Microbiote vaginal humain
Le microbiote vaginal humain, ou flore vaginale, est l'ensemble des micro-organismes qui se trouvent dans le vagin. Ils permettent de limiter les infections en créant une compétition avec les germes pathogènes. Il est constitué en majorité de bactéries appartenant au genre Lactobacillus. Le microbiote vaginal » est normalement très stable, essentiellement composée de quatre genres de bactéries de types lactobacilles[1]. Un changement de la composition du microbiote vaginal peut être associé à une vaginose.
Constituants
Plus de 500 espèces bactériennes ont été identifiées dans le microbiote vaginal, dont une majorité de Firmicutes de la famille des Lactobacillaceae[2]. Les principales espèces sont Lactobacillus jensenii, Lactobacillus gasseri, Lactobacillus crispatus et Lactobacillus iners[3]. L'ensemble des Lactobacilles forme la flore de Döderlein. A ne pas confondre avec le bacille de Döderlein qui correspond à la seule espèce Lactobacillus vaginalis [1]. Les autres lactobacilles sont L. fermentum, L. plantarum, L. brevis, L. casei, L. cellobiosus, L. leichmanii, L. delbrueckii et L. salivarius[4]. Les autres bactéries les plus fréquentes appartiennent aux genres Atopobium, Corynebacterium, Anaerococcus, Peptoniphilus, Prevotella, Mobiluncus, Gardnerella et Sneathia.
Plusieurs profils distincts de microbiote vaginal ont été observés ; profil à dominance de L. jensenii, profil à dominance de L. gasseri, profil à dominance de L. crispatus, profil à dominance de L. iners, profil pauvre en Lactobacilles[3]. A noter que d'autres profils existeraient (ex. à dominance de Gardnerella vaginalis) et que tous les individus ne peuvent être associés à l'un de ces profils type[5].
Fonctions
L'acidité produite par cette flore permet d'y garder un ph idéal. Celui-ci est voisin de 4 lorsque les conditions sont saines, supérieur à 4,5 en cas de vaginose bactérienne, vaginites à trichomonas et vaginites à lactobacilles, et inférieur ou égal à 4 en cas de vaginite candidosique. Cette flore se fixe à la muqueuse vaginale, formant une barrière sous-forme de biofilm qui protège contre l'agression de micro-organismes responsables d'infections diverses[4].
L. acidophilus et L. fermentum produisent des biosurfactants de type surfactine, qui aurait un effet inhibiteur sur l'adhésion initiale de E. faecalis , E. coli , C. albicans et la plupart des germes responsables d'infections urogénitales. D'autres biosurfactants produits par la flore ont un effet antibiotique, antifongique et antiviral. En particulier la biosurfactine produite par Bacillus subtilis a une forte activité sur l'enveloppe lipidique de l'herpès, des virus et rétrovirus[4].
Déséquilibres
Pour ne pas la détruire et entraîner une dysbiose, il est conseillé d'éviter les douches vaginales à répétition, d'utiliser un savon au pH neutre pour la toilette, de respecter les conditions d'utilisation des spermicides ou de les éviter (le nonoxynol-9 est toxique pour les lactobacilles[4]). La prise d'antibiotiques, à l'exception du métronidazole et des quinolones, détruit en partie cette flore[4]. Ces déséquilibres induits peuvent entraîner une fragilité accrue à diverses infections comme des vaginites ou des mycoses (par exemple candidose).
Les bébés nés par césarienne n'héritent pas des bactéries vaginales de leur mère, ce qui déséquilibrerait à court terme leur microbiote[6]. Pour ces bébés, certaines familles pratiquent un ensemencement vaginal (en) en passant sur la bouche et l’anus du nouveau-né une compresse imbibée des sécrétions vaginales de sa mère. Cette pratique potentiellement dangereuse est controversée au niveau médical car elle peut transmettre des bactéries pathogènes à l’enfant[7].
Notes et références
- (en) Ravel J, Gajer P, Abdo Z, Schneider GM, Forney LJ et al., « Vaginal microbiome of reproductive-age women », Proc Natl Acad Sci U S A, no 108 Suppl 1, , p. 4680-7. (PMID 20534435, PMCID PMC3063603, DOI 10.1073/pnas.1002611107, lire en ligne [html], consulté le )
- (en) « Exhaustive repertoire of human vaginal microbiota », Human Microbiome Journal, vol. 11, , p. 100051 (ISSN 2452-2317, DOI 10.1016/j.humic.2018.11.002, lire en ligne, consulté le )
- Jacques Ravel, Pawel Gajer, Zaid Abdo et G. Maria Schneider, « Vaginal microbiome of reproductive-age women », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 108, no Suppl 1, , p. 4680–4687 (ISSN 0027-8424, PMID 20534435, PMCID 3063603, DOI 10.1073/pnas.1002611107, lire en ligne, consulté le )
- J.-P. Lepargneur et V. Rousseau, « Rôle protecteur de la flore de Doderleïn », Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, Vol 31, N° 5 - septembre 2002, pp. 485-494, lire en ligneDOI:JGYN-09-2002-31-5-0368-2315-101019-ART7
- Bernice Huang, Jennifer M. Fettweis, J. Paul Brooks et Kimberly K. Jefferson, « The Changing Landscape of the Vaginal Microbiome », Clinics in laboratory medicine, vol. 34, no 4, , p. 747–761 (ISSN 0272-2712, PMID 25439274, PMCID 4254509, DOI 10.1016/j.cll.2014.08.006, lire en ligne, consulté le )
- (en) Maria G Dominguez-Bello, Kassandra M De Jesus-Laboy, Nan Shen, Laura M Cox, Amnon Amir, Antonio Gonzalez, Nicholas A Bokulich, Se Jin Song, Marina Hoashi, Juana I Rivera-Vinas, Keimari Mendez, Rob Knight & Jose C Clemente, « Partial restoration of the microbiota of cesarean-born infants via vaginal microbial transfer », Nature Medicine, vol. 22, , p. 250–253 (DOI 10.1038/nm.4039).
- (en) Cunnington AJ, Sim K, Deierl A, Kroll JS, Brannigan E, Darby J, « “Vaginal seeding” of infants born by caesarean section », British Medical Journal, vol. 352, (DOI 10.1136/bmj.i227).
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
- Hygiène intime féminine
- Dysbiose
- Ensemencement vaginal (en)
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