Maria Curcio
Maria Curcio (Naples, – Porto, ) est une pianiste classique Italienne qui s'est fait une réputation d'enseignante très influente et très recherchée. Elle reçoit l'enseignement d'Artur Schnabel et le transmet à ses propres étudiants, dont les plus illustres sont : Pierre-Laurent Aimard, Martha Argerich, Barry Douglas, Radu Lupu, Rafael Orozco, Ignat Soljenitsyne (en), Geoffrey Tozer et Mitsuko Uchida.
Naissance |
Naples, Italie |
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Décès |
(à 88 ans) Porto, Portugal |
Activité principale | Pianiste |
Maîtres | Arthur Schnabel |
Élèves | Martha Argerich, Radu Lupu, Pierre-Laurent Aimard |
Conjoint | Peter Diamand |
Biographie
Maria Curcio naît à Naples en 1920, d'un père italien et d'une mère brésilienne, qui fut également pianiste et qui avait étudié avec Caffarelli[1], élève et assistant de Ferruccio Busoni[2].
Elle joue à l'âge de trois ans et à moins de sept ans, est invitée à Rome pour jouer devant Benito Mussolini, mais elle refuse de le faire[3],[4],[2].
Elle reçoit l'enseignement scolaire à la maison, afin d'avoir davantage de temps pour pratiquer son instrument. Comme elle est poussée trop tôt à accepter de trop nombreux engagements, elle n'a pas une enfance heureuse, n'ayant pas de temps pour jouer avec ses amis[5].
Ottorino Respighi l'invite à donner un récital dans sa maison[2]. Elle entre au conservatoire de Naples à l'âge de neuf ans, et reçoit son diplôme à quatorze ans[6]. Sa mère a fait en sorte qu'elle puisse étudier avec Alfredo Casella et Carlo Zecchi (un élève d'Artur Schnabel) en Italie[3] et avec Nadia Boulanger à Paris[5],[3]. Au sujet de Casella, elle confie plus tard « C’était un pianiste extraordinaire, par ailleurs très imprégné de culture française. Il m’a ouvert les portes de la musique et fait découvrir beaucoup de répertoire moderne (Stravinsky, Ravel…) »[1]. Elle étudie également avec Artur Schnabel lui-même, dès ses 15 ans. Schnabel n'avait pas l'habitude de prendre de jeunes élèves, mais son fils Karl Ulrich le persuade de l'auditionner[3]. Après l'avoir entendue, il la décrit comme « un des plus grands talents que j'ai jamais rencontré »[5]. Maria Curcio dira de lui qu'il a été « comme d'un choc musical qui l'avait marqué toute sa vie, d'une rencontre qui l'avait bouleversée »[7]. Lorsque Schnabel est en tournée, elle prend des leçons avec Fritz Busch[5].
Elle fait ses débuts à Londres, en 1939[8], mais au début de la seconde Guerre mondiale, elle se trouve à Amsterdam, où elle accompagne le secrétaire de Schnabel, Peter Diamand, et où elle se produit fréquemment. Toutefois, au cours de l'occupation allemande des Pays-Bas à partir de 1940, lorsque les Juifs ont été interdits de jouer en public, elle refuse toutes les offres d'engagements en signe de protestation (Diamand étant juif)[5]. Diamand passe quelque temps dans un camp de concentration néerlandais, avant de s'en échapper. Le couple se cache alors des nazis, dans les greniers et autres endroits exigus, avec peu de nourriture[2]. Maria Curcio est victime de la malnutrition et de la tuberculose et n'est alors en mesure de marcher correctement et encore moins de jouer[3]. Sa carrière d'interprète est terminée.
Elle épouse Peter Diamand (en) en 1948, mais elle a besoin de plusieurs années de thérapie pour pouvoir retrouver l'usage de ses jambes, de ses bras et de ses doigts. Wilhelm Furtwängler souhaite enregistrer avec elle, mais au moment où il meurt en 1954, Maria Curcio n'a toujours pas récupéré assez de force[3]. Elle rejoue finalement et collabore avec des artistes tels que Benjamin Britten, Carlo Maria Giulini, Szymon Goldberg, Otto Klemperer, Josef Krips, Pierre Monteux et Elisabeth Schwarzkopf[5]. Elle donne son dernier concert en 1963.
Ensuite elle se tourne vers l'enseignement et donne de nombreuses classes de maître. Elle entraîne également des chanteurs à la demande de Josef Krips, alors qu'il est directeur de l'Opéra des Pays-Bas[5]. À cette même période, Peter Diamand est nommé directeur du festival d’Édimbourg et ils déménagent au Royaume-Uni.
Elle participe au jury du Concours International de Pianoforte de Leeds en 1966[3] at au jury du Concours International de Piano de Santander Paloma O’Shea en 1978.[9]Elle est nommée professeur invité à la Royal Academy of Music[3].
Elle joue en privé avec le pianiste Clifford Curzon, qui l'introduit auprès de l’entourage de Benjamin Britten et Peter Pears en 1947[2],[3]. Elle joue souvent à quatre mains avec Britten[4].
Elle et son mari divorcent en 1971, après qu'il eut une relation avec Marlene Dietrich[10]. Elle passe ses dernières années à Porto au Portugal, où elle meurt en , à l'âge de 89 ans.
Médias
BBC Scotland a fait deux films sur Maria Curcio dans les années 1980 : Music in camera : Maria Curcio - Fulfilling a Legacy et Maria Curcio - Piano Teacher[11].
Un documentaire de sa vie, Musique au-delà du son, a été réalisé par son élève Douglas Ashley en 1993[3]. Il a également écrit un livre du même nom[12],[13].
Émission de France Musique, Mémoires retrouvées par Marc Dumont, consacrée à Maria Curcio, intitulé La recherche de la sonorité ().
Élèves
- Suzanne Goyette
- Pierre-Laurent Aimard[5]
- Martha Argerich[3]
- Bertrand Chamayou[5]
- Douglas Ashley[14]
- Kim Barbier
- Pierre Réach
- Michel Block (en)[13]
- Marc Bourdeau
- Evelyne Brancart
- Roberto Bravo (en)
- Angela Brownridge[15],[16]
- Laurent Cabasso
- Jordi Camell
- Judy Chin
- Myung-whun Chung[5]
- Rosella Clini
- Jean-Marie Cottet
- Jean-François Dichamp
- Simone Dinnerstein (en)
- Barry Douglas[3],[5]
- Christopher Elton
- José Feghali (en)[5]
- Leon Fleisher[5]
- Peter Frankl[5]
- Claude Frank[5]
- Franz Glazer[13]
- Anthony Goldstone[5]
- Albert Guinovart
- Jean-François Heisser[17]
- Ian Hobson (en)[5]
- Niel Immelman (en)
- Terence Judd[5]
- Marie-Josèphe Jude
- Angela Jia Kim (en)[18]
- Dalia Lazar (qui fut son dernier élève)
- Éric Le Sage
- Radu Lupu[3],[5]
- Tessa Nicholson[19]
- Rafael Orozco[5]
- Mathieu Papadiamandis
- Alfredo Perl[3]
- Matthew Schellhorn (en)
- Ignat Soljenitsyne (en)[3]
- Sebastian Störmer
- Ievgueni Sudbine
- Hugh Tinney (en)[5]
- Béatrice Thoreux
- Geoffrey Tozer[5]
- Dame Mitsuko Uchida[3],[5]
- Vedat Kosal
Notes et références
- Une grande pédagogue, Maria Curcio (1999) sur revuepiano.com
- (en) Times Online, 25 avril 2009.
- (en) Telegraph, 7 avril 2009 La presse britannique a rapporté de nombreuses erreurs à la disparition de Madame Maria Curcio. Nous savons de source sûre certains éléments de sa vie (par des amis intimes de Maria Curcio) que nous rapportons ici.
- (en) Michael Church
- (en) The Guardian, 14 avril 2009
- (en) Find-a-Grave
- Le pianiste Jean-François Dichamp qui a travaillé durant quatre ans avec Maria Curcio et a habité deux ans chez elle (à Londres) rapporte de nombreux détails sur sa vie.
- (en) Liverpool Daily Post, 9 avril 2009
- Concurso Internacional de Piano de Santander Paloma O'Shea
- (en) Diamand, Peter--Marlene Dietrich (2010) sur sothebys.com
- (en) International Piano
- WorldCat
- (en) Douglas Ashley, Classical Pianist
- (en) College of Charleston, Music Department
- (en) Hyperiuon Records
- (en) Angela Brownridge
- (en) medici.tv
- (en) Web Concert Hall « Copie archivée » (version du 11 mars 2009 sur l'Internet Archive)
- (en) Zoom Info
Liens externes
- Biographie sur universalis.fr
- (en) Oxford Philomusica International Piano Festival, courte biographie de Maria Curcio
- (en) Article paru dans l'Independent du 2 février 2001
- (en) Article paru dans le Guardian du 14 avril 2009
- (en) Article paru dans le Times du 25 avril 2009
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