Mythologie roumaine

La mythologie roumaine est un exemple de mythologie païenne. Elle inclut de nombreux concepts très anciens, développés par les peuples des territoires roumains au cours des siècles.

Histoire

La Dacie dans l'Antiquité.

Le mot mythe, est issu du grec ancien μῦθος muthos « parole, discours, récit, légende » et renvoie à la parole non rationnelle, à la fable. La mythologie roumaine constitue l'ensemble de traditions, de mythes, de récits et de légendes concernant les populations ancestrales de l’actuelle Roumanie.

La mythologie roumaine ancre ses racines parmi les paysans daces, ancienne population de la Dacie, dans l'Antiquité. De tradition orale, elle nous est parvenue grâce à des témoignages rédigés aux XIXe siècle et XXe siècle[1].

La mythologie roumaine permet de comprendre la vision que les anciens Roumains se faisaient du monde. Elle éclaire sur « le cosmos, l’existence humaine, la vie, la mort, les rapports entre l’homme, Dieu et la nature »[1].

Même si les Daces semblent avoir été religieux, peu d'éléments nous sont parvenus sur cette religion et les mythes ne semblent pas être religieux. Malgré l'existence de divinités Daces, leur étymologie reste incertaine. Hérodote prétend la religion dace était polythéiste, mais un prophète nommé Zalmoxis, y avait introduit le culte d'une divinité suprême, Gebeleizis, l'idée de l'immortalité de l'âme et un culte à mystères, d'inspiration pythagoricienne, volontiers adopté par les polistes et tarabostes (aristocrates). Il cite une trentaine de divinités occupant le panthéon dace[2].

Quelques créatures mythiques roumaines

Afin de comprendre la vision que les Roumains portaient sur le monde, sur la nature et sur l'univers, il semble important de connaître les mythes les plus populaires qui animent et rythment encore aujourd'hui la vie de beaucoup d'entre eux.

Le serpent blanc

Jules Verne fait référence à ce mythe dans son roman « Le Château de Carpathes » publié en 1892. En effet, dans la mythologie roumaine, le serpent blanc est un protecteur des familles. Il protège, selon l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu, « la maison et la ferme de toute influence maléfique ».

La plupart des historiens considèrent que ce mythe provient de la culture des Daces puisque sur leur étendard figurait un loup avec un corps de serpent[3].

Le loup

Le loup, chez les Daces, permet à l’âme de passer de l’autre côté. Il guide l’âme vers la lumière. Le loup figurait, comme le serpent, sur l’étendard des Daces.

À l’instar du serpent, le loup semble protéger les populations contre le mal. Effectivement, les enfants malades sont nommés « loup » afin d’éloigner la maladie, de lui faire peur. De plus, afin de protéger les enfants, leur premier allaitement est effectué dans une sorte de biberon en forme de « gueule de loup »[4].

Les strigoï

Le Strigoï est un mythe venu de Dacie et inclus dans le folklore roumain. Il correspond à un défunt qui revient tourmenter les êtres vivants qui lui sont proches jusqu’à leur mort. Comme dans le mythe de Dracula, les Strigoï sont considérés comme des vampires puisqu’ils se nourrissent de sang et en sont assoiffés. Ils constituent des créatures dangereuses dont les Roumains craignent l’apparition puisqu’ils viennent puiser l’énergie vitale des vivants.

Par ailleurs, le mot Strigoï est très proche du mot « Stryges » qui correspond à des créatures de la mythologie grecque qui, comme eux, se nourrissent de sang et d’énergie vitale. Dans la mythologie des Daces, un défunt devenait un Strigoï lorsque son âme était tourmentée, c'est-à-dire qu’il n’avait pas atteint le paradis de Zalmoxis, une figure religieuse venant de Thrace[5].

Les Strigoï sont soit vivants soit morts. Le vivant, appelé le Moroï, est un sorcier qui « vole la richesse des paysans ». Il peut aussi donner la mort aux hommes. Les Strigoï morts viennent affaiblir les vivants et notamment leurs proches jusqu’à la mort.

Dracula

Le mythe de Dracula a été popularisé par le roman éponyme de Bram Stoker. Il fait référence à Vlad Tepes, prince de Valachie en 1448, que les anciens ont surnommés après sa mort, Dracula. Son père était Vlad Dracul ce qui signifie en Roumain le démon, le diable. Vlad Tepes était un despote qui empalait ses victimes et que l’on a surnommé dès lors Vlad l’empaleur.

Ce despote est mort dans des circonstances encore inconnues et qui laissent la place à des suppositions. Il paraîtrait que début des années 1930, lors d’une mission archéologique, sa tombe fut retrouvée quasiment vide, avec seulement quelques ossements mais rien ne permet de les attribuer à Vlad Tepes[6].

Ainsi, ce tyran a été assimilé à un vampire, bien que le mot vampire soit apparu au XVIIIe siècle. Mais ce mot exprime la fascination pour le mal, pour le sang ce qui semble en quelque sorte être en accord avec la vision que les gens avaient de Vlad l’empaleur.

Dès lors, Bram Stocker s’est emparé de ce mythe pour créer le personnage de Dracula comme un vampire qui se nourrit du sang de ses victimes. Le cinéma s'est emparé également de ce mythe, notamment en 1922 par Murnau qui crée Nosferatu, mais aussi par Béla Lugosi qui incarne Dracula en 1931, ou encore Christopher Lee qui interprète Dracula dans le film « Le cauchemar de Dracula » en 1958.  

Enfin, le mythe de Dracula reste encore très ancré dans les esprits de toutes les populations du monde entier, puisque chaque année un million de touristes visitent le château de Bran associé à Vlad Tepes[7].

Les deux mythes de la spiritualité roumaine

La spiritualité des Roumains semble avoir été guidée par deux mythes qui marquent une vision propre de l’univers et de l’existence.

Manole

Le mythe de Manole n’est pas à proprement parler roumain. En effet, ces derniers l’ont emprunté aux légendes d’Europe du Sud-est et se le sont approprié. Effectivement les légendes de ces régions d’Europe racontent que pour pouvoir durer, tout édifice « doit être « animé » par le sacrifice d’un être vivant, homme ou animal »

Pour ce qui concerne le mythe roumain, Manole, un contremaître souhaitait bâtir la cathédrale de Curtea de Argeș dans l’actuelle région de Munténie. Cependant, à chaque fois que lui et ses ouvriers entreprirent la construction de cette cathédrale, chaque nuit, cette dernière était détruite. Ainsi, Manole et son équipe décidèrent un jour que la première personne qui s’approcherait de l’édifice serait emmurée vivante.

Malheureusement, la première personne à s’approcher de la cathédrale en construction fût Ana, la femme de Manole, portant leur fils dans les bras. Manole pria Dieu qu’une tempête s’abatte sur sa femme pour que celle-ci fasse demi-tour, mais malheureusement, malgré la tempête, elle continua a avancer et Manole dut l'emmurer vivante ainsi que son fils. Après cet événement, Manole put achever la construction de la cathédrale[8].

Miorita

Image de la légende de Miorita

Miorita est un poème faisant partie de la tradition et du folklore roumains, racontant l’histoire d’un berger qui aurait été averti par une brebis qu’il allait se faire tuer par deux autres bergers voulant ses moutons et qui, plutôt que de prendre la fuite aurait attendu la mort et l’aurait acceptée.  

Ainsi ce poème permettait aux Roumains de ne pas considérer la mort comme terrible, mais comme permettant à l’homme de se connecter à la nature. Il faut savoir accepter la mort et la juger comme un phénomène beau et bénéfique permettant de s'élever[8].

Ce regard sur la mort est conforme à de multiples créations populaires roumaines. Les poésies de Mihai Eminescu, l’un des plus grands écrivains du XIXe siècle, en sont un des reflets. Cette conception influence l’ensemble du folklore roumain et accompagne les cérémonies funéraires. Mircea Eliade estime qu'il s’agit probablement d’une conception héritée des ancêtres géto-daces, ou d’une interprétation originale du christianisme[8].

Notes et références

  1. Ion Taloș, « Introduction », dans Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine, UGA Éditions, coll. « Ateliers de l’imaginaire », (ISBN 978-2-37747-114-0, lire en ligne), p. 7–15
  2. (en) Hérodote, Histoires Hereodote (Integral) : Livre IV, Independently Published, , 714 p. (ISBN 9781728869940), p. Livre IV ; 94-95.
  3. « Radio Romania International - Le serpent », sur Radio Romania International (consulté le )
  4. « Le loup dans la mythologie roumaine », sur IDEOZ Voyages (consulté le )
  5. Aphadolie, « Strigoi, les vampires de Roumanie [Vidéo] », sur Aphadolie, (consulté le )
  6. Julien, « Le mythe de Dracula », sur Horreur.net, (consulté le )
  7. « En Roumanie, le mythe de Dracula donne lieu à un véritable business », sur Franceinfo, (consulté le )
  8. Félix, « Bouddhanar: Les deux mythes de la spiritualité roumaine », sur Bouddhanar, jeudi, juillet 07, 2011 (consulté le )

Articles connexes


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