Mine de Tasiast

La mine de Tasiast est un gisement aurifère situé au centre-ouest, près des côtes de la Mauritanie. Le permis d’exploitation a été accordé à Tasiast Mauritanie Limited S.A. (TMLSA), filiale du groupe canadien Kinross Gold Corporation. Son exploitation a commencé en 2007[1].

La mine est située dans les régions de Inchiri et de Dakhlet Nouâdhibou, à 250 km au sud-ouest de Nouâdhibou et à 300 km au nord de Nouakchott. Elle produit environ 240 000 onces d’or par an, soit près de 7 tonnes. Tasiast est une mine à ciel ouvert. L’or y est extrait de manière conventionnelle, traité par concassage, broyage et lixiviation à l’aide de cyanure[2],[3].

La mine, longtemps considérée comme peu rentable, est en passe d'être agrandie avec un projet d'extension en deux phases qui devrait en faire l'une des plus importantes mines d'or en Afrique[4]. La phase une du projet d'extension devrait accroître la capacité de traitement de l'usine de 8 000 à 12 000 tonnes de minerai par jour[5]. Elle devrait être opérationnelle en . La phase deux de ce projet devrait augmenter la capacité de traitement jusqu'à 30 000 tonnes par jour à l'horizon du troisième trimestre 2020[6] selon les informations fournies par l'entreprise. L'investissement total pour ce projet est de près d'un milliard de dollars[7].

Tasiast emploie actuellement plus de 4 000 personnes travaillant pour Kinross ou pour ses sous-traitants. L'entreprise s'est lancée dans un important programme de transfert des compétences et de nationalisation de sa main d'œuvre à la suite d'un accord signé avec le gouvernement mauritanien en 2016[4].

En janvier 2019 Kinross nomme une nouvelle équipe pour diriger sa succursale mauritanienne, la Tasiast Mauritanie Ltd SA (TMLSA). Les nominations s'inscrivent dans une volonté de « mauritaniser » les effectifs de la société, dont le pourcentage de Mauritaniens employés à plein temps sont passés de 91 % en 2017 à 95.5 % en 2019[8]. Brahim Ould M'Bareck Ould Mohamed El Moctar, ancien ministre du développement rural, de l’agriculture, puis de l’hydraulique et de l’assainissement, et ancien Directeur-général de la SNIM est nommé vice-président de Kinross, charg" des relations extérieures[9]. Taleb Abdivall, ancien directeur-général de la SOMELEC, ancien directeur-général de la SNIM et ministre du pétrole, de l’énergie et des mines est nommé Directeur non-exécutif de TMLSA. Ousmane Kane, ancien directeur-général de la SNIM, ancien gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie et ministre des finances est nommé Directeur non-exécutif de TMLSA[8].

Kinross, reconnu pour ses actions de responsabilité sociale[10], a également développé des programmes importants, notamment le don d'équipements médicaux à près d'une quarantaine d'hôpitaux et de centres de santé dans tout le pays[11].

Controverses

La concession de la mine appartenait à Red Back Mining jusqu'à ce que l'entreprise soit rachetée en par Kinross Gold, pour 7,1 milliards de dollars en aout 2010[12]. L'acquisition fut controversée et donna lieu à des dépôts de plainte en 2012 dans les juridictions de l'Ontario et de l'État de New York, accusant l'entreprise d'avoir livré de mauvaises informations pour motiver le rachat ; Kinross proposa 12,5 millions de dollars aux actionnaires canadiens et 33 millions de dollars aux actionnaires américains en échange de l'abandon des poursuites.

La Securities and Exchange Commission, agence fédérale américaine, lance une enquête en 2014 sur les activités de Kinross dans la mine de Tasiast à la suite d'accusations anonymes d'un lanceur d'alerte qui lui expose un vaste système de corruption à travers des documents datés et circonstanciés. Ses révélations impliquent plusieurs proches du président Mohamed Ould Abdel Aziz[13].

Les documents montrent qu'à la demande du général El Hady, son cousin Ismaël Hassanah, un proche du président Aziz, est nommé conseiller spécial du vice-président, directeur général et directeur des relations avec le gouvernement alors qu'il dirige la société MPL, un fournisseur de Kinross Gold Corporation qui joui de la quasi-exclusivité sur la sous-traitance de la mine de Tasiast[13]. A travers MPL, une société de transport, ou Azima, une entreprise de BTP appartenant à son beau-frère, le réseau d'Ismaël Hassanah aurait ainsi bénéficié de 30 millions de dollars en provenance de Kinross Mauritanie[13].

Le lanceur d'alerte expose également la façon dont, aux cotés du groupe allemand Schenker et après avoir absorbé sa filiale locale pour un euro tout en devenant son agent exclusif pour toute l’Afrique de l’Ouest, la société Maurilog remporte en 2014 un appel d'offres international lancé par Kinross pour sa logistique, et ce alors qu'elle n’apparaissait sur aucun registre du commerce, et malgré une proposition 12% plus chère que ses concurrents[13]. L'actionnaire principal de Maurilog, Mohamed Abdellahi Ould Yaha, ancien secrétaire d’Etat à la promotion de l’investissement, est un intime du président Mohamed Ould Abdel Aziz[13].

Ces révélations déclenchent le lancement d’un audit interne de la société Kinross. L'entreprise s'est toujours montrée très réservée sur le bien-fondé de ces accusations[14]. En , Kinross a conclu un accord avec la SEC qui abandonne les poursuites pour corruption, tout comme elle l'avait fait le Département de Justice américain en 2017 [15],[16].

Notes et références

  1. (en) Tasiast Gold Mine, Mauritania - Mining-technology.com
  2. « Activités minières et risques pour les droits humains. Étude pays BGR/GIZ sur la Mauritanie. 2017 », sur bmz.de, (consulté le )
  3. Kinross Gold 2017 Annual Report, page 25, page 68 http://2017annualreport.kinross.com/home/default.aspx
  4. « Mines : pourquoi le canadien Kinross parie à nouveau sur la Mauritanie – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  5. « KinrossGold », sur YouTube (consulté le )
  6. (en) « kinross », sur www.kinrosstasiast.mr (consulté le )
  7. (en) Henry Lazenby, « Kinross to proceed with Tasiast Phase 2, Round Mountain expansion projects », Mining Weekly, (lire en ligne, consulté le )
  8. KINROSS, « Kinross : de nouveaux visages pour une nouvelle ère en Mauritanie », sur Agence Ecofin (consulté le )
  9. KINROSS, « Kinross : de nouveaux visages pour une nouvelle ère en Mauritanie », sur Agence Ecofin (consulté le )
  10. (en-US) « Canada's top 50 socially responsible corporations: 2015 », Macleans.ca, (lire en ligne, consulté le )
  11. « 1,1 milliard d’ouguiyas d’équipements médicaux offerts par TMLSA depuis 2012 | Le calame », sur www.lecalame.info (consulté le )
  12. (en) In Canada, a Merger for Miners of Gold - The New York Times/AP, 2 août 2010
  13. Joan Tilouine et Xavier Monnier, « Kinross, en Mauritanie, la malédiction de la mine d’or de Tasiast », sur lemonde.fr, (consulté le )
  14. (en-US) Benoît Faucon, « SEC, Justice Department Investigate Corruption Allegations at Kinross Gold », Wall Street Journal, (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  15. (en-US) Joel Schectman, « Kinross Gold settles U.S. charges related to bribe prevention in... », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
  16. « Foreign Corrupt Practices Act: Enforcement Action Dataset », sur fcpa.stanford.edu (consulté le )
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