pouvaient se reproduire les plantes, et donc avaient potentiellement les moyens de mettre au point une agriculture[252], et l'ont peut-être fait mais sans que cela ne débouche sur une séquence continue menant à la domestication morphologique, en raison de tentatives non couronnées de succès[51].

Subsistance et surplus

L'opinion courante est que les domestications ont avant tout pour but de stabiliser ou accroître les ressources en nourriture des hommes, et ce facteur intervient dans la plupart des explications proposées, même s'il n'est pas le déclencheur initial. Pour autant que l'on sache, les plantes et animaux domestiqués l'ont été essentiellement pour l'alimentation, même si cela semble moins évident pour les animaux puisque la chasse reste longtemps l'apport majeur en viande, et que la laine des moutons et les poils des chèvres ont pu être utilisés de façon importante dès le Néolithique[298],[299] ; quant au lin, on sait qu'au Néolithique il était au moins utilisé pour faire des fibres, mais il peut aussi être pressé pour faire de l'huile[300].

Dans certains modèles la volonté d'accroître les ressources alimentaires (pour des raisons diverses) intervient. Ainsi pour B. Byrd (partisan d'une évolution par à-coups plutôt que linéaire), les groupes de chasseurs-cueilleurs du Natoufien pratiquent une collecte intensive, puis décident de la compléter des premières formes de culture afin de dégager des surplus, ce qui aboutit ensuite à l'orée du Néolithique aux domestications, qui ont en retour un impact social et culturel majeur[301].

Néanmoins pour aller à l'encontre de cette « rationalité économique » des domestications, il apparaît que les sociétés de chasseurs-cueilleurs pouvaient très bien subsister sans pratiquer d'agriculture ou d'élevage, et il y a même des arguments permettant d'estimer que l'économie productrice des agriculteurs-éleveurs n'est pas forcément plus avantageuse en termes d'alimentation que l'économie prédatrice de chasseur-cueilleurs. Elle est même moins bonne pour ceux qui suivent M. Sahlins et considèrent que la seconde correspond à un « âge d'abondance »[302]. Les études trans-périodes menées sur les restes humains du Levant sud (voir plus bas) semblent indiquer que, dans un premier temps (PPNA et premières phases du PPNB), l'adoption du mode de vie néolithique se traduise par une dégradation des conditions de santé, mais qu'avec la meilleure maîtrise du système au PPNB récent la situation s'améliore[303],[304],[305]. De plus les propositions reposant sur une motivation de recherche de surplus se heurtent à l'écueil de l'absence de structures de stockage importantes sur les sites du Néolithique précéramique[227].

Climat

Les changements climatiques globaux qui surviennent à la fin de la dernière glaciation coïncidant avec le processus de néolithisation ont sans doute joué, au moins en déterminant les possibilités de domestications, en préparant le terrain pour celles-ci[49]. Les conditions climatiques de l'époque glaciaire et du Dryas récent, et plus largement l'instabilité climatique du Pléistocène tardif (avant 10000 av. J.-C.) sont sans doute des conditions impropres à la mise en place d'une domestication des plantes, tandis que la phase d'adoucissement du début de l'Holocène et sa stabilité, qui coïncide avec les domestications, pose manifestement des conditions favorables à ce processus[50]. O. Aurenche, J. Kozlowski et S. Kozlowski considèrent ainsi que les hommes de l'Épipaléolithique sont déjà prêts mentalement et matériellement pour la néolithisation, mais que les conditions climatiques ne leur permettent pas de conduire ce processus à son terme avant le début de l'Holocène ; par exemple le Dryas récent aurait anéanti les expériences d'agriculture et d'élevage qui avaient débuté au Natoufien ancien[51].

D'autres sont partisans de l'idée que les évolutions climatiques auraient créé à certaines reprises un « stress » incitant les sociétés à modifier leurs modes de subsistance, établissant donc un lien direct entre les deux. O. Bar-Yosef considère ainsi que certaines communautés natoufiennes confrontées au refroidissement lié au Dryas récent auraient cherché à intensifier l'exploitation de leur niche écologique, en tirant parti de toutes les options possibles, y compris l'agriculture, ce qui aurait conduit aux domestications sur la longue durée[306].

Sédentarité et pression démographique

Reconstitution d'une maison rectangulaire néolithique à Beidha en Jordanie.

La sédentarité est au moins vue comme une condition nécessaire à l'émergence de l'agriculture, puisque les domestications se produisent dans un contexte de sociétés de chasseurs-cueilleurs sédentarisées ayant pour ressources les plantes et animaux qui font partie du package néolithique. Mais elle n'est généralement pas vue comme une cause directe. Néanmoins il y a des éléments laissant à penser que des facteurs liés à la sédentarité peuvent avoir stimulé des expérimentations de contrôle des plantes et animaux conduisant aux domestications. La volonté d'augmenter les ressources par une agriculture venant en complément de la collecte peut aussi résulter d'une recherche d'une plus grande sécurité alimentaire afin de rendre viable le mode de vie sédentaire ; la sédentarité aurait alors préparé l'agriculture[307]. Mais plus souvent l'impact supposé de la sédentarité est celui qu'elle aurait sur la pression démographique : elle semble causer une augmentation de la fécondité et donc de la population (voir plus bas), une plus grande exploitation des milieux environnant les communautés villageoises, et sur un plus long terme entraîner une plus grande pression sur l'accès aux ressources alimentaires. Tout cela aurait incité à la recherche de nouvelles solutions, donc au développement de l'agriculture et de l'élevage[308].

L'idée qu'une forme de surpopulation due à une augmentation de la population durant l'Épipaléolithique (que la cause soit la sédentarité et/ou le climat, ou autre) a pu créer un « stress » et entraîner un changement dans les pratiques du subsistance est en effet courante. Les scénarios les plus représentatifs de cela sont le « modèle d'équilibre » (equilibrium model) de L. Binford et la « révolution du large spectre » (broad spectrum revolution) de K. Flannery : les communautés en croissance démographique ont à partager des ressources alimentaires constantes entre un plus grand nombre d'individus et à les obtenir sur un espace plus restreint, donc elles modifient leur pratiques de subsistance (intensification, spécialisation, ou diversification), ce qui conduit en fin de compte à l'agriculture et l'élevage (notamment chez ceux qui migrent vers des espaces moins généreux en ressources). Ce type de scénario est surtout proposé pour le Levant sud où on suppose une croissance démographique en raison de l'essor du nombre de sites au Natoufien et au PPNA[309]. Dans le modèle de la « transition démographique agricole » de J.-P. Boquet-Appel, la situation est plus complexe : si la pression exercée par la population à l'époque des chasseurs-cueilleurs a bien augmenté les probabilités de changement de système, donc la néolithisation ; mais la néolithisation, en provoquant une croissance démographique, conduit le nouveau système aux limites de sa capacité nourricière. Ici la population est aussi bien la cause que la conséquence de la néolithisation[310].

D'autres objectent qu'il n'y a rien qui indique clairement que le monde pré-néolithique soit « plein » et que les chasseurs-cueilleurs auraient alors exploité au maximum les potentialités de leurs milieux, et dépassé leur « capacité porteuse » (carrying capacity), c'est-à-dire la population maximale qu'ils peuvent nourrir en fonction des conditions techniques et pratiques agricoles de l'époque. Du reste la région la plus concernée par ces propositions, le Levant sud, n'est pas celle où se produisent les premières domestications, qui concernent plutôt le Moyen-Euphrate où on constate un habitat peu dense[311]. En l'état actuel des choses les caractéristiques de l'agriculture des premiers temps néolithiques (surface agricole exploitée, rendements, modalités de croissance, complémentarités avec la cueillette, population à nourrir, etc.) restent de toute manière difficiles à établir[312].

Culture et rituels

À l'encontre des théories partant du primat des considérations matérielles, d'autres propositions cherchent plutôt des explications culturelles aux origines du Néolithique. R. Braidwood est le premier à avoir émis l'idée que si le Néolithique n'était pas survenu plus tôt, c'était parce que la culture n'était pas prête. On considère depuis que l'homme était prêt matériellement si ce n'est culturellement bien avant cette période[51].

J. Cauvin fait dériver la néolithisation d'une « révolution des symboles » survenue au Khiamien, ce qui le conduit à rejeter toute explication matérialiste et à proposer de chercher l'origine de l'agriculture comme l'« inauguration d'un comportement nouveau des communautés sédentaires face à leur milieu naturel »[313] et de l'élevage comme le produit d'« un désir humain de domination des bêtes »[314]. Ce modèle n'a pas vraiment été suivi tel quel puisqu'il suppose notamment un foyer unique à la néolithisation, ce qui est devenu de moins en moins convaincant au fil du temps[315], et du reste il n'explique pas l'origine de la révélation idéologique sur laquelle il repose[316]. Mais à la suite de Cauvin l'étude de la religion néolithique a pris plus d'importance et plus largement l'idée que les explications matérialistes ne suffisent pas s'est répandue[317].

D'autres explications culturelles ou du moins sociales à l'origine du Néolithique ont été avancées. Pour B. Hayden, il faut chercher l'origine des domestications dans des pratiques festives organisées par les élites sociales pour renforcer leur prestige et leurs relations sociales, dans un contexte compétitif : afin de redistribuer plus de nourriture et de boissons à la communauté et en-dehors, il y a eu une incitation à produire des surplus alimentaires, et donc à développer l'agriculture et l'élevage[318]. Là encore les arguments manquent pour valider ce scénario[315].

Une pluralité de facteurs

Au regard de l'ampleur du cadre géographique et chronologique, trouver une cause unique ou principale aux domestications est de moins en moins accepté, aussi les interprétations multi-factorielles sont privilégiées. Au moins il faut supposer que des changements sociaux et mentaux accompagnent les domestications, même s'il est sans doute vain de tenter de déterminer lesquels sont survenus en premier[319]. Le processus s'inscrit sur une longue période et implique « le climat, la démographie, des décisions économiques rationnelles, des réponses biologiques des plantes et des animaux aux interventions humaines, des opportunités et des tensions sociales, aussi bien qu'une reformulation de la place de l'humanité dans l'univers à travers le rituel et la religion » (M. Zeder et B. Smith)[320].

Santé et démographie

Conditions de vie et de santé

Il est plutôt considéré que l'introduction du mode de vie néolithique a entraîné une diminution de la santé des humains et de leur stature, ce qui est corroboré à partir d'études concernant différentes régions du Monde[321]. Cela serait dû à une augmentation de différentes formes de stress, à une nutrition moins variée et de qualité moins bonne, l'essor de maladies contagieuses induites par l'essor des agglomérations et les contacts avec les animaux domestiques et les rongeurs, larves, aussi aux risques de crises alimentaires en cas de mauvaises récoltes[322].

Les études bioarchéologiques, portant surtout sur les squelettes du Levant sud (il y aussi des échantillons importants pour les phases précéramiques à Abu Hureyra, Körtik Tepe, Nemrik), tendent à apporter une approche contrastée des évolutions : de nouvelles conditions sanitaires se mettent bien en place, mais le tableau n'est pas systématiquement négatif. Certes à compter du Natoufien final et durant le PPNA les populations semblent voir leur santé se dégrader, une diminution de la stature, en particulier chez les femmes, imputée à des carences alimentaires durant l'enfance. La réduction de la taille des dents, usées par la consommation accrue de céréales et aussi parce qu'elles servent comme « troisième main » dans des travaux artisanaux (notamment le tissage des fibres), est couramment observée avec la Néolithisation. Apparaissent aussi plus de caries et d'insuffisances de l'émail (hypoplasie). De plus les analyses sur les mouvements entraînant une usures des os semblent indiquer que le travail est plus exigeant physiquement que par le passé, ce qui serait lié au développement du port de charges lourdes (sur le dos ; cela concerne les adultes et aussi les adolescents) et des mouvements répétitifs de broyage en position accroupie prolongée (plus pour les femmes), générateurs de stress musculaire[323]. Cela coïnciderait avec la mise en place de l'agriculture, peut-être aussi une croissance démographique entraînant une diminution des ressources par tête. Les maladies inflammatoires semblent également moins courantes chez les chasseurs-cueilleurs mobiles. En revanche à compter du PPNB moyen la situation semble s'améliorer, sans doute sous l'effet de la stabilisation du système agro-pastoral : avec une agriculture maîtrisée et une transition à l'élevage achevée (avec l'apport de lait notamment), les gens sont mieux nourris et plus résistants. S'observe une croissance de la taille moyenne et une hypoplasie moins marquée, mais l'usure des dents reste importante, les caries plus courantes ainsi que les pertes de dents. Sur le long terme, il n'y aurait pas de différence significative entre le Natoufien et le Néolithique concernant les traumatismes, et des pathologies comme l'arthrite. Le mode de vie néolithique introduit des différences entre les sexes : les hommes des groupes de chasseurs-cueilleurs du Natoufien semblent mourir plus jeunes que les femmes, en raison de risques liés à la chasse, puisque cette activité leur serait réservée ; en revanche les hommes du Néolithique vivraient plus vieux parce que ce risque a disparu, alors que celle des femmes diminuerait sous l'effet d'une fertilité plus importante qui augmenterait les risques liés à la grossesse et l'accouchement. D'une manière générale on n'observe pas de baisse de l'espérance de vie, au contraire : une analyse la situe à 24,6 ans au Natoufien et 25,5 ans au Néolithique ; l'âge moyen de décès est de respectivement 31,2 ans et 32,1 ans. Les indices de stress semblent en revanche plus marqués au PPNB final/PPNC, manifestement une période de difficultés dans la subsistance et aussi des maladies infectieuses[303],[304],[305].

Il est généralement considéré que la domestication des animaux et la proximité qu'elle a induit entre humains et animaux a conduit à l'apparition des zoonoses, maladies transmises des animaux aux humains et vice-versa. Néanmoins les témoignages potentiels de ce phénomène sont très limités. Quelques squelettes de sites du Levant nord du PPNB (Dja'de, Tell Aswad) datés pour les plus anciens d'environ 8500 av. J.-C. ont fourni les plus anciennes attestations connues de tuberculose chez des humains. Or c'est une maladie d'origine bovine, et cette période est celle durant laquelle la domestication de cet animal est supposée débuter ou être en cours d'accomplissement. La coïncidence est donc frappante, mais la possibilité d'une présence antérieure de cette maladie chez l'homme ne peut être exclue[324].

Les populations du Néolithique tardif du Levant témoignent de la poursuite de l'ajustement au mode de vie néolithique : l'espérance de vie moyenne se situe autour de la trentaine, les décès sont plus nombreux entre 30 et 50 ans, les femmes sont plus nombreuses à dépasser les 40 ans[325].

Croissance de la population

Une croissance de la population se produit durant le processus de néolithisation, avec des conséquences sur les évolutions sociales et économiques quand il y a des franchissements de seuil démographique. Seulement il y a désaccord quant à savoir quand situer un point de départ : dès le Natoufien, durant le PPNA, ou durant le PPNB[326] ? En tout cas il est généralement estimé, sur la foi d'observations ethnographiques, que la sédentarité est potentiellement porteuse d'une croissance de la fécondité : par rapport à ce qui se passe dans un mode de vie mobile, le risque de fausses couches serait moindre en mode de vie sédentaire, et la durée d'allaitement plus réduite ce qui par suite diminuerait l'intervalle entre les conceptions[308]. Surtout, il est manifeste que l'adoption de l'agriculture et de l'élevage, en permettant à une plus grande population de survivre, à surface de terres constante (augmentation de la capacité porteuse des terroirs), a conduit à un accroissement démographique plus marqué chez les populations néolithisées que chez les collecteurs[327].

Le modèle de la « transition démographique néolithique », devenu « transition démographique agricole » (J.-P. Bocquet-Appel) propose que l'accroissement de la population ait lieu à la suite de l'adoption du mode de vie sédentaire et agricole, grâce aux apports caloriques supplémentaires qu'il implique, ce qui, combiné à une diminution de la dépense énergétique féminine avec la fin du mode de vie mobile, conduirait à une augmentation de la fécondité à mortalité constante, du moins dans un premier temps. En effet, suivant un déroulement similaire à celui de la transition démographique moderne, dans un second temps la mortalité augmente, en particulier celle des enfants, en raison d'une concentration de l'habitat qui entraîne un environnement moins sain propice à la diffusion des maladies, aussi un sevrage plus précoce, avant une stabilisation quand la densité de peuplement est plus faible. Dans ce scénario, la croissance de la population cause le changement initial de système, mais elle en est aussi la conséquence puisqu'elle est due à l'apparition de l'agriculture[328].

En fait, sans remettre en cause l'idée d'une croissance de population, les indices d'une forte densité de population restent limités au Levant sud, et concernent surtout le PPNA, quand la concentration de site est effectivement forte. Ils ne sont pas présents au Levant nord, où l'habitat est plus espacé, que ce soit au moment où s'enclenche dans cette région le processus de domestication[311], ou bien après l'adoption de l'économie agro-pastorale. Il ne semble pas que la limite des capacités porteuses des terroirs villageois ait été atteinte, sauf à la rigueur dans quelques cas[329].

Les industries : techniques, productions, diffusions

Les productions matérielles du Néolithique mobilisent un ensemble divers de matières premières. En raison des conditions de conservation sur les sites du Moyen-Orient, les matières périssables (peaux, bois, roseau, fibres végétales et animales) ont en général disparu, et leur travail ne peut être appréhendé. Restent donc les pierres, le plâtre, la céramique, les os, et dans une moindre mesure les minerais métalliques. Ces industries sont caractérisées par leur chaîne opératoire, ensemble d'opérations allant de l'extraction de la matière première jusqu'à la réalisation et l'utilisation du produit fini, que les recherches tentent de reconstituer[330].

Les transformations du Néolithique affectent grandement ces différentes industries, qui parviennent à élaborer des produits de plus en plus divers, et ces changements sont pour beaucoup des réponses aux adaptations nécessitées par la mise en place de l'économie agro-pastorale. Si la production est majoritairement faite dans un cadre domestique par des non-spécialistes, au fil du temps apparaissent des chaînes opératoires plus élaborées, qui sont manifestement le fruit d'expérimentations et d'une expertise d'un niveau qui peut être qualifié de « spécialisé ». Apparaissent donc des artisans, dont l'activité principale, si ce n'est unique, est d'élaborer des produits artisanaux. Leur savoir-faire et leurs réalisations sont recherchés, et se retrouvent sur un vaste espace, peut-être parce qu'ils exercent leur activité de façon itinérante et/ou transmettent leurs connaissances ailleurs[331]. De plus certains types de productions commencent à se retrouver sur de grands espaces, mais en petite quantité, et elles sont manifestement plutôt destinées aux usages des élites. Ces circulations de savoirs-faire et de biens ont sans doute joué un rôle important sur le plan culturel, en participant à la mise en relation des régions du Proche-Orient néolithique.

Les industries lithiques

L'« âge de la pierre polie » a en fait une culture matérielle dominée quantitativement par les industries lithiques en pierre taillée, qui servent de moyen principal d'identification des cultures néolithiques par les chercheurs, avant l'apparition de la poterie. Le silex est accessible partout est sert à fabriquer l'outillage de base de ces sociétés, tandis que l'obsidienne, plus rare et plus valorisée, sert a fabriquer des objets de prestige qui circulent sur de longues distances[332].

Silex

Le silex est une ressource courant dans le Proche-Orient, et les mines où il pouvait être extrait ont été identifiées à proximité de plusieurs sites[333]. L'industrie lithique sert à produire de nombreux outils essentiels pour le mode de vie néolithique, et ses évolutions reflètent en partie celles de l'économie et de l'organisation sociale.

L'Épipaléolithique est l'âge d'or des microlithes, lamelles de petite taille (moins de 2 cm), qui semblent avoir été placés par groupes de 2 ou 3 pièces sur des manches pour former des couteaux ou faucilles, ou bien individuellement pour servir de pointes de flèches[334]. Les petits demi-cercles, ou lunates, sont ainsi un des éléments caractéristiques de la culture matérielle du Natoufien, tandis que dans l'espace du Zarzien ce sont plutôt les triangles qui dominent le répertoire. Les grattoirs, burins et poinçons sont également courants. Les assemblages varient selon les sites et reflètent sans doute leurs fonctions (chasse, cueillette, village permanent), et la production n'est pas spécialisée[335],[336].

Le microlithisme recule fortement à compter du PPNA. Les pointes de flèches apparaissent et sont les éléments marqueurs de cette période au Levant[337] : pointes d'el Khiam, à base concave ou rectiligne et encoches latérale, qui se retrouve sur un vaste espace, indiquant un changement d'échelle dans la diffusion des techniques ; par la suite apparaissent les pointes de Helwan où un pédoncule court remplace la base concave. Les haches taillées se répandent aussi, aux côtés des grattoirs, brins, poinçons qui constituent la base du répertoire dans la continuité des phases précédentes[338],[339].

Le PPNB est marqué par le développement du débitage de lames plus larges, fabriquées au Levant nord à partir de nucléus (noyaux) bipolaires (débitage à partir de deux plans de frappe opposés) généralement « naviformes » (ils ont vaguement l'aspect de la coque d'un navire). Cette méthode, mise au point durant cette période, permet d'obtenir des lames de faucille, couteaux et pointes de flèches, burins, grattoirs et perçoirs plus longs et larges. Les grandes flèches sont en particulier caractéristiques de l'industrie lithique du PPNB, ce que S. Kozlowski a proposé de nommer « Industries des grosses pointes de flèches » (Big Arrowheads Industries, ou BAI)[340], avec les pointes de l'Amuq et de Byblos qui se diffusent sur un vaste espace et indiquent une évolution vers plus de standardisation, à la suite des pointes d'el Khiam de l'ère précédente. Le débitage par pression est aussi attesté durant le PPNB ancien, et apparaît la pratique consistant à chauffer un nucléus avant son débitage pour faciliter la taille. La spécialisation plus poussée et l'expertise des artisans se manifestent aussi dans le développement de sites sont la localisation semble motivée par la volonté de se rapprocher de sites d'extraction de silex, comme Abu Hureyra et Ain Ghazal. Les silex sont travaillés sur ces sites extractifs, également sur des sites intermédiaires, de sorte que les destinations finales obtiennent soit le produit fini, soit des nucléus préformés[341],[342]. Cela reflète les changements sociaux et économiques de la période. Ainsi il est tentant de relier les évolutions de l'outillage (lames plus longues, diversification des types, expertise plus importante des artisans) aux besoins de l'économie agricole qui se met en place, et aussi au développement de la construction ; il n'y a cependant pas d'explication utilitaire évidente aux évolutions des pointes de flèches, qui doivent être liées à d'autres facteurs qui ne peuvent être appréhendés[343].

La fin du PPNB/PPNC est une période de changements importants dans les industries lithiques, avec le déclin des nucléus naviformes supplantés par d'autres types de nucléus bipolaires, aussi un usage plus courant du débitage par pression pour effectuer des retouches, et l'emploi de lames prismatiques servant à produire des lamelles. Les pointes de flèches du PPNC et du Néolithique céramique au Levant sud (pointes de Nizzanim, Herzliyah et Haparsah au Levant sud) sont une évolution en plus réduites des pointes de la période précédente, et celles de la Djézireh (pointes d'Umm Dabaghiyah et de Sawwan) reflètent également cette tendance à la miniaturisation. Se repèrent plus largement des variations géographiques, qui reflètent l'existence des cultures régionales, même si elles sont désormais identifiées par les assemblages céramiques[344],[345]. En Mésopotamie et dans le Zagros se trouvent des industries regroupées par S. Kozlowski sous le terme « agro-standard », parce qu'elles témoignent d'une adaptation au mode de vie agricole, marquées par une augmentation du nombre de lames produites de façon plutôt standardisées, tandis que les microlithes, pointes de projectiles, grattoirs et perçoirs périclitent[346],[347].

Obsidienne

Plaques en obsidienne servant d'ornements, Tell Arpachiyah, VIe millénaire av. J.‑C. British Museum.

L'obsidienne est une ressource bien plus limitée que le silex, puisque ses gisements principaux sont situés en Cappadoce (Göllü Dağ) et en Anatolie orientale (Bingöl, Nemrut Dağı, Lac de Van). Cette rareté en fait un objet dont la circulation est plus aisée à tracer que les autres pour les époques précéramiques, et donc un objet privilégié d'études sur la mise en place des premiers réseaux d'échanges. Les objets en obsidienne se retrouvent donc en bien plus faible quantité que ceux en silex sur les sites néolithiques, sauf à proximité des sites d'extraction où ils sont dominants (c'est le cas des sites d'Anatolie centrale), mais ils font l'objet d'une circulation à longue distance dès l'Épipaléolithique et le PPNA, périodes durant lesquelles on retrouve ces objets au Levant sud. Cette faible présence semble indiquer que l'obsidienne est surtout vue comme un objet exotique de prestige, elle n'a aucune utilité économique manifeste vu qu'elle est taillée pour produire le même type d'objets que le silex. Un atelier de production d'obsidienne du début du PPNB (v. 8600-8200 av. J.-C.) a été fouillé à Kaletepe près des gisements du Göllü Dağ, et les méthodes de débitage qui y ont été identifiées sont celles du Levant nord (lamelles prismatiques débitées par pression et lames aiguës ou pointes issues d'un débitage laminaire bipolaire naviforme), qui sont bien distinctes de celles d'Anatolie centrale : cela indique que des artisans levantins (des spécialistes à plein temps ?) se rendent sur place lors d'expéditions saisonnières, pour extraire et tailler l'obsidienne, et repartent écouler leur production dans leur région. En revanche par la suite les artisans anatoliens et leurs méthodes de débitage prennent une place prépondérante, même si les méthodes levantines restent importantes[348]. Au VIIIe millénaire av. J.‑C. la circulation de l'obsidienne devient plus importante, en particulier en Haute Mésopotamie et dans le Zagros occidental (qui se fournissent surtout en Anatolie orientale), mais aussi dans le Levant sud, et à Chypre. Cela indique que des réseaux d'échanges se sont mis en place, qui deviennent un élément caractéristique de la koinè du PPNB. L'obsidienne circule alors essentiellement sous la forme de produits finis (lames et lamelles), parfois sous des formes inconnues en silex (outil de Çayönü, lame de Kashkashok). Cette circulation connaît une éclipse durant le PPNB final[349],[350],[351] puis l'obsidienne reste présente sur les sites du Néolithique tardif, notamment durant la période de Halaf[352].

Mobilier en pierre polie

La diffusion du mobilier en pierre polie se repère durant l'Épipaléolithique, avec l'usage croissant des céréales et graines, dès le Kébarien, et surtout au Natoufien et au Zarzien[353]. On distingue couramment un mobilier lourd, constitué d'instruments de broyage des aliments (meules, molettes, mortiers, pilons) et un mobilier léger constitué d'un ensemble d'objets à finalités diverses (haches polies, têtes de massues, vases de petite taille, plaques décorées et pierres à rainures, bracelets, etc.)[354].

Le mortier, associé au pilon, est un objet creux, servant à écraser par mouvement vertical, en général fait dans du calcaire et du basalte, plus profond au Natoufien que par la suite[355]. Le meule, associée à la molette, est en revanche plate, de forme ovale ou rectangulaire, à bords plus ou moins larges et permet le broyage par va-et-vient horizontal. Aux périodes anciennes sont employées des meules-mortiers à cavité surcreusée, qui disparaissent au PPNA[356]. La question de savoir si l'essor de ce mobilier, en particulier du mobilier lourd, a pu influer sur l'adoption du mode de vie sédentaire, est discutée : certes il semble compliqué voire difficile d'emporter des mortiers en basalte lors de changements de campements, mais on sait par d'autres exemples préhistoriques que des groupes avaient l'habitude de les laisser sur leurs différents campements durant les mois où ils allaient ailleurs[357]. Les meules peuvent du reste avoir d'autres usages que le broyage des aliments : sur le site chypriote d'Asprokremnos, elles servaient ainsi à réduire des roches d'ocre pour obtenir des pigments, ce qui se voit par leur coloration rougeâtre qui en a résulté[358].

Les haches polies apparaissent au Zarzien à l'est, et au PPNA à l'ouest et en Anatolie du sud-est. Certaines sont des haches en silex taillées qui ont ensuite été polies, d'autres, plus lourdes, sont en basalte, piquetées puis polies, et d'autres enfin sont en « roches vertes », et entièrement polies. La tendance pour ce type d'objet est à leur amincissement et allègement, et le passage de formes lenticulaires à rectangulaires, avec un usage moins important du basalte[359].

La vaisselle en pierre est faite à partir de diverses roches tendres : calcaire, albâtre, gypse, chlorite, marbre. Elle apparaît au Natoufien sous la forme de petits vases en basalte, puis se diffuse dans les régions voisines au PPNA. Dans l'Anatolie du sud-est et le Moyen-Euphrate, il s'agit en général de bols en serpentine vert-noir, certains ayant des décors gravés, le plus souvent géométriques, mais parfois animaux[360]. Au PPNB la vaisselle en pierre se diffuse, et atteint le Zagros. Les formes sont en général des vases simples (il y a aussi des formes plus plates), puis se complexifient au fil du temps (profils carénés, apparition de pieds, aussi des formes zoomorphes, décors gravés). Au PPNB récent et au Néolithique récent (notamment à l'époque de Samarra), certains de ces objets connaissent une importante diffusion, parce qu'ils sont manifestement devenus des productions de prestige fabriquées par des artisans à l'expertise reconnue[361].

Les bracelets en pierre sont des anneaux qui apparaissent au PPNB, sous des formes circulaires ou ovales, dont les profils se diversifient avec le temps. Ils sont taillés dans des marbres ou du basalte à grain fin. Aux périodes récentes la technique de fabrication semble impliquer une forme de tournage, à partir d'un disque progressivement évidé, ce qui indique là aussi un artisanat spécialisé[362].

Les pierres à rainures sont des objets caractéristiques de l'Épipaléolithique final et du PPNA, qui disparaissent par la suite. Il s'agit de plaquettes ou galets dont une face dispose d'une rainure, qui pourrait avoir servi pour redresser les hampes de flèches[363],[364]. Aux mêmes époques se trouvent des plaquettes gravées de décors géométriques (lignes parallèles, quadrillages, ondulations), quelques fois combinés à des motifs animaliers (à Jerf el Ahmar), donnant l'impression de sortes de pictogrammes[365],[360],[366]. Ils pourraient alors servir à identifier des groupes ou des individus, comme les sceaux-cachets qui apparaissent au PPNB[367].

Industries du feu

Le Néolithique est une période de développement des arts du feu, la pyrotechnologie[368] : le feu est de mieux en mieux maîtrisé, afin de réaliser des objets qui apportent des changements majeurs dans les sociétés. Historiquement il semble que les arts du feu aient débuté avec la chauffe de roches avant leur débitage et leur façonnage, mais cela est peu attesté dans le Néolithique proche-oriental. La plus grande maîtrise de la pyrotechnologie commence avec l'apparition de la chaux et du plâtre, qui pavent manifestement la voie à l'apparition de la céramique, qui est une des principales innovations techniques du Néolithique. Le travail des minerais métalliques existe aussi à cette période, mais la métallurgie se développe plus tard.

Chaux et plâtre

La chaux est obtenue par calcination du calcaire, tandis que le plâtre l'est par la calcination du gypse, qui sont ensuite réhydratés. Leur usage est attesté dès l'Épipaléolithique, d'abord pour consolider l’emmanchement des lames au Kébarien géométrique[65], puis dans la construction des tombes au Natoufien[369], mais il se diffuse surtout à partir de 8000 av. J.-C., avant tout au Levant. Ils servent essentiellement dans la construction, pour le revêtement des murs, des sols, des fours et des foyers[370].

La chaux et le plâtre servent aussi à la confection de petits récipients, la « vaisselle blanche », façonnée par modelage ou moulage, parfois sculptée. Elle est surtout attestée au Levant nord, où elle connaît son développement le plus important durant la seconde moitié du VIIIe millénaire av. J.‑C., avant d'être supplantée par la céramique[371].

La chaux et le plâtre sont également employés pour la réalisation de statues, comme celles d'Ain Ghazal[372], et le surmodelage des crânes, servant (avec l'ajout de peinture) à créer une sorte de nouvelle chair[373].

Les débuts de la céramique

Durant le Néolithique précéramique, la terre et l'argile servent avant tout dans la construction pour les structures, avec le développement des briques, et aussi pour les silos, où elles sont mêlées avec des végétaux ; de même l'argile peut être mêlée à du plâtre. Ces technique semblent constituer un antécédent des céramiques, avec la vaisselle blanche déjà évoquée. L'argile sert aussi pour réaliser des figurines et divers petits objets aux fonctions indéterminées de forme géométrique (cônes, boules, etc.)[374],[375]. De très petits vases en terre apparaissent dès le PPNA, et des sortes de bassins attestés à Ganj Dareh. Ce dernier site a livré ce qui est parfois tenu pour être les premières attestations de vases en terre cuite, donc de céramique, mais il semblerait plutôt que la cuisson soit accidentelle. La céramique à proprement parler, résultant de la cuisson intentionnelle à au moins 500 ou 600 °C d'un récipient en argile mêlé de dégraissant végétal ou minéral, intervient vers 7000 av. J.-C., et se retrouve aussi bien dans le Zagros (Tepe Guran), dans la Djézireh (Seker al-Aheimar), en Syrie occidentale (Ras Shamra, Tell el-Kerkh), qu'en Anatolie centrale (Çatal Höyük)[376],[377]. Il ne s'agit pas des plus anciennes céramiques connues dans le Monde, puisqu'il s'en trouve auparavant en Chine[378], au Japon et en Afrique saharienne[379],.

La fabrication et l'usage des céramiques se diffuse rapidement durant le VIIe millénaire av. J.‑C. (avec un retard dans le Levant sud), d'abord sous des formes simples mais très variables, avec souvent des inclusions végétales, des décors géométriques incisés, parfois peints[380]. Se développent ensuite deux grandes catégories de céramiques distinguées en fonction de leur conception et manifestement de leur usage, parmi ceux considérés comme prépondérants : stockage de denrées, préparation (cuisson) et service des aliments. Un premier groupe est celui des céramiques à forte proportion de dégraissant minéral (naturel ou ajouté ; calcite surtout), souvent cuites à des températures basses (moins de 800 °C). Elles ont une forte résistance aux chocs thermiques, ce qui les rend propres aux usages culinaires, mais ont le défaut d'être peu résistantes aux chocs physiques. L'autre groupe est constitué de céramiques en pâtes dures et rigides, obtenues notamment à partir d'argiles calcaires, qui permettent de façonner des vases plus épais et robustes, cuits à haute température (8001 000 °C). Elles sont appropriées pour le stockage, mais en revanche elles sont peu résistantes aux chocs thermiques donc impropres pour la cuisson des aliments[381]. Les grandes jarres de stockage apparaissent après les premières phases de développement de la céramique, permettant un stockage de masse. En effet, il semble que les fonctions des céramiques sont déterminées progressivement par ceux qui les fabriquent et les utilisent : la céramique n'est pas forcément adoptée pour ses usages de cuisson et entreposage, qui sont plus une conséquence qu'une cause dans ce processus, car ce seraient plutôt eux qui se développement progressivement, avec l'amélioration des techniques de fabrication de la céramique. Les poteries prennent alors une place majeure dans les activités sociales, économiques et aussi rituelles[295].

Se développent alors différentes traditions de céramiques, qui sont des éléments essentiels dans la caractérisation des cultures archéologiques du Néolithique céramique. Elles sont définies selon qu'elles sont à parois épaisses (grossières) ou minces (fines), décorées ou non, et dans le premier cas selon le décor (lustrage, peinture, incision, impression)[382]. Ainsi les premières céramiques du Zagros ont surtout des formes ouvertes, sont lissées, claires, à décor peints, d'abord des formes géométriques simples, puis des lignes irrégulières, des losanges, des quadrillages[383]. La Dark Faced Burnished Ware (ou DFBW), soit une céramique polie et foncée, se retrouve en Syrie occidentale et méridionale aux premiers stades de développement de la céramique ; ses formes sont arrondies et elle est souvent décorée d'impressions[384],[385]. Le type dit « Proto-Hassuna », qui se développe dans la Djézireh au début du Néolithique céramique, est caractérisé par des grands vases fermés à parois épaisses, dont la forme est peut-être inspirée des outres en peaux, ayant parfois un décor appliqué animaux ou anthropomorphes, et de la céramique fine claire à décor peint en rouge (bande horizontale, chevrons, points, triangles)[386],[387]. Le Yarmoukien, première tradition céramique connue du Levant sud, est caractérisé par des jarres à anses, souvent de grande taille, aussi des formes ouvertes, et des décors incisés (bandes de chevrons, triangles)[383]. La fin du Néolithique voit l'apparition de céramiques fines peintes de formes variées et complexes, avec des décors très élaborés, en particulier celles de la culture de Samarra de Mésopotamie centrale, mêlant bandes horizontales, motifs géométriques, et figures humaines et animales, dans des compositions dynamiques, cinétiques, certaines rappelant des danses[388],[389]. Dans le plateau Iranien les céramiques sont en général de type « soft-ware », cuites à basse température, grossières, lustrées, à pâte à dégraissant végétal, et souvent peintes[390].

Pour ce qui concerne les techniques de fabrication, un four de potier mis au jour à Yarim Tepe est daté de la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.‑C., et pour le millénaire suivant plusieurs autres ont été dégagés en Mésopotamie (Tell es-Sawwan, Tell Abada). Il s'agit en général de fours à base ronde ou ovale, à tirage ascendant et à chambre simple (les pots à cuire et le combustible sont dans la même chambre) ou double (ils sont séparés). Leur perfectionnement technique atteste d'une plus grande spécialisation du métier de potiers, visible en particulier durant l'époque de Samarra puis celle de Halaf, qui voit l'apparition de la tournette, première méthode rotative de façonnage de céramiques[391]. Cette spécialisation se voit aussi dans la capacité des potiers à sélectionner des argiles de meilleure qualité, après de nombreuses expérimentations ayant consolidé leur expertise, et aussi par le fait que les céramiques circulent entre les régions dès leur apparition, et que cela s'accentue par la suite, ce qui semble impliquer qu'une partie de la production est déjà destinée à s'écouler au-delà de sa région de fabrication[392].

Travail des métaux

Le travail des minerais métalliques précède le développement de la métallurgie à proprement parler, qui implique la fonte du minerai avec du charbon de bois. Avant cela le cuivre natif est travaillé dès au moins le VIIIe millénaire av. J.‑C., quand il se retrouve sur plusieurs sites en Anatolie (Çayönü, Aşıklı Höyük, Can Hasan), puis au millénaire suivant en Mésopotamie et Iran (Magzalia, Ali Kosh, Tepe Sialk). L'industrie du cuivre natif consiste alors en un traitement thermique de la roche, avant une façonnage par martelage, et dans certains cas il semble que le procédé du recuit (jusqu'à 600 °C) ait été employé, précédant le développement des techniques métallurgiques. Le cuivre natif sert à confectionner de petits objets utilitaires, comme des poinçons, et des éléments de joaillerie, notamment des perles et des anneaux[393]. Des objets similiaires en cuivre natif et malachite se retrouvent dans l'aire de la culture de Halaf au VIe millénaire av. J.‑C., mais ils ne semblent pas y avoir été considéré comme des objets prestigieux[394]. La métallurgie à proprement parler ne se développe pas durant le Néolithique, ou alors à sa toute fin, puisqu'on estime que la fonte du cuivre au creuset apparaît au plus tard vers 5000 av. J.-C. en Anatolie (Tülintepe, Tepeçik, Değirmentepe) et en Iran (Tal-i Iblis)[393].

Industrie osseuse

Poinçons en os provenant du site d'El-Wad, Natoufien ancien. Musée d'archéologie nationale.

Les objets en matières osseuses sont très présents au Natoufien après avoir été plutôt laissés de côté au Kébarien. L'outillage en os est alors très divers, sans doute parce qu'il est destiné à autant d'usages : pointes, dans certains cas barbelées, poinçons, couteaux, hameçons barbelés ou courbes, des manches, parfois décorés de figures animales, etc. Leurs usages sont sans doute très divers : couture, chasse, pêche. Des perles et dents percées sont employées pour faire des ornements. Les os de gazelle sont plus travaillés, mais aussi ceux de cervidés, bovidés, renards, lièvres, oiseaux. Les techniques de travail sont variées (raclage, abrasion, rainurage, sciage, percussion, etc.), la perforation se développe. Au Levant sud qui a été le mieux étudié, le Néolithique précéramique voit le répertoire évoluer : les harpons et pointes barbelés disparaissent et la portion des outils pointus diminue au PPNA, mais apparaissent des outils plus lourds servant à travailler le sol, des bâtonnets, des plaquettes ; puis au PPNB des anneaux, des burins, de grands crochets, des gaines de haches ainsi que des outils à articulation entière, des figurines humaines. Donc là encore les objets peuvent avoir une finalité utilitaire ou non. Les os des gazelles restent les plus exploités, puis dans le courant du PPNB les os de caprinés domestiqués (moutons, chèvres) les supplantent. Peu de nouvelles techniques se développent, en revanche on recourt plus souvent à une méthode de débitage par éclatement, sans doute parce qu'elle est plus rapide et que l'abandon des objets les plus spécialisés requiert moins de précision : la production semble moins normée et plus simple, et peut être accomplie dans un cadre domestique. Mais d'un autre côté pour le travail de certains objets pointus fins en os de gazelle une spécialisation semble s'être mise en place. On repère aussi à cette période une circulation des savoirs-faire, puisque le Levant sud adopte certaines formes depuis le nord, sans doute par contact plutôt qu'à la suite de migrations[395].

Industries textiles

Restes de tissage en lin provenant de Nahal Hemar, PPNB. Musée d'Israël.

Les industries textiles recouvrent ici aussi bien la confection de tissus que celle de cordages et la vannerie (paniers, nattes), aussi leur rôle dans les sociétés néolithiques ne saurait être sous-estimé, mais elles sont mal documentées car le climat du Moyen-Orient se prête particulièrement mal à la conservation des matières organiques. De ce fait quasiment aucune fibre textile n'a survécu des périodes préhistoriques, et les informations à leur sujet sont en général indirectes (des empreintes sur des matériaux plus durables comme l'argile et le plâtre, la présence d'outils destinés au tissage). Les origines du tissage se trouvent dans les techniques de tressage des cordes, qui se développent au Paléolithique, ainsi que le tressage de paniers, filets ou nasses servant au portage, ou aux activités de chasse et cueillette, que l'on présume avoir existé aux mêmes époques mais dont il ne reste rien. Des fragments de fibres végétales tressées ont été mises au jour à Ohalo II pour l'Épipaléolithique ancien (v. 21000 av. J.-C.), seul site de cette époque à offrir des conditions propices à leur conservation[396]. Nahal Hemar, datant d'environ quatorze millénaires plus tard, a livré de nombreux fragments de cordage, des paniers tressés de fils consolidés par de l'asphaltes, des fragments de nattes, et des morceaux de tissu, dont certains en lin, ce qui a confirmé que cette plante, qui fait partie du groupes des plantes fondatrices qui sont les premières à avoir été domestiquées, a eu dès le Néolithique une finalité textile (elle peut aussi servir à produire de l'huile)[397],[300]. Des trouvailles similaires ont été effectuées à Tell Halula. La question de savoir à partir de quand les fibres animales (laine des moutons et poils des chèvres) ont été employées dans le textile dès le Néolithique est débattue, notamment parce qu'on suppose que l'apparition d'une toison laineuse sur les moutons est tardive, et qu'il n'y a rien qui indique à partir de quel moment elle devient suffisamment dense pour être exploitée, peut-être dès le PPNB moyen selon certains, plus tard selon d'autres. Le fait qu'on trouve plus de fusaïoles servant au filage sur les sites syriens du Néolithique céramique (Tell Sabi Abyad) pourrait indiquer un essor de l'artisanat textile à cette époque, en lien avec le développement de l'exploitation de la laine des moutons[398].

Circulation des biens

Le Néolithique voit la mise en place de réseaux de circulation de certains biens sur des longues distances. Cela concerne un nombre limité de types de biens, qui circulent plutôt pour leur valeur symbolique que pour des raisons utilitaires, mais c'est un objet privilégié pour étudier les modalités de contacts entre les différents ensembles du Proche-Orient, et la manière dont se construit leur cohésion, comment peuvent circuler les idées et les personnes. Tout cela participe de la mise en place de nouvelles modalités d'interaction entre groupes liées à l'émergence de sociétés sédentaires puis agro-pastorales, et permet d'éclairer les modalités de la diffusion du mode de vie néolithique.

On constate en effet que des biens se mettent à circuler en plus grande quantité et sur de plus longues distances dans le courant du PPNB, ce qui coïncide avec la mise en place définitive et l'expansion du mode de vie néolithique, aussi l'affirmation d'une koinè à l'échelle du Proche-Orient. Certes la circulation de certains objets à longue distance n'est pas inexistante durant l'Épipaléolithique et le PPNA, par exemple les coquillages (notamment les « dentales » durant le Natoufien[399]) et l'obsidienne, mais ce phénomène est quantitativement limité. Au PPNB moyen, la circulation des biens se fait entre les principales régions néolithisées : Levant, Djézireh, sud-est anatolien, Zagros occidental, Chypre, soit les espaces où s'observent la plupart des traits culturels majeurs de la période (architecture rectangulaire, domestication des plantes et animaux, outillage lithique de grande taille). La circulation de l'obsidienne est ce qui s'observe le mieux : celle de l'Anatolie orientale se retrouve sur l'Euphrate à Bouqras, et dans le Zagros à Jarmo ; celle de Cappadoce à Chypre. La vaisselle en pierre connaît également une grande diffusion : celle d'Anatolie, en chlorite, se retrouve sur le Moyen Euphrate (Jerf el Ahmar, Dja'de) ; celle en albâtre se retrouve du Zagros (Deh Luran) jusqu'à la Syrie centrale (El Kowm). Les bracelets en pierre sont également attestés en Anatolie centrale (Cafer Höyük) et dans le nord de l'Irak (Magzalia)[400]. Puis ce sont les céramiques qui se diffusent rapidement au-delà de leur zone de production : des DFBW de Syrie occidentale se retrouvent ainsi à l'est, à Bouqras et dans le Sinjar ; des céramiques de Samarra jusqu'à Tell Sabi Abyad dans la Djézireh et aussi Anatolie du sud-est[401]. Au Néolithique céramique les circuits des échanges se sont encore plus étendus : à Çatal Höyük en Anatolie centrale ont été trouvés de la turquoise du Sinaï, des coquillages de la mer Rouge ou du golfe Persique, des fragments d'objets en fibre de palmier-dattier (qui pousse dans la frange sud du Proche-Orient), et de l'obsidienne d'Anatolie orientale, alors que cette région exporte sa propre obsidienne, et aussi du cinabre[402] ; le cuivre natif d'Anatolie ou de l'Iran commence aussi à circuler en petites quantités[394].

Il est plus difficile de savoir par quels mécanismes circulent ces objets. Là encore les données archéologiques sont souvent éclairées par les exemples historiques ou ethnographiques. On sait ainsi que certaines communautés pouvaient organiser des expéditions vers les zones d'extraction de pierres pour les prélever et les tailler sur place, comme cela semble être le cas avec l'obsidienne de Cappadoce travaillée par des tailleurs levantins, auquel cas cela suppose que ces artisans soient aussi ceux qui sont chargés d'écouler leur production lorsqu'ils reviennent chez eux, ou peut-être de façon itinérante, à moins que des intermédiaires spécialisés se chargent d'écouler ces produits[348]. Une situation similaire semble s'observer sur le gisement d'ocre situé près du site d'Asprokremnos à Chypre, occupé périodiquement par des groupes qui procèdent à l'extraction et à la réduction en pigments de cette roche[358]. Le modèle le plus courant de reconstitution des échanges de silex ou d'obsidienne suppose une organisation le long d'une route partant des zones d'extraction, avec des points d'étapes où sont peut-être réalisées des finitions, et qui servent de centres de distribution vers d'autres lieux où se trouvent les utilisateurs finaux, avec en fin de compte des mécanismes d'échanges qui se rapprocheraient d'une forme de « marché »[403]. Il y a effectivement des sites jouant le rôle de centres de redistribution, comme Akanthou au nord de Chypre où ont été mis au jour environ 4 000 objets en obsidienne de Cappadoce, soit une quantité largement supérieure à celle des autres sites chypriotes de la même période réunis, et la plupart sous forme finie[404].

Mais sans doute les mécanismes d'échanges sont plus complexes et n'impliquent pas forcément une forme commerciale. Ainsi les expéditions sur de longues distances organisées par des communautés afin de se procurer par diverses formes d'échanges des biens désirés sont attestées par l'ethnographie, et peuvent se passer d'un réseau structuré en plusieurs points d'étapes. Les échanges peuvent également revêtir une fonction sociale : ils permettent de connecter des communautés, de pacifier les relations entre elles, et cela a pu jouer un rôle en ces âges de constitution de sociétés sédentaires ancrées territorialement. Cela passe par des alliances, des mariages et/ou des fêtes, qui doivent donner lieu à des échanges d'objets de prestige qui se retrouvent dans plusieurs régions, et que l'on désire acquérir et donner non tant pour leur fonction utilitaire que pour leur rôle rituel ou symbolique. De plus avec la constitution d'entités politiques plus importantes à la fin du Néolithique, il faut envisager l'émergence de circuits sous forme de redistribution contrôlée par un chef, qui peut chercher à accumuler des biens de prestige pour affirmer son pouvoir et consolider son influence sociale, même si l'apparente faiblesse des entités politiques néolithiques laisse plutôt penser que les échanges ne sont pas centralisés[351].

Arts visuels

Figurines et statuettes

L'ensemble le plus répandu d'objets d'arts, ou non utilitaires, du Proche-Orient néolithique sont des représentations animales ou humaines de petite taille, qu'on désigne comme des figurines si elles sont modelées en argile, plâtre ou chaux[405], et des statuettes si elles sont taillées dans de la pierre[406]. Elles ont de toute manière tendance à représenter les mêmes choses.

Les représentations animales et humaines de petite taille se répandent au Proche-Orient à l'époque du Natoufien, sous la forme de manches d'outils et d'armes ou d'objets isolés, en os, représentant des animaux (des ruminants, peut-être des gazelles), et des statuettes en pierre d'humains, en général des têtes, parfois des corps relativement réalistes ou très stylisés[407],[408].

Durant le PPNA, les représentations féminines deviennent le type le plus courant, sous la forme de statuettes sculptées dans du calcaire ou de figurines modelées dans de l'argile, certaines cuites de façon intentionnelle ; tantôt schématiques (jusqu'aux figurines en forme de T du Zagros), tantôt plus réalistes, souvent en volume, mais plus plates au Levant sud, elles représentent en tout cas sans équivoque le genre de leur sujet. J. Cauvin y voit des figures divines, un témoignage de sa « révolution des symboles »[409],[410]. Parfois les représentations se limitent à une tête. Les représentations masculines sont attestées au PPNB, mais elles restent beaucoup plus rares que celles de femmes[411]. Les figurines et statuettes animales restent courantes durant le Néolithique précéramique, avec une prédilection pour les bovidés dans le Levant, tandis que dans le Zagros, zone où les représentations animales sont plus nombreuses que les humaines, on retrouve souvent la chèvre et le sanglier ; la Haute Mésopotamie est caractérisée par ses statuettes de têtes animales, notamment des oiseaux à Nemrik[412].

Les figurines prennent à partir de la fin du PPNB et durant le Néolithique céramique un aspect plus élaboré, avec l'ajout d'éléments, notamment les yeux. Les figurines du Yarmoukien sont assises ou debout, avec un profil aplati ; celles du Levant nord et de Mésopotamie sont plutôt aplaties, et debout ; dans le Zagros, les formes très stylisées en T perdurent. Les figurines en volume assises se retrouvent aussi dans les deux dernières zones[413]. Des figurines féminines aux formes voluptueuses apparaissent dans l'Anatolie de cette période, avec un lien évident avec la fécondité à Çatal Höyük où une statuette représente une femme en train d'accoucher[414].

Statues et piliers

Les statues, sculptures de plus grande taille que les figurines et statuettes, représentent leur sujet dans une taille moyenne ou proche de la réalité[415].

Les statues en pierre apparaissent dans le Néolithique précéramique de l'Anatolie du sud-est. Göbekli Tepe est caractérisé par ces piliers monumentaux en T, qui sont manifestement des représentations humaines très simplifiées, puisque les piliers centraux des enclos ont des bras et pagnes en bas-reliefs. Ceux des pourtours ont des représentations en bas- ou haut-reliefs d'animaux, quelquefois d'humains. Ce site a également livré un « totem » associant humains et animaux, et des plus petites statues animales et humaines. Un art voisin se retrouve à Nevalı Çori. De la même période est datée une statue de 1,80 mètre provenant d'Urfa, représentant un homme[416].

La statuaire du PPNB provient d'Ain Ghazal en Jordanie, des bustes d'environ 50 cm et des statues en pied d'environ 1 mètre, mises au jour dans deux fosses où elles avaient été volontairement enterrées. Elles sont réalisées en chaux ou plâtre sur une armature en roseau, du bitume sert à souligner leurs yeux et pupilles, un engobe rouge colore le visage de certaines. Des fragments (jambes) de statues similaires ont été mis au jour à Jéricho[372],[417],[418],[419]. Le modelage en plâtre ou chaux se retrouve à la même époque au Levant sud sur certains crânes prélevés sur des corps, où ils fonctionnent comme une deuxième chair, tandis que les yeux peuvent être figurés par des incrustations en coquillage, et de la peinture est parfois appliquée. Leur fonction rituelle est débattue (voir plus bas)[373],[420],[421],[422],[423],[424]. Les masques en pierre de la même époque renvoient également à la statuaire ; ils ont également pu avoir une fonction rituelle[425],[426].

Peintures murales

Les décorations peintes des murs et des sols des constructions apparaissent vers la fin du PPNA, avec des décors géométriques, à Mureybet (v. 9300-9000 av. J.-C.) dans une résidence (zigzags et bandes) et à Dja'de (v. 9300-8800 av. J.-C.) dans un bâtiment communautaire (rectangles et losanges), peints en noir (obtenu avec du charbon de bois) et rouge (obtenu avec de l'hématite, l'ocre rouge) sur fond blanc (poudre calcaire). Puis pour le PPNB moyen apparaissent à Tell Halula sur le sol d'un édifice des représentations humaines, une vingtaine de figures féminines rouges (des danseuses ?) disposées autour d'une figure carrée. Puis on trouve des représentations animales à Bouqras (v. 6800 av. J.-C.) où une fresque représente des autruches rouges, et des onagres un peu plus tard à Umm Dabaghiyah. Les ensembles les plus complexes de peintures murales néolithiques au Proche-Orient proviennent des résidences de Çatal Höyük (v. 7000-6500 av. J.-C.), associant humains et animaux (taureaux, cerfs) dans des scènes de chasses ou des sortes de danses rituelles[427],[428].

Religion et rituels

Les changements sociaux et économiques survenant au Néolithique sont souvent reliés à un ensemble d'évolutions cognitives et mentales, en fin de compte un bouleversement de la vision du monde, qui sont vus comme la cause ou/et la conséquence des autres évolutions. Les fouilles des sites néolithiques ont permis de mettre au jour des espaces de pratiques rituelles, dont le déroulement et le sens sont impossibles à expliquer, même si le secours des sources ethnologiques est généralement tenu pour donner plus de forces aux propositions d'explications. Les pratiques funéraires et rituelles peuvent être approchées, tandis que ce qui relève du domaine des croyances est quasiment inaccessible. Les manifestations artistiques sont souvent mobilisées, puisqu'on les considère souvent comme un témoignage d'une mythologie et qu'on les relie couramment à des rituels.

Par ailleurs la terminologie et les classifications sur ce sujet ne sont pas évidentes à manier. Pour désigner cet aspect des sociétés néolithiques, les archéologues invoquent la notion de religion, ou bien celle de symbolique, et plus souvent de rituel, parfois encore de magie. Ces concepts ne se recoupent pas, puisqu'un acte rituel n'est pas forcément quelque chose de religieux, et que le symbolique peut se trouver un peu partout. Ces notions renvoient aussi à leurs contraires, c'est-à-dire ce qui est profane, pragmatique ou utilitaire, or bien souvent il est très difficile de distinguer les deux, si tant est que ce soit pertinent car la ligne de démarcation est souvent impossible à tracer[429].

Les traitements des morts

Les manières d'enterrer les morts sont diverses et variées durant le Néolithique proche-oriental. Cela renvoie à des pratiques rituelles et des croyances relatives à la mort qui jouent manifestement un rôle important dans l'univers religieux et social de l'époque. Cependant il convient de noter que le nombre de sépultures mis au jour sur les sites archéologiques est en général très limité au regard des périodes d'occupation, ce qui veut dire que le traitement funéraire de la majeure partie de la population nous échappe[430].

La localisation des sépultures est une première manière de distinguer les manières de traiter les morts. Les inhumations peuvent se faire à proximité des lieux d'habitation, ou à l'intérieur des villages. La pratique de l'inhumation sous les maisons habitées se développe au cours du Néolithique précéramique, ce qui accompagne le développement du rôle de l'espace domestique. Avec les premiers villages, apparaissent les premiers cimetières à proprement parler, en bordure des sites. D'autres lieux funéraires ne sont pas associés à des habitations, comme Kfar-Hahoresh, qui est sans doute destiné à des rites funéraires[431],[432]. La crémation est attestée pour le PPNB final/PPNC à Beisamoun, où a été dégagée une fosse contenant des ossements calcinés d'un seul individu, directement après sa mort (alors que les os calcinés brûlés intentionnellement trouvés sur d'autres sites de la période l'ont été bien après la mort des individus dans le cadre d'un traitement secondaire)[433].

La forme la plus répandue d'inhumation est individuelle, même si les formes collectives sont courantes. Les positions sont variées, avec une prédominance de la position fléchie, de même que les orientations. Les morts sont rarement enterrés avec du matériel d'accompagnement, et quand il y en a il s'agit surtout d'ornements personnel, rien de particulièrement démonstratif[431],[432]. Il existe néanmoins des cas d'inhumations associées à du matériel important semblant distinguer un individu en particulier, notamment à Ba'ja en Jordanie où a été mise au jour la tombe d'un enfant accompagné d'une parure constituée de centaines de perles[434].

Les éléments de distinction entre les défunts apparaissent surtout par la pratique des inhumations secondaires : le corps d'un individu fait l'objet d'une exhumation pour être ensuite inhumé à nouveau dans un autre endroit, sous un bâtiment. Dans bien des cas c'est seulement son crâne qui est détaché du corps, puis enterré ou exposé, parfois après avoir fait l'objet d'un surmodelage ou d'autres modifications, dans une résidence ou un bâtiment spécifique, aux côtés d'autres crânes (des « maisons des morts » attestées par exemple à Çayönü et Dja'de). Cela témoigne donc d'un traitement particulier de ces individus, qui pourrait être lié à un culte ancestral et/ou à des rites de fondation (voir plus bas)[431],[432].

Les espaces rituels

Identifier des rituels de nature religieuse suppose de repérer les lieux où ils peuvent s'être déroulés, donc des sanctuaires. Ce terme désigne des « bâtiments particuliers que leur configuration (plan, mode de construction) ou leur contenu (objets non utilitaires tels que des statues, des dépôts massifs de crânes) distinguent des « simples » habitations » (O. Aurenche et S. Kozlowski). Des édifices ou sites candidats pour recevoir une telle qualification ont été mis au jour, plutôt tardivement dans l'histoire des découvertes sur le Néolithique proche-oriental, au point que certains ont pu pendant longtemps douter de leur existence[435]. D'autres qualifications peuvent être proposées, comme celle de « bâtiments rituels », où peuvent se produire une vaste gamme de rites de type divers investis d'un aspect sacré et collectif, comme des mariages ou échanges matrimoniaux, des enterrements, des rites de passage[436], et de « maisons des hommes » ou « maisons des clans », bâtiments servant à des rituels communautaires (notamment initiatiques), connus par des travaux ethnologiques[437]. Quand la fonction rituelle semble être à l'échelle de tout le site, comme à Göbekli Tepe[7] et Kfar-Hahoresh[438], on considère plutôt être en présence d'un site rituel d'importance supra-régionale servant plusieurs communautés voisines, une sorte d'« amphictyonie »[439].

La documentation la plus spectaculaire provient de l'Anatolie du sud-est du PPNA et du PPNB. Göbekli Tepe, fondé vers 9500 av. J.-C., est un site comprenant dans son premier niveau un ensemble de structures circulaires, des sortes d'enclos, où sont érigés des piliers mégalithiques en forme de "T", souvent sculptés, deux en leur centre, et bien plus sur leur pourtour. Dans une seconde phase au PPNB sont construites des structures de forme rectangulaire, disposant aussi de piliers en "T", mais en moins grand nombre (souvent quatre). Des statues en pierre, instruments de broyage et restes d'animaux ont été mis au jour sur le site. Göbekli Tepe est identifié par ses fouilleurs comme un sanctuaire communautaire où se déroulent des festivités (voir ci-dessous)[6],[7]. Voisin mais un peu plus tardif, Nevalı Çori dispose d'un bâtiment rectangulaire avec les mêmes types de piliers, qui a livré plusieurs statues. À Çayönü plusieurs édifices rectangulaires d'une seule pièce se succédant au même endroit ont pu être des sanctuaires ; l'un d'eux, le « Bâtiment aux crânes », comprenait comme son nom l'indique des dizaines de crânes, sans doute disposés sur des étagères, ainsi que des sépultures ; une place bordée de stèles (la plazza) jouxtait l'édifice durant la dernière phase[440].

Des similitudes existent entre ces édifices et ceux du Moyen-Euphrate voisin, avec lesquels ils sont sans doute reliés culturellement. Les « bâtiments communautaires » de Jerf el Ahmar, Mureybet ou Tell Abr, certains contenant des bucranes, banquettes et bas-reliefs sculptés, ont pu avoir une fonction au moins en partie cultuelle[441].

Au Levant sud, la structure O75 du site de Wadi Faynan 16 en Jordanie est un autre type de construction collective, semi-enterrée, avec des banquettes, où ont été retrouvés des ossements d'animaux, des statuettes en pierre et des vases brisés, ce qui pourrait indiquer une fonction rituelle, et à tout le moins un lieu servant pour des réunions communautaires[442]. Pour le PPNB les traces de lieux d'activités rituelles sont plus nombreuses. La grotte de Nahal Hemar dans le désert de Judée a livré un matériel manifestement rituel : des masques de pierre, des perles en bois, pierre et coquillage, figurines en bois, des crânes surmodelés, et divers récipients. Kfar-Hahoresh dans la vallée de Jezreel est une nécropole où les tombes sont souvent plâtrées et incluses dans des enceintes rectangulaires, qui a pu servir à plusieurs communautés qui s'y réunissaient lors de cérémonies, comprenant aussi une aire cultuelle avec des foyers et des monolithes. Une enceinte délimitée par des monolithes se trouvait également sur le site submergé d'Atlit Yam[438],[443],[444]. Il a été proposé d'identifier d'autres sanctuaires, dans des bâtiments dits « spéciaux » parce qu'ils ne ressemblaient pas trop aux autres, à Beidha et Ain Ghazal, mais les preuves manquent ; il est peut-être préférable de les envisager comme des lieux où se déroulent toutes sortes de rituels communautaires, y compris certains qui seraient qualifiés du point de vue moderne de cultuels[436],[445].

Reconstitution du « sanctuaire » du niveau VI de Çatal Höyük. Musée des civilisations anatoliennes, Ankara.

Pour le Néolithique récent, plusieurs bâtiments de Çatal Höyük avaient été qualifiés de « sanctuaires » par leur découvreur, J. Mellaart, en raison de leur décor remarquable comprenant des bucranes, des reliefs en plâtre modelés, et des peintures représentant des scènes. Néanmoins les recherches suivantes conduites par I. Hodder ont démontré qu'il s'agissait d'espaces n'ayant pas de fonction différente de celle des autres habitations. Elles ont plutôt mis en avant le fait que plusieurs constructions avaient une durée de vie longue, connaissant plusieurs phases de reconstruction sur de mêmes bases, et seraient des lieux d'expression d'une maisonnée et de sa mémoire (« History houses »)[446]. Des constructions similaires se retrouvent en Anatolie (à Bademağaci, Höyücek). L'existence de destructions organisées de certaines de ces demeures pourrait impliquer l'existence de rites de fondation et de clôture, et peut-être le fait que la maison était investie d'un aspect sacré qui la rendait en quelque sorte « vivante », ce qui explique qu'on prenne la peine de lui donner une mort rituelle[447].

Il en résulte que certains se sont interrogés sur la limite entre résidences et lieux de culte, en particulier ceux qui considèrent que les sociétés néolithiques sont des « sociétés à maison » dans lesquelles l'identité de la maisonnée est investie d'une grande importance symbolique[447]. E. Banning a ainsi estimé que Göbekli Tepe était, contre l'opinion de ses fouilleurs, un site résidentiel, et qu'il fallait plutôt penser la place du rituel dans un contexte domestique et quotidien, en mettant en avant l'importance symbolique des résidences (dont la vie serait notamment marquée par des constructions et destructions rituelles), et réfléchir à attribuer des finalités religieuses à certains objets qui sont en général identifiés comme utilitaires (vaisselle, matériel de broyage)[448]. Bien que cette position n'ait pas suscité l'adhésion concernant ce site en particulier, elle incite à repenser l'imbrication entre activités rituelles et domestiques[449].

Pratiques rituelles

Les assemblages indiquant l'exécution de rituels, publics ou non, se trouvent donc dans des emplacements de divers types : Göbekli Tepe et les autres sanctuaires des sites du sud-est anatolien qui ont livré des vases, statues et crânes humains[441] ; la construction circulaire avec un dépôt de crânes de chèvres sauvages et d'ailes de rapaces à Zawi Chemi Shanidar[450] ; la grotte de Nahal Hemar et son dépôt d'objets à usage rituel[444] ; les « bâtiments spéciaux » d'Ain Ghazal[436] et la cachette de statues anthropomorphes du même site[372] ; etc. Du reste, les enfouissements d'objets rituels (en plus des crânes) attestés à Ain Ghazal et Nahal Hemar mais aussi à Yarim Tepe et d'autres sites néolithiques devaient avoir en eux-mêmes une signification rituelle[451]. L'essor des traces de pratiques rituelles reflète manifestement leur rôle social majeur : elles permettent de souder les communautés villageoises, d'affirmer les identités sociales, mais aussi de consolider le pouvoir de certains, à une période où les groupes humains deviennent plus importants en taille et plus durables[452].

Une des principales sources pour l'identification de cultes dans le Néolithique précéramique sont les crânes humains retrouvés hors de sépultures primaires, et plus largement la circulation des restes de défunts et leur manipulation à des fins manifestement rituelles (les sépultures secondaires). De grandes variations sont constatées entre ces pratiques, qui remontent au moins jusqu'au Natoufien, et se retrouvent au Levant, en Anatolie du sud-est et aussi en Mésopotamie du nord. Il s'agit aussi bien d'hommes que de femmes, d'adultes que d'enfants. Ces crânes sont détachés des corps, décharnés, et certains (une minorité) peuvent faire l'objet de différents traitements, notamment être surmodelés (au Levant sud). Il n'est pas possible de déterminer dans la plupart des cas si les défunts sont morts naturellement, ou bien si ce sont des sacrifices humains. Plusieurs corps sans tête ont été mis au jour sous des résidences, ce qui indique manifestement qu'il s'agit des individus donc les crânes sont déplacés ; en tout cas la pratique de l'inhumation secondaire sous des bâtiments est répandue, et sans doute liée à ces traitements particuliers des crânes. Ces crânes peuvent être inhumés ailleurs, sous des résidences, ou bien exposés dans des bâtiments (à Çayönü, Dj'ade, Tell Aswad). Ces restes humains peuvent aussi être associés à ceux d'animaux. L'interprétation de ces pratiques, souvent qualifiées de « culte des crânes », va généralement dans la direction d'un culte des ancêtres, donc des rituels mémoriels concernant une communauté villageoise ou un groupe familial, auxquels ces crânes pouvaient être associés. Mais d'autres explications sont possibles, comme des trophées de guerre[421],[422],[420],[424].

Quoi qu'il en soit la présence de sortes de rites domestiques, avec une finalité manifestement familiale, est probable pour les cas où des objets rituels sont retrouvés dans un contexte résidentiel. Comme vu plus haut cela est surtout documenté dans l'Anatolie centrale du Néolithique tardif, avec pour site-modèle de Çatal Höyük, et en admettant l'existence d'une organisation sociale de type « société à maison », dans laquelle l'identité et la mémoire de la maisonnée est entretenue sur plusieurs générations, par le biais de rituels[447]. C'est dans ce contexte que certaines inhumations sous des maisons sont peut-être à interpréter comme des rituels de fondation, et peut-être dans certains cas des sacrifices humains[453].

Un autre cas d'étude important est celui des fêtes religieuses, donc des rituels publics occasionnels, peut-être périodiques. Ces fêtes néolithiques ne sont « pas plus que (...) les nôtres le résultat d'une décision prise par une bande de copains et auxquelles chacun contribuera en apportant son obole », mais des « événements formels », où toute la communauté était conviée, avec un ordonnateur et commanditaire, qui en assurait l'approvisionnement (A. Testart)[454]. Il peut s'agir de rites funéraires ou fondateurs ou encore initiatiques, elles semblent bien souvent renvoyer à la sphère de la mort, être intégrées dans un culte ancestral, mais rarement renvoyées à la catégorie des rites de fertilité qui ne sont sans doute pas répandus durant le Néolithique[455]. Ces cérémonies publiques néolithiques mêlent rites, croyances, pratiques funéraires, création d'une mémoire collective, et impliquent aussi les structures d'autorité, qui tendent à les intégrer dans des mécanismes de compétition, d'intégration et de négociation sociales[422],[456],[457].

Comment se déroulaient ces festivités ? Concrètement, on peut identifier plusieurs indices de déroulement de grandes fêtes (les moins importantes laissant moins de traces), en confrontant les trouvailles archéologiques avec les descriptions ethnographiques de fêtes[457]. Ce sont avant tout des moments de consommation de nourriture et de boissons, ce qui s'identifie par la présence de vases et autre récipients, de restes d'animaux et de plantes. Göbekli Tepe voyait manifestement le déroulement de ce genre de festivités, réunissant les communautés de sa région voire au-delà ; y ont été trouvés de nombreux restes d'animaux et une grande quantité d'instruments de broyage, qui indiquent qu'on y préparait des festins pour lesquels des tonnes de céréales étaient moulues et des dizaines de gazelles et autres gibiers abattues[7],[458].

Cette consommation impliquait aussi des sacrifices, documentés par endroits : la « fosse aux bœufs » (Bos Pit) de Kfar-Hahoresh (PPNB) comprenait huit bovins abattus lors d'un rite (probablement funéraire)[438] ; la « fosse de la mort » (Death Pit) de Domuztepe (Halaf récent) comprend une dizaine de milliers d'ossements très fragmentés, avant tout d'animaux mais aussi d'humains (une quarantaine d'individus), ces derniers ayant pu faire l'objet de cannibalisme selon les fouilleurs du site, en plus fragments de céramiques et divers objets, indiquant un contexte rituel[459].

Les masques de pierre mis au jour sur plusieurs sites du Levant sud et nord, dont Nahal Hemar et Göbekli Tepe, pourraient signaler l'exécution de représentations publiques. Il n'y a aucune indication qu'ils aient effectivement été portés par des personnes, et ils apparaissent un peu lourds pour cela, quoi qu'on puisse supposer qu'il en existait en matières périssables plus légères[425],[460]. À partir de représentations figuratives (bas-reliefs, peintures sur céramiques), Y. Garfinkel a de son côté conclu que les danses collectives jouent un rôle important dans les communautés néolithiques[461].

Les croyances

L'analyse des images néolithiques conduit certains à aller s'aventurer au-delà des catégories de rites communautaires, mémoriels ou ancestraux pour essayer de déceler ce qui relève du domaines des croyances, ou de la « symbolique ».

La « déesse-mère » aux fauves de Çatal Höyük.

J. Mellaart a ainsi tenté d'interpréter les figures féminines de Çatal Höyük comme des « déesses-mères », liées à des cultes de la fertilité. J. Cauvin a prolongé cela dans son identification de la naissance des divinités dans le Néolithique proche-oriental : la Déesse, figure féminine (attestée surtout par des figurines en terre cuite) liée à la fertilité et qui a aussi un aspect souverain, est considérée comme la clef de voûte du système, mais il lui adjoint le Taureau, divinité masculine, pas encore anthropomorphisée (représentée par les bucranes et des peintures). Cela s'appuie aussi sur les croyances du Proche-Orient historique, dans lequel on retrouve des divinités féminines et masculines. L'introduction de ces figures divines est reliée à l'émergence d'une nouvelle façon de penser le monde, avec une « déchirure (...) entre un ordre de la force divine personnifiée et dominatrice et celui de l'humanité quotidienne dont l'effort intérieur peut être symbolisé par les bras levés des orants » qui apparaissent dans des représentations néolithiques et antiques. Cela est intégré dans la « révolution des symboles » à l'origine de la néolithisation selon cet auteur[462],[463],[464]. Le lien entre les représentations féminines et la fécondité, couramment avancé, n'est cependant pas si évident que ça dans la plupart des cas, et les explications à donner à l'univers mythologique du Néolithique naissant (ou plutôt aux univers mythologiques, tant ils semblent varier selon les régions) sont sans doute bien plus complexes que cela[465].

I. Hodder et L. Meskell, qui ajoutent à l'étude de Çatal Höyük les données issues de la découverte de Göbekli Tepe, rejettent l'idée d'une prédominance de la déesse-mère, et identifient un « phallocentrisme », avec notamment la mise en avant des pénis dans les représentations de personnages animaux comme humains (quasi-exclusivement masculins), ainsi qu'un thématique récurrente liée à la mort, en particulier violente, puisque ce même site représente plutôt des animaux prédateurs, et aussi avec la récurrence des crânes et des manipulations des cadavres humains ou animaux. Là encore ces croyances sont reliées aux transformations sociales et économiques du Néolithique : « la capacité à tuer un animal sauvage dangereux ou un grand taureau sauvage, à utiliser et de surmonter sa masculinité et à contrôler la distribution de sa viande et de ses souvenirs était aussi importante dans la création de la révolution agricole que la domestication des plantes et des animaux[466]. »

L'existence de formes de chamanisme et donc de croyances animistes a également été présumée. Les représentations animales courantes dans le Néolithique précéramique d'Anatolie du sud-est et du Moyen-Euphrate sont parfois associées à des humains, et il y a aussi des représentations possibles d'humains déguisés en animaux, ce qui pourrait renvoyer à l'idée que des humains peuvent effectuer des voyages mystiques sous forme animale[467].

Évolutions sociales

La constitution des sociétés villageoises du Néolithique passe par la réorganisation des structures sociales, que ce soit au niveau de la famille, de la maisonnée, et des communautés qui les font coexister, et doivent également organiser les relations avec d'autres groupes. Ces évolutions sont difficiles à déceler à partir des sources archéologiques, mais il ressort en général l'image de groupes agrégeant plusieurs familles nucléaires, assurant par divers moyens pratiques ou symboliques leur cohésion et leur coexistence, dans lesquelles les éléments de distinction, de richesse ou entre les sexes, sont encore peu prononcés et la violence peu répandue.

Groupes et solidarités sociales

L'organisation de base des sociétés du Néolithique du Proche-Orient consiste en des villages de plusieurs familles nucléaires, peut-être liées par des relations de parenté, en tout cas dotées d'institutions assurant leur fonction interne et devant aussi gérer les relations avec les autres groupes. Les modalités d'organisation ont pu grandement varier selon les lieux et les époques, mais elles semblent peu reposer sur la contrainte et l'aliénation, et du reste la composition des groupes semble être très fluide durant toute la période.

La taille des résidences est couramment tenue pour refléter celle des familles qui les occupent, ou plutôt, si on les prend en tant qu'unité sociale et économique, les « maisonnées » (la domus latine). Mais l'interprétation des données n'est pas évidente. Pour le Natoufien on a pu supposer la persistance de petits groupes reposant sur des familles nucléaires, en particulier en contexte plus mobile, mais pour les sites plus sédentaires il est possible d'envisager un regroupement en familles élargies[468],[469]. Les résidences du PPNA semblent plutôt destinées à des familles nucléaires, et on peut supposer aussi que les villages ou des parties de ceux-ci groupent des familles ayant des liens de parentés[470]. Une évolution vers des constructions plus grandes, avec des espaces fonctionnellement différenciés, se repère par endroits au PPNB récent et durant le Néolithique céramique au sud du Levant (notamment les ensembles de constructions murées de Sha'ar Hagolan), ce qui semble indiquer la présence de familles étendues[471]. Mais ailleurs l'habitat semble plutôt refléter une occupation par des familles nucléaires, comme en Anatolie centrale[218]. Ici les résidences sont souvent occupées de façon continue par une même famille, et on a pu parler dans ce cas de « société à maisons » (type défini par Claude Lévi-Strauss), où la maison est un point focal de l'organisation familiale et de son patrimoine, ce qui explique pourquoi elle devient souvent le lieu d'expression symbolique d'une famille (peintures, mobilier rituel)[472].

La mise en place de la sédentarité, puis celle de l'économie agro-pastorale, aboutit à l'apparition de villages plus importants, des communautés regroupant plusieurs maisonnées qui y coexistent et mettent en place une forme d'organisation collective, ne serait-ce que pour des finalités économiques, réduire les risques inhérents à l'agriculture. L'archéologie documente en premier lieu l'apparition de constructions communautaires, dès le PPNA au moins, telle la « tour » de Jéricho, les bâtiments communautaires de Jerf el Ahmar, aussi Göbekli Tepe, donc l'apparition de constructions à finalités « publiques » qui se distinguent des espaces « privés ». Cela suppose la mise en place d'interactions plus larges au sein des communautés et entre elles, puisque certains des édifices communautaires semblent être des lieux de réunion, et que les sanctuaires semblent souvent avoir une importance qui dépasse le cadre d'une seule communauté, et peuvent avoir été l’œuvre d'une « amphictyonie », groupement de plusieurs communautés pour une finalité rituelle. Ce sont donc autant d'éléments qui indiquent la mise en place de moyens d'assurer la cohésion des groupes, alors que ceux-ci sont potentiellement traversés par plus de tensions avec la mise en place d'interactions plus nombreuses et plus étendues, qui les menacent aussi bien de l'intérieur avec la potentielle affirmation de hiérarchies sociales plus marquées, et de l'extérieur avec de potentielles rivalités entre communautés[439].

Si on tient les communautés néolithiques comme plutôt égalitaires et peu violentes, et ce même pour les périodes plus récentes, cela est lié selon plusieurs chercheurs à l'efficacité de mécanismes rituels et plus largement sociaux qui permettent de préserver l'homogénéité des groupes et remettre à leur place les chefs en devenir avant qu'ils ne prennent trop de pouvoir. Ainsi I. Kuijt a proposé d'interpréter le fait que les inégalités soient peu visibles dans les sépultures comme le résultat de la diffusion d'une idéologie égalitaire, et les rituels collectifs (les fêtes, le « culte des crânes ») renverraient à une volonté de gommer les distinctions sociales, ou du moins leur visibilité, et à mettre l'emphase sur la cohésion des communautés, avec par exemple un culte des ancêtres public (au niveau du village) et non privé (familial)[473]. Le fait que les groupes soient mobiles et aient l'habitude de se scinder a également pu constituer un de ces mécanismes concourant à limiter la mise en place d'autorités centrales et à assurer la pérennité d'un ordre social égalitaire[474],[475]. Les « amphictyonies » auraient de leur côté pu servir à apaiser les tensions intercommunautaires, comme elles le font dans l'Antiquité classique[476]. La mise en place des réseaux de circulation des biens, passant par des formes diverses d'échanges, semble avoir aussi participé à cette régulation des relations entre communautés[351].

Les évolutions du Néolithique céramique tendent à indiquer que les organisations communautaires et les interactions sociales franchissent un nouveau stade, avec l'apparition de bâtiments de stockage collectifs, de pratiques de scellement indiquant un contrôle plus poussé de la circulation des produits, des échanges plus importants entre les communautés, et l'affirmation de « styles régionaux » plus clairs dans la culture matérielle, même s'il ne faut sans doute pas voir cela comme le reflet de l'existence de groupes ethniques ou de clans[477].

Les inégalités de richesse et de pouvoir

Même si elles sont généralement considérées comme plutôt égalitaires et réticentes aux tentatives d'affirmation de pouvoirs hiérarchiques, les sociétés du Néolithique du Proche-Orient le sont manifestement de moins en moins sur le très long terme.

Les reconstitutions dominantes, s'appuyant sur les idées de type « néo-évolutionniste », sont que les inégalités et les systèmes politiques évoluent de façon à être de plus en plus « complexes » durant les dernières phases de la Préhistoire, c'est-à-dire qu'ils intègrent de plus en plus de groupes et personnes, et sont plus marqués par les inégalités. Un premier stade est celui de la bande, puis vient celui du clan, ensuite la chefferie, et enfin l’État[478]. Ces évolutions sont manifestement liées à la néolithisation, à l'apparition de la sédentarité, de l'agriculture et de l'élevage, mais il n'y a pas d'accord pour savoir si elles en sont plutôt les causes ou la conséquence, ou un peu des deux. Schématiquement les modèles explicatifs reposent ou bien sur des analyses structurelles, estimant que les changements politiques et sociaux se font par la nécessité de trouver des réponses à des stimulus extérieurs, créant des troubles et des changements à l'échelle de tout le système existant, en mettant en place une organisation plus centralisée et hiérarchisée, ou bien sur une approche tournée vers les acteurs/agents du changement, qui met l'accent sur la présence d'individus mus par un esprit de compétition, de recherche de prestige et d'intérêt personnel, qui sur le long terme parviennent à une position sociale élevée, puis établissent et pérennisent des institutions légitimant et inscrivant dans la durée leur fonction et les inégalités sociales[479].

Comment identifier et caractériser les inégalités à partir des données archéologiques ? Dans ces analyses, interviennent des considérations d'ordre subjectif, puisqu'un même type de société, la « chefferie », dont le cas d'école en ethnologie est la société des « Big Men » de Papouasie, sera vue comme égalitaire par certains, et inégalitaire par d'autres[480]. Comme souvent en effet ces interprétations se font à grand renfort d'études ethnographiques sur des sociétés considérées comme équivalentes à celles du Néolithique. Or un premier problème est que les indices archéologiques des inégalités dans les sociétés néolithiques sont sans doute élusifs. Selon A. Testart, qui adopte une lecture plus inégalitaire de ces sociétés que la majorité, si l'on se fie à ces équivalents ethnologiques, elles ne seraient pas des sociétés dans lesquelles les richesses s'accumulent de façon durable, parce qu'elles sont surtout alimentaires et donc périssables. Le prestige se manifesterait alors plus dans la capacité à pourvoir qu'à posséder durablement. Si les objets de prestige existent ils ne sont pas forcément très impressionnants, et les résidences des élites ne sont généralement pas différenciées par leur taille de celles du reste de la société. En somme, il n’existerait pas de luxe et de misère à proprement parler dans ce type de société[481].

Comme vu plus haut, les sépultures et plus largement la culture matérielle ne font pas vraiment apparaître de distinctions sociales, même si elles fournissent quelques indices. Ainsi au Natoufien ancien, qui se verrait dans le matériel funéraire avec les colliers en dentales (des coquillages) distinctifs qui se retrouvent sur environ 8 % des individus, et aussi dans des possibles bâtiments communautaires (à Mallaha) et la présence de grands mortiers creusés dans les roches qui pourraient avoir été destinés à des rituels festifs[482]. Pour le Néolithique précéramique, D. Pryce et O. Bar-Yosef estiment que le « culte des crânes » est surtout réservé à un nombre limité d'individus, issus des élites, témoignant donc d'une hiérarchisation sociale, et rejettent l'idée d'une homogénéisation sociale par les pratiques mortuaires, puisque la présence de quelques tombes avec des objets spécifiques (notamment en obsidienne) paraît là encore distinguer des individus au statut social plus éminent[483]. Des tombes plus riches existent, par exemple à Ba'ja, mais elles restent des cas isolés[434].

Plutôt que de rechercher les indices d'une hiérarchisation sociale plus poussée dans les sépultures ou la présence de résidences plus vastes destinées aux élites comme cela se fait pour les périodes postérieures, il faudrait alors la scruter dans la capacité des sociétés à organiser des projets collectifs (construction de sanctuaires, mouvements de colonisation de Chypre), et c'est derrière cela qu'il est tentant de voir l'action de chefs[367]. Ainsi dans ces modèles les fêtes sont vues comme des facteurs d'inégalités plutôt que de cohésion : il s'agit d'événements collectifs généralement pris en charge par les élites, qui peuvent aussi s'accompagnent de travaux de construction des sites destinés à les accueillir (auquel cas la distribution de nourriture est aussi une forme de rémunération). En entretenant les participants par des dépenses alimentaires, elles démontrent leur prestige et leur générosité de manière ostentatoire, et, qui sait, leur capacité à exercer le leadership. Selon B. Hayden, la compétition entre les chefs pour savoir qui est en mesure d'organiser les fêtes les plus somptueuses aurait incité à accroître les ressources alimentaires, et joué un rôle crucial dans l'émergence de l'agriculture et de l'élevage[318] ; et les surplus à la disposition de ces personnes éminentes auraient aussi servi pour consolider leur position en les échangeant contre d'autres biens ou services (donc une situation de réciprocité), ou en créant des dettes sociales et donc des « obligés » par le biais de dons inégalables (qui n'appellent pas de contrepartie équivalente). Dans un modèle plus orienté vers la nécessité de mettre en place l'organisation communautaire, B. Byrd estime que l'intensification du travail au sein des premières communautés agricoles profitent aux maisonnées plus ambitieuses et influentes qui organisent le travail, accaparent plus de surplus, en profitant aussi de la mise en place de règles collectives concernant la propriété pour mettre la main sur plus de terres (ce qui nécessite sans doute qu'elles aient plus de membres que les autres, pour pouvoir les exploiter), essor de la propriété qui se verrait aussi dans l'apparition de portes aux maisons durant les dernières phases du PPNB[484].

Quoi qu'il en soit même si on admet la présence d'une élite encadrant les projets collectifs, l'emploi du terme de « chefferie » n'est généralement pas accepté pour ces périodes[485], et le leadership exercé par ces individus serait lié à des circonstances, donc plutôt « temporaire et situationnel »[486]. Et s'il est possible raisonner en termes de hiérarchies quand on interprète les indices d'organisations rituelles ou administratives, il ne faut pas écarter la possibilité de coexistences avec des formes d'organisation plus égalitaires (comme l'hétérarchie ?)[487].

Le Néolithique céramique semble voir une poursuite de la complexification. Néanmoins l'étude de la culture de Halaf indiquerait que la stratification sociale y serait peu marquée : hiérarchisation de l'habitat faible (la société est plutôt semi-sédentaire), prédominance des constructions domestiques, toujours peu de différenciations sociales dans les tombes, organisation de l'artisanat dans un cadre domestique. Cette société est donc plutôt qualifiée d'égalitaire, quoi que certains y reconnaissent aussi la présence de chefs et de divisions sociales plus affirmées. Les indices d'un développement de sociétés plus complexes prêtes à franchir le pas vers la chefferie seraient plus visibles dans la sphère mésopotamienne, dans la culture de Samarra, puis sa poursuite dans la culture d'Obeïd au Chalcolithique[488],[193],[192],[489],[490].

Genre et néolithisation

Statuettes féminines provenant de Sha'ar Hagolan. Musée d'Israël.

La question de la cohésion des sociétés néolithiques est également concernée par ce qui touche aux relations entre femmes et hommes[491].

Par le passé, il a été proposé deux visions opposées des rapports entre les deux durant les temps néolithiques : une vision optimiste les voit comme une époque de coexistence harmonieuse, durant laquelle la femme est valorisée pour ses rôles maternels et nourriciers ; une vision pessimiste les perçoit comme une période durant laquelle la situation de la femme se dégrade à cause de l'apparition de la sédentarité et de l'économie agricole qui créent un plus fort compartimentage entre sphère publique et sphère privée, reléguant les femmes dans le cadre domestique et aux tâches plus harassantes, et créant de fortes inégalités sociales entre hommes et femmes. Néanmoins les études tendent à empêcher la généralisation des modèles évolutifs, car elles montrent des situations contrastées selon les lieux. Comme d'habitude, les études sont plus avancées au Levant sud et nord qu'ailleurs[492].

Concernant la division du travail, les études ethnologiques sur les sociétés agricoles tendent à montrer que les femmes ont en charge la plupart des travaux des champs, qu'il s'agisse des semailles, des récoltes, ou des travaux de nettoyage. Il a de ce fait pu être proposé que les femmes soient à l'origine de la domestication des plantes. Les hommes peuvent venir en appui des femmes pour ces travaux, mais ils se consacreraient plutôt aux travaux nécessitant plus de force et à la chasse, quoi qu'on sache qu'il n'est pas inhabituel que des femmes (et aussi des enfants) participent à la chasse, notamment si elle est faite collectivement[493]. Les femmes ont aussi la charge des activités de transformation des produits agricoles. Cela est confirmé selon une étude menée sur les restes humains d'Abu Hureyra conduite par T. Molleson, qui montre que les femmes ont tendance à présenter plus que les hommes les marqueurs physiques des activités de broyage en position accroupie (plus de stress au niveau des genoux, poignets, doigts de pieds et bas du dos)[323]. D'autres études conduites sur des sites du Levant sud pour des périodes plus tardives n'indiquent cependant pas de différences marquées entre hommes et femmes au niveau des indicateurs d'activités. J. Peterson y voit le reflet de variations locales dans la différenciation entre les sexes[494].

Il a également été tenté de déceler des évolutions dans la différenciation spatiale entre femmes et hommes. Pour K. Wright se produit à la fin du PPNB un processus de concentration des instruments de cuisine (fours/foyers et outils de broyage et cuisson) à l'intérieur de l'espace domestique, alors que durant les périodes précédentes ils sont situés à l'extérieur devant les portes. Cela traduirait selon elle un phénomène de privatisation des activités domestiques. De plus elle suppose une intensification de ces tâches qui s'observe par l'augmentation de la présence de ces outils. Étant donné que ces activités concerneraient plutôt les femmes, cette évolution se ferait à leur détriment[495]. Cependant il n'y a rien qui indique que les femmes s'occuperaient exclusivement des activités domestiques dans les sociétés néolithiques du Proche-Orient[496].

Concernant la santé, les études trans-périodes menées au Levant sud déjà évoquées[303],[304],[305] indiquent que les Natoufiennes vivaient plus longtemps que leur descendantes du Néolithique ; peut-être est-ce la conséquence de l'augmentation de fécondité qui est supposée (par comparaison ethnographique) avoir été entraînée par la sédentarisation et les débuts de l'agriculture. Pour les hommes l'évolution est inverse, ce qui est expliqué par le fait que les activités des agriculteurs sédentaires sont moins dangereuses que celles des chasseurs mobiles. En revanche concernant les traumatismes aucune différence n'apparaît[497].

Pour le reste, l'analyse des activités rituelles et des pratiques funéraires ne semble pas impliquer de différence de traitement entre les hommes et les femmes, ou du moins elles ne sont pas visibles dans la documentation disponible. En revanche dans l'univers religieux, à l'encontre des interprétations classiques sur la « grande déesse », les études récentes tendent plutôt à souligner la mise en avant de la masculinité et de la virilité, notamment en Anatolie (un « phallocentrisme » pour I. Hodder et L. Meskell)[498]. Les figurines de femmes aux formes voluptueuses, plutôt que de témoigner du culte de la déesse nourricière, peuvent être interprétées comme le reflet d'un regard masculin sur le corps féminin et la sexualité[499].

Selon J. Peterson en fin de compte il n'y a pas d'indication claire de l'existence de hiérarchies entre femmes et hommes dans les sociétés néolithiques du Levant sud. Plutôt que de chercher des évolutions généralisables à l'échelle de toutes les sociétés en cours de néolithisation, il vaut mieux mettre en évidence l'existence de particularismes locaux sur les différents sites et périodes étudiés[500],[501].

Des sociétés pacifiques ?

La violence et les conflits armés sont des mécanismes majeurs d'évolution des sociétés humaines, et on sait par l'exemple du Néolithique européen qu'ils ont pu être présents à ces époques. Mais pour le Proche-Orient, les indices sont plutôt maigres et peuvent donner lieu à des interprétations contrastées, ce qui fait que la question a peu attiré l'attention et que la période est généralement vue comme pacifique.

Est-ce que cela revient à dire qu'il faut considérer que les sociétés néolithiques du Proche-Orient sont peu marquées par le fait guerrier ? Non, selon O. Bar-Yosef et S. LeBlanc qui sont d'avis que l'on sous-estime le rôle de la violence en tant que facteur d'évolution des sociétés du Proche-Orient ancien. Il s'appuient pour cela sur le fait que les sites sont souvent situés à des endroits qui peuvent être choisis pour leur intérêt défensif, qu'il y a une tendance à l'augmentation des densités qui impliquerait une recherche de sécurité, et que les murs défensifs sont attestés dans plusieurs cas (Magzalia, Hacilar). De plus les armes sont courantes : pointes de flèches sont un artefact très courant, parfois trouvés en grande quantité (une cache de 100 pointes à Beidha), de même que les balles de fronde (au moins 1 000 à Umm Dabaghiyah), ce qui semble exclure une utilisation pour la chasse. Les abandons de sites surviennent régulièrement, ce qui serait en partie imputable à des violences. Enfin les squelettes présentent dans plusieurs cas des traces de traumatismes qui peuvent être relié à des violences, et si la documentation manque sur ce point ce serait plutôt parce que les analyses n'ont jamais vraiment porté sur le sujet[502],[503].

Ce serait alors l'interprétation des données par les archéologues qui aurait « pacifié » le Néolithique proche-oriental, tant il est vrai que ces indices peuvent donner lieu à des conclusions opposées. Ainsi l'idée courante qui veut que l'organisation de plusieurs sites anatoliens (Aşıklı Höyük, Çatal Höyük, Hacilar) ait un caractère défensif a pu être contestée[504]. Les fortifications peuvent en effet avoir une autre fonction que ou en plus de défensive : protection contre les inondations (c'est d'ailleurs ce que propose O. Bar-Yosef pour la muraille de Jéricho au PPNA[505]), contrôle du passage, barrière symbolique[210],[211].

Plus largement, l'interprétation des données sur la violence repose sur des considérations plus complexes. Ainsi certains estiment que la conduite du processus de domestication et la diffusion du mode de vie néolithique ne peuvent avoir eu lieu que dans un contexte de partage des savoirs globalement pacifique, et non pas dans des sociétés pratiquant à une échelle importante les vendettas et les conflits entre groupes. Cependant il se pourrait que l'expansion des communautés néolithiques en Asie mineure au détriment des groupes de chasseurs-cueilleurs se soit faite dans un contexte plus conflictuel. De plus la violence dans un contexte préhistorique est souvent expliquée par un principe malthusien : elle serait la conséquence d'une forme de surpopulation et de luttes pour l'appropriation de ressources. Or ces conditions ne sont pas démontrées pour le Proche-Orient. En fin de compte, la question renvoie à l'étude du comportement humain, sous un angle éthologique, donc savoir s'il est par essence plutôt enclin à la paix ou à la guerre[506].

La diffusion du mode de vie néolithique

Le Néolithique proche-oriental, à partir de ses différents foyers (en l'état actuel des connaissances, surtout le Levant nord et sud et l'Anatolie du sud-est), se diffuse rapidement vers les régions voisines, et au PPNB le mode de vie néolithique est adopté de l'Anatolie jusqu'au Zagros central. Puis le phénomène se répand de proche en proche dans plusieurs directions : à l'est à travers le plateau Iranien puis par là en direction de l'Asie Centrale et du sous-continent indien, au nord vers le Caucase, à l'ouest en Anatolie occidentale puis en Europe, au sud en direction de l'Arabie et de l’Égypte. Cette diffusion est traçable parce que l'on y retrouve la plupart des éléments du package néolithique proche-oriental, en premier lieu la culture du blé et de l'orge, et l'élevage des caprinés et bovins dont on trouve les variétés à l'état sauvage et les traces de domestication uniquement dans les foyers du Proche-Orient.

Les modalités de ce phénomène restent débattues : certes le mode de vie néolithique, en particulier l'agriculture et l'élevage, semble attractif pour les communautés de chasseurs-cueilleurs qui pourraient l'avoir adopté par imitation, mais bien souvent on estime que la diffusion s'appuie sur des migrations de populations déjà néolithisées. Les recherches récentes s'appuient sur la génétique pour mieux comprendre les phénomènes migratoires ayant eu lieu à cette période.

Modèles, modalités et causes

Les interprétations sur l'analyse des modalités et des raisons de ce phénomène de diffusion sont diverses[507]. Elles ont surtout concerné l'Europe, de loin la région la plus étudiée en dehors du Proche-Orient. Les diffusions d'un trait matériel et plus largement d'un savoir-faire ou d'un mode de vie sont de longue date plutôt associées à des mouvements de populations déjà néolithisées, ce qu'on appelle la diffusion « démique » (mise en avant notamment par L. L. Cavalli-Sforza), ou approche « migrationniste » : ces groupes investissent des espaces déjà en partie occupés par des populations de chasseurs-cueilleurs avec lesquelles ils se mélangent, ce qui suppose en général des mouvements migratoires importants numériquement (cela peut prendre la forme d'une colonisation et/ou d'une conquête), donc des populations néolithiques immigrées plus nombreuses que celles présentes dans les régions où elles arrivent, même s'il est rare qu'un remplacement total des populations autochtones soit proposé. L'opinion opposée plaide en faveur d'une diffusion « culturelle », par contact, par échanges et emprunts et pas ou peu de migrations, avec aussi une approche « indigéniste », qui plaide pour une circulation des idées seules. Parfois une approche « intégrationniste » est un entre-deux qui fait résulter la néolithisation d'interactions entre groupes d'agriculteurs-éleveurs migrants et des chasseurs-cueilleurs, et il y a aussi des propositions de diffusion démique atténuée impliquant des mouvements de population limités en nombre[508]. Divers concepts peuvent être invoqués pour caractériser les processus de diffusion ou d'adoption du mode de vie néolithique, ou de certains de ses traits : la « diaspora », qui voit la dispersion d'un groupe et préserve plus les traits culturels de la région d'origine ; l'« entraînement », quand des sociétés de chasseurs-cueilleurs sont impliquées dans le processus par des groupes diasporiques, et choisissent d'en adopter les traits, pour des raisons de prestige notamment ; la « créolisation », constitution d'une nouvelle société par mélange entre nouveaux arrivants et indigènes et de leurs caractéristiques culturelles ; la « conversion », quand des chasseurs-cueilleurs décident d'adopter des traits du mode de vie néolithique, ce qui peut impliquer des échanges matrimoniaux ou une co-résidence avec des groupes diasporiques, ou bien une intégration de plantes et animaux domestiqués là où les chasseurs-cueilleurs et leurs descendants restent largement majoritaires[509].

La situation varie en effet selon les cas, et il est tenu pour difficile de défendre un modèle explicatif généralisable à toutes les régions, voire à toutes les localités d'une même région[83]. Sur les sites archéologiques, la diffusion de tel ou tel type d'artefact (lame de silex ou d'obsidienne débitée d'une certaine manière, poterie aux formes et à l'aspect caractéristiques, etc.) ne dit pas si cela est lié à des déplacements de personnes ou à des contacts entre groupes se rencontrant à proximité de cet espace, en tout cas rien de définitif. On peut certes constater sur des sites l'adoption de nombreux aspects d'une culture matérielle et du mode de vie néolithique provenant d'un autre endroit, mais dans certains cas les emprunts se limitent à certains traits du mode de vie néolithique (agriculture, élevage, céramique), et la culture matérielle antérieure (industrie lithique notamment) peut perdurer. De plus le rythme de ces diffusions n'est sans doute pas uniforme : il a pu être postulé qu'il se faisait par « vagues », sur un front pionnier, donc de façon plutôt linéaire, mais il semble aussi que se forment des régions fonctionnant comme des enclaves néolithiques au milieu d'espaces de chasseurs-cueilleurs avec lesquelles elles sont en contact. De plus l'importance des groupes de populations en mouvement est difficile à évaluer, et cela pose la question de savoir s'il faut un grand groupe pour diffuser le mode de vie néolithique, ou si des petits groupes suffisent. Les études génétiques sont d'un secours appréciable sur ces questions, même si elles portent sur des échantillons humains forcément limités. La linguistique intervient également dans ces problématiques, qui recoupent celles de la diffusion des grands groupes de langages (sémitiques ou plus largement afro-asiatiques, indo-européens)[510],[511].

Quant aux causes de ces expansions, si on postule une diffusion qui se fasse surtout par migrations, alors ont plutôt été évoqués des phénomènes climatiques, et surtout de pression démographique mettant en mouvement des groupes néolithisés, tenus pour plus dynamiques démographiquement et potentiellement en surpopulation par endroits, vers des régions limitrophes non néolithisées où il y avait de la place. J. Cauvin y voit un élan culturel, une forme de messianisme des diffuseurs ; il souligne aussi le prestige et l'attractivité dont jouiraient ceux-ci aux yeux des populations de chasseurs-cueilleurs qui les voient arriver avec des animaux et plantes domestiqués, de la céramique et autres technologies plus « avancées » du mode de vie néolithique agricole, quand bien même celui-ci n'aurait pas une supériorité manifeste par rapport à la collecte quant à sa capacité à faire subsister un groupe humain[512].

La théorie la plus englobante, mêlant archéologie, linguistique et génétique (aussi dans certains cas des observations ethnographiques), est celle formulée par C. Renfrew et suivie par d'autres, qui s'intéresse essentiellement à la diffusion des langues indo-européennes. Ce scénario lie les expansions linguistiques à des mouvements de migrations de communautés néolithiques : celles-ci, confrontées à une expansion démographique dans les régions néolithisées, seraient incitées à migrer vers d'autres endroits, diffusant ainsi le mode de vie néolithique chez les communautés de chasseurs-cueilleurs qu'elles rencontrent. Dans cette proposition les diffusions par contact et acculturation, ou même par conquêtes sont jugées marginales, seule l'expansion agricole avec d'importants mouvements de population pouvant expliquer une telle diffusion de groupes de langues. Les langues indo-européennes seraient originaires d'Anatolie, et se seraient diffusées depuis cette région vers l'Europe d'un côté et l'Iran puis le sous-continent indien et l'Asie centrale de l'autre, ce qui s'oppose à l'opinion dominante selon laquelle ces langues viendraient des Steppes eurasiatiques[513],[514]. En suivant cette logique les langues afro-asiatiques (groupe auquel appartiennent les langues sémitiques) trouveraient leur berceau dans le Levant du Natoufien et du PPNA, avant leur diffusion dans le Moyen-Orient, l'Arabie et le nord de l'Afrique, contre l'opinion dominante qui veut qu'elles aient plutôt une origine africaine, quoi que leur processus de diffusion soit mal compris[515].

Les premières études génétiques d'envergure conduites sur les populations du Proche-Orient au milieu des années 2010 tendent en tout cas à lier l'expansion du mode de vie néolithique vers l'extérieur à des mouvements migratoires. Si on distingue des populations génétiquement différenciées à l'Épipaléolithique et au Néolithique au Levant sud, en Anatolie centrale et dans le Zagros, issues de groupes de chasseurs-cueilleurs autochtones à ces régions, elles se seraient chacune répandues dans plusieurs directions : elles se mélangent entre elles au point qu'au Chalcolithique et à l'âge du Bronze plusieurs individus ont des origines traçables dans deux de ces régions ; et elles se diffusent chacune vers les régions extérieures au Proche-Orient les plus proches, ceux du Levant sud vers l'Afrique orientale, ceux d'Anatolie centrale vers l'Europe, ceux du Zagros vers l'Asie Centrale, puis l'Asie du sud[516].

Les diffusions dans le Proche-Orient

Les foyers identifiés aux différents éléments caractéristiques du mode de vie néolithique sont repérés pour beaucoup dans le Triangle d'or entre Levant nord et sud-est anatolien, avec le Levant sud et peut-être aussi le Zagros occidental. Depuis ces régions ces éléments ont rapidement essaimé dans la Djézireh orientale, l'Anatolie centrale et Chypre. La question d'influences culturelles entre les zones candidates pour être des foyers se pose également : il est souvent considéré que le PPNB voit ainsi une influence du Levant nord vers le Levant sud d'abord, puis d'autres régions, visible dans le domaine technique (méthodes de taille des silex, des os, architecture rectilinéaire), qui serait le résultat de migrations selon certains, mais la circulation des savoirs-faire se ferait ici plutôt avec des adaptations locales, ce qui s'explique mieux par des diffusions culturelles par contact (rencontres, échanges)[517],[518]. D'autres, mettant en avant l'existence d'une koinè ou « sphère d'interaction » liant les régions du Proche-Orient depuis des époques très anciennes, considèrent que la recherche d'une origine géographique précise aux divers phénomènes participant à la néolithisation relève de la gageure, et qu'il vaut mieux considérer que les évolutions se font suivant des rythmes à peu près similaires entre plusieurs régions, avec des variations locales, sans trop perdre de temps à rechercher la primauté d'une sur les autres[81].

En Anatolie centrale, l'adoption de l'agriculture et de l'élevage semble se faire par des communautés locales de chasseurs-cueilleurs, qui importent les savoirs-faire levantins. Cela est indiqué par le fait que la culture matérielle, en particulier l'industrie lithique, présente une continuité entre l'Épipaléolithique et le premier néolithique. Les artisans levantins qui viennent dans la région pour exploiter les gisements d'obsidienne sont de bons candidats pour avoir joué le rôle de passeurs des savoirs néolithiques auprès des communautés de la plaine de Konya, qui sont les premières dans la région à les adopter, avant d'autres régions plus proches des foyers levantins. Cela montre la complexité potentielle des mécanismes en jeu dans la diffusion du Néolithique, qui ne saurait se contenter de modèles simples[519]. Les analyses génétiques tendent à corroborer cette impression d'une néolithisation de l'Anatolie sans apport de population extérieure notable[520]. La diffusion du mode de vie néolithique dans le reste de l'Anatolie est moins bien connue. M. Özdoğan est partisan d'une explication traditionnelle, partant d'une expansion démographique dans le sud-est anatolien, qui expliquerait l'expansion vers l'ouest au début du Néolithique céramique, qui lance un mouvement qui atteint le district des Lacs puis finalement les rives de la mer Égée et de la mer de Marmara. Celle-ci se ferait par deux axes principaux, un passant par les régions côtières, et l'autre par le plateau[521]. Mais pour d'autres la situation n'est pas aussi simple : il n'y a pas de consensus pour déterminer si les transmissions se font par emprunt ou migrations, tant les modalités de transmission des savoirs-faire néolithiques semblent varier selon les endroits, témoignant d'adaptations locales et donc d'une diversité de néolithisations[522].

La situation de Chypre est atypique, puisque l'île n'est apparemment par peuplée avant l'Épipaléolithique final, mais connaît au PPNA des visites régulières par des populations venues du continent, dont une partie s'installe sur l'île et y pratique un mode de vie de chasseurs-cueilleurs. Les conditions dans lesquelles les rivages de l'île étaient atteignables depuis le continent sont encore assez obscures, notamment parce que les plus anciens sites connus sont surtout dans la partie méridionale de l'île, qui est pourtant la moins accessible au regard des conditions de navigation[523]. Sans doute faut-il envisager des progrès dans ce domaine au cours de la période. En tout cas les trouvailles sur les sites du PPNB (Shillourokambos surtout, aussi Myloutkhia, Akanthou) indiquent que l'île connaît vers 8500 av. J.-C. une vague de colonisation depuis le Levant nord qui y apporte le « package » néolithique, alors encore non finalisé, puisqu'on y retrouve la même industrie lithique et un art similaire, peut-être aussi la pratique de l'enlèvement rituel des crânes de certains défunt, une architecture encore à dominante circulaire, et surtout les plantes et animaux domestiqués « fondateurs », encore morphologiquement sauvages, et aussi des chats ; plus surprenante est l'introduction du daim, ce qui a laissé penser que certains des autres animaux sont emmenés sur l'île alors qu'ils ne sont pas totalement domestiqués, mais juste contrôlés, et que des épisodes de domestication s'y produisent peut-être, avant un apport ultérieur d'espèces domestiquées ; cela est débattu[120].

Pour le nord de l'Irak, la situation est encore mal connue. La néolithisation vient de l'ouest, mais le faciès culturel de Magzalia, le premier site proprement néolithique connu dans cette région, le rapprocherait plus du PPNB de l'Anatolie du sud-est que de celui du Moyen-Euphrate. En revanche les sites qui lui succèdent (Sotto, Umm Dabaghiyah) témoignent bien d'une influence culturelle de cette région[524].

Le plateau Iranien est également un lieu de débats entre hypothèses diffusionnistes. Certes comme vu plus haut les études archéologiques et génétiques récentes tendent à situer des foyers de Néolithisation dans le Zagros occidental (chèvre, peut-être l'orge), mais les sites néolithiques du Zagros qui sont connus disposent plutôt d'un package déjà constitué plutôt qu'en cours de constitution, ce qui y plaide en faveur d'une diffusion, laquelle est à tout le moins évidente pour les régions situées plus à l'est. L'expansion néolithique dans le bassin du lac d'Ourmia ou le Fars est de longue date associée à des migrations depuis l'ouest. En fait l'analyse de ces régions est complexifiée par le fait que peu de choses sont connues des groupes de chasseurs-cueilleurs précédant la néolithisation, ce qui fait que le débat entre diffusion démique ou culturelle ne peut en général pas être approché. Les communautés d'agriculteurs-éleveurs semblent se disperser en occupant les niches écologiques les plus favorables au développement de l'agriculture, comme les cônes alluviaux, parfois très éloignés les uns des autres, et leur mode de vie semble plus qu'ailleurs être encore marqué par les pratiques de collecte[525].

Les diffusions hors du Proche-Orient

Le sud du Caucase est situé au contact des régions du Taurus et du Zagros, et son industrie lithique (employant surtout l'obsidienne locale) présente des affinités avec celles de ces dernières, comme le documente le site de la grotte de Kmlo 2 en Arménie, occupé par des groupes de chasseurs-cueilleurs épipaléolithiques (jusqu'au milieu du VIIIe millénaire av. J.‑C.). Après un hiatus d'un millénaire et demi, c'est au Néolithique tardif, au VIe millénaire av. J.‑C., que les traits du mode de vie néolithique apparaissent dans la région, avec le complexe culturel Aratashen-Shulaveri-Shomutepe qui se développe dans la vallée de la Koura et aussi de l'Araxe : sites d'Arukhlo et Shulaveri en Géorgie, Shomutepe, Toiretepe, Göytepe, Monteshtepe etc. en Azerbaïdjan et Aratashen et Aknashen en Arménie. Ces sociétés semblent peu sédentarisées, disposent d'animaux domestiques, cultivent les céréales et fabriquent des poteries aux phases récentes. Des originalités locales, comme l'importance du froment, suggèrent plutôt une néolithisation par contacts, peut-être depuis le sud de la Caspienne[526]. Une étude génétique a cependant conclu à des migrations de populations depuis l'Anatolie centrale en direction du sud du Caucase, et aussi du nord de l'Iran, en raison de connexions génétiques établies à partir d'environ 6500 av. J.-C[527].

L'Asie centrale se trouve à l'arrivée d'un axe de néolithisation qui passe par les régions situées dans le bassin du lac d'Ourmia (Hajji Firuz) puis le sud et le sud-est de la Caspienne (Sang-e Chakhmaq), déjà évoqué, régions dont on a pu souligner les similitudes climatiques par rapport au Proche-Orient, facilitant l'adoption de l'économie agro-pastorale. Ici on suppose plutôt une diffusion par migrations[528]. La première culture néolithique d'Asie centrale, la culture de Jeitun, se trouve dans la région du Kopet-Dag, au Turkménistan actuel. Elle émerge vers la fin du VIIe millénaire av. J.‑C. et présente sans surprise des affinités avec les cultures néolithiques du Proche-Orient[529]. C'est par l'Asie centrale que les cultures fondatrices du Proche-Orient pénètrent en Chine du Nord (où se cultivent déjà d'autres céréales, le millet et le riz), puisque le blé et l'orge sont attestés au Gansu de la culture de Majiayao vers 2700 av. J.-C. d'où il se répandent vers la vallée du fleuve Jaune ; le mouton et la chèvre y sont présents au moins vers 2400 av. J.-C[530].

Pour le sous-continent indien, c'est dans l'actuel Baloutchistan pakistanais, sur le site de Mehrgarh, que sont identifiés les débuts du Néolithique, qui remontent au moins à 7000 av. J.-C. Cela marque le début de ce que les spécialistes de la région appellent la « période de début de production de nourriture » (Early Food Production Era), point de départ de la « tradition de l'Indus » qui devait conduire à l'émergence de la civilisation de l'Indus[531]. Ici se retrouvent plusieurs des plantes fondatrices du Proche-Orient (blé, orge) et aussi des animaux qui y ont été domestiqués (chèvres, moutons), et en l'état actuel des connaissances il n'y a rien qui indique un foyer de domestication dans la région pour ces plantes et animaux, qui sont donc manifestement arrivés en traversant le plateau Iranien. Les autres éléments du package agricole du Néolithique proche-oriental arrivent par la suite dans le sous-continent indien. Cependant les cultures locales sont rapidement actives dans le processus de domestication, puisque les habitants de Mehrgarh domestiquent le zébu et le coton[532]. Les études génétiques indiquent ici qu'il n'y a pas d'apport important depuis l'ouest, donc la néolithisation du nord-ouest du sous-continent indien aurait été faite par diffusion culturelle chez les populations de chasseurs-cueilleurs présentes sur place[533].

La néolithisation de la péninsule Arabique semble s'être faite dans la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.‑C. par des groupes nomades pratiquant l'élevage caprin. Les industries lithiques de type « Qatar B » ont de fortes affinités avec celles du PPNB du Levant, et se retrouvent comme leur nom l'indique au Qatar et dans la partie orientale de la péninsule, mais aussi dans sa partie centrale et au nord, donc au contact du Proche-Orient. Au millénaire suivant, l'élevage s'est généralisé à toutes les parties de la péninsule, mais ici la culture des plantes ne se développe pas avant le début de l'âge du Bronze, à partir de la fin du IVe millénaire av. J.‑C., les stratégies de subsistance continuant à reposer beaucoup sur la collecte (notamment la pêche dans les régions côtières). De même la céramique ne se diffuse que tardivement[534].

En Égypte, le Néolithique se développe dans le désert de l'Ouest, v. 8500-6100 av. J.-C. (sites de Nabta Playa, Bir Kiseiba), à une époque où le climat du Sahara était plus humide que de nos jours, et son profil est très différent de celui du Levant puisqu'on y trouve dès le début des céramiques, mais pas d'agriculture et l'élevage s'y développe tardivement, avec le bœuf domestique, dont la domestication provient ici du Soudan central. La situation dans la vallée du Nil à ces époques est mal connue faute de sites. Les cultures néolithiques plus tardives du nord de l’Égypte, qui débutent à partir du milieu du Ve millénaire av. J.‑C., celles du Fayoum et de Merimdé, présentent certes des affinités avec le Néolithique saharo-soudanais, mais aussi un profil plus proche-oriental, comme la proximité géographique le suggère : présence d'animaux et de plantes fondateurs du Néolithique proche-oriental, dont les variétés sauvages ne sont pas connues dans la région, ce qui indique que le mode de subsistance néolithique y a une origine levantine[535]. L’Égypte est donc une région de rencontre entre deux traditions néolithiques différentes, tout en ayant un profil culturel essentiellement nord-est africain[536].

En Europe, le mode de vie néolithique est manifestement introduit depuis l'Anatolie. On considère en général que la Grèce continentale est la première région concernée, puis que c'est à partir de cette région que les Balkans puis la Méditerranée occidentale sont néolithisés, mais la situation est sans doute plus complexe[537]. L'agriculture et l'élevage, avec les céramiques et les autres principaux éléments du package néolithique apparaissent dans le sud-est européen à la fin du VIIe millénaire av. J.‑C., aussi bien en Crète (Knossos) qu'en Grèce continentale (grotte Franchthi), en Bulgarie (Karanovo I, Kovačevo), Serbie méridionale (Divostin)[538]. Il ne fait en tout cas aucun doute que l'origine du Néolithique européen est proche-orientale, puisqu'il est établi que les plantes et animaux domestiqués sont génétiquement originaires de cette région, et que cela concerne aussi l'auroch, qui est pourtant présent à l'état sauvage en Europe. Les études génétiques sur les restes humains plaident en faveur de modèles explicatifs migratoires. Elles indiquent qu'il y a bien eu des mouvements de populations depuis l'Anatolie et plus largement le Proche-Orient, qui ont contribué à cette diffusion du mode de vie néolithique, mais leur impact génétique est à l'étude, certains travaux concluant qu'il est loin d'être négligeable[539],[540],[541].

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Bibliographie

Généralités

Préhistoire, Néolithique

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Autres études

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  • (en) Olivier Aurenche, Janusz K. Kozlowski et Stefan K. Kozlowski, « To be or not to be… Neolithic: “Failed attempts” at Neolithization in Central and Eastern Europe and in the Near East, and their final success (35,000-7000 BP) », Paléorient, vol. 39, no 2, , p. 5-45 (lire en ligne)
  • Jean-Paul Demoule, Naissance de la figure : L'art du paléolithique à l'âge du Fer, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire »,

Voir aussi

Articles connexes

Sites archéologiques

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