Massacre des Juifs d'York

Le massacre des Juifs d'York est un événement de sanctification du Nom Divin (martyre) qui s'est produit le , dans la ville d'York en Angleterre. Une foule a assiégé une partie des Juifs de la ville en exigeant qu'ils se convertissent, mais en réponse, ceux-ci ont choisi de commettre un suicide collectif.

Contexte

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Au Moyen Âge, la ville d'York accueillait une communauté juive florissante. Les restrictions sur les Juifs et leurs professions étaient nombreuses, et parmi les quelques métiers qui leur étaient autorisés figuraient le change d'argent et l'usure, métiers interdits aux Chrétiens. Le système financier a permet un financement significatif du royaume grâce aux impôts prélevés sur les intérêts des prêts que les Juifs facturaient aux Chrétiens. Ainsi, s'est créé un capital disponible pour la famille royale et le royaume. La cour a pris davantage d'indépendance vis à vis de l'aristocratie - grâce aux Juifs - et a pu prendre un plus grand contrôle de l'économie féodale dans la région. Cette situation a engendré une haine profonde envers les Juifs de la part de l'aristocratie, qui dépendait de la royauté. Cependant, la présence du roi sur l'île empêchait toute action de l'aristocratie contre les Juifs. En fait, la noblesse menaçait de se rebeller à tout moment contre la couronne et ses sujets qui contrôlaient le royaume. Pour apaiser ces tensions la Grande Charte, ou Magna Carta est signée.

Entre la seconde Croisade et la troisième, après qu'en l'an 1187 les Chrétiens subirent une défaite lors de la bataille de Hattin face à Saladin. Les chrétiens ont essayé de conquérir Jérusalem de la main des musulmans, et en 1190, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, décida de se joindre à la troisième croisade. Ainsi tomba la dernière barrière qui empêchait l'aristocratie de déverser sa colère sur les Juifs[Information douteuse].

Les événements du massacre

La tour de Clifford dans laquelle se sont barricadés les Juifs.

Dans la nuit de samedi, le Chabbat précédent la Pâque juive, le , une foule dirigée par des curés et des nobles, commença a s'en prendre aux Juifs et à leurs biens. De nombreux Juifs de la ville, dirigés par l'un des disciples de Rabbenou Tam - Rabbi Yom Tov de Joigny - se sont réfugiés dans le château d'York. Les Juifs ont sollicité l'aide du chef de district, et la personne responsable en son nom a accepté d'accorder son aide, mais pour peu de temps seulement. Le chef de district finit par céder à la pression des Chrétiens, et une fois le pillage des propriétés terminé, la foule s'est rassemblée autour de la forteresse et l'assiégea. Les Juifs ont alors dû choisir entre la conversion ou la mort. Et attendant, Rabbi Yom Tov de Joigny, qui avait été nommé rabbin de la communauté depuis peu, se tourna vers les Juifs et leur rappela les actes de leurs ancêtres qui avaient sanctifié le Nom divin dans des circonstances similaires dans des communautés de Schum. Simon Dubnow lui attribue ces paroles[1]

« Dieu de nos ancêtres, qui lui dira quoi faire ?! Celui qui nous ordonne aujourd'hui de mourir pour notre Torah, et voila que la mort est à notre porte. Je suis sûr que vous ne songez pas, Dieu en préserve, à quitter notre sainte Torah pour une heure de vie, et choisir un sort qui sera pour les hommes respectables plus dur que la mort, vivre comme des traîtres, dépendants de la miséricorde des ennemis [...]. Ainsi, si le Créateur nous demande aujourd'hui de rendre la vie qu'Il nous a donné, rendons la Lui de nos propres mains, comme nombreux de notre peuple ont su le faire lors d'autres décrets. »

À la fin du discours du rabbin Yom Tov, les Juifs barricadés qui n'acceptaient pas sa demande ont été autorisés à sortir. Ceux qui sont restés ont incendié la tour dans laquelle ils étaient. On raconte que le rabbin Yom Tov - étant le dernier des survivants - s'est tué lui-même. Quelques Juifs ont réussi à s'échapper, mais ont été assassinés par la foule déchaînée[2]. Selon un compte rendu, environ 150 Juifs périrent dans ce pogrom. Certains des survivants furent vendus comme esclaves sur les marchés des villes à proximité[3].

À la suite du massacre, William Longchamp, représentant du Royaume en l'absence de Richard Ier, furieux de l'insulte faite à la Couronne qui avait les Juifs sous sa protection, imposa de lourdes amendes à 52 importants citoyens d'York. Il expulsa également les dirigeants des émeutes, tous avaient des dettes envers les Juifs.

La preuve historique

Un autre témoignage du massacre nous est transmis par le rabbin Ephraïm de Bonn dans son "Livre du Souvenir", dans lequel il décrit les persécutions et les malheurs qui frappèrent les communautés juives de France, d'Allemagne et d'Angleterre :

"Ensuite, durant l’année 1191, s'est levé le mal contre le Peuple de Dieu dans la ville d'York en Angleterre le Chabbat précédent Pâques, et l'instant du miracle s'est transformé en punition. Ils s'enfuirent vers un endroit de prière, espérant y trouver un refuge [...] le nombre de victimes s’élève à 150, leurs maisons furent détruites, ils pillèrent leur or et leur argent [...]."

Effets

La communauté juive s'est renouvelée plusieurs années après le massacre, mais une centaine d’années plus tard elle disparaît finalement, en 1290, avec l'expulsion des Juifs d'Angleterre, qui restera en vigueur jusqu'au XVIIe siècle.

Depuis ce pogrom, les Juifs d'Angleterre ont pris sur eux-mêmes de ne pas passer la nuit dans la ville d'York, et cette décision est même mentionnée dans différents livres d'Halakha (loi juive). Cette coutume est pratiquée encore aujourd'hui. Ainsi de nombreux Juifs commerçant à York, préfèrent voyager tous les soirs vers une banlieue lointaine de la ville pour passer la nuit et revenir à York chaque matin pour leur travail.

En 1978, une pancarte commémorant l’événement a été érigé dans la tour de Clifford.

Références

  1. Simon Doubnov, Histoire mondiale du Peuple juif : De l'exil en Europe à la croisade, p. 175
  2. « The Massacre at Clifford’s Tower », sur English Heritage (consulté le )
  3. Joseph Jacobs, « York », Jewish Encyclopedia, 2002-2011 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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