Nègre du Soudan

Le Nègre du Soudan dit aussi Nègre en costume algérien est une sculpture de Charles Cordier (1827-1905) réalisée entre et . Elle représente un homme noir portant un habit de couleur pâle et coiffé d'un turban.

Historique

Lorsqu'il revient d'Algérie en 1856, Charles Cordier rapporte de nombreux bustes. C'est sous ce titre, Nègre du Soudan, que Cordier expose ce portrait au Salon des artistes français de 1857.

Description

Le Nègre du Soudan est l'une des premières réalisations polychromiques du sculpteur. Le visage est en bronze, le manteau et le turban sont en marbre-onyx d'Algérie, matériau utilisé pendant l'Antiquité dont les carrières venaient d'être redécouvertes dans ce pays. Ce matériau se caractérise par ses couleurs allant du rouge au blanc et par les veinures dont Cordier tire parti pour rendre le chatoiement des étoffes orientales.

Les possibilités de couleur qu'offre le bronze sont également exploitées par le sculpteur. Ainsi, la surface métallique du Nègre du Soudan a d'abord été argentée, puis oxydée ; ce qui lui donne sa couleur noire actuelle. Ces jeux colorés sont tout à fait nouveaux pour le goût de l'époque, habitué, comme sous la nef du musée d'Orsay, à voir des sculptures en marbre blanc ou en bronze[1].

Le piédouche est en porphyre qui provient du massif des Vosges.

Le Modèle

Le modèle est en réalité un joueur de tambour croisé dans les rues d’Alger[2]. On ne sait pas grand chose de lui si ce n'est qu'il intervenait dans des fêtes célébrées au sein de la communauté musulmane avant le Ramadan[1].

Avec le regard respectueux que le sculpteur a toujours montré pour ses modèles, loin des dérives des thèses colonialistes d’une époque qui était davantage préoccupée à recenser un répertoire de curiosités ethniques, il a su rendre au modèle sa noblesse naturelle, de sorte qu'on le compare parfois à un empereur romain[1].

« Le beau n'est pas propre à une race privilégiée, j'ai émis dans le monde artistique l'idée de l'ubiquité du beau. Toute race a sa beauté qui diffère de celle des autres races. Le plus beau Nègre n'est pas celui qui nous ressemble le plus. »

 Charles Cordier, [3]

Œuvres en rapport

Il existe quatre autres exemplaires. L'un d'eux (RF 3599) a été attribué au musée d'Orsay en 1981 puis déposé au musée municipal du château de Compiègne en 1985. Un autre se trouve à l'Institute of arts de Minneapolis[1].

Historique

En 1857, il est acquis par la maison de Napoléon III, et inscrit sur l'inventaire du domaine privé (n° 58) jusqu'en 1872, dans la collection Napoléon III.

À partir de 1872, il est attribué au musée du Luxembourg, puis reversé au musée du Louvre en 1920. Depuis 1986, il est affecté au musée d'Orsay.

Expositions

  • Salon, Paris, France, 1857
  • Exposition Universelle, Paris, France, 1889
  • The Second Empire: Art in France under Napoleon III, Philadelphie, Etats-Unis, 1978
  • L'art en France sous le Second Empire, Detroit, États-Unis, 1978
  • Charles Cordier (1827-1905), sculpteur, l'autre et l'ailleurs, Paris, France, 2004
  • Spectaculaire Second Empire, Paris, France, 2016
  • En couleurs, la sculpture polychrome en France 1850-1910, Paris, France, 2018
  • Le modèle noir. De Géricault à Matisse, Paris, France, 2018

Bibliographie

  • Pingeot, Anne ; Lenormand-Romain, Antoinette ; Margerie, Laure de, Musée d'Orsay. Catalogue sommaire illustré des sculptures, Réunion des musées nationaux, Paris, 1986
  • Margerie, Laure de ; Papet, Edouard, 48/14 La revue du Musée d'Orsay, Réunion des musées nationaux, Paris, 2004
  • Margerie, Laure de ; Papet, Edouard ; Barthe, Christine, Charles Cordier (1827-1905), sculpteur, l'autre et l'ailleurs, Editions de La Martinière, Paris, 2004
  • Margerie, Laure de ; Papet, Edouard ; Barthe, Christine, Facing the Other : Charles Cordier (1827-1905), ethnographic sculptor, Harry N. Abrams, New York, 2004
  • Cogeval, Guy [sous la direction de], Le Musée d'Orsay à 360 degrés, Skira ; Flammarion ; Musée d'Orsay, Paris, 2013

Références

  1. « Musée d'Orsay: Notice d'Oeuvre - Nègre du Soudan », sur www.musee-orsay.fr (consulté le )
  2. « Quel est donc ce buste qui attire l'œil dans l'exposition "Le modèle noir de Géricault à Matisse"? », sur Franceinfo, (consulté le )
  3. Pierre Magnan, « Quel est donc ce buste qui attire l'œil dans l'exposition "Le modèle noir de Géricault à Matisse"? », sur www.francetvinfo.fr, (consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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