Massacre de l'université Thammasat

Le massacre de Thammasat est un massacre perpétré le [1] par les forces de police thaïlandaises et des bandes paramilitaires d'extrême-droite sur un cortège pacifique d'étudiants et de travailleurs, à l'université Thammasat, en Thaïlande. Le bilan officiel est de 46 morts[2],[3], 67 blessés et 3 000 arrestations[4]. Selon Puey Ungpakorn (en), « des sources de la Chinese Benevolent Foundation, qui a transporté et brûlé les morts (…), révèlent qu'elle a traité plus d'une centaine de corps[5]. »

Monument commémoratif du massacre à l'université Thammasat.

Contexte

En 1973, des manifestations étudiantes soutenues par des centaines de milliers de citoyens thaïlandais dans les rues de Bangkok avaient permis de chasser du pays le dictateur militaire Thanom Kittikachorn, ouvrant la voie à une période démocratique[6]. Toutefois, dans un contexte de victoires communistes au Vietnam, au Cambodge et au Laos, les élites thaïlandaises se crispent, craignant que leur pays ne bascule à son tour. En 1976, Thanom Kittikachorn revient d’exil prétextant vouloir intégrer une pagode en tant que moine bouddhiste[7]. Les étudiants pro-démocratie se mobilisent en occupant l’université de Thammasat, le massacre du est immédiatement suivi d’une prise de pouvoir par les militaires et d’un retour à la dictature.

Notes et références

Ce massacre est encore très vivant dans la mémoire des citoyennes et citoyens thaïlandais malgré la censure[8],[9] :

  • En 2016, la réalisatrice Anocha Suwichakornpong (en)[10],[11] tourne le film By the Time It Gets Dark (en)[12] (ดาวคะนอง[13] / Dao Khanong[14]) et réussit à le diffuser en Thaïlande avec difficulté[15] et aussi dans les autres pays (Hong Kong, Italie, Oscars[16],[17]...), un film qui raconte la vie des militants pro-démocratie des années 1970 et la cruelle répression qui s'abat sur eux[18],[19].
  • En 2018, le groupe Rap Against Dictatorship chante le virulent pamphlet Prathet ku mi[20] (ประเทศกูมี / Et voici ce que fait mon pays[21]...) et rappelle explicitement le massacre de Thammassat par l'image[22],[23] (en référence à la terrible photographie de Neal Ulevich publiée par exemple dans l'article d'Adrien Le Gal dans Le Monde du et en pochette du disque "Holiday in Cambodia" des Dead Kennedys) ; ce clip vidéo publié sur Youtube est écouté et vu 22 millions de fois en 1 semaine, un record dans cette nation de 67 millions d'habitants et il est actuellement crédité de plus de 76 millions de vues (le )[24].
  1. Arnaud Dubus, Radio France Internationale (photogr. Lillian Suwanrumpha), « Reportage international : 40e anniversaire du massacre des étudiants à Bangkok » (Texte et Audio 2min 31s), sur rfi.fr,
  2. Adrien Le Gal, « Le coup d'état, une spécialité thaïlandaise (1976 : l'armée prête main-forte à l'extrême-droite) », sur lemonde.fr, 03 juin 2014 (mis à jour le 18 mars 2019)
  3. (en) Paul M. Handley, The King Never Smiles: A Biography of Thailand's Bhumibol Adulyadej, Yale University Press (ISBN 0-300-10682-3), p. 236.
  4. (en) « Thammasat U massacre of 1976 commemorated », sur nationthailand.com, The Nation (Thailand),
  5. (en) Puey Ungpakorn (en), « Violence and the Military Coup in Thailand », Bulletin of Concerned Asian Scholars, vol. 9, no 3 (juillet-septembre 1977), p. 8.
  6. Sylvia Cattori et Jean Cattori, Asie du Sud-Est : l'enjeu thaïlandais (préface de Jean Ziegler), L'Harmattan, , 256 p. (ISBN 2-85802-116-3, lire en ligne), Première partie : une société déséquilibrée ; Chapitre 1 : les dix jours qui ébranlèrent la Thaïlande pages 20 à 24
  7. Adrien Le gal, « Thaïlande : Thammasat, le massacre oublié », Le Monde, (lire en ligne).
  8. Bruno Philip (photogr. Lillian Suwanrumpha), « A Bangkok, la mémoire du massacre de Thammasat trouve un écho sur les campus », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  9. Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters, « Pour que l'histoire ne se répète pas, les Thaïlandais commémorent 1976 », sur lepetitjournal.com,
  10. « By The Time It Gets Dark », sur unifrance.org,
  11. (en) Kong Rithdee, « Filming History », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  12. (en) Adrian D. Mendizabal, « By the Times it Gets Dark (Thaïland,2016) : Prolegomena to any Future (Anti) Historical Film », sur vcinemaschow.com,
  13. (th) « ดาวคะนอง มิติชีวิต เป้ อารักษ์ ฉะ! เรื่องจริง, ร้าย, ลวง », sur thairath.co.th, Thai Rath,
  14. (en) « By the Time it Gets Dark with Anocha Suwichakornpong », sur tiff.net, Festival international du film de Toronto
  15. (en) Kong Rithdee, « Little-known film takes Best Picture at Subannahongsa Awards », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  16. (en) Kong Ritdee, « The inciting incident », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  17. (th) « เจ้าหน้าที่หลายๆ ฝ่าย? ห้ามฉาย! ดาวคะนอง หนังไทยไปออสการ์ », sur thairath.co.th, Thai Rath,
  18. (en) Paritta Wangkiat, « Stars get struck for speaking out », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  19. (en) Kaona Pongpipat, « Never forget », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  20. (en) Kong Rithdee, « A nation of millions can't hold them back », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  21. Bruno Philip, « En Thaïlande, bataille de raps », sur lemonde.fr, Le Monde,
  22. Mong Palatino (traduit par Marie Bilau), « Un clip de rap défiant la junte militaire thaïlandaise devient viral, malgré les menaces d'arrestation », sur globalvoices.org,
  23. Carol Isoux, « Résistance : En Thaïlande, le rap électrise la contestation de la jeunesse », sur liberation.fr, Libération,
  24. « Un groupe de rap défie la junte militaire en Thaïlande », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )

Liens externes

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