Main de Massiges

La Main de Massiges est un lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale situé sur le territoire de la commune de Massiges dans le département de la Marne. Forteresse naturelle dominant la vallée de l'Aisne, cette colline située au nord du village doit son nom aux courbes de niveau qui dessinent sur le terrain et sur les cartes une main gauche. Les doigts en sont séparés par de profondes échancrures, que les combattants les voyant du fond de leur tranchée, ont appelé ravins.

Localisation

Carte d'état-major de la Main de Massiges.

Le site de la Main de Massiges est situé au Nord-Est du département de la Marne à proximité du Mont Têtu et de la Nécropole nationale du Pont-du-Marson à Minaucourt. Il s'agit en fait de la Cote 191 qui domine le village de Massiges. On accède au site par la R.D. 566, puis en prenant sur la droite un chemin de terre qui monte sur le plateau.

Histoire

Lors de la Grande Guerre, la Main de Massiges marque la limite Est du front de Champagne, à la jonction du front de l'Argonne. Les Allemands se sont dès leur repli début , retranchés sur cette hauteur naturelle dont chaque doigt forme un bastion de cette forteresse naturelle. C'est sur cet obstacle que butent dès le , les troupes du Corps d'Armée colonial de la 4e Armée française, qui participaient à la contre-offensive succédant à la première bataille de la Marne. Haut lieu des combats de Champagne, cette position stratégique a été le théâtre d'âpres combats de 1914 à 1915, et c'est tout au long de la Grande Guerre, de 1914 à 1918, des combats acharnés ont ainsi opposé les troupes du Corps d'armée coloniale à l'armée allemande dans le secteur de Massiges. On estime à 25 000 le nombre de soldats français tués, blessés ou disparus, et certainement autant de soldats allemands.

Offensive de 1915

À la suite de la bataille de la Marne en qui a fait reculer l'armée allemande, le front est figé dans une guerre de tranchées. L'offensive d'Artois de mai- ne permet pas à l'armée française de percer le front. Le recul de l'armée alliée russe nécessite une attaque sur le front ouest pour la soulager .

Une vaste offensive est mise en place par le GQG. Elle est prévue sur un front de 35 km allant de Moronvillers à Ville-sur-Tourbe, la IVe armée à gauche et la IIe. Une attaque de diversion doit être exécutée sur l'Argonne par la IIIe armée. Il est prévu de déployer 1 150 canons de 75 et 850 canons de gros calibre pour soutenir les 35 divisions françaises.

Le corps d'armée colonial est positionné en face de la Main de Massiges pour repousser les troupes allemandes retranchées sur les hauteurs derrière un dense réseau de barbelés et de positions préparées. Les 2e et 3e D.I.C attaquent :

Elles sont appuyées à droite par la 151e D.I..

Une intense préparation d'artillerie de 3 jours doit creuser des brèches dans les réseaux de barbelés et les tranchées tout en gênant l'arrivée des renforts en détruisant les nœuds ferroviaires.
Le , c'est l'assaut contre les troupes des VIIIe et XVIIIe Reserve Korps; sur l'Index l'avance se fait sur 800 m au travers de 21 tranchées alors que les 403e et 410e RI sont repoussés dans leurs tranchées de départ.
Le deuxième jour la 32e D.I, placée en réserve, attaque sur la cote 191, la ligne française et continue entre les cotes 199 et 191.

Malgré quelques avancées, les pertes sont élevées et la résistance des Allemands du mont Têtu ou de la tête de vipère empêche le contrôle total de la région. Il ne seront délogés qu'en 1918[1].

Restauration du site au XXIe siècle

Le site envahi par les broussailles était tombé dans l'oubli. En 2008, l'Association de la Main de Massiges a été créée. Elle se consacre à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine de Massiges, en particulier d'une partie du champ de bataille pour en faire un lieu de la mémoire de la Première Guerre mondiale. L'Association a découvert les ossements de soldats allemands, français, des objets du quotidien des soldats (bouteilles, cartouches), des éclats d'obus et des fusils. Elle travaille actuellement à la consolidation (sol et parois) du goulet et des abris qui ponctuent le parcours de la Main de Massiges.

Lieu de mémoire

Le site a été aménagé et signalé par un drapeau hissé en permanence en haut d'un mât. Il a été doté d'une table d'orientation. On peut y voir les entonnoirs causés par l'explosion des mines allemandes, d'anciennes tranchées recreusées et reconstituées avec leurs créneaux, leurs abris, leurs claies et leurs réseaux de barbelés.

Le monument « À la mémoire des marsouins et de tous les combattants de la main de Massiges et de ses environs » a été remonté[2].

Galerie d’images

La Main de Massiges dans la littérature

  • Charles Exbrayat, dans son roman d'espionnage, Espion, où es-tu ? M'entends-tu ?, fait référence à plusieurs reprises, par l'intermédiaire du personnage du vieux Jules Patache, aux événements survenus à la Main de Massiges.
  • Le No. 112 dans la Collection Patrie, publié par les Éditions Rouff en 1919, est un court récit par Léon Groc, La Main de Massiges.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

Notes

    Général J. Rouquerol, La Main De Massiges 1914-1918 (Payot, 1933)

    Références


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