Meta von Salis

Meta von Salis, née le au château de Marschlins, près d'Igis, dans les Grisons et morte le à Bâle, est une historienne, écrivaine et féministe suisse.

Biographie

Meta von Salis est issue d'une fratrie de cinq enfants. Trois d'entre eux meurent en bas âge. Durant son enfance, elle est décrite comme ayant étant volontaire, renfermée et souvent nerveuse. Dès ce moment, Meta von Salis développe un intérêt pour la lecture et la poésie[1].

N'étant pas autorisée à faire des études après sa scolarité, elle se lance dans la profession d'éducatrice. Elle exerce cette dernière en Allemagne, en Italie, en Angleterre et en Irlande[1].

Dès 1883, à l'âge de 28 ans, Meta von Salis étudie l'histoire, la philosophie et l'histoire de l'art à l'Université de Zurich. En 1885, elle demande à pouvoir étudier avec Jacob Burckhardt pendant un semestre, mais se heurte au refus des autorités de l'Université de Bâle[2].

Elle est la première femme des Grisons à obtenir un doctorat en histoire, en philosophie et en littérature[1]. Sa thèse de 1887 porte sur l'impératrice Agnès d'Aquitaine[2].

Après son doctorat, elle devient journaliste indépendante, conférencière et écrivaine[2].

En 1893, elle se positionne en faveur de la réhabilitation de Caroline Farner, une femme médecin de ses amis qui est accusée par erreur d'escroquerie. Meta von Salis obtient son acquittement[1]. Cette action lui attire l'inimitié d'un juge qui la condamne à huit jours de prison en 1884 pour atteinte à l'honneur[1].

Après ce procès, elle se détourne de la vie publique et des questions d'égalité[2].

En 1904, Meta von Salis vend le château de Marschlins qui était en mauvais état et va s'installer à Capri avec son amie Hedwig Kym. Après le mariage de cette dernière en 1910, Meta von Salis la suit dans cette ville[2].

Elle passe les dernières années de sa vie recluse[1].

Œuvre

Meta von Salis est connue comme une pionnière dans la revendication de l'égalité des droits entre hommes et femmes en Suisse.

Son premier article « Réflexions hérétiques d’une femme pour le Nouvel An » (Ketzerische Neujahrsgedankem einer Frau) est publié en 1887 par le quotidien Züricher Post[2],[1]. Dans cet article, elle exige, pour la première fois en Suisse alémanique, la pleine égalité des droits pour les femmes suisses, également en matière de vote et d'éligibilité[2].

Meta von Salis consacre de nombreux romans et recueils de poèmes, parfois écrits en collaboration avec Hedwig Kym, au sort réservé aux femmes. Dans un poème, elle exprime son idée d'une vie libre, une vie où une femme aide les autres et où la femme a le courage d'être elle-même[1].

En 1897, elle fait paraître un livre sur Nietzsche (Philosophie und Edelmensch) qu'elle admirait et connaissait personnellement depuis 1884[2]. On relate que le philosophe allemand, réputé être « peu ouvert avec les femmes » s'avère néanmoins « fasciné par cette aristocrate éloquente, avec qui il passe beaucoup de temps l’été à Sils Maria »[3].

Critique

Malgré ses prises de position en faveur de l'émancipation féminine, Meta von Salis a été considérée comme trop aristocrate et individualiste pour faire vraiment partie du mouvement des femmes, dont elle se méfiait. Après son procès perdu de 1894, elle se montra de plus en plus amère et se retira de la vie publique. Elle se détourna de la question de l'égalité pour s'intéresser principalement aux théories raciales du Français Joseph Arthur de Gobineau et aux écrits de penseurs politiques conservateurs. Dans ses dernières années, sa vision du monde fut de plus en plus influencée par le racisme et le nationalisme allemand[2].

Références

  1. Tibère Adler (trad. de l'allemand), Pionnières de la Suisse moderne : des femmes qui ont vécu la liberté, Genève, Slatkine, (ISBN 978-2-8321-0638-9 et 2-8321-0638-2, OCLC 999810389, lire en ligne).
  2. Andrea Bollinger (trad. Pierre-G. Martin), « Meta von Salis (Marschlins) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  3. Verena Parzer Epp, Avenir Suisse, « Meta von Salis: avocate des droits de la femme de la première heure », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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