Musée Gallé-Juillet

Le musée Gallé-Juillet, labellisé Musée de France, regroupe deux maisons construites à l'emplacement du château fort de Creil : la maison Gallé-Juillet et la maison de la faïence, dans l'Oise, en région des Hauts-de-France.

Pour les articles homonymes, voir Gallé.

Le musée existe depuis la donation faite en 1929 par Mme Berthe Gallé. Cette notable creilloise, veuve d'Auguste Gallé (décédé en 1928) et portant le deuil de son fils Maurice, mort le durant la bataille de Bouchavesnes, dans le département de la Somme, décida de céder sa demeure à la ville de Creil avec tous les biens qu'elle contenait.
Son but étant de faire perdurer le nom des Gallé et des Juillet, sa donation impose que la maison soit conservée en l'état, comme si les habitants y vivaient encore.

Historique

La salle à manger.

Ce musée municipal fut d'abord une demeure bourgeoise, elle-même construite à la place de l'ancien château médiéval. Ce fut un castel local : Louis, comte de Blois, de Chartres et de Clermont, octroya une charte le à cette ville. Il devint château royal sous Charles V le Sage à partir de 1375. Ce château fut important dans le contexte de la Guerre de Cent Ans pour protéger la capitale, tirant parti de son site naturel, une île entourée par l'Oise. Avec la fin du Moyen Âge et le développement de l'art de la Renaissance, ce château intéressa moins les rois de France.

Laissé à l'abandon par le dernier propriétaire, Louis, duc de Bourbon, seigneur de Chantilly, la construction tomba en ruine. Ces vestiges furent vendus en 1788 et l'architecte utilisa les dites ruines pour construire une vaste demeure. Sur quatre niveaux (rez-de-chaussée, premier, second étage et grenier), 17 pièces sont aménagées. Au rez-de-chaussée, deux pièces utilisent les croisées d'ogives restant de l'époque médiévale.

Ce furent des notables qui logèrent en ce lieu : un directeur artistique de la manufacture de faïence de Creil, l'Anglais Jacques Bagnall (1762-1825)[2], le maire et médecin Jules Juillet (1802-1868), des bourgeois rentiers, Ernest Gallé (1836-1900), artiste peintre et collectionneur en tous genres (coquillages, fossiles par milliers, papillons, herbiers, livres d'histoire naturelle...). Cet homme - dont le musée possède un portrait brossé par Maurice Boudot-Lamotte[3] - était le cousin d'Emile Gallé, l'artiste, fondateur avec bien d'autres du mouvement de l'Art nouveau à Nancy. D'ailleurs pour le mariage du jeune Auguste, fils d'Ernest, avec la demoiselle Berthe Franchemont, il réalisa une petite table avec des incrustations de bois de libellules et de fleurs exotiques. La dédicace est : "Emile de Nancy, " (date du mariage). Les quatre pieds comportent des fleurs en forme de poire. On trouve aussi une assiette à amande avec une dédicace concernant une certaine Philippine au sujet d'un jeu pour le premier qui trouve en ouvrant ses amandes : deux fruits têtes- bêche. deux petits écussons en faïence blanche (avec les grilles de la place Stanislas de Nancy) sont aussi conservés dans ce musée.

Il y eut par la suite, son fils Auguste et, enfin, son petit-fils Maurice Gallé. C'est ce dernier qui devait prendre la succession. Il bénéficia d'une éducation privilégiée : école primaire tenue par des religieuses, un précepteur à domicile avant d'entrer au lycée Saint-Vincent à Senlis. Il y décroche son baccalauréat en 1912. Puis, il fait deux années de droit à l'Institut catholique de Paris. Puis, c'est l'été 1914... La Première Guerre mondiale éclate : il devient soldat. Après une formation rapide, il est envoyé au front dans les 150e et 106e R.I. Il trouve la mort le à Bouchavesnes dans la Somme : porté d'abord disparu, il fut enterré par les Britanniques qui identifièrent son corps en . Décédé sans enfants, ses parents décidèrent de faire don de leur propriété à la ville de Creil en 1929 pour en faire un musée qui porte les noms des principaux occupants. Le premier conservateur en fut le peintre Gaston Bouy.

Collections

La particularité de ce musée est l'atmosphère bourgeoise du XIXe siècle, parfaitement restituée par la présence de tout le mobilier, de la vaisselle, des jouets, des livres, des tableaux... de toutes les générations de propriétaires.

Les visites sont guidées (environ 1 heure, gratuit le premier dimanche du mois). Des livres, des brochures et des cartes postales sont en vente pour aborder différents thèmes de la vie passée de ce musée. Une association existe pour aider à l'organisation de conférences dans le musée.

La maison de la faïence et la tour du trésor offrent un témoignage de la ville de Creil. L'histoire de la faïencerie de Creil est évoquée à travers l'exposition de 600 faïences fines de Creil et de panneaux explicatifs. Le passé gallo-romain de Creil est mis en valeur par la présentation du trésor de l'écluse constitué de plusieurs centaines de pièces en argent et en bronze.

La faïencerie

Assiette en faïence fine à décor imprimé et peint sous glaçure, Faïence de Creil, 1827-1840, Musée Gallé-Juillet de Creil

La manufacture de faïence fut fondée une première fois le 7 prairial An V (le ) par un cristallier parisien, Robert Bray O'Reilly. Elle ne dura qu'un peu plus d'une année.
Le développement de cet établissement fut durablement lancé à partir de 1802. En 1840 la manufacture employait 700 ouvriers. Elle fermera ses portes en 1895.

Plusieurs directeurs et propriétaires marquèrent de leur empreinte cette manufacture :

  • Jacques Bagnall (né en Angleterre en 1762, élève de Josiah Wedgwood) qui, après un passage à la porcelainerie de Chantilly, vint travailler à Creil à partir de 1802. Là, devenu directeur, il va créer des pièces superbes, en copiant allègrement sur le style Wedgwood : les pièces de services, dites en grès fin noir, exposés au musée de Creil, en sont une première preuve, sans oublier certaines soupières et le cratère sur fond jaune au lieu du bleu typique du maître anglais.
  • Charles Gaspard Alexandre Saint-Cricq-Casaux, propriétaire et actionnaire principal (à partir de 1811) de la manufacture. C'est lui qui réussit à fusionner avec la manufacture de Montereau en 1819.
  • Louis-Martin Lebeuf (1792-1854) et Jean Baptiste Gratien Milliet (1797-1875), les Anglais Georges Vernon, père et fils, directeur et sous-directeur jusqu'en 1849 : ils introduisirent la porcelaine tendre à Creil.
  • Henry Félix Anatole Barluet (né en 1820) succéda aux Vernon. Il fut maire de Creil jusqu'à sa mort.

La manufacture fut le premier employeur de la ville de Creil pendant des décennies. En 1866, le recensement de population cite 503 personnes domiciliées à Creil et qui y travaillent, sur une population totale de 4 539 Creillois. Dans le détail, il y a 349 ouvriers, 129 ouvrières, 12 ingénieurs, employés et directeur, sans oublier 3 domestiques. Le premier employeur du bassin creillois était les Forges de Montataire comptant 1 700 employés.

Fréquentation

Chiffres de fréquentation 2001-2017[4]
Année Entrées gratuites Entrées payantes Total
2001 457 2 703 3 160
2002 1 695 1 334 3 029
2003 2 074 1 996 4 070
2004 2 904 1 455 4 359
2005 2 118 2 443 4 561
2006 3 196 2 402 5 598
2007 4 032 2 369 6 401
2008 4 300 1 665 5 965
2009 5 392 2 521 7 913
2010 5 860 2 174 8 034
2011 5 604 2 837 8 441
2012 5 757 2 796 8 553
2013 5 130 2 067 7 197
2014 6 069 1 710 7 779
2015 4 811 1 281 6 092
2016 5 647 1 348 6 995
2017 2 820 4 845 7 665

Notes et références

  1. Touriscopie 2008, les chiffres du tourisme dans l'Oise
  2. On y trouve du mobilier Empire ayant appartenu à Mme et M. Bagnall.
  3. Musée Gallé-Juillet, "Portrait d'Ernest Gallé" dans les collections
  4. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Léon Boursier, Histoire de la ville et châtellenie de Creil, 1883.
  • Stéphane Audoin-Rouzeau et Nathalie Garreau-Demilly, Maurice Gallé, vie d'un soldat, deuil d'une famille (1914-1929), MEMO, 1998.
  • Maddy Ariès, La manufacture de Creil (1797-1895), Éditions Guénégaud, 1974.
  • Nathalie Demilly, Étude sur les personnes travaillant à la manufacture de faïence de Creil (1866-1896), publication des Amis du musée Gallé-Juillet et de la faïence de Creil, 2005.
  • René Gandilhon, Les Vernon, graveurs et faïenciers en Angleterre, en Russie et en France, Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, 1965, 1975.

Articles connexes

Liens externes

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