Marie-Anne-Victoire de Savoie

La princesse Marie-Anne-Victoire de Savoie (allemand : Maria Anna Victoria von Savoyen; ), était la fille ainée de Louis-Thomas de Savoie-Carignan comte de Soissons, (fils ainé d'Olympe Mancini comtesse de Soissons et frère aîné d'Eugène de Savoie) et d'Uranie de La Cropte de Beauvais. Elle était donc la nièce du prince Eugène de Savoie, le grand général et homme d'état de l'empire d'Autriche, éminent patron des arts.

Biographie

Elle fut titrée Mademoiselle de Soissons à sa naissance et jusqu'à son (tardif) mariage.

Sa mère Uranie, dans sa jeunesse, avait été placée comme demoiselle d'honneur chez la duchesse d'Orléans princesse palatine; épouse de Louis-Thomas, elle le suivit en Allemagne; devenue veuve en 1702, elle revint en France où elle mourut en 1717 « point vieille, et encore belle comme le jour » écrit Saint-Simon. Louis XIV avait montré une certaine bienveillance pour Louis-Thomas (à son mariage il lui accorda une pension de 12000 livres) et sa carrière dans les rangs de l'armée impériale autrichienne ne ruina pas totalement le crédit de sa famille en France. Le couple eut 6 enfants.

On sait peu de choses sur les destinées de la fratrie. Le seul des frères de Victoire qui se maria mourut à Vienne en 1729. Emmanuel-Thomas de Savoie-Carignan (1687-1729), comte de Soissons, deuxième fils de Louis-Thomas et de son épouse Uranie choisit de suivre Eugène au service de l'Autriche; il fut gouverneur d'Anvers (possession des Habsbourg-Autriche) et fit un mariage prestigieux avec Marie-Thérèse de Liechtenstein (1694-1772) héritière du duché d'Opava. Leur fils né en 1714, Eugène-Jean-François, dernier comte de Soissons, mourut à l'âge de 20 ans à la veille de son propre mariage.

Victoire, elle, resta assez longtemps en France chez les Orléans; vers 1717-1720 elle était demoiselle d'honneur de l'une des filles du Régent, mademoiselle de Valois (laquelle à cette époque devint abbesse de Chelles).

Sa sœur ne se maria pas, 3 de ses frères moururent jeunes et célibataires.

À la mort d'Eugène en 1736 Marie-Anne Victoria, à presque 50 ans, ayant perdu ses 5 frères et sœurs et son unique neveu, hérita de 2 millions de florins et de ses biens autrichiens et hongrois qu'elle vendit dans leur quasi totalité. Ses hôtels particuliers, collections d'art, de tableaux et de livres, trophées des temps de guerre, médailles, et l'épée que lui avait donné Anne, reine de Grande-Bretagne, pour son rôle dans la Guerre de la Succession d'Espagne, rien ne fut par elle conservé. Le château du Belvédère fut acquis par l'empereur Charles VI.


L'amertume des autrichiens lors de cette liquidation se traduisit par ce couplet qu'ils affichèrent sur la porte de son logis :

Est-il possible que du prince Eugène la gloire Soit ternie par une si vilaine Victoire ?

Dernières années

Elle épousa le le feld-marechal de l'Armée Impériale, Joseph-Frédéric de Saxe-Hildburghausen, cadet d'une famille ducale qui régnait sur une petite principauté saxonne. Au matin du mariage l'époux re!ut un don (morgengabe) de 300 000 florins. Les époux se séparèrent (sans formaliser le divorce) en 1757, sans postérité.

Victoire vécut ensuite un certain temps en France, puis dans le duché de Savoie et décéda à Turin en 1763, à l'âge de 80 ans.

Sources

  • Henderson, Nicolas. Le Prince Eugène de Savoie. New York, 1964
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