Monnaie gauloise

Les monnaies gauloises sont assez méconnues. Elles sont aussi relativement rares, car elles n'ont pas souvent fait l'objet d'une fabrication en très grand nombre, et leur identification est souvent difficile. Les travaux de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, à partir des années 1950, ont marqué l'étude scientifique et historique de ces monnaies et sont encore à la base des recherches au début du XXIe siècle.

Statère des Parisii, classe I

Chaque peuple gaulois était indépendant du point de vue du monnayage, certains plus productifs que d'autres, mais il y a tout lieu de supposer que les pièces en métaux précieux circulaient entre peuples voisins.

La monnaie fait son apparition en Gaule au VIe siècle av. J.-C. par la colonie grecque établie à Marseille qui frappe des oboles. Progressivement, elle se répand parmi les peuples limitrophes (vallée du Rhône). Au IIe siècle av. J.-C., le monnayage est développé, et les peuples ayant des mines d'or, comme les Arvernes, frappent des statères qui sont aussi un moyen d'affirmer leur souveraineté et leur puissance. Au Ier siècle av. J.-C., les Parisii produisent leurs statères d'or au cheval. La monnaie typiquement gauloise fait son apparition au IVe siècle av. J.-C. et se développe sous l'influence du commerce et de mercenariat celte avec les Grecs, le dessin de ces monnaies copiant celui des Grecs, notamment la monnaie macédonienne sous Philippe II de Macédoine et son fils Alexandre le Grand[1].


Caractéristiques particulières des monnaies gauloises

Potin à la grosse tête
  • Les monnaies des divers peuples ont des styles très différents, des « plus rustiques » aux plus élaborés (cf. l'Atlas des monnaies gauloises de La Tour pour avoir une idée de la diversité des styles) mais qui se rattachent bien au style de l'art celte. Elles représentent souvent des animaux, des humains stylisés, des formes géométriques.
  • Certaines monnaies sont clairement inspirées des monnaies célèbres et répandues de l'antiquité comme le statère d'or de Philippe II de Macédoine : les mercenaires gaulois en avaient rapporté avec eux et ils ont servi de source d'inspiration pendant des décennies. Les monnaies copiées ou inspirées de ces statères reprennent alors le profil de Philippe et le quadrige d'origine, dont la stylisation évolue au fil du temps. La légende initiale de ces monnaies, incomprise des graveurs, évolue, se transforme parfois en motif géométrique, et souvent, finit par disparaître.
    • La légende (texte autour de l'effigie) n'existe que chez les Rèmes (peuple allié de Rome et notablement romanisé) et sur le statère de Vercingétorix : toutes les autres portent une éventuelle inscription sur le revers.

Monnaies d'argent de la moyenne vallée du Rhône

Ces séries précoces ont été étudiées par A. Deroc[2]. Il divise la production en quatre groupes, dont une grande partie est due à des frappes Allobroges.

  • monnaies gauloises au buste avec IALIKOVESI (Type I)
  • monnaies gauloises en argent, du type "monnaies au cavalier" (Type IV)
  • monnaies allobroges à l'hippocampe
  • monnaies allobroges au bouquetin
  • monnaies au cheval galopant Cavare (anépigraphes ou à légende IAZUS et VOL)

Galerie

Monnaies des Allobroges


Monnaies des Arvernes

La monnaie des Arvennes la plus connue est le statère en or à l'effigie et au nom de Vercingétorix on en a répertorié une trentaine d'exemplaires.


Monnaies des Aulerques Eburovices


Monnaies des Bajocasses

Monnaies des Bituriges Cubes

Les bronzes frappés "à la gueule de loup", au revers desquelles se trouve un pégase, est l'une des productions bituriges les plus connues et appréciées des numismates. Datée autour du Ier siècle av. J.-C., cette production est attestée sur les sites de Levroux et d'Argentomagus, et se distingue par l'originalité de son iconographie[3].

Monnaies des Aulerques Cénomans

Peuple de la région du Mans. Faisant partie du groupe Armorique, l'approvisionnement en or est assez abondant dans la région. Ils émettent des statères d'or alliés qui sont bien connus grâce à la découverte en 1997 du trésor des Sablons.

Monnaie des Coriosolites

Peuple qui résidait dans le secteur des actuels départements des Côtes-d'Armor et d'Ille-et-Vilaine. Ils ont fourni un grand nombre de monnaies et leur monnayage est bien connu.

Monnaies des Eburovices

Monnaies des Parisii

Monnaies des Riedones

Monnaies des Sénons

Monnaies des Séquanes

Monnaies des Ambiens

Monnaies des Atrébates

On connait le quinaire CARMANOS des Atrébates.

Monnaies des Bellovaques

Monnaies des Éburons

Monnaies des Leuques

Monnaies des Morins

On distingue plusieurs classes de statères.

Monnaies des Nerviens

On distingue des statères avec l'inscription "VIROS".

Monnaies des Rèmes

Les Rèmes ont émis des monnaies de plusieurs natures. Statères et quart de statères en or ou electrum, deniers en argent, bronzes, et potins.

  • Statère à l'œil (LT.8799) : anépigraphe.
    • Sur l'avers, on voit un œil triangulaire surmonté de trois globules.
    • Au revers, un cheval est orienté à gauche, surmonté d'un V perlé. Entre ses jambes se trouve un anneau pointé et perlé.


  • Quart de statère aux segments de cercle (LT.8030), cette monnaie ne contient pas de légende : **Sur l'avers se trouvent trois segments rectilignes surmontées de globules.
    • Sur le revers se trouve un cheval à droite une virgle partant de la tête. Entre ses jambes figure un astre.


  • Denier CALEDV (LT.7177) :
    • avers (CALEDV) : Buste de face et tête chevelue orientée à gauche, un torque au cou, entourée de grènetis
    • revers : Cheval à gauche surmontant une ligne et surmonté d'une esse bouletée. Un anneau pointé entre les pattes.


  • Denier ATEVLA/VLATOS (LT.7191):
    • avers (ATEVLA) : Buste ailé de face et tête chevelue tournée à gauche, un torque au cou, entourée de grènetis.
    • revers (VLATOS) : Taureau à droite sur une ligne d'exergue, relevant la tête. Surmonté d'une esse et un pentagramme entre les pattes. Un demi-cercle centré sous la ligne d’exergue, entourée de grènetis.


  • Bronze Remo/Remo (LT.8040), cette monnaie assez répandue a coexisté avec les monnaies romaines :
    Bronze Remo/Remo
    • avers (REMO) : Trois bustes d'hommes de profil gauche, entouré de grènetis
    • revers (REMO) : Bige à gauche avec un aurige ailé tenant un fouet monté dans le char.


  • Bronze Remos/Atisios (LT.8054 et LT.8082) :
    • avers (ATISIOS) : Tête à gauche avec un torque au cou et une fleur à quatre pétales derrière la nuque.
    • revers (REMOS) : Lion à gauche, la queue passant entre les pattes. Des esses situés au-dessus et en dessous, entouré de grènetis.


  • Potin au personnage courant (LT.8124), monnaie anépigraphe :
    Potin au personnage courant
    • avers : Personnage courant vers la droite tenant un torque et une lance.
    • revers : Animal assimilé à un ours mangeant un serpent surmonté d'une fibule.


  • Potin au personnage courant et au cavalier (LT.8124 var), monnaie anépigraphe :
    • avers : Personnage courant vers la droite tenant un torque et une lance.
    • revers : Animal surmonté d'une fibule anthropomorphe.


  • Potin au personnage courant et à l'élan (LT.8124 var), monnaie anépigraphe :
    • avers : Personnage courant vers la droite tenant un torque et une lance.
    • revers : Animal assimilé à un élan, surmonté d'une fibule anthropomorphe.


  • Potin au bucrane (LT.8351), monnaie anépigraphe :
    • avers : Bucrane entre deux esses, surmonté d'un panache et globule entre les cornes.
    • revers : Animal assimilé à un ours ou éléphant attaquant un serpent.


  • Potin au personnage de face (Déesse aux nattes) (LT.8145), monnaie anépigraphe :
    • avers : Personnage avec des nattes, de face, assis en tailleur, un torque dans la main droite, une tresse dans la main gauche. (thème retrouvé dans la sépulture de Vix)
    • revers : Sanglier orienté à droite, un astre entre les pattes et au-dessus de la tête, surmonté d'une fibule.


  • Potin à l'ange (LT.8135), monnaie anépigraphe :
    • avers : Tête stylisée à gauche, coiffé de quatre grosses mèches.
    • revers : Personnage marchant à droite, armé d'une lance dans la main droite et d'un bouclier.

Philatélie

De 1964 à 1977, en France, une pièce de monnaie gauloise a servi pour illustrer une série de timbres pré-oblitérés.

Références

  1. Patrick Pion, Bernard Formoso et Roland Etienne, Monnaie antique, monnaie moderne, monnaies d'ailleurs... : métissages et hybridations, Paris, De Boccard, , 195 p. (ISBN 978-2-7018-0316-6)
  2. André Deroc, « Les Monnaies gauloises d'argent dans la vallée du Rhône », Annales de l'Université de Besançon, 1973.
  3. Les Dossiers d'archéologie n°360, novembre-décembre 2013.

Bibliographie

  • Jean-Pierre Le Dantec, Laurent Olivier, Marcel Tache, Catalogue des monnaies gauloises, celtiques et massaliètes, Saint-Germain-en-Laye, musée d'archéologie nationale/ Carmanos-Commios, 2020, 134 p., 143 planches couleurs.
  • Bibliographie sommaire de J.-B. Colbert de Beaulieu
  • André Deroc, « Les Monnaies gauloises d'argent dans la vallée du Rhône », Annales de l'Université de Besançon, 1973.
  • Pierre-Marie Guihard, Monnaies gauloises et circulation monétaire dans l'actuelle Normandie, collection de la médiathèque de Bayeux (Calvados), 136 p. couleur, « Publications du CRAHM »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), 2008 (ISBN 978-2-902685-45-5)
  • Raphaël Neuville, « Les ors surréalistes de la monnaie gauloise », in Les Cahiers de Framespa, n°15, 2014.
  • Bernard Rémy, Les dépôts monétaires antiques du département de la Haute-Loire : in Cahiers de la Haute-Loire 1981, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, (lire en ligne) décrivant 12 trésors de monnaies gauloises ou romaines découverts en Haute-Loire

Liens externes

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