Multinational Data

Multinational Data est le nom d'un société d'études fondée en et basée à Bruxelles, avec un capital de six millions de francs, qui a pour objectif l'élaboration de standards en vue d'améliorer la compatibilité des produits de trois constructeurs informatiques alors en forte croissance, l'anglais ICL, la startup américaine Control Data et la Compagnie internationale pour l'informatique, française. Après un peu plus d'un an, cette dernière opte pour un autre regroupement, Unidata, avec l'allemand Siemens.

Histoire

En 1970, la Compagnie internationale pour l'informatique considère qu'elle a atteint un développement suffisant de ses ordinateurs pour se rapprocher d'autres constructeurs européens. Au même moment, des regroupements s'opèrent. L'anglais ICL, né en 1968 de la fusion de plusieurs constructeurs, dont International Computers and Tabulators (ICT) est devenu une force importante en Europe.

Au même moment, la startup américaine Control Data jouit de l'excellente réputation de ses supercalculateurs et espère accentuer encore sa croissance, face au géant mondial de l'informatique IBM. Elle doit cependant assurer la relève rapide de ses calculateurs moyens, négligée lors des efforts considérables consacrés à la sortie du « STAR », le plus gros calculateur du monde.

Dès , les trois sociétés se sont entendues sur l’idée de créer un « club » où leurs représentants débattraient régulièrement des problèmes communs. Le , un accord est signé: c'est l'acte de naissance du consortium "Multinational Data", basé à Bruxelles[1], dont le capital est réparti par tiers entre les trois sociétés composantes. En , ils assurent que leurs travaux se poursuivent sous l’égide de Multinational Data et progressent[2] d’une manière encourageante, avec des objectifs ambitieux, étudier comment infléchir leurs prochains matériels pour qu’ils puissent atteindre à un certain degré de compatibilité et même "définir des standards communs"[2].

Les ingénieurs américains et français remarquent cependant que, si les Anglais participent « d'une façon constructive à tous les travaux de standardisation et de normalisation du logiciel et du matériel », ils se « refusent régulièrement à tout progrès dans la voie de la complémentarité des catalogues ». ICL défendait une structure de machine qui renforçait l’incompatibilité de ses systèmes vis-à-vis de ceux d’IBM, tandis que la CII soulignait les difficultés rencontrées pour entamer le marché d’IBM. De plus, la différence d'âge entre les séries 1900 et systèmes 4 d'ICI, déjà obsolètes, et la série Iris 80 de la CII, plus récente, rendait difficile un compromis sur les dates de sortie des futurs ordinateurs communs. Retarder la sortie de sa nouvelle gamme aurait causé pour ICL des pertes financières importantes[3].

Les dirigeants de Control Data ont cherché à traiter le problème en groupe avec les Anglais, puis en tête-à-tête, sans obtenir plus de résultat. Control Data sera donc le seul partenaire important de la CII dans ce consortium. Les relations entre les deux constructeurs sont étroites : un ingénieur, de la CCI, M. Mélia, passe un an aux États-Unis, dans le cadre de Multinational Data, pour travailler au côté de Control Data et il sera plus tard utilisé par Unidata[4]. Bertrand Imbert, le directeur de Control Data France de 1970 à 1975, avait été second du lieutenant de vaisseau Michel Barré, président de CII, lorsque ce dernier avait dirigé la mission polaire en Terre-Adélie, de 1950 à 1952[5].

Mais Control Data renonce cependant à aller trop loin, craignant qu'IBM ne s'en serve contre lui dans le cadre de leur conflit juridique. Control Data se borne alors à inscrire à son catalogue l'Iris 60 de la CII[1]. Des articles dans la presse[6] indiquent qu'IBM, pourtant détenteur de 65 % du marché mondial des ordinateurs, menace d'attaquer en justice Control Data au titre de la loi antitrust américaine, en utilisant dans cet objectif les développements de Multinational Data.

Bibliographie

Références

  1. Jublin et Quatrepoint 1976, p. 77
  2. "Vers une entente multinationale de constructeurs d’ordinateurs", par Nicolas Vichney, dans Le Monde du 23 mars 1971
  3. Histoire de la CII (3) Période 1972-1975, par Bruno Dallemagne, sur le Site de la Fédération des équipes de Bull
  4. "Une vie à la Bull", site de Pierre Cairn
  5. Réminiscences, Blog de Pierre Imbert
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