Marcel Roncayolo
Biographie
Carrière universitaire
Ancien élève de l'École normale supérieure (promotion 1946)[2], il passe l'agrégation de géographie en 1950[3].
Il fut directeur adjoint de l'ENS de 1978 à 1988 (y créant la filière B/L consacrée aux sciences sociales), puis directeur d'étude à l'école des hautes études en sciences sociales[4] et professeur émérite à l'université Paris X - Nanterre, il a fortement marqué la géographie urbaine française. Il a dirigé de 1991 à 1994 l'Institut d'urbanisme de Paris. En 2012, le jury du Grand Prix de l'urbanisme a tenu à lui rendre hommage pour l'ensemble de son œuvre[5].
Apports
Spécialiste de la ville de Marseille, dont il a fait pendant de longues années son laboratoire, il a cherché à introduire de manière critique les principales théories anglo-saxonnes et européennes de la ville, faisant la synthèse des grandes écoles d'urbanisme et de géographie urbaine du XXe siècle.
Ardent défenseur et praticien au quotidien de l'interdisciplinarité, il a tenu pendant de longues années un séminaire commun avec Louis Bergeron, directeur d'études à l'EHESS et historien de la ville industrielle. Il crée en 1981 le séminaire « Territoires » qui regroupait des enseignants et de jeunes chercheurs de l'École normale supérieure (Philippe Boutry, Hervé Théry, Daniel Nordman, Christian Jacob, Frank Lestringant, Jacques Brun, Jean Boutier, Jean-Claude Chamboredon...), au sein du tout récent Laboratoire de sciences sociales. En sortirent deux volumes de contributions et de réflexions, qui ont circulé sous forme de littérature grise, mais n'en constituent pas moins des éléments importants dans l'élaboration d'une réflexion interdisciplinaire sur la territorialité.
Dans ses études de la question urbaine, Marcel Roncayolo intègre souvent les apports de la démarche historique, ce qui explique ses collaborations importantes avec des historiens spécialistes de la ville. Il entend en effet montrer que les évolutions et les aménagements urbains ne dépendent pas seulement du marché ou de la politique municipale mais de facteurs multiples qui doivent être pris en considération dans leur épaisseur temporelle.
« La légitimité du tracé a priori du département est moins importante que la légitimité acquise[6]. »
En ce sens, il met en pratique une forme de géographie historique, suivant la voie de Roger Dion, dont il a d'ailleurs préfacé la réédition de L'Histoire de la vigne et du vin en France en 1991.
Pour lui, l'urbanisation est avant tout un phénomène culturel, il affirme ainsi dans son célèbre ouvrage que si un humain sur deux vit dans une ville, tous les humains sont des urbains d'un point de vue culturel. Il développe dans sa thèse d'État en 1981 (publiée seulement en 1996 sous le titre Les grammaires d'une ville. Essai sur la genèse des structures urbaines de Marseille) l'idée d'une géographie culturelle, ce qui constitue une innovation qu'il n'a pas véritablement assumée par la suite, sauf dans son essai L'imaginaire de Marseille, qui est resté peu lu et mal compris[7].
Ouvrages
- Direction du tome 5 de l'Histoire de la France urbaine, La ville aujourd'hui. Croissance urbaine et crise de la cité, Paris, Seuil, 1981.
- La ville et ses territoires, Paris, Gallimard Folio, 1990 (reprise d'articles publiées dans Enciclopedia, Turin, Giulio Einaudi Editore, 1978 et 1988 (édition complétée).
- L'imaginaire de Marseille : port, ville, pôle, Marseille : Chambre de commerce et d'industrie de Marseille, 1990, rééd. ENS Editions, coll. « Bibliothèque idéale des sciences sociales », 2014, disponible en ligne : http://books.openedition.org/enseditions/370.
- Les grammaires d'une ville. Essai sur la genèse des structures urbaines à Marseille, ed. de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1996.
- Marseille : les territoires du temps, Paris, Éd. locales de France, 1996.
- Martigues : regards sur un territoire méditerranéen, Marseille, Parenthèses, 1999 (en collaboration avec Jean-Charles Blais).
- « L'aménagement du territoire (XVIIIe - XXe siècle) », dans André Burguière, Jacques Revel (dir.), Histoire de la France. L'espace français, Paris, Seuil, 1989 ; rééd. Points Seuil 2000, p. 365-554.
- Histoire de la France urbaine : La ville aujourd'hui - Mutations urbaines, décentralisation et crise du citadin, Poche, 2001.
- Lectures de villes : Formes et temps, Marseille, Parenthèses, 2002.
- De la ville et du citadin, 2003, avec Jacques Lévy, Olivier Mongin et Thierry Paquot.
- Territoires en partage : Nanterre, Seine-Arche : en recherche d’identité(s), Marseille, Parenthèses, 2006.
- L'Abécédaire de Marcel Roncayolo, livre d'entretiens entre Isabelle Chesneau et Marcel Roncayolo, Genève, InFolio, 2011.
- Le géographe dans sa ville, avec Sophie Bertrand de Balanda, Marseille, Parenthèses, 2016.
Notes et références
- Annonce de l'un de ses éditeurs sur twitter.
- https://www.archicubes.ens.fr/lannuaire#annuaire_chercher?identite=Marcel+Roncayolo.
- http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/?q=agregsecondaire_laureats&nom=&annee_op=%3D&annee%5Bvalue%5D=1950&annee%5Bmin%5D=&annee%5Bmax%5D=&periode=All&concours=6&items_per_page=10&page=1.
- « GGH-Terres | Autour de Marcel Roncayolo », sur Ehess, (consulté le )
- http://projets-architecte-urbanisme.fr/francois-grether-grand-prix-urbanisme-2012/
- Cité par Emmanuel Bellanger (chercheur au CNRS) dans le Film documentaire en ligne de 2015, réalisé à l'occasion de la parution du livre Val-de-Marne : Anthologie 1964 - 2014 aux Éditions de l'Atelier en 2014
- Voir Verdeil E., 2014, L’Imaginaire de Marseille, une géographie culturelle méconnue, Préface à la réédition de L'imaginaire de Marseille dans la « Bibliothèque idéale des sciences sociales ».
Liens externes
- Entretien avec T. Paquot dans la revue Urbanisme, repris sur le site de l'Institut d'urbanisme de Paris.
- Ressource relative à la recherche :
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