Motorik

Dans le domaine musical, le style motorik a d'abord été associé aux premières œuvres du compositeur Paul Hindemith (1895-1963). Dans son Histoire de la musique, Marie-Claire Beltrando-Patier écrit en 1982 : « Dans ses premières œuvres, Hindemith se singularise par l'âpreté de son style et par une rythmique percutante d'une régularité obsédante que l'on a appelée Motorik ("motorisme"). Après 1924, le langage s'aère, devient plus fluide et plus polyrythmique »[1]. Plus tard, Kraftwerk a recyclé un fragment de la Sonate pour flûte et piano de Paul Hindemith dans son titre « Tour de France » en 1983.

À partir des années 2000, motorik a été recyclé[2] pour désigner un autre genre musical. Il est utilisé pour décrire la rythmique propre à certains groupes de krautrock. Ce terme est employé dans l'ouvrage Modulations, Une histoire de la musique électronique, au chapitre, « Krautrock. Un ballet kosmik : le krautrock et son héritage [sic] [legs] » par le critique musical Simon Reynolds. Il écrit à propos de Neu! : « Refusant le swing et le funk, Neu! n'était que propulsion compulsive. Klaus Dinger était un batteur d'une inventivité stupéfiante, que l'on pourrait écouter des heures sans se lasser et qui parvenait à faire naître des merveilles à l'intérieur même de l'espace confiné des quatre temps rudimentaires du rock. Avec son guitariste Michael Rother, il a inventé le rythme "motorik", tout en pulsations, à la manière d'un métronome, qui insuffle à la musique une sublime sensation de liesse retenue - comme rouler à tombeau ouvert sur une autoroute, vers un avenir plein d'éblouissantes promesses »[3]. Dans les années 2000, le terme a commencé à être régulièrement employé dans la presse musicale[4].

Cette rythmique hypnotique, répétitive et lancinante est relativement simple[5]. Elle n'a pas été à proprement parler inventée par Klaus Dinger, mais plus largement aussi expérimentée par les batteurs Jaki Liebezeit de Can et Zappi Diermaier de Faust. Cette rythmique est développée tout au long de la composition, uniquement par la batterie, avec parfois l'utilisation de cymbale, pour introduire un nouveau thème par exemple[6].

Voir aussi

Références

  1. Marie-Claire Beltrando-Patier, Histoire de la musique (Bordas, 1982), p.536.
  2. « Motorik », Arte Tracks, 22 juin 2006.
  3. Simon Reynolds, "Krautrock. Un ballet kosmik : le krautrock et son héritage", in Peter Shapiro (sous la dir. de), Modulations, Une histoire de la musique électronique (éditions Allia, 2004), p. 40.
  4. (en) Lee Arizuno, « Motorikpop: A Secret History Spotified », The Quietus, 22 mai 2009.
  5. « The Motorik Drum Beat | Off Beat » (consulté le )
  6. (en) David Stubbs, « How Motorik Infected The Mainstream, By Future Days Author David Stubbs », The Quietus, 7 août 2014.
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